Gilles de Rais (1404-1440)

Minutes du Procès

 

EXTRAITS

« (...)

Aviez-vous toujours au château un nombre suffisant de malheureux enfants à immoler ?
– Quand mon maître ne pouvait trouver pour son plaisir d’autres enfants, garçons et filles, pour exercer ses exécrables débauches, il les exerçait sur les enfants de sa chapelle "
– Tuait-il les enfants de sa chapelle après l’exercice de ses débauches ?
– Non, parce qu’il les appréciait beaucoup, et les enfants étaient tenus de garder tous ces faits secrets. (...)
– Comment Gilles de Rais exerçait-il avec les enfants, garçons et filles, ses débauches contre nature ?
– Il prenait premièrement son membre viril entre l’une ou l’autre de ses mains, le frottait ou l’érigeait ou le tendait, puis il le posait entre les cuisses et les jambes des garçons ou des filles, omettant le vase naturel de ces dernières, frottant son membre viril sur le ventre des garçons ou des filles avec une grande délectation, une ardeur et une concupiscence libidineuse, jusqu’à ce que le sperme s’émît sur leurs ventres.
– Les victimes ne poussaient-elles pas des cris ?
– Avant de perpétrer ses débauches sur les garçons et les îilles, afin de prévenir leurs cris, et afin qu’ils ne soient pas entendus, Gilles de Rais les suspendait de sa propre main, ou les faisait suspendre par le cou, avec des liens et des cordes, dans sa chambre, à une perche ou à un crochet ; ensuite il les descendait ou les faisait descendre, il les cajolait en simulant qu’il ne voulait ni leur faire mal ni les blesser, qu’au contraire c’était pour se divertir avec eux, et, de la sorte, il les empêchait de crier.
– Les enfants étaient-ils tués après ces horribles débauches et ces péchés de luxure ?
– Oui.
– Qui les tuait, et comment ?
– Gilles les tuait de sa propre main. Parfois, il les faisait tuer par Sillé ou par Henriet, par l’un ou l’autre d’entre eux, ou ensemble.
– De quelle façon les tuaient-ils ?
– Tantôt les enfants avaient la tête tranchée, tantôt on les égorgeait, ils étaient démembrés, tantôt on leur rompait le cou avec un bâton. Il y avait un glaive destiné à leur exécution, vulgairement appelé braquemart.
– Gilles de Rais commettait-il ces luxures sur les enfants garçons et filles, une fois seulement ou plusieurs ?
– En général, une fois seulement ; parfois deux au plus avec chacun d’eux.
– Commettait-il ces luxures sur ces garçons et filles avant de les torturer ?
– Rarement. Le plus souvent il abusait d’eux après la suspension ou après leur avoir incisé ou fait inciser la veine du cou d’où le sang jaillissait. Il abusait aussi de ses victimes quand celles-ci étaient à l’agonie. D’autres fois, après leur mort. Et quand ils avaient le cou coupé, tant qu’il restait quelque chaleur dans le corps. »

(...)

Où et quand avez-vous commencé à perpétrer le crime de sodomie ?
– Au château fort de Champtocé. J’ai commencé l’année où mon aïeul, le seigneur de La Suze, décéda (1432).
– Qui vous a induit et enseigné la façon de commettre ces crimes ?
– Je les ai perpétrés selon mon imagination et ma pensée sans le conseil de personne, selon mon propre sens, pour mon plaisir et ma délectation charnelle. (...) J’émettais la semence spermatique de la façon la plus coupable sur le ventre des enfants, tant avant qu’après leur mort, et aussi durant leur mort, quelquefois moi-même, et parfois d’autres de mes complices, notamment Gilles de Sillé, messire Roger de Brinqueville, chevalier Henriet et Poitou, Rossignol et Petit Robin, infligions à ces enfants divers genres et manières de tourments : tantôt nous séparions la tête du corps avec des dagues, des poignards et des couteaux, tantôt nous les frappions violemment sur la tête avec un bâton, ou avec d’autres objets contondants, tantôt nous les suspendions dans ma chambre par une perche ou par un crochet avec des cordes, et nous les étranglions, et quand ils languissaient, je commettais avec eux le vice sodomite de la façon que j’ai décrite. Quand ces enfants étaient morts, je les embrassais, et ceux qui avaient de belles têtes et les plus beaux membres, je les donnais à contempler et je faisais cruellement ouvrir leur corps et je me délectais de la vue de leurs organes intérieurs, et, très souvent, quand ces enfants mouraient, je m’asseyais sur leur ventre et je prenais plaisir à les voir ainsi mourir et j’en riais »

 

Extraits des Minutes du Procès
(p.133 et 134 et 192 à 194)
Librairie Académique Perrin