Marc Denis
Par Jean-Paul Soulié
Le gardien de l'équipe junior du Canada vient de se couvrir de gloirre aux Championnats du monde de hockey, disputés à Genève, en Suisse, la semaine dernière.
Marc Denis, le gardien de but de l'équipe junior des Saguenéens de Chicoutimi, aura tout juste 20 ans l'été prochain. Il a déjà disputé un premier match avec l'Avalanche du Colorado, l'équipe de la LNH qui l'a mis sous contrat en 1995. Il vient de se couvrir de gloire aux Championnats du monde de hockey, qui se sont disputés à Genève, en Suisse, la semaine dernière. Sa médaille d'or au cou, une cinquième pour les Juniors du Canada, il a aussi été nommé gardien de but par excellence du tournoi, après avoir participé à tous les matchs de son équipe, sans en perdre un seul.
La Presse souligne les brillants succès de ce jeune athlète au tout début d'une carrière prometteuse en le nommant Personnalité de la Semaine.
Marc Denis a aussi recu d'élogieux commentaires de l'entraîneur-chef de l'équipe des Juniors du Canada. Mike Babcock affirmait la semaine dernière à Genève que Marc Denis était le meilleur athlète de sa formation et qu'il pourrait être le capitaine de n'importe quelle équipe, si un gardien de but pouvait remplir ces éminentes fonctions sur la glace. Ajoutons à tous ces hommages le fait que le chroniqueur au hockey mineur de La Presse, Robert Bousquet, avait déjà choisi Marc Denis, alors âgé de 15 ans, pour son équipe d'étoiles du hockey mineur de La Presse, une formation idéale regroupant les meilleurs joueurs de la Ligue Montréal-Métro. C'était il y a quatre ans.
Marc Denis a donné une entrevue téléphonique à La Presse mercredi soir dernier, alors que son équipe venait de battre 4-3 celle de Victoriaville. Depuis l'autobus qui les ramenait, lui et ses coéquipiers, à Chicoutimi, Marc a fait un bref résumé de sa carrière.
Né à Ahuntsic, le 1er août 1977, il commence à jouer vers l'âge de sept ans, avec les Braves de sa ligue locale. Novice A, Atomes AA, chez ces débutants, pas de spécialistes. Le premier Coach a dit: "Tu vas garder les buts!" Il n'y en avait pas d'autre! Ainsi allait débuter la vie de celui qui va - peut-être - succéder à Patrick Roy, à la fois devant les buts du Colorado, et dans le coeur de milliers de jeunes admirateurs.
"J'ai tout de suite été conquis par ce défi incroyable, dit Marc. Ensuite, tout a été affaire d'entraîneurs. Nous, au Québec, nous avons des entraîneurs pour les gardiens, et c'est ce qui explique que nous soyons si bons dans cette discipline. Il n'y a pas de laisser-aller technique, on utilise le vidéo, toutes les techniques modernes..."
Des entraîneurs, Marc Denis en a eu beaucoup, et il se souvient d'eux. Sylvain Lefebvre, Francois Latreille, Pierre Wilsey et tous les autres. Après les Braves d'Ahuntsic, Marc va passer aux Noroîts de Montréal, jusqu'en Pee Wee AA, puis à Trois-Rivières, à Chicoutimi... C'est le début de la longue route des professionnels du hockey, mais les études se poursuivent. Marc fait son primaire à l'école des Saints-Martyrs-Canadiens, dans son quartier, puis il va au collège Jean-Eudes, à Rosemont, jusqu'en secondaire IV. Il recoit un jour un fameux coup de pied au derrière, alors qu'il est retranché au camp de Montréal-Bourassa. "Ca m'a réveillé, et durement!"
Fils unique, ses parents vont continuellement appuyer ses efforts de jeune hockeyeur. Son père, directeur de la facturation d'une entreprise de Saint-Laurent, sa mère, surnuméraire à la CECM, l'ont toujours suivi partout, tant à Trois-Rivières qu'en Suisse, la semaine dernière. "Des parents formidables!" Et depuis qu'il est à Chicoutimi, il vit dans un vrai foyer, chez Martine Gagnon et Serge Tremblay. "Ma famille adoptive depuis trois ans!"
Bien entouré, Marc Denis. Et plus encore. Il a une blonde, Marie-Josée Gagnon, qui a 21 ans. Elle prépare un bac spécialisé en enseignement préscolaire et primaire. Mariage? "On traversera le pont quand on arrivera à la rivière", déclare ce jeune sage. En attendant, lui aussi étudie, quand le hockey lui en laisse le temps. Il en est à sa cinquième session en sciences sociales et psychologie au cégep de Chicoutimi. Mais comme son camp d'entraînement au Colorado a trop bien fonctionné, il a dû lâcher pour une session.
"Je vais me réinscrire, dit-il. Ce que j'aimerais faire, après ma carrière de gardien de but dans la LNH, c'est devenir psychologue sportif, comme Normand Mantha, qui a un gymnase... Garder un pied dans le hockey, tout en maîtrisant tout ce qui s'approche du contrôle du corps."
Marc a déjà passé trois semaines à Denver, en saison régulière. Il a accroché ses gros pads à côté de ceux de Patrick Roy, son idole de Montréal, s'est assis sur le même banc que lui. "Je ne veux pas l'imiter, il a son style, je veux avoir ma manière... Mais ce serait plaisant de se retrouver dans ses bottes..." Marc a joué un match devant le filet de l'Avalanche, à Los Angeles, contre les Kings. "Nous avons perdu 4-3, mais j'ai été très heureux de ma performance... Ce n'est que partie remise."
La Presse, 12 Janvier 1997.