L'Analyse
qualitative (Séminaire
de recherche II) , par Doris
Lavoie (avril 1998)
Table des matières
Introduction
1. Contexte de l'étude
1.1 Grille d'analyse
contextuelle
1.2 Portée de l'analyse
2. État
des connaissances théoriques et empiriques
2.1 Type
de relation
2.2 Les facteurs
de robustesse
3. Cadre conceptuel
3.1 Le continuum de
l'aide
3.2 Les définitions
3.3 La recension des
écrits
3.4 La technique
du groupe nominal
3.5 L'entrevue semi-dirigée
4. Réflexion
méthodologique
4.1 Pertinence de
l'analyse qualitative
4.2 Le processus privilégié
4.3 Subjectivité
4.4 Validité interne
5. Méthode
utilisée
5.1 Devis
5.2 Instruments
de collecte des données
5.2.1 La technique
du groupe nominal
5.2.2 La
description du groupe nominal
5.3 Les entrevues
semi-dirigées
5.3.1 La grille d'entrevue
5.3.2 Les informateurs
5.3.2.1 L'échantillonnage
5.3.3 Le déroulement
de l'étude
5.3.4 La codification
des données
5.4 Analyse des données
6. Résultats
6.1 Facteurs
personnels - Éléments contribuant au développement
de soi
6.1.1 Effets sur soi-même
6.1.2 Développement
de nouvelles habiletés
6.1.3 Motivation
6.1.4 Niveau de connaissances
6.1.5 Impact
sur le plan professionnel
6.1.5 Gestion du stress
6.2 Facteurs
sociaux - L'influence sur les autres
6.2.1 Perception des
autres
6.2.2 Relation avec
les proches
6.2.3 Implication
communautaire
Conclusion
Bibliographie
Introduction
Comme indiqué dans de nombreux travaux antérieurs,
la question de recherche qui me préoccupe est la suivante:
Perception par les pairs aidants des effets de leur
participation au sein d’un Programme d’Aide aux Employés (PAE).
Le cas du PAE du ministère de la défense nationale (MDN)
pour la région de la capitale nationale (RCN).
En choisissant ce sujet de mémoire, une de mes préoccupations
était de pouvoir aller explorer en profondeur le vécu des
pairs aidants (PA) que je côtoie tous les jours au MDN. L'utilisation
d'une méthode de recherche qualitative m'a ainsi permis d'aller
creuser plus à fond la question qui me préoccupait, en discutant
avec des PA impliqués dans le PAE de la RCN. Les réponses
ainsi recueillies, combinées à une importante recension des
écrits s'y rapportant, m'ont permis de relever plusieurs éléments
significatifs pour les individus ayant reçu la formation et effectué
les fonctions de PA à l'intérieur du PAE du MDN, en allant
vérifier les motivations et les perceptions d'informateurs échantillonnés.
Cet exercice m'a amené à explorer quel itinéraire
les a amenés à s'impliquer comme pair aidant, quelle a été
leur trajectoire à l'intérieur du PAE et quelles retombées
perçoivent-ils pour eux-mêmes et pour deux milieux de leurs
réseau social primaire, soit leur famille et leur milieu de travail
proche.
Puisque "toute méthodologie scientifique tente
de trouver des moyens de résoudre, de façon systématique
et crédible, les problèmes que lui pose la juste appréhension
du monde" (Laperrière, 1997, p. 365),
cet opuscule débute donc par une mise en contexte de ma recherche
ainsi que quelques explications sur la portée de ce travail. Il
se poursuit ensuite par un survol des étapes préliminaires
ayant permis l'élaboration de cette étude et se penche alors
sur l'aspect conceptuel derrière la recherche qualitative. L'utilisation
faite de la méthode de recherche est ensuite expliquée étape
par étape et une partie des résultats analysés est
enfin présentée. La littérature n'abondant pas vraiment
sur ce sujet spécifique, je me suis donc prêté à
un exercice de comparaison entre ce qui est écrit sur les PPA en
milieu scolaire, pour examiner si un parallèle pouvait être
dressé avec le milieu du travail.
Enfin, je sais pertinemment que les responsables du PAE
au MDN sont très intéressés par ma recherche car ils
ont toujours eu le sentiment intuitif que les effets de leur programme
dépassaient largement la simple relation aidant-aidé en milieu
de travail. Ils attendent donc avec empressement de prendre connaissance
de mes résultats aussitôt qu'ils seront disponibles. J'ose
également espérer que ces résultats permettront également
de mieux comprendre la portée des programmes d'aide utilisant des
pairs aidants en milieu de travail, en documentant l'apport de leur implication
au sein du PAE pour les pairs aidants eux-mêmes.
1.
Contexte de l'étude
Comme le souligne Laughlin (1995), ce n'est parce qu'on
connaît ce qu'est la recherche qualitative que l'on pense de façon
qualitative. De plus, "en sciences sociales, on découvre souvent
ce qui est devenu invisible par excès de visibilité." (Pires,
1997A, p. 11)
1.1
Grille d'analyse contextuelle
Comme indiqué plus tôt, cette étude
fut conduite auprès de pairs aidants oeuvrant au sein du PAE du
ministère de la Défense nationale, plus particulièrement
dans la région de la capitale nationale. Certains éléments
contextuels méritent aussi d'être relevés.
