Valentine et Charles | |||||||||||||||||
Introduction | |||||||||||||||||
L'enchanteresse de l'imperturbable pulsion poursuivait Valentine Major dans ses souvenirs, comme si le temps n'y avait plus d'ancrages.La guerre avait tout provoqu�.Tout d�rivait dans sa t�te.Pas-de-Calais,la ville qui l'a vue na�tre,pleure l'�ventrement de ses art�res,l'humiliation des pierres rendues inutiles gisant �i-et-l� apr�s avoir �t� l'assemblage ing�nieux des anciens. L'�me n'y est plus,l'absurdit� de la destruction aura emport� ses parents.Commer�ants ais�s,ins�cures des �v�nements,des situations pouvant les ruiner impassiblement.Londres 18h15,les badauds asperg�s d'immondices optemp�rent contre ces vieux steamers... L'Angleterre, refuge insulaire pour les �clop�s,les meurtris du coeur.Charles Valois,jeune m�decin convaincu des vertus de sa profession � soigner des blessures de guerre aussi souill�es que les armes qui les ont provoqu�es,rencontrera Valentine Major, infirmi�re b�n�vole,s'installe alors dans la prunelle de leurs yeux une flamme si vivace et si tendre que m�me la plus grande des d�chirures humaines ne saurait �teindre.Ils s'aiment, se compl�tent � merveille.Ils se chuchotent des mots doux � l'oreille,se tiennent la main secr�tement, s'embrassent tendrement.En mars 1915,les murs humides de la St-Mary's Church se font complices de leur mariage modeste et intime,leur union ne pouvant �tre dissoute que par la mort d'un des deux �poux. Un mois plus tard,le destin frappe;Charles est rappel� en France � titre de m�decin volontaire sur les lignes de front.Ils conviennent alors d'envoyer Valentine au Qu�bec,vivre dans la famille de Charles.Valentine suivra donc son destin jusqu'� Charlemagne,Qu�bec et tentra de survivre loin de son bien-aim�.� partir de ce moment,une correspondance s'�tablit entre les deux �tres. | |||||||||||||||||
Correspondance | |||||||||||||||||
Charlemagne,5 mai 1915 Bonjour � toi mon amour, Ma plume �tait si impatiente de t'�crire que je n'ai pas pu r�sister un seul jour de plus.Je suis arriv�e au port de Montr�al le 2 mai 1915,apr�s un voyage naval qui m'a sembl� une �ternit�.Les flots qui frappaient violemment la coque semblaient �merger de tonnes de larmes am�res,les larmes des passagers d�racin�s,d�chir�s de douleurs et d'angoisses � l'id�e de se retrouver en pays inconnu,hostile.Aujourd'hui,mes pieds foulent la terre ferme,mais le coeur vascille entre ciel et mer,il refuse d'achever la travers�e,il vit � tes c�t�s.J'ai le mal du pays,j'ai le mal de toi.Bien s�r,j'ai ador� rencontrer ta famille.La ferme rustique sur laquelle habitent tes parents r�siste au temps.Ton p�re m'a confi�e une t�che qui m'apara�t farfelue,celle de ramasser les oeufs frais le matin.Il m'aime bien,je crois.Ta soeur Genevi�ve m'a sembl�e un peu hostile,mais son amour de la vie me la rend d'autant plus ch�re que j'y go�te des parcelles de toi.Cela la rend plus humaine,plus vuln�rable.Nous finirons bien par nous entendre!...Hier,ta m�re a cuisin� un potage aux navets.Je n'avais jamais mang� de cela avant.Ta m�re est une cuisini�re hors pair et elle a un sens de l'humour � toute �preuve!