Restif de La Bretonne (1734-1806)
Les Nuits de Paris
EXTRAIT :
J'avais pris par la rue Saint-Honor�. Au coin de celle de Camp-Fleuri, je vis un petit groupe de monde. Je m'approchai. C��tait une sorte de jeune fille d�environ seize ans, dont on admirait la gentillesse. Je fus surpris de sa beaut� douce et na�ve. Je l�abordai pour lui demander ce qui la faisait remarquer. Elle me sourit, et rien au monde de si charmant que son sourire. Je ne savais que penser, lorsque l�enfant sans parler, leva ses jupes et montra ses culottes. Je compris alors que c��tait un petit gar�on (...) Je fis quelques repr�sentations � l�enfant. Tandis que je lui parlais, un carrosse bourgeois s�arr�te Celui qui �tait dedans met la t�te � la porti�re et s�informe. On lui pr�sente le petit gar�on. � Il n�est pas possible, s��crie-t-il, c�est une fille ! Parbleu ! je veux m�en assurer. � Le petit gar�on veut fuir. Deux laquais l�arr�tent : on le met dans la voiture... Je tire le voile sur les suites de cette histoire horrible. Qu�il suffise de savoir que cet enfant est aujourd�hui un eff�min�, qu�il occupe une place au bordel, que cette funeste aventure a caus�, outre la perte de ses m�urs, le d�sespoir de ses parents �.
Les Nuits de Paris
Ed. Tristani
Don Bougre aux Etats G�n�raux
EXTRAIT : (L'extrait repris ici vient de : Pour tout l�amour des hommes : Anthologie de l�homosexualit� dans la litt�rature : V � XVIIIe si�cle de Michel Larivi�re.)
Le texte en bleu est le passage repris dans l'anthologie de de Saintonge
(...)Il y a trois esp�ces de gens qui foutent en cul. Il y a bien peu
d�hommes � qui cela ne soit arriv� une fois en sa vie, par curiosit�, par
ivresse, par ennui ou autrement, nous ne parlons que de ceux � qui cela arrive
habituellement.
La premi�re esp�ce et la moins coupable est compos�e de ceux
qui enculent les putains qui font le m�tier de tourner la m�daille, expression
consacr�e. (...)
La seconde esp�ce est de ceux qui enculent leurs propres
femmes c�est ordinairement un acte de despotisme et de tyrannie de la part du
mari : si on lui refuse, il boude, il jure, il retranche la pension, plus de
spectacle, plus de promenade, et pis que cela, il fait jeuner le con, qui, au
bout de quelque temps, persuade � son voisin d�avoir piti� de lui. (...)
La
troisi�me esp�ce est de ceux qui enculent les m�les. La raison de la pr�f�rence
qu�ils leur donnent sur les femmes est qu�on ne sert point de gigot sans manche.
Dans cette classe, il faut comprendre les �coliers qui le font par
polissonnerie, les soldats par d�faut d�argent, les moines par. n�cessit�. Quant
aux bardaches, il est constant qu�il ne le font que par avarice, puisqu�ils
n�ont aucun plaisir et qu�ils s�exposent au m�pris et aux sarcasmes, bien
plus que les bougres. On sait que Volange disait � un acteur des Italiens, avec
qui il avait dispute : � Mademoiselle, si je ne respectais votre sexe, je vous
donnerais des coups de canne. � Les empereurs romains avaient condamn� les
bougres et bardaches � la peine du feu. Plusieurs pourtant d'entr�eux ne
l��taient pas mal, t�moin ce C�sar, qu�on appelait � le mari de toutes les
femmes et la femme de tous les maris �, ce Tib�re, qui se faisait l�cher les
couilles par des enfants; ce N�ron, qui fit ch�trer un de ses mignons pour qu�il
ressembl�t mieux � une femme, et qui se pr�tait lui m�me � un de ses affranchis,
en contrefaisant les cris d'une femme qu�on d�puc�le. L�exc�s du mal vient
peut-�tre de l�exc�s de la peine. Br�ler ! c�est bien s�rieux, et qui d�noncera
un homme qu�on doit br�ler s'il est convaincu ? S�il plaisait � nos seigneurs
des �tats d�ordonner que les bougres et bardaches seraient publiquement
flagell�s sur les �paules par des filles de joie, en faveur de qui on pourrait
cr�er des offices de correctrices. Le nombre de coups serait en proportion de la
gravit� de la faute. La correction ne serait point r�put�e infamante, tous les
�tats, tous les �ges y seraient soumis, Cinq ou six exemples faits sur des
abb�s, des marquis, m�me sur des mar�chaux de France, s�il y avait lieu,
r�primeraient avant peu le go�t horrible que les r�v�rends p�res j�suites n'ont
que trop enracin� en France.