Pierre Ronsard (1524-1585)

Trois Sonnets

EXTRAIT  : (L'extrait repris ici vient de : Pour tout l�amour des hommes : Anthologie de l�homosexualit� dans la litt�rature : III � XVIe si�cle de Michel Larivi�re.)

Le texte en bleu est le passage repris dans l'anthologie de de Saintonge

Il me d�pla�t beaucoup qu�une nouvelle m�che
Offusque le flambeau du naturel amour ;
Je m�attriste d�ou�r ce qu�on dit � la cour :
Mon visage d�ennui s�enjaunit et dess�che.

Le Roi, comme l�on dit, accole, baise et l�che,
De ses poupins mignons le teint frais, nuit et jour ;
Eux, pour avoir argent, lui pr�tent tour � tour
Leurs fessiers rebondis, et endurent la br�che.

Ces culs, devenus cons, engouffrent plus de biens
Que le gouffre de Scylle, ha� des anciens,
Et aurait mieux valu, pour le bien de la France,

Qu�Henri, second du nom, � qui je fus donn�
Bien qu�il d�plaise au ciel, e�t le cul bouquin�,
Que de faire un N�ron de sa noble semence.

Foutez bouches, culs, cons, et d�une main lubrique
Donnez-vous de V�nus le savoureux plaisir ;
Avecque vos Mignons consommez � loisir
Qui est d�, selon droit � la chose publique ;

Tandis que vous branlez, sans faire sang, la pique,
Et que, des volupt�s, se paie votre d�sir
Votre couronne choit, et l�on veut s'en saisir
Par ruses et accords que l��tranger pratique.

Je sais que vous direz que le grand Jupiter
Ne fait rien dans le ciel que culs et cons fouter
Et que pour tout cela il ne perd sa couronne

Il est plus fort l�-haut que vous n��tes ici
Il a des fils vaillants, vous n��tes pas ainsi
Votre semence choit en terre qui n�est bonne.

Adieu cons rondelets, corallines fossettes,
L�entretien de nature et de tout l�univers,
Adieu antres velus, pleins de plaisirs divers,
Fontaines de nectar, marbrines motelettes !

Ores, en votre lieu, sont les fesses molettes,
Et les culs blancs de chair, de tout poil d�couverts,
Les culs plus que les cons sont maintenant ouverts,
Les Mignons de la Cour y mettent leurs lancettes.

Le Roi ne m�aime point, pour �tre trop barbu,
Il aime � semencer le champ qui n�est herbu,
Et, comme un vrai Castor, chevaucher le derri�re
,

Lorsqu�il foute les culs, qui sont cons r�tr�cis,
Il tient du naturel de ceux des M�dicis,
En prenant le devant, il imite son p�re.

 

(Trois Sonnets)
Enfer de la Biblioth�que Nationale