2. Poem
"Les Djinns"
Tabulations
have been inserted to indicate rhythm.
Murs, ville,
Et port,
A -sile
De mort,
Mer grise
Où brise
La brise,
Tout dort.
Dans la plaine
Naît un bruit.
C'est
l'ha -leine
De la nuit.
El -le brame
Comme une âme
Qu'u -ne flamme
Tou -jours suit!
La voix plus haute
Sem -bl'un gre -lot.
D'un nain qui saute
C'est le ga -lop.
Il fuit, s'é -lance,
Puis en ca -dence
Sur un pied danse
Au bout d'un flot.
La ru -meur ap -proche,
L'é cho la re -dit.
C'est com -me la cloche
D'un cou -vent mau -dit;
Comme un bruit de foule
Qui tonne et qui roule,
Et tan -tôt s'é -croule.
Et tan -tôt gran -dit.
Dieu! la voix sé -pul -crale
Des Djinns! Quel bruit ils font!
Fuy -ons sous la spi -rale
De l'es -ca -lier pro -fond.
Dé -jà s'é -teint ma lampe,
Et l'om -bre de la rampe,
Qui le long du mur rampe,
Mon -te jus -qu'au pla -fond.
C'est l'es -saim des Djinns qui passe,
Et tour bil -lonne en sif -flant!
Les ifs, que leur vol fra -casse,
Cra -quent comme un pin brû -lant.
Leur trou -peau, lourd et ra -pide,
Vo -lant dans l'es -pa -ce vide,
Sem ble
un
nu -a -ge li -vide
Qui port' un é -clair au flanc.
Ils sont tout près! Te -nons fer -mée
Cet -te salle, où nous les nar -gons.
Quel bruit de -hors! Hi -deuse ar -mée
De vam -pi -res et de dra -gons!
La pou -tre du toit des -cel -lée
Ploie ain -si qu'une her -be mouil -lée,
Et la vieil -le por -te rouil -lée,
Trem -ble
à
dé -ra -ci -ner ses gonds.
Cris de l'en -fer! voix qui hurle et qui pleure!
L'hor -rible es -saim, pous -sé par l'a -qui -lon,
Sans doute, ô ciel! s'a -bat sur ma de -meure.
Le mur flé -chit sous le noir ba -tail -lon..
La mai -son crie et chan -cel le pen -chée,
Et l'on di -rait que, du sol ar -ra -chée,
Ain -si qu'il chasse u -ne feuil -le sé -chée,
Le vent la roule a -vec leur tour -bil -lon!
Pro -phè -te! si ta main me sauve
De ses im -purs dé -mons des soirs,
J'i -rai pros -ter -ner mon front chauve
De -vant tes sa -crés en -cen -soirs!
Fait que sur ces por -tes fi -dèles
meu -re leur souf -fle d'é -tin -celles,
Et qu'en vain l'on -gle de leurs ailes
Grince et crie à ces vi -traux noirs!
Ils sont pas -sés. Leur co -horte
S'en -vole et fuit, et leurs pieds
Ces -sent de bat -tre ma porte
De leurs coups mul -ti -pli -és.
L'air est plein d'un bruit de chaînes
Et dans les fo -rêts pro -chaines
Fris -son -nent tous les grands chênes
Sous leur vol de feu pli -és!
De leurs ai -les loin -taines
Le bat -te -ment dé -croît,
Si con -fus dans les plaines,
Si fai -ble, que l'on croit
Ou -ïr la sau -te -relle
Cri -er d'u -ne voix grêle,
Ou pé -til -ler la grêle
Sur le plomb d'un vieux toit.
D'é -tran -ges syl -labes
Nous vien -nent en -cor;
Ain -si, des a -rabes
Quand son -ne le cor,
Un chant sur la grève
Par ins -tants s'é -lève,
Et l'en -fant qui rêve
Fait des rê -ves d'or.
Les Djinns fu -nèbres,
Fils du tré -pas,
Dans les té -nèbres
Pres -sent leurs pas;
Leur es -saim gronde:
Ain -si, pro -fonde,
Mur -mure une onde
Qu'on ne voit pas.
Ce bruit vague
Qui s'en -dort,
C'est la vague
Sur le bord;
C'est la plainte,
Pres -qu'é -teinte,
D'u -ne sainte
Pour un mort.
On doute
La nuit...
J'é -coute:
Tout fuit,
Tout passe;
L'es -pace
Ef -face
Le bruit.