L’identité de Machia’h

Peu après que le Rabbi Précédent ait lancé son appel «tout de suite la techouvah (le retour à D.ieu), tout de suite la Délivrance», il demanda au Rabbi quelles étaient les réactions de la communauté juive dans son ensemble.

Le Rabbi préféra d’abord ne pas répondre. Devant l’insistance mise à obtenir une réponse, il finit par dire: «Les gens disent que le Rabbi de Loubavitch veut s’auto-proclamer Machia’h».

Le Rabbi Précédent répondit: «Au moins, ils parlent de Machia ’h».

Il est naturel que les gens fassent le lien entre le discours sur l’imminence de la Délivrance et un homme précis qui se révélera être Machia’h. Cette attitude a un aspect très positif; elle reflète comme notre croyance en sa venue est concrète. Il s’agit plus, dès lors, d’un vieux rêve que l’on contemple avec émotion ni d’une hypothèse envisageable dont il est intéressant de débattre, mais bien de l’attente d’un événement réel, sur le point de se produire.

Machia’h sera un homme matériel. Nos Sages ont examiné l’idée selon laquelle, bien qu’une ère messianique s’instaurerait, il n’y aurait pas de Machia’h, D.ieu «régnant Lui-même (sur le peuple juif)». Le Talmud rejette fermement cette thèse, au point que l’un des plus grands décisionnaires en matière hala’hique, le ’Hatam Sofer, déclare sans ambiguïté que celui qui y souscrirait aujourd’hui «renie la Torah dans son ensemble».

Dans chaque génération, il existe un Machia’h potentiel, «un homme d’entre les descendants de Yéhoudah qui est digne d’être le Machia’h d’Israël». Comme l’écrit le ’Hatam Sofer, «dès le moment de la destruction du Beith HaMikdach, une personne est née qui, en sa qualité de Juste, est digne d’être le libérateur d’Israël». Cette idée est, d’ailleurs, évidente d’un simple point de vue logique; il est, en effet, clair que, puisque Machia’h peut venir à tout moment, il faut qu’il en existe un constamment.

Pour préparer cet événement, le Rambam (Maïmonide) définit certains critères qui nous permettront de reconnaître Machia’h. Celui-ci sera un Sage de la Torah, descendant du roi David, fidèle à l’observance des mitsvot, qui entraînera l’ensemble du peuple juif à renforcer son respect de la Torah. A un moment donné, il «mènera les guerres de D.ieu et remportera la victoire», il reconstruira le Beith HaMikdach et rassemblera les exilés du peuple juif.

Tout cela ne peut être accompli en un jour, même par Machia’h. C’est pourquoi, nous devons considérer que, dans chaque génération, il existe un Machia’h potentiel. Celui-ci entreprend les premières étapes de l’oeuvre décrite. Si ces préliminaires se passent bien, comme l’indique le ’Hatam Sofer dans le texte déjà cité, «l’esprit de Machia’h repose sur lui» et il libère notre peuple.

Le Rambam (Maïmonide) note que Rabbi Akiba fut un des partisans de Bar Ko’hba qu’il désigna comme Machia’h. Bien que d’autres Sages aient été en désaccord avec lui sur ce point, aucun d’entre eux ne vit un problème fondamental dans sa démarche. Dans le même sens, le Talmud discute des revendications faites à plusieurs reprises par les disciples de quatre grands Sages de cette époque selon lesquelles leur maître respectif était le Machia’h de ce temps. Dans une période plus récente, l’attente messianique s’est également souvent focalisée sur une personne précise, telle que Rabbi Cha’hna, Rabbi Its’hak Louria, Rabbi Yéhoudah Loew, Rabbi ’Haïm ben Attar, Rabbi Its’hak Méir de Guer, l’auteur des ’Hidouchei HaRim, Rabbi Yéhoudah Arié Leïb de Guer, l’auteur de Sfat Emeth, Rabbi Yé’hézkel de Chiniva, le fils de Rabbi ’Haïm de Sanz, Rabbi Mendel de Vizhnitz, l’auteur de Tséma’h Tsaddik, et beaucoup d’autres encore.

Il est inutile de dire que la mémoire collective de notre peuple a naturellement tendance à retenir, plutôt que les cas cités, les quelques expériences négatives faites dans ce domaine. Dans ces cas, le problème a surgi du fait que l’homme dont il était question ne satisfaisait en rien aux critères posés par le Rambam, par exemple en ce qui concerne l’observance de la Torah et des mitsvot. La difficulté ne provenait pas, en tout état de cause, de l’idée selon laquelle il existe constamment un Machia’h potentiel dans le monde. En fait, en reprenant les termes cités plus haut, employés par le ’Hatam Sofer, il est clair qu’affirmer l’impossibilité pour quiconque aujourd’hui d’être Machia’h est purement et simplement une hérésie.

(Texte repris du site du Beth Loubavitch - Paris).

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