1.
Dimensions individuelles & collectives |
i. climat de travail difficile
à cause :
- des coupures de postes (30% de diminution d'effectifs
au cours des 10 dernières années)
- du concept de « sécurité d'emploi
» qui n'existe pratiquement plus
- des nombreux réaménagements de tâches
qui signifient souvent "faire plus avec moins".
ii. tous les Pairs aidants sont avant tout des bénévoles.
Leur rôle au PAE se fait pendant les heures de travail et devient
donc une "tâche secondaire" qui n'est pas valorisée par l'organisation.
iii. les PA forment un groupe assez hétéroclite
en ce qui concerne leur(s) :
- expérience de travail (régulier) et
de PA
- statut social et professionnel
- formation et connaissances
- motivation initiale et continue
- habiletés naturelles de communication et d'intervention
- personnalité
- degré d'implication au sein du PAE et dans leur
communauté
|
2.
Dimensions sociales & culturelles |
i. au MDN la sociabilité
entre collègues de travail, en dehors des heures de bureau, est
souvent absente car les gens habitent souvent aux quatre coins de la RCN.
ii. le portrait ethnographique des PA est le miroir de
la clientèle. |
3.
Dimensions politico-économique |
i. la fonction publique et le
MDN sont constamment confrontés à des réductions budgétaires
et à un désengagement de l'État vers le Privé
(voir 1 i).
ii. le PAE du MDN relève d'un politique du Conseil
du Trésor. Par contre le choix de la forme utilisant des PA relève
des dirigeants des ressources humaines du MDN.
iii. les coûts pour les clients du PAE sont partiellement
remboursés à travers leur assurance collective mais celle-ci
ne défraye qu'une partie des coûts et les PA sont toujours
à l'affût de ressources gratuites si possible, même
si l'accès à ces ressources est très contingenté. |
1.2
Portée de l'analyse
Dans un autre ordre d'idée, il est important de
préciser qu'à l'intérieur de ce séminaire,
il était impossible de compléter et de présenter toute
l'analyse des données recueillies. J'ai donc fait le choix délibéré,
dans ce travail, de porter une attention particulière à l'aspect
théorique entourant l'analyse qualitative en explicitant plus en
détail chacune des étapes du processus que j'ai suivi. Enfin,
j'ai également choisi de ne présenter qu'un des deux pôles
d'analyse qui sont ressortis de mon travail sur le terrain, tout en indiquant
cependant le travail qu'il reste à faire.
2.
État des connaissances théoriques et empiriques
Dans la plupart des entreprises modernes d'envergure,
l'intervention sociale en milieu de travail s'exerce à travers un
Programme d'Aide aux Employés (PAE). Ce programme peut revêtir
diverses formes (professionnel sur place, agence externe, pairs aidants).
Cette recherche se penchera plus particulièrement sur la forme de
PAE existant au ministère de la Défense nationale (MDN) soit
celle utilisant des pairs aidants.
Puisque ma recherche porte plus spécifiquement
sur le PAE du MDN, je laisse le coordonnateur national du PAE (Laperrière,
1996, p. 2) définir comme suit la portée de son programme
:
"Le PAE fournit
de l'aide confidentielle aux employés qui demandent volontairement
cette aide ou à ceux qui en ont besoin et qui l'acceptent volontairement
à la suite d'une recommandation de la direction. Ceci peut se produire
dans le cas où le rendement au travail fléchirait en raison
d'un problème personnel, d'un problème de santé ou
de comportement ou de tout à la fois. Le programme suppose au départ
que le milieu de travail se prête bien à une intervention
rapide auprès de ces employés et favorise chez eux le désir
de demander de l'aide ou de suivre un traitement."
Plusieurs études intéressantes, examinant l'impact
d'un PAE sur les organisations en ce qui concerne le rapport coûts/bénéfices
et les changements organisationnels ou de conditions de travail, sont disponibles
(Blum et Roman, 1995; Bureau
of National Affairs, 1987; Amaral, 1988; Morin,
1996). Il apparaît certain que l'intervention sociale en milieu
de travail rapporte des bénéfices évidents pour les
entreprises. Par contre mon objet de recherche se situe à un différent
niveau. Ainsi, Domnick-Pierre (1985, p. 171)
a noté qu'une approche utilisant le concept de pairs aidants comme
forme d'entraide favorisait la création de réseaux solides
à l'intérieur de l'organisation et que les individus aidants
en tiraient autant de bénéfices que les aidés. C'est
donc autour de cette thématique que j'ai développé
ma recherche en examinant si le fait de recevoir la formation et de s'impliquer
en tant que pair aidant, amène des retombées qui sont perçues
comme significatives dans les diverses sphères de la vie de ces
individus quant à leurs relations avec différents acteurs
de leur réseau familial et professionnel, tout en me penchant plus
précisément sur la nature de ces retombées.
