Saint Martin.
Il naquit à Amboise le 18 janvier 1743, sa mère meurt en 1746, le père se remarie en 1749, c'est une seconde mère qui l'élève; il étudie le droit, devient avocat, puis obtient par appui un brevet d'officier dans un régiment de Bordeaux; il est initié aux grades apprenti, compagnon, maître avant le 2 octobre 1768; au rite des élus-cohens, M. de Balzac, aidé de Grainville, lui transmet les 3 grades à la fois, avant le 2 octobre 1768?; il sert de secrétaire personnel à Martines jusqu'en 1771. L'initiation transmise par Martines est individuelle, l'initié est présenté en loge après son initiation. Il sera fait Réau+croix le 17 avril 1772. Il fait la connaissance en septembre 1773 de Willermoz avec lequel il correspondait depuis deux ans. Il voyage en Italie en 1774 avec le frère de Willermoz. Les éléments recueillis avec l'"agent inconnu" lui permettent-ils de rédiger en 1775 "des erreurs et de la vérité". Saint Martin choisit ses initiés, les instruit avec soin. Dans une lettre au Du Bourg, il affirme qu'il s'arrête d'initier (à quoi) en 1784. Il continuera pourtant soit d'être initié, soit de participer à des travaux d'initiations : l'épisode de "la mère de Dieu" est pour le moins significatif (Saint Martin se serait fait recevoir, comme Robespierre?, dans la société initiatique? dirigée par une femme que tous surnomment la mère à Paris, en 1788? Notons qu'il donne, dans ses lettres, ce titre à quelques mères de frères!) Saint Martin s'inscrit en 1784 à la société mise sur pied par Mesmer; il travaillera avec Puységur. En janvier 1787, il est à Londres; il y rencontre le mystique Law, et le voyant Belz. Le 23 octobre 1787, il se retrouve à Rome avec Galitzin. Il sera à Strasbourg, le 6 juin 1788. Son père meurt en janvier 1793. Il sera nommé commissaire pour la confection du catalogue des livres nationaux. Il y découvre "la vie de la soeur Marguerite du Saint-Sacrement". La chute de Robespierre le sauve du tribunal et donc de l'échafaud. Son district le nomme élève à l'école normale en fin 1794. Il aura la fameuse discussion avec Garat (9 Ventôse). Il revient dans sa région et publie différents ouvrages, dont les traductions de Boehme en 1802, 1803. Saint Martin est un noble, chevalier de saint Louis, catholique par son éducation; si sa fortune est modeste, elle lui permet de vivre en se consacrant à ses études; sa vie mondaine et solitaire, semble avoir été de grande douceur. Tout l'oriente vers la voie du coeur, du perfectionnement de l'homme et de ses frères humains plus que dans une voie d'accumulation des connaissances. Martines a peu communiqué ses véritables secrets: quelques trop rares individus sont dignes de telles responsabilités; Saint Martin réoriente l'enseignement, il offre la possibilité de suivre le chemin de la lumière intérieure. Il y a les "morts-vivants", ceux qui vivent d'une vie matérielle, ne pensent qu'aux réalités tangibles et constituent les "hommes du torrent " dans lesquels l'initié doit pécher les êtres à évoluer. Il faut éveiller la petite flamme qui sommeille au fond de toute créature, le Dieu intérieur se manifeste, crée l'enthousiasme et, l'"homme de désir" apparaît, la prière est la source de ses pouvoirs. "Il n'y a rien de si commun que les envies, et rien de si rare que le désir" affirme le philosophe inconnu. Ce désir commande toute la démarche et se définit par rapport à une perfection perdue, à l'humiliation de la chute, et à la possibilité d'une régénération par l'intermédiaire du "divin réparateur". La pensée nourrit le désir, elle démontre la nature transcendante de l'homme; l'ascèse purifie et guide vers le but. Alors, l'homme déchu sent lentement naître et s'accroître en lui, en des étapes parallèles à la vie du "réparateur", le fruit intérieur de son désir, le nouvel homme. Autour de la petite flamme, tout un monde se met en place pour créer un "nouvel homme". Ce nouvel homme a pour mission de transformer en lumière tout ce qui est obscur en lui; il émane de la bonté comme l'homme du torrent émane de la chaleur. Traversant, sans être ému, les épreuves les plus dures que lui envoie "le prince de ce monde" qui n'aime pas voir son domaine envahi par des étrangers venus du plan céleste, ce "nouvel