Félix Potvin sous les réflecteurs

L'adolescent "punk" a bien changé

Chicoutimi(SE)- A Montreal, sous l'influence d'un voisin deja initie, un adolescent choisit un beau
jour de vivre une experience differente. Il laisse de cote sa petite vie traditionnelle et adopte
soudainement la mode "punk".

Tout y est. Son habillement et sa coiffure changent d'une facon radicale. Il frequente les petites
salles pour assister a des spectacles qu'il adore. Ces concerts que "Joe Public" ne peut endurer pen-
dant plus de dix minutes, il les apprecie du debut a la fin.

L'adolescent vit dans ce monde pendant plusieur mois. Il s'y sent tres a l'aise mais la mode "punk"
n'a jamais coupe ses racines. Au fil du temps, son interet pour ce cote excentrique disparait tran-
quillement et il retrouve finalement des gouts plus classiques.

L'histoire est banale et commune. Il y en a des milliers du genre chaque annee mais elles n'ont pas
toute la meme conclusion. Quelques annees plus tard, l'adolescent en question est devenu, selon plu-
sieurs, le meilleur gardien de but junior au Canada. Il termine sa troisieme saison dans l'uniforme
des Sagueneens de Chicoutimi et il dirigera bientot son equipe au tournoi de la coupe Memorial, au
Colisee de Quebec.

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Le punk, c'est Felix Potvin. "Je ne portais pas un anneau a l'oreille mais j'ai eu la tete complete-
ment rasee et une coupe "mohawk", raconte Potvin. Je portais la veste de cuir, les pantalons (sales)
et les bottes de combat. Tout le kit...

"C'est un stage que j'ai passe entre 15 ans et ma premiere annee au hockey midget AAA. J'avais un ami qui etait "punk". C'etait un voisin. J'ai commence a me tenir avec lui et j'ai adopte la meme mode.J'ai commence par aller voir un spectacle. D'autres ont suivi.

J'ai change graduellement par la suite. Je vois encore mon "chum" de Montreal. Il est toujours la-
dedans. Il joue meme dans un groupe maintenant.".

Le Felix Potvin que les amateurs de hockey du Saguenay-Lac-Saint-Jean connaissent depuis trois ans n'a rien a voir avec l'adolescent "punk" de 15 ans. Pardon. Presque rien a voir. De cette epoque,
il n'a conserve que ses gouts musicaux...

Pour le reste, Felix Potvin est devenu un jeune homme plutot range qui place le hockey au premier
rang de ses priorites. Il pratique ce sport d'abord pour s'amuser. Chez les Sagueneens, il est pro-
bablement le joueur le plus connu et le plus en demande aupres des amateurs et des medias. Dimanche,c'est lui qui a ouvert le difile en l'honneur de l'equipe dans les rues de Chicoutimi.

"C'est dur encore mais on s'habitue a toute cette attention, note le gardien des Sagueneens. Je reste
quand meme un gars plutot gene. J'etais le premier dans le defile de dimanche et je me sentais drole.
Je ne savais pas ce que je devais faire. J'etais fier et en meme temps gene un peu.

"L'an passe, on entendait parler pas mal de moi mais l'equipe n'avait pas de succes. Cette annee,
j'aurais facilement accepte de ne pas avoir un seul article a mon sujet pour etre certain que le club
gagne."

Potvin est aujourd'hui aussi habile devant son filet que dans le domaine des relations publiques.
Il ne leve pas le nez sur les apparitions en public. Dans un milieu comme Chicoutimi, cette qualite
n'a rien de negligeable.

"Ca fait partie du metier que j'ai choisi, explique-t-il. Ca fait partie du travail de joueur de ho-
ckey et ce n'est pas un effort.j

"Ce que je vis a Chicoutimi est extraordinaire. Depuis que je suis ici, nous sommes traites comme desjoueurs professionnels. Quand un joueur quitte Chicoutimi, il est pret pour le professionnel. Quand je suis parti de Montreal, la chose la plus difficile a ete de quitter le domicile de mes parents.
C'etait la premiere fois. Lorsque tu es arrive a Chicoutimi, tu ne veux plus repartir."

Partir, Felix Potvin devra le faire eventuellement. Sa carriere avec les Sagueneens tire a sa fin.
L'an prochain, s'il ne peut faire sa niche avec les Maple Leafs de Toronto, il se retrouvera dans la
Ligue americaine.

Potvin n'oubliera cependant jamais ses trois ans a Chicoutimi.

"Si je le pouvais, re resterais toujours a Chicoutimi, avoue le gardien des Sagueneens. La ville est
super et les gens sont extraordinaires. Ils ont attendu pendant 18 ans pour avoir une equipe gagnante.Ils meritent tout ce que nous avons gagne. Ils meritent encore plus. Si c'etait possible, je ne partirais jamais de Chicoutimi. Il y a plus de pression ici mais on s'y habitue. Toute l'attention te
force a mieux performer. C'est certainement plus agreable de jouer a Chicoutimi qu'a Laval ou Shawinigan."



Le Quotidien, 8 Mai 1991.


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