Guillaume Apollinaire (1880-1918)

Les onze mille verges

EXTRAITS

(...) le prince Vibescu �tait � peine remis de ses �motions. Les marques de la flagellation s'�taient cicatris�es et il �tait mollement �tendu sur un sofa dans un salon du Grand-H�tel. Il lisait pour s'exciter les faits divers du Journal. Une histoire le passionnait. Le crime �tait �pouvantable. Un plongeur de restaurant avait fait r�tir le cul d'un jeune marmiton, puis l'avait encul� tout chaud et saignant en mangeant les morceaux r�tis qui se d�tachaient du post�rieur de l'�ph�be. Aux cris du Vatel en herbe, les voisins �taient accourus et on avait arr�t� le sadique plongeur.
L'histoire �tait racont�e dans tous ses d�tails et le prince la savourait en se branlottant doucement la pine qu'il avait sortie. (...)

(...) Le prince regarda l'heure. Il �tait onze heures du matin. Il sonna pour faire monter le masseur qui le massa et l'encula proprement. Cette s�ance le vivifia. Il prit un bain et il se sentait frais et dispos en sonnant pour le coiffeur qui le coiffa et l'encula artistiquement. Le p�dicure-manucure monta ensuite. Il lui fit les ongles et l'encula vigoureusement. Alors le prince se sentit tout � fait � l'aise�

 (�) La guerre entre le Japon et la Russie �clata ensuite.

Un matin, le prince Mony Vibescu, tout nu et beau comme l'Apollon de Belv�d�re, faisait 69 avec Cornaboeux. Tous deux su�aient goul�ment leurs sucres d'orge respectifs et soupesaient avec volupt� des rouleaux qui n'avaient rien � voir avec ceux des phonographes, il d�charg�rent simultan�ment et le prince avait la bouche pleine de foutre lorsqu'un valet de chambre anglais, et fort correct entra, tendant une lettre sur un plateau vermeil. La lettre annon�ait au prince Vibescu qu'il �tait nomm� lieutenant en Russie, � titre �tranger, dans l'arm�e du g�n�ral Kouropatkine. Le prince et Cornaboeux manifest�rent leur enthousiasme par des enculades r�ciproques. Ils s'�quip�rent ensuite et se rendirent � Saint-P�tersbourg avant de rejoindre leur corps d'arm�e. " La guerre, �a me va, d�clara Cornaboeux, et les culs des japonais doivent �tre savoureux�

(�) Que signifie, demanda Mony, cette phrase que m'a dite le portier : " Le g�n�ral est en train de tremper sa mouillette dans son �uf � la coque " ? Mony aper�ut son chef debout et en train d'enculer un petit gar�on charmant. Ses cheveux ch�tains boucl�s lui retombaient sur les �paules. Ses yeux bleus et ang�liques contenaient l'innocence des �ph�bes que les dieux font mourir jeunes parce qu'ils aiment. Son beau cul blanc et dur semblait n'accepter qu'avec pudeur le cadeau viril que lui faisait le g�n�ral qui ressemblait assez � Socrate.
" Le g�n�ral, dit H�l�ne, �l�ve lui-m�me son fils qui a douze ans. La m�taphore du portier �tait peu explicite car, plut�t que de se nourrir lui-m�me, le g�n�ral � trouv� cette m�thode convenable pour nourrir et orner l'esprit de son rejeton m�le. Il lui inculque par le fondement une science qui me para�t assez solide, et le jeune prince pourra sans honte, plus tard, faire bonne figure dans les conseils de l'Empire.
-L'inceste, dit Mony, produit des miracles."
Le g�n�ral semblait au comble de la jouissance, il roulait des yeux blancs stri�s de rouge. " Serge, s'�criait-il d'une voix entrecoup�e, sens-tu bien l'instrument qui, non satisfait de t'avoir engendr�, a �galement assum� la t�che de faire de toi un jeune homme parfait ? Souviens-toi, Sodome est un symbole civilisateur. L'homosexualit� e�t rendu les hommes semblables � des dieux et tous les malheurs d�coul�rent de ce d�sir que les sexes diff�rents pr�tendent avoir l'un de l'autre. Il n'y a qu'un moyen aujourd'hui de sauver la malheureuse et sainte Russie, c'est que, philop�des, les hommes professent d�finitivement l'amour socratique pour les encroup�s, tandis que les femmes iront au rocher de Leucade prendre des le�ons de saphisme. "
En poussant un r�le de volupt�, il d�chargea dans le cul charmant de son fils.

 

(�) On introduisit un couple �trange : un petit gar�on de dix ans en habit, le chapeau sous le bras, accompagn� d'une petite fille ravissante qui n'avait pas plus de huit ans ; elle �tait v�tue en mari�e, son v�tement de satin blanc �tait orn� de bouquets de fleurs d'oranger.
Le pope lui fit un discours et les maria par l'�change de l'anneau. Ensuite, on les engagea � forniquer. Le petit gar�on tira une qu�quette pareille � un petit doigt et la nouvelle mari�e retroussant ses jupons � falbalas montra ses petites cuisses blanches en haut desquelles bayait une petite fente imberbe et rose comme l'int�rieur du bec ouvert d'un geai qui vient de na�tre. Un silence religieux planait sur l'assembl�e.
Le petit gar�on s'effor�a d'enfiler la petite fille. Comme il ne pouvait y parvenir, on le d�culotta et pour l'exciter, Mony le fessa gentiment, tandis que Natacha du bout de la langue lui titillait son petit gland et les couillettes. Le petit gar�on commen�a � bander et put ainsi d�puceler la petite fille.