homme", s'il domine toutes les terreurs et toutes les épreuves, connaît la joie de l'union intime avec le plan divin. Il a brûlé tout ce qui était ténèbres, et le Christ peut agir à travers lui; il devient un "homme esprit", il peut guider les âmes vers celui qui ne trompe pas. Saint Martin est l'homme d'une culture, il nous apporte les éléments pour entreprendre l'éternelle quête de l'homme face à son destin et face à lui-même. La composition ternaire de l'homme : corps, âme, esprit, nous est essentielle; si nous ne possédons pas de partie spirituelle comment pourrions nous entrer en contact avec l'esprit. Si je ne m'occupe pas sérieusement de mon corps comment pourrais-je vivre ce que je dois vivre. Si je réduis mes activités à une dissociation âme corps, je sépare la science et la foi définitivement. Les lois de l'évolution des animaux ont leur contrepartie dans une histoire de "l'homme-esprit". Si le premier maître de Saint Martin fut Martines, le deuxième fut Jacob Boehme; avec lui il amplifie le mystère qui permet à l'homme de désir d'avancer vers la réintégration par la régénération individuelle. Saint Martin est un homme de désir (streben en allemand); ce désir qui est un propre de l'homme, le signe de sa misère et de sa grandeur. Le désir est le sentiment douloureux de ce qui sépare l'existence de l'essence, et la nécessité de les unir.
Saint Martin est par essence un chrétien qui veut qu'éthique et connaissances soient liées : le bien ne peut être vécu en fonction de lois externes; l'initié s'élève à la connaissance de la loi et recrée en toute liberté en toute responsabilité le monde des valeurs individuelles sans jamais vouloir les imposer à la société dans laquelle il vit. Le devoir est ce que l'on s'ordonne à soi-même en toute connaissance de cause et d'effet. L'effort éthique de l'initié l'oriente vers la connaissance et la liberté, il lui fait quitter tout domaine moralisateur. Le mystique pur est par essence un homme qui s'intéresse au contact direct avec le divin, souvent un Dieu personnel; les moyens lui semblent peu importants, il affirme que Dieu établit le contact : c'est l'union mystique. Saint Martin demande aux hommes de renouer avec le divin en recréant l'harmonie entre la nature et l'homme, en se préoccupant de Dieu. Une telle connaissance n'est accessible qu'à ceux qui font appel au coeur, au sentiment, à l'âme, et ne se fient plus uniquement à une raison Aristotélicienne s'appuyant sur le binaire de l'exclusion des contraires, la logique formelle. Le rôle de l'imagination selon Paracelse "imaginatio vera" est d'aider l'être tout entier à retourner au centre perdu lors de la chute. Centre, harmonie, imagination (rêve), sont des clés. L'imaginaire fonctionne misérablement à partir d'images, de symboles, de mythes; il est polymorphe et polysémique, même quand il est décryptable. Pour représenter la vérité, l'imagination dispose de ressources infinies; elle ouvre des possibilités, occulte ses symboles. L'occultation permet la révélation. La quête du troisième terme permet de retrouver un équilibre. Le troisième terme, c'est Dieu, la lumière originelle. Dès lors, les mythes de l'homme lui permettent de découvrir l'essentiel, si ce n'est l'absolu. La grande affaire est la réintégration; le premier travail est un travail sur soi, dans l'espace intérieur; sur le centre, découvert dans l'homme, il est possible de renouer avec la nature. Saint-Martin mit-il en oeuvre, comme l'affirment Papus et Chaboseau, dans un "petit glossaire", un Ordre initiatique, en 1780, et comportant 7 grades : apprenti, compagnon, maître, maître parfait, Elu, Ecossais, Sage; cet Ordre aurait été réduit à trois grades : associé, initié, adepte; les adeptes ou initiateurs prenant le titre de supérieur inconnu. Strasbourg vit-il la création d'une Société des Intimes, à la fin du 18 siècle. Une lettre du 16 décembre 1789, pose la question de savoir si Saint Martin peut participer aux travaux de la Société des Initiés de Lyon sans être resté maçon. Le 4 juillet 1790, il demande dans une lettre qu'il soit rayé des registres maçonniques, à ne pas confondre avec les registres cohens ou d'autres. Son disciple Gilbert, eut-il pour élève Chaptal grand-père de Delaage?
