Pier Paolo Pasolini ( 1922-1975)

Passeggiate romane

EXTRAITS :

Extrait 1

Imb�cile d'Arnardo. Tu avais quoi, quatorze ans ? Ca te para�t rien ? Non seulement NU, � d�couvert, expos�, avec la brise poisseuse de la mer Tyrrh�nienne jouant sur ta peau et dans le duvet r�cent de ton sexe recroquevill�, angoiss� et offert comme un martyr : mais carr�ment photographi�, film�.
C'est la m�me main qui avait fait sauter comme une explosion les boutons qui prot�geaient mis�rablement le coin velout�, triangulaire et prot�iforme de la partie la plus �mouvante de ton pantalon et qui maintenant s'appliquait � fixer sur la pellicule ta beaut�, publique comme une borne�

Passeggiate romane, Poche p. 71

Extrait 2

Un instant qui arrache au grouillement diurne d'une journ�e de 1950 son explication totale, improvise comme une phrase musicale qui est n�e toute seule : du geste d'un m�me appuy� au chambranle de la porte d'un barbier, les jambes crois�es, dans son pantalon du dimanche en toile l�g�re, etc., la chaleur de sa vanit� romaine, o� le secret du sexe est conscient de sa fra�cheur et s'exhibe dans cette tendre, sombre et insolente ironie juv�nile : d'o� une loi encore plus g�n�rale ; une explication plus vaste et donc plus m�lodieuse, l'exhibitionnisme de tout un peuple.

Idem page 117

Extrait 3

Rafele r�pond � peine aux questions aimables du notaire, l'enfance le rend sourd � tout ce qui n'est pas directement utile, aux convenances (une pipe comme � ses grands fr�res, puis le bl�). Le m�me �moi, que l'on note dans sa d�marche circonspecte, un peu honteuse, saisit son ventre aride, de statue, puis le vertige se d�noue tout simplement, en quelques gestes totalement in�dits : sa braguettes d�boutonn�e, l'offre de son petit don, d�j� dur comme un caillou, un rameau de ch�taignier : cela se passe au fond d'un escalier tremp� de pluie et d'urine, o� suintent des liquides fangeux, sur un bout de terrain o� l'herbe est coll�e par les infiltrations qui d�goulinent du pont, presque au fil de l'eau du Tibre.

Idem page 121