LA GUERRE EN CASAMANCE

 

L’histoire des 4 fran�ais disparus en Casamance :Au d�but de l’ann�e 1995 disparaissaient quatre Fran�ais en Casamance. On en a beaucoup entendu parler en France et le d�roulement de l’enqu�te a �t� rapport� par la presse fran�aise. De nombreuses hypoth�ses polici�res ont �t� relay�es par les m�dias . Voici l’histoire. Pr�venues par la famille des quatre disparus les autorit�s diplomatiques fran�aise ont inform� le minist�re de l’int�rieur s�n�galais qui a commenc� � rechercher sans grande conviction la trace des nos touristes. Apr�s une courte enqu�te, l’ h�tel o� ils avaient s�journ� en dernier f�t retrouv�. Il s’agit d’un h�tel ziguinchorois tenu par un couple franco-s�n�galais. Il s’av�ra que les deux couples disparus devaient simplement faire une excursion dans la r�gion d’ Oussouye et revenir le soir m�me. Ainsi, leurs bagages �taient toujours dans leurs chambres. S�rieusement inqui�t�es, les familles se rendent sur place et les autorit�s consulaires et diplomatiques sont en effervescence. Les officiers sup�rieurs de l’arm�e fran�aise pr�sente au S�n�gal ainsi que des policiers fran�ais appuy�s par la pr�v�t� gauloise de Dakar commencent chacun � leur niveau une enqu�te qui les conduira outre la Casamance, en Guin�e-Bissau et en Gambie ... Au bout de quelques longs jours, le v�hicule 4x4 lou� par nos touristes est retrouv� camoufl� dans le Parc National de Basse-Casamance. A l’int�rieur, aucune trace des disparus sinon un doigt retrouv� dans le cendrier qui s’av�rera �tre le doigt d’une des disparues...Tout commence � se compliquer puisqu’on ne voit pas pourquoi les ind�pendantistes auraient pu enlever ou tuer 4 �trangers. Le Parc pourtant recouvert par la for�t la plus dense du pays est fouill� de fond en comble et les casaman�ais questionn�s chaque jour. A d�faut de Fran�ais cette fouille aura permis de retrouver dans le Bois Sacr� d’Efok, une clairi�re recouverte de cr�nes r�v�lant ainsi des rites animistes interdits. Les recherches sont alors orient�s vers les villages et au m�pris de toute convenance les soldats exhument tous les cadavres fra�chement enterr�s pour y retrouver la trace d’un Blanc. Apr�s l’espoir d��u d’un corps retrouv� c’est le calme plat pendant plusieurs jours. L’enqu�te est ensuite orient�e vers la Guin�e-Bissau o� les rebelles se r�fugient apr�s leurs m�faits. Mais les autorit�s Guin�ennes malgr� leur bonne volont� verbale soutiennent plus ou moins la cause casaman�aise du fait des amiti�s ethniques et ne montrent pas de r�el enthousiasme dans la recherche. Ainsi, la fin officielle de l’enqu�te et sa m�diatisation se terminent sans disparus retrouv�s et un doigt appartenant semble-t-il � une fran�aise. Mais les investigations ne se sont pas arr�t�es l�. Des curieux agissant pour leur compte et des agents sp�ciaux aux ordres des autorit�s fran�aises (il y en aurait encore au moins un � Ziguinchor) continuent depuis lors leurs recherches.

Les casaman�ais sont discrets de nature et on peut comprendre leur silence lorsqu’ils furent questionn�s par la police et les militaires. En effet, ils ne se pas de nature � donner des informations de ce genre � des �trangers et encore moins � des soldats. Au bout d’un an et demi beaucoup de langues ont commenc� � se d�lier et on a entendu toutes sortes de chose qu’il faut consid�rer avec pr�caution. Parmi elles, l’information selon laquelle nos quatre "visiteurs" n’�tait pas de simples touristes mais des marchands d’armes. En effet, selon des p�cheurs la veille de leur pr�sum�e disparition un bateau de plaisance aurait accost� de nuit sur une plage d�serte l�g�rement au Sud de Cap Skiring et aurait d�barqu� plusieurs caisses de grande taille avant de repartir. Ainsi les fran�ais selon de bonnes sources (puisque ces informations ont �t� r�v�l�es par des sympathisants rebelles) les fran�ais auraient �t� l� pour n�gocier les armes et pour indiquer leur date et lieu de livraison . A partir de ce moment les sources divergent. Selon la premi�re, une fois les armes vendues, ils seraient remont�s � bord du bateau. Mais cette all�gation est douteuse compte tenu des recherches effectu�es par leur famille et leur disparition totale. Quoiqu’on peut penser qu’avec la somme consid�rable gagn�e gr�ce � ce trafic d’armes ils aient pu s’installer � l’�tranger sous une fausse identit�. Mais l� on verse dans le James Bond et le doigt coup� a semble-t-il �t� analys� par un labo fran�ais et appartiendrait donc bien � une des femmes. La deuxi�me source rebelle indique qu’une fois les armes livr�es et pour plus de discr�tion les deux hommes auraient tout bonnement �t� liquid�s et les deux femmes enlev�es. Un rebelle arr�t� r�cemment par la police s�n�galaise a r�v�l� d’ailleurs en juin 1997 qu’elles seraient retenues dans un camp rebelle � la fronti�re Casaman�aise de la Guin�e-Bissau. Une d’elle aurait d’ailleurs accouch� r�cemment d’un enfant...