La famille de Saint Martin a été anoblie en septembre 1672 par Louis XIV : Jean Saint Martin, sieur de Borie et du Buisson, premier Brigadier des gardes, mousquetaire dès 1639 dans la compagnie de Giscarau; il a fait toutes les campagnes de Louis XIV : notamment en Flandres, bataille de Lens; Arras, blessé au siège de Douai... Il reçoit titre et qualité de noble et gentilhomme, en la qualité d'écuyer, armoiries réglées par le héraut des armes du roi; sans avoir à financer ou indemniser cet anoblissement. En fait, un "soldat du roi" est anobli pour ses hauts faits. Remarquons qu'il est déjà sieur, c'est à dire seigneur, de Borie et du Buisson. Saint Martin naquit le 18 janvier 1743 à Amboise Indre et Loire, il est baptisé le 19 1 1743, en l'église Saint Florentin d'Amboise. Sa mère est Louise Tournyer, fille de Maître François Tournyer, officier de son Altesse Royale Madame. Il est noble, gentilhomme, rien de plus; dans l'acte de mariage de sa soeur, il est qualifié de chevalier; dans le tableau de la loge de Lyon " la bienfaisance" il est enregistré gentilhomme. Il protestera du fait! Certains l'ont fait Marquis (Quérard, Ersch), Comte (Netchvolodow); aucun titre connu ne le permet. Il entre au collège de Pontlevoy, 1755-1758, tenu par des bénédictins de la congrégation de Saint Maur, à 12 ans. La scolarité est normale pour le temps. Il fait son droit à Paris, de 1759 à 1762. Son Père Claude François de Saint Martin, sa mère Louise Tournyer se marient le 9 mai 1739; elle meurt en 1746, 42 mois de mariage, 4 enfants. Le père se remarie en 1749, il assume dès 1769, la fonction de maire d'Amboise Avocat : 1764-1765 A 21 ans Saint Martin est nommé au présidial de Tours, 9 août 1762. Il est dispensé de l'âge requis 25 ans un mois quinze jours; il est déclaré de bonne vie et moeurs, de conversation et de religion catholique, apostolique et romaine; il exercera de l'automne 1764 au mois d'avril 1765, il essaiera de se suicider par 2 fois, puis démissionnera. Officier : 1765-1771 A 22 ans, il obtient un brevet d'officier, par l'entremise de Choiseul, au régiment de Foix, le 26 juillet 1765, il est sous-lieutenant, lieutenant le 23 juillet 1769.
Nous le retrouvons à Saint Omer en décembre 1770; à Lille et Aire sur la Lys en janvier 1771.
Il appartiendra à l'ordre des élus-cohen, et au rite écossais rectifié; il sollicite son admission dans la XII° classe des Philalèthes, en 1782, selon Savalette de Langes, mais n'appartint jamais à ce régime. Vérifier dans Thory : Acta Latomorum, Paris Dufart, 1815 T II, p 96.
A-t-il appartenu au régime français? A-t-il été reçu apprenti en 1765 dans une loge régimentaire : loge "Josué" du Foix-infanterie, par Grainville, à quel rite? Il est certain qu'en ce temps de nombreuses loges ne figurent pas sur les tableaux des corps constitués comme le Grand Orient. Le capitaine Grainville le parraine dans l'ordre des cohen. Saint Martin est initié en 1768 à 25 ans. Il fut le secrétaire de Martines jusqu'en 1773. 1772 : opération de l'équinoxe de printemps, il obtient des "passes", ordonné réau+croix Les méthodes de Martines ne sont valables, selon Saint Martin, que pour ceux qui sont dotés de pouvoirs réels et particuliers. Il se met donc au service d'une technique plus universelle pour atteindre la réintégration. Seuls des grands missionnés soutenus par les Eggrégores humains pratiquent valablement la théurgie et la magie. Or pour la majorité des hommes le passage se fait par le chakra cardiaque.
