Mai 1968



    Lors de la rentrée universitaire de 1966, éclate le «scandale de Strasbourg » qui sera pour les situationnistes leur premier combat et manifestation d'ordre nationale, voire internationale.  Des étudiants membres de l'A.F.G.E.S (Association Fédérative Générale des Étudiants de Strasbourg) font appel à l'IS pour les aider à rédiger une brochure subversive destinée à dissoudre l'association dont ils font partie, l'A.F.G.E.S. La brochure De la misère en milieu étudiant sera rédigée par un situationniste (Mustapha Khayati).  Le scandale ne sera pas directement lié aux accusations violentes et de nature anarchique de Khayati, mais plutôt du fait que les membres de l'A.F.G.E.S seront poursuivis par la justice pour avoir sauvagement dilapidé les fonds de l'A.F.G.E.S.  Non seulement la presse française s'y intéressera, mais aussi la presse internationale. Khayati y dresse un sombre portrait de la condition des étudiants, ils sont aliénés culturellement, intellectuellement et politiquement : « Nous pouvons affirmer, sans grand risque de nous tromper, que l'étudiant en France est, après le policier et le prêtre, l'être le plus universellement méprisé » (1).  La brochure sera traduit et diffusée en Grande Bretagne (Ten days that shook the University, the situationists at Strasbourg), aux États-Unis (On the Poverty of Student Life), en Suède, en Espagne, en Italie, et ce dans la seule année 1967.
    L'année suivante, Debord réalisera l'importance de l'envergure de l'IS parmi la population étudiante.  Il remarquera ce qu'à l'époque peu de politicien français avait pris soin de noter : Les révolutions culturelles se font désormais dans les rues et uniquement dans les grands centres urbains disposant d?une infrastructure universitaire. Comme nous le savons, mai 1968 à été provoqué par le passage au conseil de discipline de huit étudiants de la Sorbonne, parmi eux, Daniel Cohn-Bendit et René Riesel, membre du groupe des Enragés (d'inspiration pro-situationniste).  Les situationnistes ne sont pas prit au dépourvus par ce soudain mouvement de rébellion, en fait, ils l'attendaient.  Ils seront aux cotés des étudiants lors de la «nuit des barricades » du 10 et 11 mai.  Ils prendront part à l'élection de Riesel à la présidence du comité d'occupation de la Sorbonne.  Il est toute fois important de noter que le rôle de l ?IS dans le déclenchement des événements de mai 1968 fut indirecte.  L'IS a voulu rester fidèle à sa détermination originelle de groupe de théoriciens, n'étant pas sensé intervenir dans le déroulement tactique d'une crise dont elle avait appelé l'ouverture. Le 16 mai ce comité invite à l'occupation immédiate de toutes les usines en France et à la formation de Conseils ouvriers.  Le 17 mai, Riesel et les situationnistes quittent la Sorbonne et fondent le CMDO (Conseil pour le Maintien Des Occupations).  Le comité rédigera tracts et affiches imprimées et distribuées par les ouvriers des imprimeries en grève.  Le CMOD analyse la situation au niveau national puis donne des informations et directives aux foyers grévistes. Le CMOD se distinguera par un constant soucis de non politiser le comité afin de préserver la flamme révolutionnaire et ceci en luttant contre la récupération par des groupes idéologiques aux schémas figés. L'efficacité de ce système de gestion des manifestations et grèves sera bientôt suivie par d?autre mouvement étudiant en Europe.  Le 15 juin ayant atteint les objectifs désirés et compte tenu de l'essoufflement de cette mini-révolution, le comité est dissout.  Peu après les membres de l'IS et du CMOD s'exileront à l'étranger pour éviter les représailles policières qui sévissent contre les principaux instigateur de mai 68.  En Belgique ils rédigeront un compte rendu collectif de mai 1968 : Enragés et situationnistes dans le mouvement des occupations (RenéViénet, 1968). De nombreux membres du CMOD rejoindront l'IS, seule organisation ayant survécu aux purges post révolutionnaires.

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Rayonnement de mai 1968 à l?étranger