Engins automoteurs
Leur histoire et leurs fonctions
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Origines:
Les engins automoteurs de combat sont presque aussi vieux que l'industrie de l'automobile. Ils sont nés de la nécessité d'accroitre la mobilité et la disponibi lité de l'artillerie dans toutes les situa tions de combat. Durant la première Guerre mondiale, l'artillerie était essentiellement tractée et de fort calibre. Il était souvent impossible pour des groupes de fantassins ciblant un objectif pré cis (boqueteau ou village défendu) de bénéficier d'un appui d'ar tillerie qui soit mobile et souple sais trainer a bout de bras ou de camions des obusiers tactés qui devaient être laborieusement alignés. Montés sur des châssis de bulldozer ou de camions de l'époque, les premiers exemplaires apparurent en 1917 et connu rent du succès même si peu d'entre eux furent produits. A Londres, des camions affutés de canons français de 75mm furent utilisés comme batteries anti-aériennes.
Usages:
La Seconde Guerre mondiale vit l'introduction à grande échelle de quatre types d'engins automoteurs: les plateformes anti-aériennes, les chasseurs de chars, les canons d'assaut, et les automoteurs d'artillerie.
La première catégorie avait pour fonction la couverture aérienne à faible et moyenne altitude; ces engins accompagnaient les forma tions attaquantes et pouvaient au besoin être utilisés contre des troupes terrestres. Des véhicules comme le Flakvierling 20 alle mand (
en haut à gauche)ou le M-15 américain eurent de bons résul tats tactiques dans ce double rôle.
La seconde n'avait qu'une seule fonction: la lutte anti-char. C'était essentiellement des véhicules défensifs lourdement protégés et assez bien armé, conçus autant pour encaisser que pour donner. Ils remplacèrent progressivement les canons anti-chars tractés pour la défense des flancs de leurs troupes contre les chars et autres armes de terrain. Ils attendaient dans une position semi-ca mouflée que les chars et camions ennemis se placent dans leur li gne de tir. Certains modèles comme le Jagdpanther allemand et le SU-85 soviétique
(en haut au centre) ont été très redoutés durant ce conflit. Mais plusieurs autres manquaient de mobilité et d'arme ment secondaire pour se protéger des grenadiers et sapeurs enne mis, ce fut le cas du Ferdinand allemand.
La troisième variété ressemble visuellement à la première et porte le nom de canons d'assaut. Il s'agit d'un engin blindé bien protégé conçu pour la protec tion de l'infanterie dans des attaques en zone dense et à courte portée. La plu part de ces engins n'avaient pas de potentiel réel anti-char mais ils étaient très appréciés par les fantassins qu'ils protégaient. Pour l'armée allemande, les canons d'assaut faisaient partie intégrante de la doctrine dite aéro-ter restre ils apportaient aux fantassins un appui-feu d'artillerie souple au moment même ou ils en avaient besoin. Pour d'autres armées, les canons d'assaut ne furent que des palliatifs adaptés aux besoins des circonstances, comme l'illustre l'en gin soviétique connu sous le nom de KV-2.
La quatrième variété des engins ne fait pas véritablement partie de cette base de données, mais doit quand même être mentionnée. Il s'agit des automoteurs d'artillerie. Ce ne sont en fait que des obusiers d'artillerie qui ont été boulonnés sur des châssis; la plu part n'avaient pas de protection blindée. Le potentiel de ces engins s'était avéré évident pour les belligérants durant la Seconde Guer re mondiale, et surtout après. A partir de 1980, ils ont rempla cés presque tous les obusiers tractés dans l'inventaire des grandes armées.
Type d'engin |
Critères de définition |
AAA |
Mobilité - armement - protection |
Chasseurs de chars |
Protection - armement - mobilité |
Canons d'assaut |
Protection - mobilité - armement |
Obusiers motorisés |
Armement - mobilité - protection |
Conclusion:
De 1945 à 1995, les engins automoteurs sont toujours dans l'inven taire des grandes armées. Mais seulement deux des quatre catégo ries initiales ont survécues aux innovations technologiques. Le chasseur de chars fortement protégé et bien armé a été remplacé à la fin des années 50 par la nouvelle panoplie des missiles antichars filoguidés et/ou guidés par laser et infrarouge (IR). Montés sur des affuts légers (camionettes et hélicoptères) ils à la fois plus efficaces et beaucoup plus mobiles que ces lourdaux trapus et cui rassés. Le canon d'assaut a lui-aussi disparu, car le dévelop pement de véhicules de combat d'infanterie pouvant à la fois ser rer de près la progression des chars et protéger l'infanterie dans les assauts en lieux restreints ne lui donnait aucune raison d'exis ter. Les VCI, les TTB, et les hélicoptères pouvaient faire leur job plus efficace ment et plus rapidement.
Seuls les automoteurs anti-aériens et les automoteurs d'artillerie classiques sont demeurés des outils pertinents dans le cadre d'une guerre moderne de mouvement. Les affuts mobiles AAA ont été responsables de la grande partie des pertes aériennes tactiques en zone de combat: en Corée, en Algérie, au Vietnam, durant les cam pagnes israélo-arabes, les rivalités indo-pakistanai ses, la campa gne des Malouines, et celle du Golfe persique. Les historiens et les amateurs d'histoire militaires ont souvent le réflexe de dénigrer ces plateformes de canons-mitrailleurs à l'heure des missiles sol-air guidés. En fait, un affut anti-aérien de 20 ou de 40mm se moque complètement des contre-mesures électroniques destinées à leurrer un missile. Tout ce que le cannonier a à faire est de déter miner visuellement la trajectoire anticipée de l'avion et de farcir de projectiles la zone qu'il va franchir. Dans un avion, un trou est un trou et tous les trous reçus peuvent l'endommager souvent fatalement, peu importe que l'apareil en question soit un Me-109 ou un F-16C: aucune différence, il finira par tomber. Au Vietnam, les dommages causés par les automoteurs ZSU ont été impor tants. Tant qu'aux automoteurs d'artillerie classique, ils ont prou vé leur efficacité durant la campagne du Golfe persique.
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JPA Sites, 1999