Le chemin suivit par Saint Martin ne plaisait pas à sa famille, et des dissensions sont mentionnées dans certaines lettres (voir Papus L C de Saint Martin 50 Lettres).
"il croyait à une voix intérieure qui lui défendait ou lui permettait de parler" "il suffit de préparer l'homme à deviner les secrets qu'il était destiné à savoir" "Ne doutez pas qu'avec un zèle sincère et la persévérance vous n'avanciez de plus en plus dans la nouvelle route qui s'ouvre à votre esprit. C'est Dieu et non une chétive créature comme moi qui peut vous diriger dans la carrière et vous faire atteindre le but." "Cela n'empêche pas les secours fraternels que nous nous devons les uns aux autres pour nous encourager dans le chemin..." La multitude ignorante est retardée sans doute mais elle ne sera pas rejetée; ils font chacun leur chemin dans leur voie de régénération en attendant le jour final. "l'homme de vérité, l'humble disciple de Jésus Christ se borne à imiter son divin maître dans la pratique de toutes les vertus évangéliques et dans la soumission et la résignation au milieu des tribulations de cette vie; surtout dans la confiance et l'amour de cette source divine d'où nous sommes descendus et vers laquelle nous devons remonter. Il ne s'occupe qu'à se tenir prêt, laissant à son souverain le soin de l'appeler quand il lui plaira et à ce qu'il lui plaise. Nous ne sommes coupables envers ce souverain que de ce qu'il nous commande : la piété, la foi, la charité... Nous ne répondons rien que de ces devoirs généraux qui obligent tous les hommes et en particulier les hommes de désir... 11 9 1803".
Saint Martin autorisait l'initiation des femmes; ainsi fut-il de Mme Claudine-Thérèse Provensal soeur de Willermoz, initiée aux hauts grades cohens. Il s'en remettait d'ailleurs à des opérations pour s'assurer de l'autorisation d'initier une femme (cf Mme de La Croix).
Le régiment de Foix tiendra ses quartiers au château Trompette à Bordeaux; le colonel est Alexandre-Nicolas, comte de Maulevrier-Langeron, âgé de 34 ans, il commande le régiment depuis 1762, il a séjourné à Saint Domingue en juillet 1765 Le traitement de Saint Martin est de 900 livres par an. A cette époque un capitaine dépense 600 livres pour son auberge, ses frais divers de 356 livres. Le service se fait le matin, presque tous les après-midis sont libres. La solde d'un soldat est de cinq sols six deniers tous les cinq jours.
Saint Martin est sous-lieutenant de Grenadiers le 26 juillet 1765; il passe à une autre sous lieutenance le 18 octobre, il est lieutenant le 23 juillet 1769; il abandonne en 1771. Il sera militaire pendant 6 ans.
N de Baudry chevalier de Balzac (qui n'a rien de commun avec Honoré de Balzac, et qui ne figure pas sur la liste des officiers du régiment de Foix) lui transmet les trois grades cohen, entre l'été 1765 et l'hiver 1768. Saint Martin sera commandeur d'orient entre le 25 11 et le 15 12 1768. Il devient Réau+croix entre le 24 mars et le 17 avril 1772, la cérémonie a pu occuper 3 jours. 1773-1774 séjour à Lyon, il enseigne 1774 : voyage en Italie Le 15 janvier 1787-1788, il fait en Angleterre un voyage de quelques semaines; il rencontre des disciples de Law dont le comte de Divonne (qui aurait eu des documents provenant de Saint Martin et de Martines), puis voyage en Italie, avec le prince Galitzin. 1785 : à Lyon, réception dans la société des initiés, dans l'ordre des chevaliers bienfaisants de la cité sainte et grand profes (Eques a Leone Sidero). 1788-1791 : Strasbourg, lecture de Boehme, Charlotte de Böcklin. 1790 : demande à être rayé de tous les registres et livres maçonniques où il est inscrit depuis 1785, ne parle pas des années antérieures, se réaffirme cohen et Initié. 1793 : mort du père. 1795 : Ecole Normale : controverse avec Garat. 1803 : Mort le 14 octobre, chez les Lenoir-Laroche, Saint Martin est enterré à Châtenay.
