Stefan George (1868-1933)

 

BIOGRAPHIE

Stefan George (1868-1933)

 

Biographie:

 

Source : Homosexuels et bisexuels célèbres : Le dictionnaire / Michel Larivière. Paris : Delétraz Editions, 1997

 

En 1900, le poète allemand Stefan George fait la connaissance d'un jeune garçon dont il ne révélera jamais la véritable identité, et qu'il idéalise sous le nom de Maximin. Cet éphèbe incarne aux yeux de George l'ange à figure humaine, le prêtre de la beauté, le symbole du Dieu. Il ne s'agit pas, bien entendu, de la religion chrétienne, à laquelle George reproche d'oublier ou de négliger le corps, mais d'une religion de l'esthétique qui veut "donner un corps à Dieu et voir Dieu dans le corps." Profondément homosexuel, le poète allemand considère que l'homme représente l'esprit et la femme la matière. Son influence n'aurait pas été aussi grande, s'il n'avait pas pleinement assumé ses théories dans la réalité vécue. En 1906, George fait paraître, sous le titre Miximin, les poèmes inspirés par l'éphèbe-dieu. En 1928, George publie un recueil de poèmes, Das Neue Reich, qui' n'est que symbolisme métaphysique. Malheureusement les nazis prennent alors le texte au pied de la lettre et cherchent à s'attacher George. Le poète qui n'était pas antisémite résiste à cet appel et s'exile.

(Keilson-Lauritz : Stefan George, Berlin 1988)

 

Né en Rhénanie en 1868, Stefan Georges a séjourné quelques années à Paris, à partir de 1888, pour se perfectionner dans la langue française.

Il publie une traduction des oeuvres de Baudelaire, s'oriente vers les milieux symbolistes et subit l'influence de Mallarmé, Huysmans, Villiers de L'isle Adam. Ses premières oeuvres : L'Abécédaire (1888), Algabal (1892), Le Livre des Egglogues et des louanges (1895), L'Année de l'âme (1897), témoignent de sa conception de la mission prophétique et éducatrice du poète.

A son retour en Allemagne, il se forme autour de Stefan George un cénacle d'admirateurs qui le considèrent comme leur maître, leur mage.

C'est en 1900 que Stefan George rencontre celui qu'il désigne, dans son oeuvre, sous le nom de Maximin. Ce jeune homme - presque un enfant - était poète. Il fut, pour Stefan George, ce que Béatrice fut pour Dante : l'incarnation de la perfection divine, le bonheur, la beauté, l'apaisement. Mais Maximin était trop pur pour vivre parmi les hommes; sa mission accomplie, il mourut alors qu'il était à peine entré dans l'adolescence.

L’œuvre de George, Le septième sceau (1907) L'Etoile de l'alliance (1913), Le nouveau règne (1928) est dominée par le souvenir de son héros. Les fidèles du cénacle ne révélèrent jamais l'identité du jeune homme afin que les détails biographiques, inutiles à leurs yeux, ne viennent pas ternir l'image de l'être exceptionnel que fut Maximin. Le patriotisme de Stefan George, qui fut un rénovateur de la langue allemande, son culte pour la beauté virile, son isolement altier, son mépris pour la bassesse de la société de son temps, ont séduit la jeune génération du National Socialisme.

Le IIIième Reich voulu s'annexer ce poète, mais Stefan George, individualiste et indépendant, s'est tenu en dehors de la politique.

Il s'est retiré à Minusio, près de Lugano, où il mourut en 1933.

 

BIBLIOGRAPHIE

 

Maximin

 

BIBLIO

(précédé de Poèmes à Gundolf / par Stefan George ; traduit par Dominique Le Buhan et Eryck de Rubercy)
Montpellier : Fata Morgana, 1981
102 p. : ill., couv. ill. ; 23 cm
(Bibliothèque artistique et littéraire, ISSN 0248-0263)
(Texte allemand et traduction française en regard)

 

 

EXTRAIT en allemnad

 

KUNFTTAG I



Dem bist du kind · dem freund
Ich seh in dir den Gott
Den schauernd ich erkannt
Dem meine andacht gilt.

Du kamst am letzten tag
Da ich von harren siech
Da ich des betens müd
Mich in die nacht verlor:

Du an dem strahl mir kund
Der durch mein dunkel floss·
Am tritte der die saat
Sogleich erblühen liess.


