À qui la Coupe?

Trois champions, un seul titre canadien

Par Francois Béliveau

 

Hull - L'éclatante victoire des Olympiques de Hull 8-0 contre les Generals d'Oshawa, champions de la Ligue de l'Onatario, en début de tournoi dimanche dernier, a été effacée par leur défaite crève-coeur de 7-6 mardi face aux Hurricanes de Lethbridge, champions de l'Ouest, et tout est remis en question:  on ne sait plus trop qui des trois clubs survivants est le meilleur.

Les Hurricanes, après avoir comblé un déficit de 6-1 contre Hull, le meilleur club de la Ligue du Québec, pour gagner en prolongation, s'écroulaient 2-1 le lendemain contre les Generals.

À travers tout ca les Saguenéens de Chicoutimi, club invité à titre de finaliste de la LHJMQ (hôtesse du tournoi), n'auront fait que passer.  Seul club du groupe qui n'avait pas conquis de championnat, le plus jeune des quatre, les Saguenéens ont en effet perdu leurs trois matches alors que les autres complétaient la ronde avec des fiches identiques de deux victoires et un revers.  Les Olympiques, par leur gain de 8-0, ont accédé directement à la finale de demain à cause de leur avantage dans le différentiel de buts.

Les Saguenéens de réal Paiement ont plié bagages hier mais ils n'auront jamais été écrasés contre les trois meilleurs clubs de la Ligue canadienne qui en compte 49.   Ils ont perdu 5-3, 4-2 et 8-5, ce dernier contre les Olympiques jeudi alors que le compte était 5-5 avec moins de 13 minutes à jouer.  Leur gardien Marc Denis, qualifié de meilleur junior au monde, a eu son mot à dire dans ce relatif succès, non seulement devant son filet où il a déjà mieux fait, mais en leadership. 

On assistera donc cet après-midi à compter de 16h (à RDS et TSN) au match des deux clubs anglophones, les Generals de l'entraineur Bill Stewart, qui ont surpris dans la finale de leur ligue en battant en six matchs le meilleur club de l'année au pays, les 67's d'Ottawa (104 points en 66 matchs), frustrant par le fait même le million de résidents de la région de la capitale nationale qui espéraient une finale toute locale Ottawa-Hull, et les Hurricanes des co-entraîneurs Bryan Maxwell et Parry Shockey, l'une des meilleures formations offensives au pays après Hull.

Oshawa compte sur Marc Savard, deux fois champion compteur de l'Onario, et le gardien de but Acadien David Arsenault, laissé pour compte en début de saison par les Saguenéens qui lui préféraient Marc Denis, et qui vient de démontrer qu'il est parmi les meilleurs.

Les Hurricanes, surnommés les Canes, qui utilisent de facon assez égale deux gardiens, ont le deuxième marqueur de l'Ouest, Byron Ritchie, et l'une des futures vedettes défensives de la LNH, Chris Phillips, des Sénateurs d'Ottawa.

Si Oshawa a gagné 2-1 l'unique confrontation entre ces deux équipes, les Hurricanes demeurent favors pour accéder à la finale contre Hull.

Ces Olympiques auraient dû, avec un peu plus de maîtrise personnelle, atteindre la finale sans aucun échec.

Ils demeurent grands favoris pour garder une deuxième année de suite la coupe Memorial (après les Prédateurs de Granby) au Québec, d'autant plus qu'ils jouent devant 4,000 partisans.

Mais on le sait, ce tournoi a toujours été un Waterloo pour les clubs du Québec, même quand ils se sentaient supérieurs.  Granby avait triomphé l'an dernier après 25 années de disette.  La confiance, surtout, subissait une baisse de régime à chaque fois depuis les années glorieuses de Guy Lafleur et des Remparts de Québec.

Guy Lafleur, justement, originaire de Thurso, tout près de Hull, est président d'honneur de ce tournoi.

La finale débute à 16h (toujours à RDS et TSN) demain après-midi, et selon l'entraîneur Hullois Claude Julien, tout le monde sera nerveux des deux côtés de la patinoire.

