Marquis de Sade Donatien-Alphonse-François (1740-1814)

La Philosophie dans le boudoir

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EXTRAITS  : 

Le texte en bleu est le passage repris dans l'anthologie de de Saintonge

Extrait 1

Le Chevalier :
Je ne te cacherai point mes extravagances avec Dolmancé... J’aime les femmes, et ne me livre à ces goûts bizarres que quand un homme aimable m’en presse. Il n’y a rien que je ne fasse alors. Je suis loin de cette morgue ridicule qui fait croire à nos jeunes freluquets qu’il faut répondre par des coups de canne à de semblables propositions ; l’homme est-il le maître de ses goûts ? Il faut plaindre ceux qui en ont de singuliers, mais ne les insulter jamais : leur tort est celui de la nature ; ils n’étaient pas plus les maîtres d’arriver au monde avec des goûts différents que nous ne le sommes de naître ou bancal ou bien fait. Un homme vous dit-il d’ailleurs une chose désagréable en vous témoignant le désir qu’il a de jouir de vous ? Non, sans doute ; c’est un compliment qu’il vous fait ; pourquoi donc y répondre par des injures ou des insultes ? Il n’y a que les sots qui puissent penser ainsi. (...).

 M. Dolmancé était instruit par un de mes amis du superbe membre dont tu sais que je suis pourvu, il engagea le marquis de V... à me donner à souper avec lui. Une fois là, il fallut bien exhiber ce que je portais ; la curiosité parut d’abord être le seul motif ; un très beau cul qu’on me tourna, et dont on me supplia de jouir, me fit bientôt voir que le goût seul avait eu part à cet examen. Je prévins Dolmancé de toutes les difficultés de l’entreprise ; rien ne l’effaroucha. « Je suis à l’épreuve du bélier, me dit-il, et vous n’aurez même pas la gloire d’être le plus redoutable des hommes qui perforèrent le cul que je vous offre ! » Le marquis était là, il nous encourageait en tripotant, maniant, baisant tout ce que nous mettions au jour l’un et l’autre. Je me présente... je veux au moins quelques apprêts : « Gardez-vous-en bien ! me dit le marquis; vous ôteriez la moitié des sensations que Dolmancé attend de vous; il veut qu’on le pourfende, il veut qu’on le déchire. – Il sera satisfait ! » dis-je en me plongeant aveuglément dans le gouffre. Et tu crois peut-être ma sœur que j’eus beaucoup de peine ? Pas un mot ; mon vit, tout énorme qu’il est, disparut sans que je m’en doutasse, et je touchai le fond de ses entrailles sans que le bougre eût l’air de le sentir. Je traitai Dolmancé en ami ; l’excessive volupté qu’il goûtait, ses frétillements, ses propos délicieux, tout me rendit bientôt heureux moi-même, et je l’inondai. A peine fus-je dehors que Dolmancé, se retournant vers moi, échevelé, rouge comme une bacchante : « Tu vois l’état où tu m’as mis, cher chevalier, me dit-il, en m’offrant un vit sec et mutin, fort long et d’au moins six pouces de tour ; daigne, je t’en conjure, ô mon amour ! me servir de femme après avoir été mon amant et que je puisse dire que j’ai goûté dans tes bras divins tous les plaisirs du goût que je chéris avec tant d’empire. » Trouvant aussi peu de difficulté à l’un qu’à l’autre, je me prêtai ; le marquis, se déculottant à mes yeux, me conjura de vouloir bien être encore un peu homme avec lui pendant que j’allais être la femme de son ami ; je le traitai comme Dolmancé, qui, me rendant au centuple toutes les secousses dont j’accablais notre tiers, exhala bientôt au fond de mon cul cette liqueur enchanteresse dont j’arrosais, presque en même temps, celui de V...

Madame de Saint-Ange :
Tu dois avoir eu le plus grand plaisir, mon frère, à te trouver ainsi entre deux ; on dit que c’est charmant.

Le Chevalier : ll est bien certain, mon ange, que c’est la meilleure place.

La philosophie dans le boudoir
PAUVERT,p.15 à 19

 

Extrait 2 : Troisème dialogue

Dolmancé:
A merveille! Je puis vous rendre, de cette manière, les mêmes services dont Eugénie s'est si bien trouvée. Placez-vous, à présent, petite folle, la tête bien entre les jambes de votre amie, et rendez-lui, avec votre jolie langue, les mêmes soins que vous venez d'en obtenir. Comment donc! mais, par l'attitude, je pourrai posséder vos deux culs, je manierai délicieusement celui d'Eugénie, en suçant celui de sa belle amie. Là... bien... Voyez comme nous sommes ensemble.