KUNFTTAG II


Wie einst das dumpfe volk
Nach dem Befreier schrie·
Die fenster offen tat·
Ihm bett und tisch gedeckt·

Von vielen warten wild
Dann fiel in grimm und hohn-
So sank mein blick hinab:
>Der sich zum dritten trog·

Als kind sein bild nicht fand·
Als jüngling sehnden brach·
Der heut die mitte tritt
Ist satt noch zu vertraun.<



KUNFTTAG III

 

Nun wird es wieder lenz..
Du wiehst den weg die luft
Und uns auf die du schaust-
So stammle dir mein dank.

Eh blöd der menschen sinn
Ihm ansann wort und tat
Hat schon des schöpfers hauch
Jed ding im raum beseelt.

Wenn solch ein auge glüht
Gedeiht der trockne stamm·
Die starre erde pocht
Neu durch ein heilig herz.

 


Poèsies

BIBLIO

(Trad. Par M boucher. )
Ed Aubier-Montaigne

 

EXTRAIT

LE TAPIS DE LA VIE
LES CHANTS DU RÊVE ET DE LA MORT 

Je cherchais - dans la peine livide - mon trésor,
Des strophes où la plus profonde des douleurs
Roulerait, emportant des choses sourdes, vagues.
Alors un ange nu m'apparut sur le seuil.

Il s'avançait, offrant à ma ferveur pensive
Une brassé fleurie, la plus riche; et ses doigts
N'avaient pas moins d'éclat que les fleurs d'amadier
Et les roses; des roses environnaient sa face.

Je n'ai point aperçu de couronne à son front
Et sa voix ressemblait à peu près à la mienne;
"La Beauté de la vie m'a fait son émissaire,
pour toi"; comme ildisait ces mots dans un sourire

Il avait laissé choir des mimosas, des lis,
Et quand je me baissai pour les prendre, je vis
Qu'il était - lui aussi - à genoux; et baignai
Tout mon visage heureux dans la fraîcheur des roses.

 

LE DISCIPLE

 

Vous parlez de plaisirs dont je n'ai point l'envie
                                                      [Maître
Je sens que dans mon cœur bat l'amour de mon
Vous connaissez le tendre et moi le noble amour
              

               Moi je vis pour mon noble Maître.

                                                    [jurandes
Mieux qu'à tous les travaux prescrits dans vos
Mon adresse se plie au travail de mon Maître
Et j'en reçois l'honneur car mon Maître est aimable

                Moi je sers un aimable Maître.

Je sais qu'en des pays obscurs conduit la route
Où beaucoup ont péri; pourtant avec mon Maître
Je défie les dangers : il est sage mon Maître,

                Moi j'ai foi dans un Maître sage.

Et dût-il me priver de toute récompense
Ma récompense est dans les regards de mon Maître
Il en est de plus riches: mon Maître est le plus grand,

                J'obéis au plus grand des Maîtres.

 

 

EGLOGUES ET LOUANGES

 

L'AEDE

 

La tête chevelue, ceinte d'un anneau blanc
Sur son épaule étroite un habit somptueux
Il s'avance, et ses doigts ont fait vibrer sa lyre
Ii commence en tremblant, pudeur de sa jeunesse :
La chaleur a gagné les fronts chenus et graves
Le trouble et la rougeur enflamment les visages
Il s'incline devant l'accueil inespéré
Broches, colliers précieux ont quitté maints corsages
Pour tomber à ses pieds : souvenir mémorable
Qui vivra, tant que l'arbre sacré peut fleurir.
Les jeunes filles entre elles en parlent avec feu,
Refoulant leur envie, les jeunes gens s'exaltent
Pour ce dieu de leurs nuits blanches et constellées.

 

 

LE SEPTIENE ANNEAU

 

VENUE I

 

Enfant pour l'un, ami pour l'autre
Pour moi je te vois Dieu
Un frisson me l'a dit
A toi va ma ferveur.

Tu vins le dernier jour
Quand épuisé d'attendre
Et lassé de prières
Je sombrai dans la nuit.

Ton rayon fut le Signe
Un jet dans mes ténèbres
Et les moissons en fleurs
Qui levaient sous tes pas.

 

 

VIRTUEL