� vrai dire,depuis mon arriv�e,je suis un peu timide,je pr�f�re de loin rester dans ma chambre(qui �tait jadis la tienne) et lire que de sortir me promener. L'ambiance est chaleureuse,mais je ne me sens pas chez moi.C'est comme �a.Par contre,sois s�r d'une chose:j'y resterai jusqu'� ton retour,jusqu'� ce que je puisse te serrer � nouveau dans mes bras.Prends soin de toi,s'il t'arrivait malheur,je n'y survivrais pas.Hier,des soldats ont d�barqu� au port et malgr� l'�loignement du front,la mort embaumait l'air rendu irrespirable par le vomi des �treintes ou de leurs absences. Je t'aime, Valentine 3 juillet 1915 Mon amour! Merci pour ta lettre que j'ai re�ue hier.Elle m'a fait tr�s plaisir.Je vais tr�s bien!Le fait d'�tre m�decin est tr�s valorisant.Ici l'ambiance est joyeuse,dans quelques semaines nous rentrerons victorieux au pays.On les aura ces Boches! Pour Genevi�ve,ne t'inqui�tes pas:ma ch�re soeur est toujours froide aux premiers abords.Nous campons pr�s de __________1______________ que tu connais peut-�tre.Ce coin devait �tre joli...avant la guerre.Nous sommes entour�s de jolies petites collines!Il y a deux jours,les Boches ont lanc� une offensive pas loin d'ici._______________________2_________________________________ a �t� presque enti�remet d�truit.Quel massacre!Que des sauvages ces Boches! Tu me manques �norm�ment.J'aimerais tant avoir ta photo pour pouvoir admirer ton doux visage pendant les longues nuits. Embrasse mes parents pour moi et aussi ma ch�re soeur.Je dois te quitter,car il faut que je retourne sur le front. Je t'aime, Charles ----------------------------------------------------- 1-Vimy : Petite ville au Nord de la France ayant abrit�e plusieurs campements de soldats au cours de la guerre 14-18 2-Givenchy-en-Gohelle:Petit village entre les Boches et Vimy qui fut enti�rement massacr� ----------------------------------------------------- Charlemagne,14 septembre 1915 Mon tendre amour, J'ai re�u ta toute premi�re lettre empreinte de tendre passion il y a quelques jours et des flots de larmes ont submerg� mes yeux.Je l'ai lue et relue maintes fois avant de me r�soudre � t'�crire tant l'�motion fut titanesque.J'ai �t� boulvers�e d'apprendre que tu as r�cemment risqu� ta vie au combat, cependant j'ai �t� surprise de constater que tous les noms de villes avaient �t�s censur�s dans ta lettre.Ta m�re m'a par la suite expliqu� que les dirigeants militaires faisaient ainsides trous dans les missives pour cause de secret militaire.J'ai eu l'impression qu'on tentait de censurer notre amour.Ici,tout va pour le mieux. J'ai rencontr� l'abb� Provost,le cur� de votre paroisse,qui m'a inform� qu'en ville l'embauche des citadins dans les fabriques de mat�riel de guerre allaient bon train.De plus,tu serais abasourdi de voir ce qu'il est advenu de ton voisinage!...Bon nombre des familles de Charlemagne se sont exil�es vers Montr�al.Hier apr�s-midi,je suis all�e au march� avec ta soeur.Bien que �a ne soit pas "l'amour-fou" entre nous deux,nous arrivons � nous supporter.Les march�s campagnards sont forts anim�s en semaine.En effet,les dames faisant leurs emplettes sont tr�s souriantes et enjou�es.Je commence � me sentir un peu plus � l'aise au sein de ce village plut�t modeste. Ce matin,alors que j'achetais un sac de farine au magazin g�n�ral,j'ai entendu � la radio qu'une troupe ennemie avait bombard� un camp militaire fran�ais.J'ai eu si peur que tu n'ai �t� bless�,j'ai senti mes entrailles se d�chirer de douleur.Mon amour,mon ventre ne me permet plus de douter;j'attends un enfant de toi.Je m'accroche � ce bonheur,� ce cadeau qui nous appartient.Donc,en