Dans une lettre du 24 12 1799, Saint Martin s'informe d'un jeune homme qui était très lié avec une société en Allemagne qui est comme une héritière des lumières que Boehme, Gichtel et Ueberfed y ont répandu. Lettre du 22 mai 1803 : "Ne doutez pas qu'avec un zèle sincère et la persévérance que peu promettre votre caractère, vous n'avanciez de plus en plus dans la nouvelle route qui s'ouvre à votre esprit et à votre coeur. C'est Dieu seul et non une chétive créature comme moi qui peut vous diriger dans la carrière et vous faire atteindre le but.... Cela n'empêche pas les secours fraternels que nous nous devons les uns aux autres pour nous encourager dans le chemin; et je crois, grâce à Dieu, avoir payé dans ce genre mon contingent à l'égard de mes semblables... la multitude ignorante, mais sans méchanceté... Ces individus-là sont retardés sans doute, et ne seront pas payés comme les serviteurs; mais ils ne seront pas rejetés comme les coupables au premier chef, et ils font chacun leur chemin dans leur voie de régénération en attendant le jour final.
Lettre du 11 septembre 1803 : "Mais l'homme de vérité, l'humble disciple de Jésus-Christ se borne à imiter son divin maître dans la pratique de toutes les vertus évangéliques et dans la soumission et la résignation au milieu des tribulations de cette vie; surtout dans la confiance et l'amour de cette source divine d'où nous sommes descendus et vers laquelle nous devons remonter. Il ne s'occupe qu'à se tenir prêt, laissant à son souverain le soin de l'appeler quand il lui plaira et à ce qu'il lui plaise. Nous ne sommes coupables envers ce souverain que de ce qu'il nous commande. Or, il commande à tous la piété, la foi, la charité : voilà ce à quoi nous nous sommes tous engagés. S'il juge à propos de nous mettre un jour au rang de ces serviteurs, nous sommes obligés de nous conformer alors à tout ce qu'il exigera de nous; jusque là nous ne répondons de rien que de ces devoirs généraux qui obligent touts les hommes et en particulier les hommes de désir... .
Saint Martin a recherché d'autres initiations ou d'autres savoirs initiatiques :
Le 4 février 1784, il est admis dans la Société de l'Harmonie fondée par Mesmer.
En juillet 1785, il est reçu dans la société des initiés.
Il fut l'un des fondateurs de la Société Philanthropique, en 1780, avec Savalette de Langes, Tavannes, le Camus de Pontcarré, Blin de Sainmore, Girard, Jeanroi.
Par l'agent universel, le réparateur divin, autres noms du Christ, l'homme est devenu capable d'opérer sa réintégration et de travailler à la réintégration de tous les êtres, "dans leurs premières propriétés, vertus et puissances spirituelles et divines". Pour Martines, la liaison naturelle est coupée au niveau supérieur; nous avons la ressource de requérir l'assistance des bons esprits. La méthode de la réintégration s'appelle la théurgie, avec une place particulière pour les Vertus et les Puissances intermédiaires" mais pour Saint Martin le travail s'effectue au mieux dans notre intérieur : travail cardiaque par la connaissance (science spirituelle), l'amour (sentiment), forces vitales liées au sang (plus particulièrement Imagination : cf "initiation par le rêve", et vertus de la parole et du geste). Utilisation de la Sophia dont les épousailles permettent à l'homme de renforcer le lien du Verbe et des vertus intermédiaires : la théurgie devient une sophiurgie! L'enseignement de Saint Martin est de bouche à oreille, mais aussi par courriers suivis, par les livres; réunion à heure fixée, quelle que soit la distance, pour "opérer" (cf lettre du 14 6 1798 de Kirchberger) : rendez-vous tous les soirs à 8 heures. L'individu passe de "Ecce Homo", à "l'homme de désir, puis "le nouvel homme" dont la mission est d'assurer "le ministère de l'homme-esprit". Dans cette démarche, il n'existe rien d'infaillible; commençons par la "Charitas".