J'ai déjà traité dans un travail
antérieur de l'historique et des formes d'intervention en milieu
de travail (Lavoie, 1997A) ainsi que de
l'origine et de la pertinence des programmes de pairs aidants (PPA) (Lavoie,
1998A). Pour les fins de ce travail d'analyse, je me garderai donc
de répéter le produit de toute la réflexion que j'ai
déjà effectuée en ce qui a trait aux connaissances
théoriques et empiriques sur le sujet, en me contentant de ne relever
que les grandes lignes plus spécifiques à l'aspect analyse.
2.1
Type de relation
Contrairement aux approches traditionnelles où
le thérapeute est l'expert et le client est catégorisé
selon un diagnostic donné (McGraw Schuchman,
1997), l'utilisation de pairs aidants élimine l'existence de
la relation "dominant-dominé" qu'engendre souvent le contact avec
ces experts. Les PA aident régulièrement leurs pairs en établissant
avec eux une relation d'égal à égal (Peavy,
1981, dans Losier et Ouellette,
1989 ; Giddan & Austin, 1982).
De Rosenroll (1990) quant à
lui parle de relation "horizontale", telle que préconisée
par les PPA, versus une relation "verticale" entre un client et un professionnel.
De plus, une relation "pair-pair" a moins de chance de créer une
dépendance que l'habituelle relation "client-professionnel" (Morgan,
1982). McGraw Schuchman (1997) soulève
également le fait qu'une relation d'aide peut se développer
tout naturellement en une relation d'entraide où l'aidé d'hier
peut devenir l'aidant de demain. Ce concept démystifie donc ce type
de relation et le rend plus accessible car il renforce le rapport informel
d'égal à égal.
Cette particularité de l'aide par les pairs est
importante car le côté "naturel" de ces relations interpersonnelles
peut facilement s'adapter au contexte familial et même professionnel,
où le pair aidant est appelé à traiter d'égal
à égal avec les acteurs de son milieu social.
2.2
Les facteurs de robustesse
En examinant de plus près la littérature
pertinente à l'objet de ma recherche, j'ai relu ce que la littérature
disait sur un autre milieu où des programmes de pairs aidants sont
en place depuis plusieurs années: le milieu scolaire. Les recherches
dans ce milieu démontrent que les retombées des programmes
de pairs aidants ne concernent pas seulement les bénéficiaires
de ces programmes mais les pairs aidants eux-mêmes (Poulin
et Vigneault, 1986; Ayotte et Roy, 1986;
Besecker et Aug, 1985; Edge,
1984; Delworth et coll., 1974;
Evoy, 1983; McWilliams, 1979).
Pouvais-je en tirer un parallèle avec le milieu de travail ? Voilà
une des questions à laquelle cette recherche tente de répondre.
Elle prend donc sa source au niveau de tout un questionnement sur les programmes
de pairs aidants comme moyen de renforcer les facteurs de robustesse chez
ces derniers.
J'ai de plus voulu examiner ce qui motivait les PA à
s'impliquer dans le PAE. En fait, si des individus s'engagent comme aidants
dans ce genre de programmes et surtout s'ils y poursuivent leur engagement,
c'est qu'ils évaluent en retirer quelque chose. Cette recherche
a donc tenté d'explorer, entre autres, qu'est-ce que, selon les
pairs aidants mêmes, leur implication au sein du PAE leur apporte.
À ce titre Guay (1984), lors d'une enquête
de motivation auprès de "bénévoles" où un consensus
était largement répandu, rapporte que c'est d'abord pour
eux-mêmes que les gens s'impliquent dans du bénévolat
(désir de vivre des expériences nouvelles, accroître
son champ de connaissance, faire des apprentissages, acquérir de
nouvelles habiletés et se sentir utile, important et valable). Abdennur
(1987, p. 93) abonde d'ailleurs dans le même sens en faisant
la distinction entre "l'ancien bénévolat" qui était
plutôt motivé par la "charité" et le "nouveau bénévolat"
qui reconnaît que le "self-interest" est la principale raison qui
pousse les gens vers le bénévolat. Limoges
(1991) explique d'ailleurs bien ce qu'il appelle le "tandem égocentrisme-altuisme"
quand il discute des motivations des individus bénévoles.
En effet chaque bénévole est habité d'une combinaison
de raisons égoïstes et altruistes lorsqu'il s'engage dans une
organisation à titre d'aidant non rémunéré.
En fait,
La vie sociale est faite de symboles. Le bénévolat
n'y échappe pas, d'autant plus que le principe de la charité
demeure souvent pratiqué à travers une fonction d'exemplarité.
La relation d'aide n'est pas réductible à un don : elle s'insère
aussi dans la logique d'un témoignage, d'une pédagogie sur
l'existence collective, que les individus et les groupes veulent bien dispenser
pour le bénéfice du plus grand nombre possible, à
travers la singularité d'un geste. […] Ainsi, la mise en oeuvre
de solidarités diverses marque une permanence des idéaux
et des comportements humains. (Robichaud, 1997,
p. 144)
3.
Cadre conceptuel
3.1
Le continuum de l'aide
Avant de faire état des définitions de base,
il m'apparaît important et avantageux de reprendre le modèle
conceptuel de Caputo, Weiler
et Green (1996) ainsi que de Rosenroll
(1990) qui situent l'aide par les pairs au centre de ce qu'ils
appellent le continuum de l'aide.