attendant de recevoir ta prochaine lettre qui fera s'enflammer la prunelle de mes yeux,je t'envoie,comme tu me l'as demand�, une des derni�res photos de moi qu'il me reste. Je t'aime, Valentine P.S. Ta m�re m'a charg�e de t'envoyer un panier de sucre � la cr�me qui a l'air absolument d�licieux.Elle est certaine que �a te fera plaisir,�tant donn� que tu n'en a pas mang� depuis des mois!Ces d�licieuses sucreries accompagnent donc cette lettre. Charlemagne,9 f�vrier 1916 � mon Charles ador�, Depuis des semaines,je m'inqui�te et c'est une torture.Je ne peux pas me faire � l'id�e que tu pourrais �tre bless�.Il me semble qu'il y a des si�cles que tu m'as serr�e dans tes bras au port de Southampton,en Angleterre.Ici,c'est la panique.Un bon nombre de femme du village n'ont pas eu de nouvelles de leurs maris ou de leurs fils depuis des mois et elles n'en peuvent plus de se ronger les sangs.Ta m�re pleure tous les soirs en secret,elle s'inqui�te.Mais malgr� toute la laideur de ce monde,une source de bonheur nous est arriv�e; tu es papa d'une magnifique petite mignonne pr�nomm�e Mathilde.� la confesse,dimanche dernier;l'abb� Provost m'a racont� son r�cent p�lerinage � Qu�bec.Il y a visit� des usines de textiles o� des femmes et des enfants y travaillaient comme des forcen�s pour un salaire minable.Il en a profit� pour visiter les plaines d'Abraham o� les g�n�rals Wolfe et Montcalm avaient combattu le 13 septembre 1759.L�-bas,tout comme � Montr�al,un couvre feu est fix� afin d'�viter les bombardements qui pourraient �tre caus�s par une ville illumin�e.En effet,les gens doivent �tre rentr�s et les lumi�res �teintes pour six heures.(Dix-huit heures comme vous dites ici!)Il parait que les citadins Montr�alais sont plut�t m�contents que certains riches banquiers et hommes d'affaires r�ussissent � s'enrichir sur le compte de cette guerre horrible.� part �a,tes fr�res Philippe et Guillaume ont donn� des nouvelles r�cemment.Ils sont dans un campement __________________________.Ce sera bient�t leur tour de mener un combat s�rieux.Pour ce qui est de la ferme,les terres sont �videmment gel�es depuis quelques mois,mais elles reviendront fertiles au printemps.Quant aux animaux,ils demeurent sagement dans leur enclos,en attendant la fin de la saison froide.Je souhaite donc de tout mon coeur que tu me donneras de tes nouvelles,des nouvelles qui mettrons fin � cet angoisse qui me torture le coeur et l'esprit.Je t'en supplie,r�ponds-moi vite, et n'oublies surtout pas que moi et Mathilde t'aimons et te manques beaucoup. Valentine N.B.Je join � cette lettre quelques ch�teignes fra�ches.J'esp�re que tu les recevras en bon �tat.Tout le monde t'embrasse. ----------------------------------------------------- Campements Irlandais : Campements militaires en plein coeur de l'Irlande o� sont log�es plusieurs troupe de d�fenses. Bataille des plaines d'Abraham:Victoire d�cisive des anglais sur les Fran�ais,sur la rive gauche du St-Laurent,devant Qu�bec.Les deux g�n�raux Wolfe et Montcalm furent mortellement bless�s au cours du combat. ----------------------------------------------------- 2 avril 1916 Ma petite femme ador�e, Je dois �tre l'homme le plus heureux sur le front :nous avons un enfant!Une petite fille!Voil� un deuxi�me rayon de soleil auquel m'accrocher quand le d�sespoir me gagne! Merci pour le colis de ch�taignes.La d�gustation a �t� le deuxi�me plus bel instant de ma vie dans cette tranch�e maudite.Bien s�r, elles n'�taient pas aussi bonnes que celles de maman,mais �a y ressemblait,bien que la moisissure en ait rong�e quelque-unes.La moisissure,parlons-en.Ici,elle est presqu'omnipr�sente:dans la nourriture,sur les v�tements,dans les terriers qui nous servent de maison.M�me les hommes semblent moisir sous cette fichue flotte!Trois semaine que le ciel nous pisse dessus!Mais le pire,ce sont les rats et les poux.Ces derniers nous ont valu une �pid�mie de typhus et pour moi,une semaine � l'h�pital militaire de Lens.Mais ne t'inqui�tes pas,je suis totalement r�tabli.Quoi qu'il puisse arriver,n'oublie jamais une chose:je t'aime et Mathilde est notre enfant. Je t'embrasse et je serai toujours l� pour veiller sur toi et sur elle. Charles Charlemagne,17 juin 1916 Mon amour, L'oppression qui m'�treint l'int�rieur a fait rel�che avec l'arriv�e de ta missive.J'ai v�cu l'enfer pendant ces neuf mois sans nouvelles qui m'ont parus une �ternit�.Mais Dieu merci,tu vas bien,m�me si le dernier combat contre les troupes Allemandes fut coriace.Apprendre que tu as pass� une semaine � l'h�pital pour te gu�rir du typhus m'a profond�ment �mue.J'esp�re que l'on t'a soign� aussi tendrement que je l'aurais fait moi-m�me.Par contre,je suis certaine que tu es d�j� sur pieds,vue la vigueur que je te connais!Tu ne peux pas savoir comme j'ai h�te que tu reviennes.Grandes nouvelles!Ton oncle Robert travaillant � Montr�al est venu jusqu'ici installer la radio la semaine derni�re.Je peux donc avoir des nouvelles de cete guerre atroce qui s�vit en Europe depuis des mois.Aussi,le mois dernier,ton fr�re cadet,Antoine,est entr� au juv�nat.Il fera des �tudes en vue de devenir pr�tre!!Il parle d�j� du jour o� il sera promu cardinal!Tu imagines?!Ton fr�re chez les fr�res!!Ta m�re a retrouv� le sourire lorsque nous est parvenu ta missive,bien qu'il se soit vite estomp� lorsque ton p�re est malencontreusement d�c�d� d'une vilaine chute du toit de la mansarde qu'il s'affairait � rafistoler.Ce fut la consternation dans tout le village.Ta m�re et tes soeurs sont inconsolables.Elles vont tous les jours au cimeti�re de Charlemagne d�poser des fleurs fra�chement cueillies sur sa tombe.L'abb� Provost a c�l�br� les fun�railles.Je suis de tout coeur avec toi dans ta peine.Pour traiter d'un sujet plus �gayant,je suis devenue une vraie cordon bleue,comme m'en complimente ta m�re!Elle m'a d'ailleurs appris r�cemment comment cuisiner du "puding-ch�meur"!!!Je trouve ce nom tellement amusant...Mais peu importe,tu me manques �norm�ment et je prie tous les soirs pour que la guerre finisse et cesse d'en faire ressentir ses effets partout dans le monde... Valentine P.S. Mathilde est un vrai rayon de soleil.Elle est belle et nous fait des tas de sourires.Elle nous fait tellement rigoler,c'est incroyable!De plus,elle a tes yeux bleus et ton sourire.Elle ne demande plus qu'� te conna�tre!Je t'envoie une photo de son joli minois avec cette lettre. 