Tony Duvert (né en 1945)
Journal d'un
innocent
BIBLIO
Paris : Éditions de Minuit, 1976
273 p. ; 19 cm
ISBN 2-7073-0095-0TRADUCTIONS
Diario di un innocente
Diario de un inocente
Sperling, Milano 1993
Pre-Textos, Valencia, 1989
EXTRAITS :
Extrait 1
(…) Il m'a montré ses talents les moins avouables. L'unique règle est que je n'en profite pas pour lui dire qu'il est pédé. Il ne reviendrait plus jamais. Cette condition tenue, il agit très librement. Mais malgré l'extrême joliesse de ses formes, de ses muscles, la finesse de sa peau, je n'avais pas envie de le toucher. Je m'allongeais en despote et j'attendais. On laissait la lumière. Ses rituels de visage et de main sur mes poils duraient très longtemps. Je ne bandais pas. Il y glissait la main, tâtait d'une manière habile, chercheuse, délectable. Ses doigts paraissaient sentir dans ma peau d'infimes réactions qui lui désignaient où toucher, serrer, appuyer, insister, pour branler bien. Il descendait la tête, me suçait moelleusement et ne se lassait plus de me manger le nœud. Ensuite il allait plus bas, frottait son nez aux couilles, humait, bisotait. J'écartais les cuisses, il me léchait le trou. Sa langue était aussi ingénieuse que sa main, elle tournait, s'écrasait, plongeait, molle, pointue, large, étroite, picoreuse ou massive. Après cette visite de mon corps, j'étais réveillé, énervé, je poussais André à plat ventre et je l'enculais sans égards.
Journal d'un innocent
Ed. de
Minuit
p.84
Extrait 2
(…) Je prenais donc Francesco par derrière aussi souvent qu'il l'acceptait. Mais il n'aimait pas beaucoup ça, parce qu'il ne pouvait pas se branler en même temps. Sa position favorite était d'être à plat d'os, moi en chien de fusil près de lui, mes cuisses sous les siennes qu'il relevait. C'était simple et peu fatigant. Pénétré dans cette posture, Francesco déployait son rituel sans entraves. La tête, heure exquise, le regard voilé, le branlage. Il se masturbe avec grands gestes calmes, se pétrit la queue puissamment, comme une lourde pâte qu'il faudrait assouplir et décharge en multiples saccades qui lui couvrent le ventre et le torse d'épaisses coulées crémeuses, très blanches, un peu sucrées, tandis que le trou se contracte au même rythme comme d'une déglutition. On dirait qu'il aspire avec les fesses ce qu'il rejette par la bite.
Idem
p93-94
Extrait 3
(…) Le dis millième gamin qui se déculottera sous mes yeux me bouleversera autant que le premier. La millionième photo que j'achèterai sera riche du talent de la lire que j'aurai développé en contemplant les précédentes. La dix millionième braguette garçonnière que je verrai tordue par la bite qu'elle écrase, comme la joue d'un gosse déformée par le bonbon qu'il cale dedans, continuera de me sembler la meilleure chose qui vaille que j'ouvre les yeux.
Idem
p.117
Extrait 4
(…) Diego n'est rien de plus qu'une image, parfaite et
plate ; je ne peux faire de lui qu'un inventaire barbifiant de perfections
physiques ; et, si j'ai la patience, rechercher d'infimes indices qu'il est
moins insignifiant qu'il ne le paraît. Ses érections elles-même ont une fixité
photographique. Solides et impassibles, elles sont lentes à provoquer par les
moyens habituels, mais, une fois en place, elles s'y tiennent et rien ne les
décourage. Épuisé d'avoir trop fait l'amour, il se laisse malaxer ou sucer une
grande heure sans décharger ni que son membre devienne ne serait-ce qu'un peu
flexible. Bien planté dans son bas-ventre, l'organe est là, reste là, comme un
postiche. Quand il a joui et me décule, il part se laver, se repeigner, chercher
à boire, et réapparaît la queue aussi raide qu'avant ; il la promène devant lui,
inutile, magnifique, comme ces aigrettes, ces bosses, ces cornes décoratives
qu'ont certains animaux. Son foutre lâché, il a le temps de mettre la table et
de cuire une omelette avant que sa bite se soit assoupie.
Après les
premières fois, il fut paresseux pour bander ; je négligeais cela et je le
baisais par derrière dans l'entrecuisse et contre le trou 'où on n'entre pas).
Or, dès qu'il sentait ma queue lui taper l'anus et les couilles, il bandait
violemment. J'en concluais que son refus qu'on l'encule n'était pas sérieux, et
que son corps était mieux disposé que lui (…)
J'avais raidi sa bite, j'avais
subi ses résistances d'anus, et donc il m'enculait. Ces travaux de petit homme
me troublent toujours beaucoup. Il me fit comme je fais à Francesco. Mais lui,
Diego, s'il est plié en chien de " fusil contre moi, a le visage sur mon épaule
ou ma mamelle. Il est à ma gauche. Il enfonce la bite par-dessous mes cuisses,
sans hésiter sur l'emplacement du trou. Il la rentre tranquillement,
placidement, l'œil rivé à mon sexe. (…) Avec Diego mon cul bée de convoitise, ce
jour-là. Il rapproche ses reins pour être dans le prolongement exact du boyau et
n'y plante qu'une moitié de queue ; il encule en sortant son membre complètement
et en le renfonçant à chaque coup, selon une course petite et un rythme assez
vif. Ce beau gland qui me bourre l'anus, le perce moelleusement, recule, prend
l'air, revient se fourrer, me fait d'abord mal, puis m'intéresse, puis
m'enthousiasme. Les conquêtes antérieures de Diego lui ont du moins enseigné
cela - qu'il accomplit sans s'occuper de moi, en honnête garçon qui enfile les
anneaux soigneusement, les aimes, les sauces à plaisir.