Amis, collègues
|
Groupes d'entraide
|
Bénévoles
|
Pairs aidants
|
Groupes de soutien
|
Parapro-fessionnels
|
Professionnels
|
|
Ainsi, si on examine la distribution des intervenants en
relation d'aide sur ce continuum, on retrouve à une extrémité
l'aide professionnelle qui représente la forme la
plus "formelle" d'aide et qui est souvent appelée à intervenir
en situation de crise. À l'autre extrémité de ce spectre,
on retrouve les amis et les collègues qui apportent une aide
personnelle gratuite, naturelle et non structurée. Au milieu se
situent les PA qui interviendront souvent à un stage précoce
avant que la situation ne dégénère en crise et qui
servent souvent de pont au cas où une intervention professionnelle
s'avérerait nécessaire (de
Rosenroll, 1990). Les autres éléments du continuum sont
définis dans la partie qui suit.
3.2
Les définitions
Pour traiter de la nature et de la portée de la
recherche qualitative ainsi que de sa contribution à la recherche
sociale, certains termes incontournables doivent d'abord être approfondis.
De la même façon, afin de bien camper l'objet même de
cette étude, certaines définitions préalables s'imposent
:
Phénoménologie |
On doit à Husserl, avec
la parution de son livre Recherches logiques en 1900, l'origine
de cette science qui signifie "science des phénomènes". Elle
aspire donc à l'étude systématique de tout ce qui
se présente à la conscience, exactement comme cela se présente
(Giorgi, 1997). |
Recherche qualitative |
Elle implique une emphase sur
les processus et les significations qui ne sont pas nécessairement
rigoureusement examinés ou mesurés en termes de quantité,
montant, intensité ou fréquence. Les chercheurs qualitatifs
sont préoccupés par la nature sociale construite d'une réalité,
la relation d'intimité entre eux et leur objet d'étude et
les contraintes situationnelles qui influencent l'enquête. Ils cherchent
réponse aux questions qui mettent l'emphase sur comment l'expérience
sociale est créée quel sens on lui donne. (Denzin
& Lincoln, 1994, dans Carney
et al. 1997) |
Aide |
Action d'intervenir en faveur
d'une personne en joignant ses efforts aux siens (Nouveau
Petit Robert, 1995) |
Counselling ou Aide par les pairs |
Une variété de comportements
aidants prodigués par des non-professionnels qui s'engagent dans
une relation d'aide, de soutien et de recherche de solution avec leurs
semblables, tout en évitant d'imposer leur avis ou de prendre la
décision à la place de ceux visés par cette aide (Tindall,
1995 ; Tindall et Gray, 1985 ;
Edge 1984). Il est à noter que certains auteurs
dont Peavy (1977 dans de
Rosenroll, 1990) préfèrent le terme "Aide" à "Counselling"
car ce dernier terme peut prêter à confusion et insinuer une
forme "d'aide psychologique quasi-professionnelle". |
Relation d'aide |
Manière de procéder
dans le cadre d'une relation interpersonnelle qui cherche à libérer
la capacité de la personne aidée de vivre plus pleinement
qu'elle ne le faisait au moment du contact (Auger, 1972
dans Poulin & Vigneault, 1986) |
Relation d'entraide |
Relation humaine caractérisée
par le fait qu'elle soit symétrique et réciproque, où
personne n'exerce d'autorité ou d'influence indue sur l'autre et
que l'influence s'exerce également dans les deux sens (Bédard
& Brault, 1985 dans Poulin
& Vigneault, 1986) |
Groupes d'entraide (self-help)
et groupes de soutien |
Ces deux formes de groupe regroupent
justement des individus partageant un même vécu ou une même
préoccupation. La principale différence entre les deux formes
est que les premiers regroupent des entraidants fonctionnant de façon
autonome. Les groupes de soutien sont par contre formés et animés
par une personne ressource (souvent un professionnel) et leurs objectifs
sont de discuter de considérations précises selon une problématique
ou une préoccupation commune aux membres du groupe (Heap,
1994) |
Bénévolat |
Guay (1984 #Guay
) le définit comme un travail régulier, sans
recherche immédiate du gain financier, et dans lequel les rôles
d’aidant et d’aidé sont établis nettement. Il est caractérisé
par le fait qu’il se situe en dehors des rôles ou des obligations
familiales, qu’il n’est l’objet d’aucune contrainte sociale et qu’il exprime
une conscience humanitaire et communautaire de même qu’un sens de
responsabilité sociale. De Rosenroll
(1990) identifie quatre sortes de bénévoles :
-
Ceux qui ont déjà un vécu similaire
à la situation pour laquelle ils sont bénévoles
-
Ceux qui ont besoin de l'expérience de travail afin
de pénétrer le marché de l'emploi
-
Ceux qui aiment se sentir utiles
-
Ceux qui ne sont pas encore actifs dans la communauté
ou dans le monde du travail
|
Même si certains auteurs, dont Limoges
(1984), ont tendance à mêler les notions d'entraidant
et de pair aidant, il est important de noter que les premiers s'appliquent
surtout au niveau des groupes de "self-help" et que les pairs aidants oeuvrent
évidemment au sein de PPA. Ainsi, pour le "self-help", on mise généralement
sur le fait d'avoir vécu la situation problématique et d'avoir
réussi à la contrôler ou à la solutionner. Pour
les PA il n'y a pas nécessairement de similarité au niveau
du vécu, ils reçoivent par contre une formation correspondante.
