L'équipe de Maltais a finalement gagné
Par Bertrand Tremblay
Malgré l'exclusion des Saguenéens, la présentation du championnat canadien de hockey junior majeur, au Centre Georges-Vézina, du 7 au 14 mai dernier, s'est soldée par un franc succès.
En conséquence, La Maison de la Presse décerne à Jean-Guy Maltais, l'animateur du comité organisateur, le titre de Personnalité du mois de mai.
En peu de temps, Maltais et ses compagnons ont assemblé une machine efficace de vendeurs convaincants et de bénévoles dévoués. Le tournoi s'est déroulé rondement. L'assistance aux matches a frôlé les 3 000 spectateurs, même si la population régionale, privée de la participation des Saguenéens, n'a même pas eu la consolation d'encourager, en finale, les Olympiques de Hull, champions du Québec, et les Voltigeurs de Drummondville, les traditionnels perdants des matches de championnat.
La garantie de $ 100 000
Le choix de Chicoutimi fut l'aboutissement d'une longue saga qui imposa au comité organisateur l'obligation de réaliser des bénéfices de $ 100 000. Sans la subvention sollicitée auprès du gouvernement du Québec (on attend toujours la réponse), il manquera environ $ 50 000.
Jean-Guy Maltais est cependant bien déterminé à faire éviter un remboursement personnel aux hommes d'affaires Normand Pedneault, Gérald Rhainds, Daniel Bédard et Jean-Marc Couture qui se sont engagés, par contrat, à combler la différence si les revenus n'exédaient pas d'au moins $ 100,000 l'addition des dépenses.
Même si le président Gilles Courteau a juré sur son âme et conscience que la ligue ne nourissait aucune aversion contre Chicoutimi, l'attitude des gouverneurs de la LHJMQ laisse un goût amer aux organisateurs. Dans le rapport qu'il présentera prochainement aux magnats du hockey junior majeur, Jean-Guy Maltais dressera une liste de lacunes et d'injustices dont l'examen devrait inspirer, aux gouverneurs, la sagesse de réduire à $ 50 000 les "redevances" exigées par la ligue.
Une maison divisée...
Malgré les obstacles, Chicoutimi a attiré plus de spectateurs que Drummondville et Shawinigan, en 1985, ainsi que Hull, en 1982. Les recettes remises à la ligue n'avaient pas dépassé $ 20 000 même si l'équipe locale profita d'une participation automatique.
L'organisation régionale aurait sans doute réussi à récolter les $ 100 000 réclamés si elle avait récolté une partie des retombées publicitaires.
Mais ce privilège est cédé en exclusivité au Torontois Harry Littler qui, en retour de redevances versées aux trois ligues de hockey junior majeur, celles de l'Ouest, de l'Ontario et du Québec, s'empare des droits de télévision et récupère les revenus provenant de la location d'espaces sur les clôtures de la patinoire.
"La LHJMQ est une maison divisée contre elle-même, déplore Jean-Guy Maltais. Les gouverneurs ne s'unissent pas comme en Ontario et dans l'Ouests pour que leur équipe championne ait une possibilité réelle de remporter la Coupe Memorial".
Il faut remonter jusqu'en 1971 pour retracer la dernière équipe du Québec à avoir remporté le championnat canadien. Ce fut celle des Remparts de Québec dont la vedette était un dénommé Guy Lafleur. Les lendemains ternes de cette année glorieuse ont chassé les jeunes représentants de la Vieille Capitale de la LHJMQ.
Au terme du tournoi, le président Gilles Courteau a conseillé aux équipes du Québec d'imiter celles du Canada anglais en accordant leur collaboration aux champions.
Reviendront-ils en 1992?
Jean-Guy Maltais prétend aussi que son comité n'a pas disposé d'un délai suffisant. Dans ses recommandations, il insistera pour que les dirigeants du circuit Courteau déterminent, dès cette année, dans quelle ville du Québec sera disputé le tournoi de 1992.
Saskatoon présentera la prochaine ronde de Championnat. Elle dispose d'un peu plus d'un an pour stimuler l'intérêt des amateurs et former une équipe puissante.
L'incident Savard
En commanditant l'événement, la Brasserie Molson n'avait pas prévu que c'est une maladresse de Serge Savard, directeur général du Canadien de Montréal, l'équipe dont elle est propriétaire, qui fit le plus de bruit dans les mass média.
Invité à commenter la grande primeur de la démission forcée de Jean Perron lancée à la Soirée du hockey de Radio-Canada par le "Bleuet bionique" Mario Tremblay, Savard nia avec autant d'insistance que l'apôtre Pierre devant des soldats romains convaincus d'avoir reconnu un compagnon de Jésus, le crucifié.
On se rappellera la suite. Jean Perron démissionna après une rencontre de deux heures avec le gestionnaire de la Sainte Flanelle.
Le Quotidien, 4 Juin 1988.