L'Abbés.jpg (6253 octets)Il est difficile dans toute cette affaire de diff�rencier le vrai du faux. D’autant plus que les directeurs des grands h�tels casaman�ais (sp�cialement � Cap Skiring ) ont un pouvoir financier qui leur permettrait s’ils le voulaient de faire taire des bruits pouvant alarmer leurs touristes et de calmer les ardeurs des rebelles dans les zones touristiques.... Le fait est qu’aujourd’hui l’enqu�te est au point mort  et les militaires fran�ais servant � Dakar (pr�s de 5000 personnes concern�es) sont interdits de s�jour en Casamance, en Gambie et en Guin�e-Bissau. Aujourd’hui une v�ritable psychose r�gne dans les villages les plus touch�s. Il s’av�re que les soit-disant rebelles ne seraient plus que quelques dizaines qui n’oeuvrent plus pour une quelconque id�e politique mais par pur esprit de piraterie. Quelques rares embuscades tuent quelques militaires s�n�galais mais c’est surtout chez la population civile qu’ils entretiennent la peur gr�ce � des pillages r�guliers de petits villages forestiers et � des barrages sur les routes. L’ennemi public num�ro un du rebelle est le Wolof. Cela dit si les rebelles sont un ph�nom�ne presqu’inexistant, l’esprit d’�mancipation d’une grande majorit� de Casaman�ais est toujours pr�sent et la plupart des Diolas sont aujourd’hui ind�pendantistes. N’est-ce pas compr�hensible ? La Casamance est enclav�e entre la Gambie est la Guin�-Bissau. Le gouvernement ne fait pas grand-chose pour que cette enclave se sente avant tout s�n�galaise. Deux bateaux inconfortables par semaine les relient � Dakar : 16 heures de navigation ! Un catamaran hors de prix pour le modeste casaman�ais a �t� mis en service par une compagnie priv�e. Un petit effort � �t� fait sur le plan routier en 1997 avec la r�fection de la route Dakar-Ziguinchor mais avouons-le , �a ne suffit pas. La Casamance est de loin la r�gion potentiellement la plus riche du pays. ( Tourisme, agriculture, p�che, commerce avec la Gambie et la Guin�-Bissau...) C’est pourtant ici que les investissement de l’Etat sont les moins importants. La Casamance pourrait nourrir le pays mais les paysans ne veulent pas travailler pour rien : - les denr�es p�rissables (fruits, l�gumes, poissons...) Du fait de la lenteur et du faible nombre de transports en commun ne peuvent arriver dans de bonnes condition � Dakar. De plus � quoi bon gagner de l’argent avec la culture puisqu’ils ne peuvent rien acheter de plus. En effet, ils s’autosuffisent alimentairement et tout achat de biens de consommations leur est superflu puisqu’ils n’ont pas acc�s � l’�lectricit� au t�l�phone ou � l’eau courante ! De plus le riz � un cours fix� par le gouvernement et ce cours couvre � peine les frais de culture. Le riz import� de Tha�lande co�te ainsi moins cher ! Les casaman�ais r�clament donc d’urgence de gros investissements d’infrastructure leur permettant de moderniser leur r�gion. C’est � ce prix que le mouvement ind�pendantiste cessera d’exister. Mais ce n’est pas tout. Les diff�rences religieuse et ethniques sont aussi une partie du probl�me. Longtemps la totalit� des fonctionnaires exer�ant en Casamance �taient du Nord du S�n�gal. Ces agents de l’Etat ne parlaient donc pas un mot de Casaman�ais et de nombreuses tensions sont apparues. Comment un pauvre paysans ne parlant pas le fran�ais ni le Wolof pouvait il expliquer au postier dakarois qu’il voulait envoyer une lettre recommand�e ? Aujourd’hui le pourcentage de diolas dans l’administration a augment� mais ce n’est pas encore assez. Durant ces ann�es d’h�g�monie wolofe, les "nordiques" ont essay� d’imposer leur langue, leur mode de vie et leur religion. Gr�ce � l’argent de ces fonctionnaires de nombreuses mosqu�es ont vu le jour principalement � Ziguinchor. Ces mosqu�es avec des haut-parleurs r�veillant tout les quartiers � 4h00 du matin ont d�plu � juste titre cette majorit� catholique ou animiste casaman�aise. C’est cette situation de calme relatif ou la paix r�gne tant bien que mal mais o� � vrai dire une simple �tincelle pourrait r�veiller la masse casaman�aise m�pris�e par les s�n�galais du nord, qui fait de cette r�gion le probl�me n�1 du pays.
Pour remettre tous ces probl�mes dans un contexte chronologique, tous ces �v�nements ont commenc� en 1983, alors quelques gendarmes tr�s peu fut�s ont jug� bon de faire irruption dans un bois sacr� durant un c�r�monie rituelle. La plupart de ces gendarmes ont �t� d�coup�s en morceau (ce qui admettez le est tout � fait normal...). Quelques jours plus tard les �tudiants casaman�ais de Ziguinchor ont manifest� contre ces incursions de la police dans des f�tes rituelles diolas. Durant cette manifestation un jeune �tudiant sera tu�. C'est le d�but des gros p�pins. Un cort�ge form�s de centaines de Diolas arm�s de sagaies, de coupe-coupe et de fusils et men� par des femmes nues se rend � la gouvernance de Ziguinchor. L'arm�e arrive imm�diatement et le massacre commence. 30 morts d'apr�s le gouvernement. Pr�s de 400 selon la plupart des observateurs.  A chacun d'accepter ses responsabilit�s. Celle-ci revient � Abdou Diouf...