(Poulin & Vigneault, 1986)
3.3
La recension des écrits
"La recension des écrits en recherche qualitative
ne vise pas tant l'opérationnalisation des concepts permettant un
démarrage de la recherche que la définition progressive de
l'objet" (Grinnell et Williams,
1990, dans Deslauriers et
Kérisit, 1997). D'ailleurs, puisqu'une recherche qualitative
commande un contact direct avec le phénomène étudié,
son objet se construit non seulement à partir des entrevues recueillies,
mais aussi à partir d'un ensemble de textes qui tissent comme un
filet de résonances autour de l'objet (Deslauriers
et Kérisit, 1997). C'est pour cette raison que ma recension
des écrits m'a permis d'examiner les différents aspects propres
à divers types d'intervention en milieu de travail, de même
que le phénomène de pairs aidants en milieu scolaire. Ce
processus s'est d'ailleurs poursuivi tout au long de ma recherche car comme
le précisent Strauss et Corbin (1990), durant toute la recherche,
il faut continuer à fouiller l'ensemble de la documentation et faire
alterner lecture et analyse des données.
3.4
La technique du groupe nominal
Cette technique du groupe nominal a été
développée en 1968 par Delbecq
et Van de Ven (1971) et fut d'abord surtout utilisée dans le
domaine de la gestion. Elle peut cependant très bien s'appliquer
en recherche sociale car elle permet de faire l'analyse d'un problème,
d'explorer un champ de connaissance, de faire une synthèse globale
d'une question, de planifier et de mettre en place des activités
ou de procéder à l'évaluation d'une intervention (Chamberland
et al., 1996; Meunier, 1994). Mayer
et Ouellet (1991) résument d'ailleurs très bien ce procédé
qui consiste à réunir un groupe d'experts ou d'informateurs
clefs afin de recueillir diverses informations de première main
par un processus directif, étapiste et décisionnel résultant
ainsi en une liste d'éléments jugés significatifs
et classés par ordre d'importance.
3.5
L'entrevue semi-dirigée
Étape critique dans toute recherche de ce type,
le travail sur le terrain permet d'aller prendre le pouls réel des
acteurs impliqués. Poupart (1997), identifie
les 4 grands principes de l'entrevue réussie :
-
Obtenir la collaboration de l'interviwé
-
Mettre l'interviewé à l'aise par des éléments
de mise en scène
-
Gagner la confiance de l'interviewé
-
Amener l'inerviewé à prendre l'initiative du
récit et à s'engager
En utilisant des entrevues du type semi-dirigé, j'avais
donc le souci de faire le plus de place possible à mes interlocuteurs,
tout en m'assurant que la conversation porterait sur des sujets pertinents
pour ma recherche.
Les histoires recueillies ne sont pas synonymes d'une
réalité absolue, elle sont des représentations reconstruites
de l'expérience des gens. Le discours et, plus encore, le texte
produit suite aux témoignages recueillis ne représente donc
que le moyen par lequel les acteurs sociaux (les interviewés et
le chercheur) définissent et reflètent leurs environnements
(Hassad, 1993 ; Rhodes, 1996 ; Shelef, 1994).
4.
Réflexion méthodologique
Pour cette partie, je suis allé consulter plusieurs
auteurs afin de bien intégrer les différents principes sous-tendant
la recherche qualitative. Puisque le sujet est très bien traité
dans les différentes publications savantes, j'ai décidé
d'illustrer mon propos en le parsemant de plusieurs citations.
4.1
Pertinence de l'analyse qualitative
En recherche qualitative, il est important de présenter
le contexte le plus complet possible. À ce titre le chercheur se
doit de décrire l'environnement, les participants, les activités
et même sa propre subjectivité face à son sujet de
recherche (de Rosenroll, 1990).
Pires (1997A) a dressé
une liste des caractéristiques propres à la recherche qualitative
:
-
sa souplesse d'ajustement, tant pendant son déroulement
qu'en ce qui concerne la construction et la reconstruction de son objet
de recherche ;
-
sa capacité de traiter de sujets complexes ;
-
sa capacité d'englober des données hétérogènes
et même de combiner différentes techniques de collecte de
données ;
-
sa capacité de pouvoir décrire en profondeur
plusieurs phénomènes sociaux en permettant au chercheur d'explorer
la culture, le contexte et l'expérience vécue des situations
étudiées
-
enfin, son ouverture au monde empirique, son exploration
inductive du terrain et même son souci de se pencher sur les cas
négatifs ou d'exception.
