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Dessin, 1902
Octave Mirbeau
(1848-1919)

Octave Mirbeau (1848-1917)

Né dans le Calvados en 1848, Octave Mirbeau fait ses études au Collège des jésuites de Vannes, études traumatisantes qui lui inspireront un roman autobiographique, Sébastien Roch (1890). Ses études de droit sont interrompues par la guerre de 1870 à laquelle il participe comme lieutenant de mobiles dans l'armée de la Loire. Il fait ses débuts de journaliste en 1872, dans un journal bonapartiste, l'Ordre, où il passe de la critique artistique, défendant Monet et Cézanne contre les tenants de l'académisme, à la critique dramatique, aiguisant son sens de la polémique. Après une courte parenthèse politique –il est pendant cinq mois sous-préfet à Saint-Girons, dans l'Ariège–, il tâte de la finance, mais revient rapidement au journalisme de combat.

En 1882, il se distingue par un violent article dirigé contre les comédiens, qu'il juge indignes de la Croix de la Légion d'honneur. Il fonde en 1883, avec Alfred Capus, Paul Hervieu et Etienne Grosclaude, un hebdomadaire satirique, monarchiste et antisémite, les Grimaces. Toujours exalté, il a de nombreux duels, avec, entre autres, Paul Déroulède et Catulle Mendès. Sa position politique évolue, au gré de son individualisme foncier, volontiers excessif, et de sa sympathie pour les milieux anarchistes : il devient anticlérical, antimilitariste et sera dreyfusard. Après un premier recueil de nouvelles (Lettres de ma chaumière, 1885), ses trois premiers romans sont largement autobiographiques (Le Calvaire, 1887 ; L'Abbé Jules, 1888; Sébastien Roch, 1890). Les ouvrages suivants, plus célèbres, dénoncent les vices de la société bourgeoise et cléricale contemporaine (Le Jardin des supplices, 1899 ; Le Journal d'une femme de chambre, 1900).

En 1896, il est membre de l'Académie Goncourt. Il se signale par son engagement en faveur du sculpteur Rodin, son ami. Il vient au théâtre assez tard, en 1897, avec une première pièce à forte connotation sociale et même anarchisante, les Mauvais Bergers. Suivent l'Epidémie, en 1898, et de courtes pièces réunies en 1904 sous le titre Farces et Moralités, caricatures acerbes d'une bourgeoisie qui fait bon marché des sentiments et de la justice. C'est à ce recueil qu'appartiennent Amants et Vieux ménage.

En 1903, Les affaires sont les affaires remportent un véritable triomphe à la Comédie-Française, après avoir été en partie cause de la suppression du Comité de lecture par Jules Claretie en 1901. La pièce bénéficie de l'interprétation magistrale de Maurice de Féraudy dans le rôle d'Isidore Lechat, personnage de bourgeois parvenu, entièrement corrompu par l'appât du gain. Un autre grand sociétaire, Léon Bernard, lui donne dans les années 1930, au théâtre et au cinéma, une âpre et vigoureuse présence.

Après ce premier succès, l'administrateur Jules Claretie est prêt à recevoir une autre pièce d'Octave Mirbeau, écrite en collaboration avec Thadée Natanson, le Foyer. Autre satire implacable, le Foyer met en scène un sénateur académicien, qui pratique la philanthropie dans son propre intérêt et en détourne les effets. Jules Claretie hésite à porter la pièce à la scène. Après un va-et-vient de la pièce de la Comédie-Française au Théâtre de la Renaissance, les auteurs gagnent le procès qu'ils ont intenté à Jules Claretie, qui parvient, avec sa diplomatie habituelle, à monter le Foyer réduit à trois actes, en décembre 1908. Les premières représentations sont troublées par les manifestations de représentants des Camelots du roi et de l'Action française, champions de la « morale offensée », et antisémites avérés.

Sans avoir jamais renoncé à ses engagements et à sa rébellion contre tout ce qui lui paraît injuste, Octave Mirbeau meurt en 1917, au milieu des œuvres de ses amis peintres et sculpteurs.

L'œuvre de Mirbeau, violente, imprécatoire, excessive, mais caractérisée par une profonde tendresse pour les petits et les vaincus, est aujourd'hui redécouverte avec un vif intérêt. Sa verve pamphlétaire, liée à une écriture lyrique et vigoureuse, le situe à la charnière entre l'école naturaliste et les symbolistes.

 

Source : la Comédie Française : http://www.comedie-francaise.fr/biographies/mirbeau.htm