A l'heure ou j'�cris cette mise � jour (le 17 mai 99), les rebelles ont intensifi� leurs actions avec l'attaque cette fois de plein fouet et au canon de Ziguinchor. Ca commence vraiment � sentir le roussi. L'a�roport et N�ma II ont �t� touch�s faisant plusieurs morts � Ziguinchor. Le mois de f�vrier 1999 a �galement �t� marqu� par le d�tournement d'un bus de touristes en Casamance. Les rebelles si c'en sont, ont d�trouss� tous les touristes du bus.

(Voir l'article en anglais d'Amnesty International sur la Casamance)

Le gouvernement gambien appelle � l'aide internationale(extrait du journal Sud quotidien)

La Gambie a d�cid� de lancer un appel � toute la communaut� internationale pour la recherche d'une participation collective dans la gestion du mouvement des r�fugi�s. C'est au cours d'un point de presse tenu lundi 25 mai dans les locaux de la pr�sidence par la vice-pr�sidente Mme Aminata Ndiaye SEYDI. Cette d�cision du gouvernement gambien fait suite � la derni�re attaque perp�tr�e dans le village frontalier de Diabountangal, la nuit du jeudi 21 au vendredi 22 mai par les forces du Mouvement des forces d�mocratiques de Casamance (Mfdc). A la sortie de cette op�ration, cinq personnes ont �t� tu�es et neuf autres bless�es par balles. Ainsi face � cette nouvelle vague de violence les habitants de Diaboutangal ont quitt� leur village, et rien que durant la journ�e de vendredi, 1300 individus ont d�j� fui vers la Gambie. Aujourd'hui, les derni�res statistiques font �tat de plus de 5000 nouveaux arriv�s apr�s ce week-end sanglant et tous se sont infiltr�s en Gambie � pied. C'est juste la raison qui incite les autorit�s gambiennes � se pencher davantage sur l'avenir des r�fugi�s �tablis en Gambie dont le nombre total d�passe largement les 2O.OOO. La Gambie ne peut plus assurer l'accueil pour ces migrations forc�es. Le ravitaillement mensuel en vivres assur� par la Croix-Rouge gambienne dans les diff�rents camps et centres d'accueil est r�duit au 1/3. Lors de notre dernier passage au camp de Siffoe, situ� � 40 km de la capitale et principalement peupl� de ressortissants casaman�ais, ce fut un d�sir unanime de retourner chez eux, parce que, soulignent-ils, "les difficult�s que nous traversons ici ne nous permettent plus de prolonger notre s�jour". C'est ainsi qu'au cours de cette conf�rence, Mme Aminata Ndiaye Seydi avait �tal� tout un dispositif de facteurs que n�cessite le mouvement des r�fugi�s et soulign� en ce sens que son pays n'est plus en mesure de conduire le sort des r�fugi�s sans le concours de la communaut� internationale. Il faut souligner que le non-respect de la localisation des camps � une distance minimale de 200 km des zones de tension fait de ces lieux d'h�bergement, de v�ritables caches pour les �l�ments du Mfdc. Ce qu'il faut retenir � pr�sent est que pr�s de 20.000 r�fugi�s s�n�galais, tous provenant de la Casamance sont menac�s si l'appel du gouvernement gambien n'est pas entendu.

Abdoulaye FALL Banjul