La philosophie dans le boudoir
PAUVERT,p.65

 

Extrait 3 : Troisème dialogue

Dolmancé: J'avoue mon faible. Il n'est, j'en conviens, aucune jouissance au monde qui soit préférable à celle-là; je l'adore dans l'un et l'autre sexe; mais le cul d'un jeune garçon, il faut en convenir, me donne encore plus de volupté que celui d'une fille. On appelle bougres ceux qui se livrent à cette passion; or, quand on fait tant que d'être bougre, Eugénie, il faut l'être tout à fait. Foutre des femmes en cul n'est l'être qu'à moitié: c'est dans l'homme que la nature veut que l'homme serve cette fantaisie; et c'est spécialement pour l'homme qu'elle nous en a donné le goût. Il est absurde de dire que cette manie l'outrage. Cela se peut-il, dès qu'elle nous l'inspire? Peut-elle dicter ce qui la dégrade? Non, Eugénie, non; on la sert aussi bien là qu'ailleurs, et peut-être plus saintement encore. La propagation n'est qu'une tolérance de sa part. Comment pourrait-elle avoir prescrit pour loi un acte qui la prive des droits de sa toute-puissance, puisque la propagation n'est qu'une suite de ses premières intentions, et que de nouvelles constructions, refaites par sa main, si notre espèce était absolument détruite, redeviendraient des intentions primordiales dont l'acte serait bien plus flatteur pour son orgueil et sa puissance?

La philosophie dans le boudoir
PAUVERT,p.98

 

Extrait 4 : Troisème dialogue

Dolmancé: Pourrait-on regarder comme telles les plus douces unions de la nature, celle qu'elle nous prescrit et nous conseille le mieux! Raisonnez un moment, Eugénie: comment l'espèce humaine, après les grands malheurs qu'éprouva notre globe, put-elle autrement se reproduire que par l'inceste? N'en trouvons-nous pas l'exemple et la preuve même dans les livres respectés par le christianisme? Les familles d'Adam et de Noé purent-elles autrement se perpétuer que par ce moyen? Fouillez, compulsez les mœurs de l'univers: partout vous y verrez l'inceste autorisé, regardé comme une loi sage et faite pour cimenter les liens de la famille. Si l'amour, en un mot, naît de la ressemblance, où peut-elle être plus parfaite qu'entre frère et sœur, qu'entre père et fille? Une politique mal entendue, produite par la crainte de rendre certaines familles trop puissantes, interdit l'inceste dans nos mœurs; mais ne nous abusons pas au point de prendre pour loi de la nature ce qui n'est dicté que par l'intérêt ou par l'ambition; sondons nos cœurs: c'est toujours là où je renvoie nos pédants moralistes; interrogeons cet organe sacré, et nous reconnaîtrons qu'il n'est rien de plus délicat que l'union chamelle des familles; cessons de nous aveugler sur les sentiments d'un frère pour sa sœur, d'un père pour sa fille. En vain l'un et l'autre les déguisent-ils sous le voile d'une légitime tendresse: le plus violent amour est l'unique sentiment qui les enflamme, c'est le seul que la nature ait mis dans leurs cœurs. Doublons, triplons donc, sans rien craindre, ces délicieux incestes, et croyons que plus l'objet de nos désirs nous appartiendra de près, plus nous aurons de charmes à en jouir.
Un de mes amis vit habituellement avec la fille qu'il a eue de sa propre mère; il n'y a pas huit jours qu'il dépucela un garçon de treize ans, fruit de son commerce avec cette fille; dans quelques années ce même jeune homme épousera sa mère; ce sont les vœux de mon ami; il leur fait un sort analogue à ces projets, et ses intentions, je le sais, sont de jouir encore des fruits qui naîtront de cet hymen; il est jeune et peut l'espérer. Voyez, tendre Eugénie, de quelle quantité d'incestes et de crimes se serait souillé cet honnête ami s'il y avait quelque chose de vrai dans le préjugé qui nous fait admettre du mal à ces liaisons. En un mot, sur toutes ces choses, je pars, moi, toujours d'un principe: si la nature défendait les jouissances sodomites, les jouissances incestueuses, les pollutions, etc., permettrait-elle que nous y trouvassions autant de plaisir? Il est impossible qu'elle puisse tolérer ce qui l'outrage véritablement.

La philosophie dans le boudoir
PAUVERT,p.106

 

Extrait 4 : Troisème dialogue

Dolmancé: J'en sodomise tous les jours de plus jeunes; hier encore, un petit garçon de sept ans fut dépucelé par ce vit en moins de trois minutes... Courage, Eugénie, courage!...

La philosophie dans le boudoir
PAUVERT,p.113

 

