Johan Wolfgang Goethe (1749-1832)

Le Second Faust

EXTRAIT  : (L'extrait repris ici vient de : Pour tout l�amour des hommes : Anthologie de l�homosexualit� dans la litt�rature : V � XVIIIe si�cle de Michel Larivi�re.)

Le texte en bleu est le passage repris dans l'anthologie de de Saintonge

MEPHISTOPH�L�S

Je me plais � les voir ces aimables enfants.
D�o� vient que je n�ai plus la force de maudire ?
Si je me laisse aller � de tels sentiments,
Comme fou d�sormais qui pourra-t-on inscrire ?
Ces dr�les que je hais, je les trouve charmants.
N��tes-vous pas aussi, beaux gar�ons, de la souche
De Lucifer ? Vraiment, vous �tes si jolis
Que je vous baiserais volontiers sur la bouche.
Vous venez � propos en ces lieux, m�est avis;
Je suis si bien, si bien dans votre compagnie,
Qu�il me semble d�j� vous avoir vus cent fois.
Et puis, je me sens comme une chatte en folie
Qui fr�le la goutti�re et se frotte aux parois.
Plus je tourne les yeux vers ces gentils minois,
Plus je les trouve beaux. Chers enfants, noble race,
Descendez, approchez... Un seul regard, de gr�ce !

LES ANGES

Nous approchons... Pourquoi reculer, quand tu veux
Nous voir de pr�s, dis-tu ? Reste donc, si tu peux.
(Les anges, en circulant, se r�pandent dans l�espace.)

M�PHISTOPH�LES, refoul� jusqu�au proscenium.

Une lave bouillante en mes veines circule ;
A peine si je sens encor que ma peau br�le.
Vous voltigez de �� de l� ; ne flottez pas
Ainsi, pliez un peu vos membres d�licats
A certains mouvements profanes. C'est merveille
De voir comme vous sied le genre s�rieux,
Un sourire, pourtant, sur vos l�vres vermeilles,
Je dois vous l�avouer, me plairait beaucoup mieux;
J�entends ce l�ger pli dans un coin de la bouche,
Qui, chez les amoureux, nous ravit et nous touche.
Toi surtout, grand gar�on, je te trouve � mon go�t,
Mais cet air de b�at ne te va pas du tout.
Laisse voir dans tes yeux un peu de convoitise.
Sans blesser la pudeur vous pourriez, s�rement,
Vous montrer moins v�tus : cette longue chemise
Est beaucoup trop morale, � parler franchement.
Ils se tournent... Toujours et de toute mani�re,
Les dr�les sont charmants � par devant, par derri�re.

Le second Faust
Lacroix et Verbreckhvren
Editeurs, p.336