Si un processus fondamental a été correctement
ciblé, les variations observées (et activement recherchées
à travers l'échantillonnage théorique) n'entraîneront
que raffinement de sa définition, par l'addition de nouvelles qualifications
(conditions, stades, conséquences, etc. , qui le rendra encore plus
modifiable (et donc plus généralisable). (Laperrière,
1997, p. 382)
Chenail (1992) et Cole
(1994) abondent d'ailleurs dans ce même sens en précisant
que le chercheur doit même développer une curiosité
pour l'exception et un hésitation à trouver des explications
trop rapides qui s'avèrent souvent réductionnistes. Il ne
faut cependant pas perdre de vue une certaine vision d'ensemble. À
ce titre, "au lieu d'envisager un ensemble d'observations et de s'efforcer
de les subsumer pour y appliquer une règle, on se tourne vers un
ensemble d'éléments significatifs (obtenus par présomption)
et on tente de les intégrer dans un cadre intelligible" (Geertz,
1973, dans Laperrière, 1997).
La recherche qualitative est donc attentive à la
pluralité de constructions de sens et oblige plutôt à
acquérir une perception davantage holistique des problèmes
et des enjeux et à procéder à un recadrage afin de
tenir compte du contexte socioculturel de chaque situation et de comprendre
la spécificité et la complexité des processus en jeu
(Groulx, 1997). Par contre, "Les avantages de la
recherche qualitative doivent être mis en perspective par rapport
à ses faiblesses, c'est-à-dire son incapacité de produire
des résultats généralisables et son inefficacité
pour ce qui est de dégager des relations causales". (Hammersley,
1992, dans Groulx, 1997)
4.2
Le processus privilégié
L'approche phénoménologique est une approche
globale, il ne faut pas perdre cet aspect de vue dans l'analyse des données.
Par contre une certaine catégorisation est nécessaire afin
de discriminer (dans le sens positif du terme) l'information à analyser.
L'analyse qui en découle est également appelée analyse
thématique. Aronson (1994) la divise en 4
étapes :
-
La collecte des données. Où des premiers schèmes
(patterns) d'expérience peuvent être ressortis ;
-
Le regroupement des données selon les schèmes
ou catégories établies ;
-
La combinaison de ces pistes en sous-thèmes. Ces thèmes
sont souvent le résultat du regroupement d'informations diverses
qui ne signifient pas grand chose lorsque pris à part ;
-
L'élaboration d'un rationnel valide expliquant la
sélection des thèmes. Pour ce faire on peut appuyer ses choix
sur la littérature pertinente.
4.3
Subjectivité
Les chercheurs qualitatifs veulent maximiser la validité
de leurs résultats en exploitant les ressources de la subjectivité
plutôt qu'en l'excluant du processus de recherche et ce, dans un
contexte naturel. Cette subjectivité se manifeste à travers
les choix théoriques du chercheur et de son implication sociale
et émotive lors du processus de recherche : choix de la question
de recherche et des méthodes d'analyse, délimitation du sujet
à étudier et façon d'approcher les informateurs clés
(échantillonnage, entrevues, etc.) (Laperrière,
1997). Cela donne une recherche de type interactif où la perspective
du chercheur lui permet d'ajuster le processus de recherche selon l'évolution
de celle-ci. À ce titre, dans le vécu des personnes, le chercheur
obtient un savoir qui prend une valeur épistémologique dans
la mesure où le savoir du chercheur et le savoir du groupe dans
lequel il se plonge se fécondent mutuellement (Deslauriers
et Kérisit, 1997)
Cette implication prolongée permet également
d'éviter les pièges relatifs à l'effet temporel d'un
phénomène qui pourrait s'avouer faussement représentatif
de l'ensemble d'une situation. Elle permet également d'aller explorer
la multiplicité des facteurs, des systèmes en place et des
perspectives possibles qui structurent une situation (Laperrière,
1997). Enfin,
La proximité due à une même appartenance
sociale ou acquise sur le terrain est généralement perçue
comme une condition favorisant une bonne compréhension du groupe
étudié. En revanche, elle est également vue comme
susceptible de constituer un obstacle, dans la mesure où une trop
grande familiarité avec le groupe pourrait empêcher le chercheur
de prendre la distance nécessaire pour remettre en question les
évidences ou les rationalisations propres au groupe. (Poupart,
1997, p. 195)
Cependant, comme le précise
Pires (1997A), dans tout processus qualificatif, qu'on le veuille ou
non, le chercheur sélectionne des faits, choisit ou définit
des concepts, interprète ses résultats, etc. Cependant, comme
le souligne Chenail (1995), les données
elles-mêmes doivent demeurer la "vedette" de toute recherche qualitative.
Toutefois, l'essence même d'une présentation de résultats
d'une recherche qualitative découle de la capacité du chercheur
à juxtaposer les données recueillies avec des descriptions,
explications, analyses ou commentaires appropriés.
4.4
Validité interne
Pour les fins de cette recherche, afin d'assurer la meilleure
fiabilité à mes résultats, je me suis préoccupé
de ce qui est communément appelé un "processus de triangularisation"
en examinant mon objet de recherche sous trois angles : 1) Par rapport
à la littérature disponible ; 2) En allant sur le terrain
par une activité de groupe nominal et par des entrevues semi-dirigées
; 3) Et enfin, en me servant de mon expérience personnelle de 16
années comme pair aidant au sein du PAE du MDN.