"Nous n'avons pas joué à notre mesure en défensive dans deux matchs, contre Lethbridge et Chicoutimi, mais c

e sont de petits ajustements qui, à mon sens, sont réglés.  Nous avons accordé trop de buts quand nous étions à court d'un homme alors que c'est notre force.   Notre revers nous aura fait du bien.  Nous ne serons sûrement pas trop confiants."

 

La Presse, 17 Mai 1997.


Bronsard réussit des arrêts miraculeux et les Olympiques enlèvent la Coupe

Par Francois Béliveau

 

Hull - La preuve a été faite de facon limpide, les Olympiques de Hull sont le meilleur club junior d'Amérique en 1997.  Leur victoire de 5-1 en finale de la Coupe Memorial, dimanche, contre les Hurricanes de Lethbridge a été sans équivoque.

Le gardien Christian Bronsard, faible sur quelques buts durant la semaine, surtout dans le revers contre ce même club, a réalisé des arrêts miraculeux.  Devant lui ses coéquipiers, délestés de leurs appréhensions, se sont peu à peu imposés, jusqu'à contrôler le dernier engagement avec une belle intensité... sous les applaudissements nourris et continuels des 4,200 amateurs.

Le leader des Olympiques, Christian Dubé, qui doit rejoindre les Rangers, a été élu joueur par excellence de la compétition avec ses 13 points durant le tournoi, le sommet, alors que Bronsard était désigné meilleur gardien.  Les deux accèdent à l'équipe d'étoiles avec l'ailier droit Martin Ménard.  Les Hurricanes ont récolté deux honneurs.  Chris Phillips en défensive et l'ailier gauche Byron Ritchie, sur la sélection.  L'arrière Jan Snopek, des Generals d'Oshawa complète la formation.

Le défenseur slovaque des Saguenéens de Chicoutimi Radoslav Suchy s'inscrit aussi au tableau à titre de joueur gentilhomme.

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Avant ce match de finale le directeur général et co-entraîneur des Hurricanes, Bryan Maxwell, s'attendait à un match difficile:  "Un gros travail nous attend d'autant plus que les Olympiques jouent devant leur foule.  Ce sera un gros test!" disait-il.

En effet, alors que l'as-marqueur du Lethbridge Byron Ritchie était encore hué chaque fois qu'il touchait à la rondelle en raison d'un incident survenu plus tôt dans la semaine, l'arbitre Stéphane Auger n'a pas été tendre pour l'Ouest et les Olympiques en ont profité avec deux buts en avantages numériques dans la période initiale, les premiers de Martin Ménard et Donald MacLean, qui devaient en réussir chacun un autre par la suite.

Le moral des Hurricanes a bondi un moment quand Travis Brigley a pu réduire la marge pendant qu'ils jouaient à court d'un homme.

Mais Bronsard s'est repris, comme il l'avait promis la veille, réussissant des arrêts quasi impossibles.  Et les Olympiques, qui ont fini le premier tiers en désavantage, le bâton de Ménard étant jugé illégal, augmentaient inexorablement leur avance:   encore MacLean sur le retour d'un tir de Dubé, où le gardien Blaine Russell n'a eu aucune chance, et puis encore Ménard, sur une passe de Peter Worrell de l'arrière du filet, démontrant sa vivacité et sa précision.

À 4-1 cependant, malgré trois buts de Hull en attaque à cinq, l'anxiété ne s'est dissipée que quand Jonathan Delisle a réussi le dernier à mi-chemin de la troisième.   On craignait Lethbridge (il l'avait prouvé deux fois) qui pouvait rebondir avec force.

Mais cette fois, il n'en ont pas eu la force... ou bien les Olympiques ont été trop solides dans le contrôle du jeu.

Ce but de Delisle (un choix du Canadien) a été spécial.  Il l'a réussi durant une montée en zigzag pendant que Dubé était au cachot.  Après avoir déjoué Russell, il a été mis solidement en échec par un rival frustré.  Si l'arbitre a été favorable aux Québécois (huit punitions contre 13), on s'est interrogé sur la pénalité de quatre minutes à Delisle dans ces circonstances.

Le spectacle y a gagné car Lethbridge, en avantage de deux hommes, a retiré son gardien à dix minutes de la fin, tentant vainement de réduire l'écard.  Le gardien des Hurricanes est retourné deux autres fois à son banc, mais sans rien n'y changer.

 

La Presse, 20 Mai 1997.


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