Robert Musil

 

BIOGRAPHIE

Issu d'une famille de fonctionnaire, d'ingénieurs et d'officiers, Robert Musil est né le 6 novembre 1880, à Klagenfurt en Autriche. Destiné à la carrière des armes, il l'abandonne pour des études d'ingénieur. Puis, nani de son diplôme, par éudier la philosophie et la psychologie à Berlin. En 1906, il publie son premier roman, les Désarrois de l'élève Törless, remarquable et remarqué.

Il décide alors de se consacrer entièrement à la littérature. Il publie deux receuils de nouvelles, deux oièces de théâtre, mal acceuillies, puis attaque une vaste fresque romanesque. En 1933, il quitte Berlin pour Vienne. En 1938, il s'exile en Suisse, à Zurich puis à Genève où il meurt subitement en 1942, pauvre, oublié, et sans avoir pu achever ce grand roman auquel il travaillait depuis vingt ans : l'Homme sans qualités. Il a laissé également un important Journal, des Aphorismes, Discours et Essais.

(Editions du Seuil)

 

BIBLIOGRAPHIE

 

Les désarrois de l'élève Törless [die Verwirrungen des Zöglings Törless]: Roman
 
Biblio / Résumé / Extrait

 

BIBLIO

[traduit de l'allemand par Philippe Jaccottet]
Paris : le Livre de poche, 1967
In-16 (17 cm), 256 p., couv. ill. en coul.
[D. L. 8729-67]
(Le Livre de poche. 2159)

[traduit de l'allemand par Philippe Jaccottet]
Paris : Éditions du Seuil, 1960
In-16 (18 cm), 253 p., portrait.
[D. L. 8087-60]

Résumé

Interne dans un colège très huppé de la vieille Autriche, à la fin du siècle dernier, l'élève Töless a éprouvé d'abord les habituels désarrois de l'enfan hors de la couvée familiale. Mais le voici adolescent et ce sont d'autres désarrois - intellectuels et moraux autant que charnels - qui von s'emparer de lui. Habituels aussi, ceux-là, dans la mesure où ils accompagnent l'éveil de la sensualité, avec les "amitiés particulières". Excepionnels, cependan, par la cruauté qui les sucite et dont les "amitiés particulières" ne sont que l'exutoire. Exceptionels surtout par la lucidité avec laquelle les analyse le génie précose d'un romancier de 25 ans.

Les troubles de l'adolescence, ici, prophétisent les aberrations de l'ére concentrationnaire et le droit que s'arrogeront les "seigneurs"d'abuser des "esclaves" Sur Reiting et Beineberg - les brutes méprisant les faibles - , dont Törless se fait un temps le complice pour vouer à l'abjectation leur malheureux condisciple Basini, Musil dans son Journal (1937-1941) pouvai porter ce jugemen : "Les dictateur d'aujourd'hui in nucleo."

Par l'intelligence de la description des "aspects nocturnes" de l'homme et par la concision rigoureuse, l'Elève Törless préfigure le chef-d'oeuvre de Robert Musil, l'Homme sans qualités.

 

EXTRAIT

Enfin il se retrouva dans son lit. Il ne pensait plus à rien : penser était si difficile, et si peu frucuex.

Sans doe ce qu'il avait appris des menées de ses amis lui revenait-il à l'esprit, mais aussi indifférent, aussi morne qu'une nouvelle entrevue dans un journal éranger.

Il n'y avait plus rien à espérer de Basini. Son problème, bien sûr! Mais ce problème était si douteux, et lui si fatigué, si abattu! Tout n'avait été peut-être qu'illusion.

Seule l'image de Basini, de sa peua nue, luisante, demeura comme un parfun de lilas dans la pénombre des sensations qui précèdèrent le sommeil. La répulsion morale elle-même disparut. Enfin, Törless s'endormit.

Nul rêve ne raversa son repos. Mais, sous son corps, une tiédeur délicieuse déroulait de moeleux tapis. Ce fut cette sensation qui l'éveilla. Il faillit pousser un cri. Basini était à son chevet. L'instant d'après, avec une rapidité insensée, celui-ci avait retiré sa chemise, se glissait sous les draps et pressait conre Törless son coprs nu et remblant.

A peine remis de sa stupeur, Törless le repoussa :

-Qu'est-ce qui te prend?

Mais Basini se fit suppliant.

-Oh! Ne recommence pas! Personne n'est comme toi. Ils ne me méprisent pas comme toi; ils font semblant seulement, pour pouvoir se montere d'autant plus différents après. Mais toi? Toi justement? Tu es plus jeune que moi, quoique plus robuste : nous sommes tous les deux plus jeunes que les autres. Tu n'es pas brutal et fanfaron comme eux. Tu es doux… je t'aime!

-Quoi?… Qu'est-ce que u dis? Je ne sais ce que tu me veux… Va-t'en! Va-t'en!

Törless, au supplice, repoussait de son bras tendu l'épaule de Basini. Mais la brûlante proximité de cette peau douce qui n'était pas la sienne l'obsédait, le cernait, l'étouffait. Et Basini ne cessait de murmurer :

-Oui, oui, je t"en prie, je serais si content de faire ce que tu veux.

Törless ne savait que répondre. Pendant que Basini parlait, pendant les quelques secondes où il hésita et réfléchit, une sorte d'océan glauqye avait déferlé de nouveau sur son êre. Seules s'en détachaien les paroles fiévreuses de Basini, comme étincellent des poissons argentés.

Il continuait à repousser de ses deux bras le coprs de Basini; mais il y avait sur eux comme une chaleur pesante, humide; ses muscles se relâchèrent; il les oublia… Il fallu qu'un autre mot étincelât pour le réveiller, parce qu'il sentit soudain, comme une réalité terriblement insaisissable, que ses mains, dans une sorte de rêve, avaien attiré Basini plus près.

Alors il voulut se secouer, se crier à lui-même :

"Basini te rompe! Il ne cherche qu'à te faire tmober à son niveau pour t'empêcher de le mépriser!" Mais ce cri resta dans sa groge; il n'y avait plus un seul bruit vivant dans l'immense demeure; dans tous les couloirs, immobiles, les flos sombres du silence sembalien dormir.

Törless chercha à se ressaisir; mais ces eaus étaient devant toutes les portes, pareilles à des gardiens d'ébène.

Alors Törless renonça à chercher des mots. La sensualité qui s'était lentement insinuée en lui à chaque accès de désespoir avait pris maintenat toute sa force. Elle était couchée nue à côté de lui et lui soufflait à l'oreille de etndres conseils de résignation, elle écartait de ses doigts brûlant, comme inutiles, outes questions et tous devoirs. Elle murmurait : dans la solitude, tout est permis.

Poutant, au moment où il fut emproté, il s'éveilla quelques secondes, et s'accrocha désespérement à cette seule pensée : "Ce n'est pas moi! Ce n'est pas moi! Demain, je redeviendrai moi-même! Demain!"

 

VIRTUEL