Laperrière (1997)
quant à lui, explique la validité interne telle qu'appliquée
à la recherche qualitative :
Les approches qualitatives comptent assurer la justesse
et la pertinence du lien entre interprétations et observations empiriques
en restituant au sens sa place centrale dans l'analyse des phénomènes
humains, par la prise en considération du rôle de la subjectivité
dans l'action humaine et de la complexité des influences
qu'elle subit en contexte naturel. (p. 384)
5.
Méthode utilisée
5.1
Devis
Ce qui compte, ce n'est pas le type de données
qu'on utilise, mais comment on construit la recherche : les recherches
bien construites ont une vie longue ou contribuent à faire avancer
nos connaissances ; les autres, quantitatives ou qualitatives, ajoutent
plutôt des obstacles à une meilleure façon de voir
ou d'intervenir (Bourdieu, 1982 dans Pires,
1997A)
5.2
Instruments de collecte des données
Pour les fins de cette recherche, deux méthodes
de collecte de données sur le terrain ont été choisies
: le groupe nominal et les entrevues semi-dirigées.
5.2.1
La technique du groupe nominal
La technique du groupe nominal est intéressante
car elle permet, au moyen d'une session de remue-méninges en groupe,
de faire ressortir dans un premier temps, les principales idées.
Elle contribue ensuite à ordonnancer celles-ci afin d'identifier
les éléments les plus pertinents. Ayant déjà
moi-même participé à une activité de groupe
nominal lors d'une recherche antérieure, et selon le conseil de
ma directrice de mémoire, j'ai cru bon d'effectuer cet exercice
afin de pouvoir explorer un nombre intéressant de pistes touchant
mon sujet de recherche. Ces éléments m'ont permis de cibler
des pistes de questions probantes, de façon à en établir
une grille qui m'a servi de guide d'entrevue pour entrevues semi-dirigées.
Pour plus de détails à cet égard, le lecteur peut
se rapporté à un travail antérieur présenté
à M. Jean-Pierre Deslauriers dans le cadre du séminaire de
recherche I.
5.2.2
La description du groupe nominal
Pour mon étude, l'échantillon choisi pour
appliquer ce processus de cueillette de données réunissait
9 pairs aidants expérimentés du PAE du MDN. Parmi ces neuf
candidats 6 étaient ou avaient été des coordonnateurs
locaux du PAE, une était la coordonnatrice au niveau régional,
une autre avait également déjà été coordonnatrice
régionale et la dernière avait 6 ans d'expérience
comme PA Le groupe était composé de 2 hommes et de 7 femmes.
Parmi les participants, 4 étaient anglophones (3 unilingues) et
5 étaient francophones (tous bilingues). Afin de faciliter la mise
en commun des idées, le groupe s'est mis d'accord pour que le déroulement
de la session se fasse en anglais.
La question ouverte suivante leur fut ensuite posée.
À noter qu'elle comprenait deux volets :
Veuillez dresser la liste des effets positifs ou négatifs,
que la formation et l'implication en tant qu'orienteur au PAE peut avoir
sur :
A. La vie professionnelle, c'est-à-dire, à
l'intérieur du milieu de travail proche ou principal ;
B. La vie personnelle et familiale.
Les participants se sont alors appliqués à
inscrire à l'écran les différents commentaires, éléments
ou opinions qu'ils percevaient comme pertinents pour répondre à
ces deux sous-questions.
Les résultats du groupe nominal ont fait l'objet
d'une analyse antérieure lors du séminaire de recherche I
(Lavoie, 1997B).
5.3
Les entrevues semi-dirigées
Les réponses obtenues lors de l'exercice de groupe
nominal, ma propre conception de la question à étudier (avec
tous les préjudices et les biais que cela peut comporter), ma revue
de littérature ainsi que les directions prises par les interviewés
eux-mêmes, m'ont permis de préparer et de réajuster
les questions que j'ai posées lors des entrevues individuelles.
5.3.1
La grille d'entrevue
La première partie du questionnaire se voulait
plus formelle et consistait à demander aux participants certains
éléments de base les identifiant et indiquant leur vécu
comme pair aidant au sein du PAE du MDN. Par la suite, puisque j'avais
choisi d'utiliser des entrevues semi-dirigées, la deuxième
partie était beaucoup moins structurée. Le format préconisé
consistait en quelques questions ouvertes ayant pour objectif de diriger
le participant vers les éléments d'information que je me
devais de recueillir. Je disposais alors d'une grille de points-clefs élaborés
à partir des résultats du groupe nominal et auxquels les
participants étaient susceptibles de toucher. Si je voyais qu'ils
n'abordaient pas d'eux-mêmes certains aspects, je leur posais alors
une question en ce sens afin d'aller vérifier s'ils avaient quelque
chose à ajouter sur ces points.
5.3.2
Les Informateurs
Poupart (1997) résume bien
ce qu'ils représentent :
L'interviewé est vu comme un informateur clé
susceptible précisément d'informer non seulement par ses
propres pratiques et ses propres façons de penser, mais aussi, dans
la mesure où il est considéré comme représentatif
de son groupe ou d'une fraction de son groupe, sur les diverses composantes
de sa société et sur ses divers milieux d'appartenance. Dans
cette dernière acception, l'informateur est vu comme un témoin
privilégié, un observateur, en quelque sorte, de sa société,
sur la foi de qui un autre observateur, le chercheur, peut tenter de voir
et de reconstituer la réalité (p. 181).