24 ao�t 1916 Mon poussin, Je trouve enfin un moment pour t'�crire pendant l'acalmie des combats.Je crains que la guerre ne persiste malgr� nos pri�res.Il nous faudra attendre,car le retour au pays n'est pas encore pour aujourd'hui.Sur le front,c'est une catastrophe.Plusieurs de mes camarades sont tomb�s sous les rafales de tirs. Dantrioux, un fantassin Fran�ais demon �ge avec qui j'avais sympathis� va �tre rapatri�:il a re�u quelques �clats d'un obus qui a transform� une tranch�e voisine en un vrai charnier g�ant.C'est horrible,mais je me demande si je ne l'envie pas un peu de rentrer au bercail.Je me retrouve donc seul avec l'espoir de te revoir bient�t. Les Boches ne nous font pas de cadeaux.Ils tirent sur tout ce qui bouge!La nuit derni�re,je n'ai pu fermer l'oeil de la nuit tant la peur de mourir et de te perdre me serrait les entrailles.Mais maintenant que j'ai ta photo,je me sentirai plus fort.Toutes mes demandes de permission me sont refus�es sous pr�texte que j'habite trop loin.Quelle injustice! Ici la nourriture est tout juste supportable.Heureusement,quelquefois,un de nos gars paie une rasade de tord-boyau � chacun.�a r�chauffe un peu. Je suis content que tu appr�cie mon pays et que tu aies r�ussis � percer la carapace de ma soeur qui n'est,somme toute,pas tr�s rigide.Embrasse maman,Genevi�ve et mes fr�res et surtout,prie pour mon pauvre p�re.J'esp�re que les clairons de la victoire vont bient�t sonner et que tu auras la patience de m'attendre.Je t'aime et je m'ennuie de toi, Charles Charlemagne,21 octobre 1916 Charles ch�ri, �videmment,le fait que vos conditions de vie soient pitoyables et difficiles me peine profond�ment.Dormir par terre sur un matelas � peine plus �pais qu'une couverture,respirer une brume poussi�reuse � longueur de jour,�tre constament habill� de v�tements souill�s,n'avoir aucune intimit�...Tant de sales conditions que je n'ai jamais connues,ayant grandi dans l'opulence et le confort.Tu sais,je me rapelle parfois le temps o� j'habitais Pas-de-Calais avec mes parents,dans cette belle demeure o� j'avais une chambre remplie de miroirs et de dentelles.Toutes sortes de bonnes gens venaient d�ner � la maison, jouaient des airs sur le piano o� se promenaient dans le jardin fleuri.Mais malgr� tout cela,je n'�tait pas vraiment heureuse,je crois.Je ne connaissais pas beaucoup mes parents.Ils ont �norm�ment voyag� lorsque j'�tais petite,me laissant aux bons soins d'une gouvernante.Par la suite,ma m�re s'est mise � �tre plut�t distante � mon �gard,comme si le cordon avait �t� coup�.Alors aujourd'hui,je peux t'assurer que ma famille,c'est la tienne.M�me si la ferme est us�e par les saisons,m�me si le mobilier est modeste,m�me si la nourriture n'est pas tr�s riche,tes parents sont les gens les plus int�gres et affectueux que je n'aie jamais rencontr�s. La nuit derni�re,je me suis r�veill�e en sursaut lorsqu'un Escadron de chasse est pass� en trombe au-dessus de la campagne.Dans les maisons,on paniquait,on craignait d'�tre bombard�s.J'ai pu alors imaginer les conditions horribles dans lesquelles vous viviez tous les jours rong�s par la peur d'�tre bless�s,tu�s ou appel�s au combat d�cisif.Je panique � l'id�e de penser que le peu d'homme restant au sein de votre bataillon puisse �tre atteint de typhus,de dissenterie,que des poux aient �lus domicile dans vos draps et que des rats d�chiqu�tent les planchers de terre battue.Il faut que tu reviennes,Charles,et vite.Nous avons eu des nouvelles de ton cousin Pierre le mois dernier;il est mort au front,tout pr�s de Verdun.Ta tante et ta cousine Anne sont d�vast�es.De plus,ta m�re a attrap� un mauvais rhume et est clou�e au lit.Les rapatri�s morts ou vifs continuent d'affluer dans toute la r�gion.Charlemagne