Quand il a joui, il
me l'enfonce à bloc et je me branle (…)
Les rendez-vous suivants, être foutu
m'excite moins. Je m'en prends à ses fesses. Je les lèche beaucoup, je jouis
entre elles. Son anus, ovale et mignon, aux plis marqués comme les stries d'un
coquillage en spire, est fauve clair à poils châtains. Pas de cerne coloré
autour. La touffe de poils m'étonne, puisque Diego est imberbe ; mais il a sous
les bras ce même bouquet aux relents de fleurs et de fruits, odeur que le bain
dilue. J'essaie invariablement de forcer son trou. Rituel d'amabilité pure : la
convention tacite est que Diego doit accepter et que je dois ne pas insister.
Envoyer quelques coups de bite, puis reconnaître :
-C'est vrai, t'as le trou
trop petit.
Si je pousse trop mes efforts, il grimace et grommelle des
injures entre ses dents. Injures à vide, sans intention ; son humeur est
toujours bonasse, malgré le peu de sourires. Entrejambe très délicat à
fréquenter, je l'inonde souvent.
Je me fais enculer la bouche ; à genoux
au-dessus de moi, Diego coïte ma figure. Il s'appuie des mains sur mes épaules
ou au mur devant lui, et contemple l'action avec des yeux de jeune chat, les
lèvres entrouvertes et humides. J'aime que son gland s'écrase dans tous les
creux et tous les pleins de mon visage. Il baise prudemment ; je me l'enfonce
jusqu'à la gorge en lui prenant les fesses.
Je lui demande de se masturber. Je
le regarde comme du cinéma et je me masturbe aussi. Ça ne le gêne pas, il n'est pas
du genre à se tirer un drap sur la tête. Son visage reste neutre.
Impassible, d'un beau geste, régulier qui épouse le gland et descend aux couilles, il
s'astique.
Idem
p.152 à 155
Extrait 5
(…) Le garçon est couché de côté et me montre le dos. Fesse rondes, charnues, modeste, bien coupées. Je les caresse. Il ne réagit pas. Je lui tâte la fente avec ma queue. J'écarte cette fente et j'y place le gland. Il ne réagit pas. Aucun geste. Alors c'était bien ça. Tant pis, je me réadapte. Je cherche où m'enfoncer, je trouve, j'appuie, j'appuie fort, je passe. Mon garçon se retourne, me saisit le cou, m'embrasse. Cette contorsion m'oblige à le déculer.
Idem
p.188
Extrait 6
(…) Deux garçons de quatorze à quinze ans se font face sous un arbre. Leur braguette est ouverte. Je suis agenouillé, j'ai les deux bites dans ma bouche. L'une courte, est très dure et salée de sueur. L'autre, plus grande, reste à moitié molle et a des couilles grosses dont la peau est si fine, si satinée, si liquide, mais si pleine et souple que je n'ai jamais rien touché de pareil. Je connais déjà ce garçon, il est venu chez moi. Il bandait fort. Il ne sait pas enculer. Quand il se mit sur moi, il fit comme un baigneur qui s'affole dans l'eau en croyant apprendre à nager. Pour lui, ces choses se passent sans vous, on plonge et ensuite " cela a lieu ". je l'aidais, mais il recommençait aussitôt à se débattre niaisement, perdait le trou, les fesses, serait tombé du lit. Pendant ce chahut, je suçais le bas-ventre d'un gentil garçonnet, notre ami commun. Ils sont mendiants de leur état. Cet impubère a un gros nœud alerte et, agenouillé, le ventre contre mon cul, il me nique avec autant de sang-froid, de contentement, d'aisance, que l'autre est nigaud et brouillon. Les couilles de ce mauvais nageur me tourmentent, car je ne connais aucune matière, vivante ou inerte, naturelle ou produite, dont la surface ait cette fluide absence de grain. Un sac d'opaline molle.
Idem
p.232, 233
Extrait 7
Francesco a le goût de se branler avec mon sperme. Par exemple, il est assis sur ma bite, je l'encule ; quand j'approche de jouir, je sors la queue et je me finis à la main dans ces grosses couilles. Il recueille le liquide pour oindre son membre et se passe un long branlage crémeux qui m'arrose le torse.
Idem
p.242
Extrait 8
… Il se baisse pour me voir tapi dans ma niche, il est réjoui, naïf, embarrassé. Je lui mets la main à l'entrejambe. Mon geste le fait rire, oh ça, il sort sa bite raide, très belle. Je touche, il rit, se relève pour servir quelqu'un, se réaccroupit, me rend sa queue et d'épaisses couilles à chair lisse. Je le suce. Très surpris, il retire d'abord le sexe, puis il me l'abandonne. Il envoie une main vers mon bas-ventre, mais cette partie de moi est trop éloignée ; il me caresse la joue et se laisse sucer, un sourire flottant sur ses lèvres ouvertes de gamin distrait.
Idem
p.242, 243
Extrait 9
… Au contraire, il arrive qu'un timide sans apparence se révèle paillard. Un mioche qui a la verge comme mon index me suce l'anus, à m'en arracher les boyaux, pine si fort que son engin maigrelet me comble, bouffe ma queue, mes couilles, me fout la bouche, se place à quatre pattes et m'offre des fesses ravissantes et faciles, j'ai envie de boire son urine ; il se retient, j'approche la bite, lâche tout, aussi indifférent que si j'étais des chiottes. Pisse très salée. Cet infernal promet beau, quand il aura grandi. Il a disparu de la ville.
Idem
p.255