Extrait 6 et 7 : Cinquième dialogue

La sodomie. (...) Il est sans doute bien douloureux pour nous d’avoir à reprocher à nos ancêtres les meurtres judiciaires qu’ils ont osé se permettre à ce sujet. Est-il possible d’être assez barbare pour oser condamner à mort un malheureux individu dont tout le crime est de ne pas avoir les mêmes goûts que vous ? On frémit lorsqu’on pense qu’il n’y a pas encore quarante ans que l’absurdité des législateurs en était encore là (...). Tenons-nous donc pour bien assurés qu’il est aussi simple de jouir d'une femme d’une manière que de l’autre qu'il est absolument indifférent de jouir d’une fille ou d'un garçon (...) . En parcourant l’univers, que de peuples ne voyons-nous pas mépriser les femmes ! Il en est qui ne s’en servent absolument que pour avoir l’enfant nécessaire à les remplacer. L’habitude que les hommes ont de vivre ensemble dans les républiques y rendra ce vice plus fréquent, mais il n’est certainement pas dangereux. Les législateurs de la Grèce l’auraient-ils introduit dans leur république s'ils l’avaient cru tel ? Bien loin de là, ils le croyaient nécessaire à un peuple guerrier. Plutarque nous parle avec enthousiasme du bataillon des amants et des aimés ; eux seuls défendirent longtemps la liberté de la Grèce. Ce vice régna dans l’association des frères d’armes; il la cimenta, les plus grands hommes y furent enclins. L’Amérique entière, lorsqu’on la découvrit, se trouva peuplée de gens de ce goût. A la Louisiane, chez les Illinois, des Indiens vêtus en femmes se prostituaient comme des courtisanes. Les nègres de Benguelé entretiennent publiquement des hommes ; presque tous les sérails d’Alger ne sont plus aujourd’hui peuplés que de jeunes garçons. On ne se contentait pas de tolérer, on ordonnait, à Thèbes, l’amour des garçons; le philosophe de Chéronée le prescrivit pour adoucir les mœurs des jeunes gens. Nous savons à quel point il régna dans Rome : on y trouvait des lieux publics où de jeunes garçons se prostituaient sous l’habit de filles et des jeunes filles sous celui de garçons. Martial, Catulle, Tibulle, Horace et Virgile écrivaient à des hommes comme à leurs maîtresses, et nous lisons enfin dans Plutarque que les femmes ne doivent avoir aucune part à l'amour des hommes. Les Amasiens de l’île de Crète enlevaient autrefois de jeunes garçons avec les plus singulières cérémonies. Quand ils en aimaient un, ils en faisaient part aux parents le jour où le ravisseur voulait l’enlever; le jeune homme faisait quelque résistance si son amant ne lui plaisait pas ; dans le cas contraire, il partait avec lui, et le séducteur le renvoyait à sa famille sitôt qu’il s’en était servi ; car, dans cette passion comme dans celle des femmes, on en a toujours trop, dès qu’on en a assez. Strabon nous dit que, dans cette même île, ce n’était qu’avec des garçons qu’on remplissait les sérails : on les prostituait publiquement.
Veut-on une dernière autorité, faite pour prouver combien ce vice est utile dans une république ? Ecoutons Jérôme le Péripatéticien. L’amour des garçons, nous dit-il, se répandit dans toute la Grèce, parce qu’il donnait du courage et de la force, et qu’il servait à chasser les tyrans ; les conspirations se formaient entre les amants, et ils se laissaient plutôt torturer que de révéler leurs complices (...) on était certain que ces liaisons affermissaient la république (...). Toujours la pédérastie fut le vice des peuples guerriers. César nous apprend que les Gaulois y étaient extraordinairement adonnés. Les guerres qu’avaient à soutenir les républiques, en séparant les deux sexes, propagèrent ce vice, et quand on y reconnut des suites si utiles à l’État, la religion le consacra bientôt. On sait que les Romains sanctifièrent les amours de Jupiter et de Ganymède. Sextus Empiricus nous assure que cette fantaisie était ordonnée chez les Perses. Enfin les femmes jalouses et méprisées offrirent à leurs maris de leur rendre le même service qu’ils recevaient des jeunes garçons ; quelques-uns l’essayèrent et revinrent à leurs anciennes habitudes, ne trouvant pas l’illusion possible...

 

Extrait 8 : Cinquième dialogue

Foutre ! je bande !... Rappelez Augustin, je vous prie. (On sonne ; il entre.) Il est inouï comme le superbe cul de ce beau garçon m'occupe la tête depuis que je parle ! Toutes mes idées semblaient involontairement se rapporter à lui... Montre à mes yeux ce chef-d'œuvre, Augustin... que je le baise et caresse un quart d'heure ! Viens, bel amour, viens, que je me rende digne, dans ton beau cul, des flammes dont Sodome m'embrase. Il a les plus belles fesses... les plus blanches ! Je voudrais qu'Eugénie, à genoux, lui suçât le vit pendant ce temps-là ! Par l'attitude, elle exposerait son derrière au chevalier qui l'enculerait, et Mme de Saint-Ange, à cheval sur les reins d'Augustin, me présenterait ses fesses à baiser ; armée d'une poignée de verges, elle pourrait au mieux, ce me semble, en se courbant un peu, fouetter le chevalier, que cette stimulante cérémonie engagerait à ne pas épargner notre écolière. (La posture s'arrange.) Oui, c'est cela ; tout au mieux, mes amis ! en vérité, c'est un plaisir que de vous commander des tableaux ; il n'est pas un artiste au monde en état de les exécuter comme vous !... Ce coquin a le cul d'un étroit !... C'est tout ce que je peux faire que de m'y loger... Voulez-vous bien me permettre, madame, de mordre et pincer vos belles chairs pendant que je fous ?

La philosophie dans le boudoir
PAUVERT,p.261 et 262