compte d�sormais 10 d�c�d�s dont 7 de moins de trente ans.Quel carnage!!C'est un vrai d�sastre.Le village entier est en deuil.J'ai si peur pour toi.Je penses � toi chaque nuit en m'endormant et je revois ton visage dans mes r�ves.Mais malgr� toutes les atrocit�s de cette guerre,je sais que notre amour y survivra.J'ai m�me quelques projets pour ton retour:Nous pourrions vivre ici,� la campagne et agrandir notre petite famille.On a d�j� la meilleure petite fille qui soit : Mathilde bien s�r,il faut que tu reviennes bient�t afin de veiller sur ceux que tu aimes.. Je t'aime, Valentine ----------------------------------------------------- La bataille de Verdun : les Fran�ais r�sistent victorieusementde f�vrier � d�cembre 1916 aux plus videntes offensives Allemandes men�es en direction de Verdun sur les deux rives de la Meuse. ----------------------------------------------------- Charles Valois H�pital militaire de Lens S.P.88250 LENS 11 d�cembre 1916 Ch�rie, Je suis � l'h�pital.J'ai �t� bless� par un �clat d'obus qui m'a profond�ment entaill� le bras gauche et une balle perdue est venue se loger dans mon �paule gauche.En plus,la totalit� de ma jambe gauche est r�duite en bouillie.Ne t'inqui�te pas,je suis maintenant hors de danger.Mon �paule a retrouv� sa vigueur d'antan,h�las les chirurgien n'ont pu sauver mon bras et ma jambe gauches. Ton mari est un infirme:je suis amput�.Les jours suivant l'op�ration,mon abattement �tait � son comble.C'est alors qu'une infirmi�re m'a donn�e ta lettre.Le bonheur le plus intense succ�dant au d�sespoir le plus sombre eut raison de moi:je fondis en larmes sous les yeux �bahis de l'infirmi�re.Je me r�signe d�sormais � ce nouveau handicap.J'en suis m�me presque content,car gr�ce � lui je vais �tre rapatri�!Eh oui mon amour,d'ici une � deux semaines je pourrai � nouveau te serrer dans mes bras!Ou plut�t dans mon bras et demi!Assez d'apitoiements! � bient�t, je t'aime, Ton Charles ador� P.S.Tu peux dire � notre petite Mathilde que papa s'en vient et qu'il passera peut-�tre No�l avec toute la famille.Je vous embrasse. CONCLUSION Charles rentra au pays le 20 d�cembre 1916.Il fut tr�s impressionn� de retrouver son village dont la population avait sensiblement diminu�.Sa m�re,sa soeur et ses fr�res furent tr�s heureux de le revoir.Pour ce qui est de Valentine,le noeud qu'elle avait au coeur se d�noua aussit�t qu'il revint et ils se retrouv�rent encore plus amoureux qu'auparavant.Quelques mois plus tard,ils firent construire une jolie maisonnette � Charlemagne o� ils habit�rent avec leur blondinette de fille Mathilde.La guerre se termina en 1918 au grand soulagement de tous.Elle fit 62000 morts au Canada seulement.S'en suivit alors une forte prosp�rit� �conomique pour le Cnada.Tous les secteurs �conomiques roulaient � la perfection jusqu'� la crise �conomique de 1929.En France,comme partout en Europe,les s�quelles de la guerre furent abondantes;des paysages d�truits,des villes bombard�es,des pays � reconstruire,des coeurs d�cim�s...Ils en auront pour plusieurs ann�es � s'en remettre.�videmment Valentine et Charles v�curent tr�s heureux,leur amour ayant vaincu une guerre destructrice.Ils eurent cinq autres magnifiques enfants;deux ga�ons et trois filles.Tous avec de grands yeux bleus et le courage au coeur en h�ritage. | |||||||||||||||||
| |||||||||||||||||
|
This page has been visited times. |