5.3.2.1
L'échantillonnage
Deslauriers et
Kérisit (1997) mentionnent que,
si la régularité et la taille de l'échantillon
probabiliste nous permettent de connaître des aspects généraux
de la réalité sociale, le caractère exemplaire et
unique de l'échantillon non probabiliste nous donne accès
à une connaissance détaillée et circonstanciée
de la vie sociale. C'est donc au regard des résultats auxquels ils
donnent lieu et de sa pertinence que l'échantillon non probabiliste
se justifie (p. 97).
Six candidats ont ainsi été sélectionnés
pour participer aux entrevues semi-dirigées. Ce choix a été
fait à partir de la liste des tous les orienteurs disponibles dans
la région de la capitale nationale (RCN). Bien que mon activité
de groupe nominal se soit déroulée uniquement en anglais,
j'ai fait le choix délibéré de n'approcher que des
pairs aidants francophones ou bilingues pour mes entrevues, afin de ne
pas avoir à traduire de l'anglais au français mes verbatim.
En mélangeant l'anglais et le français, la codification et
l'analyse auraient été beaucoup trop compliquées.
De plus, à l'exception d'une seule candidate (la candidate R1),
je me suis également assuré de ne pas interviewer ceux et
celles qui avaient participé à l'activité de groupe
nominal afin d'obtenir différentes perspectives.
Pour tous les candidats, le rationnel à la base
du choix de ces informateurs a reposé en grande partie sur leur
proximité avec mon lieu de travail et sur leur disponibilité.
Je me suis également assuré que l'échantillon comprenait
des hommes et des femmes de même que des individus ayant une variété
d'expérience comme PA. Il faut préciser que je connaissais
très bien tous les participants car je suis moi-même impliqué
comme pair aidant au sein du PAE depuis plusieurs années. Je n'ai
donc eu aucune difficulté à ce que chacun me consacre le
temps nécessaire à l'entrevue.
5.3.3
Le déroulement de l'étude
Une lettre d'entente (voir Lavoie,
1997B) fut préparée en deux copies, signée et
remise à chaque participant des entrevues. J'en ai également
conservé une copie pour mes dossiers. Comme indiqué plus
tôt, ma grille d'entrevue a été préparée
à partir des réponses obtenues par le groupe nominal. Le
format et le contenu fut ensuite approuvé par ma directrice de mémoire
et un pré-test fut effectué auprès de celle qui allait
devenir la candidate R1 afin d'en assurer la clarté et la justesse
des questions à poser. Ce pré-test s'est tellement bien déroulé
que ces résultats se sont donc rajoutés à toutes les
autres données proprement dites.
Cette grille d'entrevue fut donc utilisée auprès
des cinq autres candidats. Chaque entrevue a eu lieu au bureau des candidats
et a duré entre 45 et 60 minutes. Toutes les entrevues ont été
enregistrées et j'ai moi-même transcrit le verbatim de chacune
peu de temps après.
5.3.4
La codification des données
Une pré-catégorisation des données
fut effectuée suite aux réponses obtenues suite à
la tenue du groupe nominal.. D'autres catégories sont également
venues s'ajouter a posteriori selon les réponses obtenues
lors des entrevues individuelles. Comme le suggèrent Chamberland
et al. (1996), cette double approche s'avérait pertinente puisqu'il
s'agit en fait d'une recherche exploratoire. Elle assurait la flexibilité
nécessaire pour élargir les perspectives d'analyse en mettant
à profit deux méthodes de connaissance complémentaires
: la déduction et l'induction (Deslauriers,
1991).
L'ordonnancement des données en catégories
et sous-catégories fut ensuite fait en utilisant le logiciel de
traitement de texte Wordperfect. Les données codifiées ont
d'ailleurs été présentées au séminaire
I (Lavoie, 1997B).
5.4
Analyses des données
Même si ma recherche portait sur les retombées
perçues par les PA oeuvrant au sein du PAE, dans leur milieu familial
et dans leur milieu de travail proche, les données recueillies ne
furent pas catégorisées selon ces deux axes, mais plutôt
selon la nature même de ces retombées. Deux pôles ressortent
donc, soit l'impact pour les PA au niveau personnel et celui au niveau
de leurs rapports avec leur milieu naturel.
Une mise en garde est cependant à noter. En effet,
bien que cette recherche aie tenté d'examiner si la formation et
la participation à un PPA avaient des retombées sur le milieu
naturel des PA impliqués, il est impossible de contrôler l'influence
de ce milieu sur le PA ainsi que celle exercée par d'autres facteurs
externes tels ceux de nature socio-économique, géographiques,
psychologique, etc. De la même façon il est difficile de départager
si d'autres expériences personnelles ou la participation à
d'autres activités requérant diverses habiletés de
communication interpersonnelle ont apporté une influence pouvant
fausser les résultats de recherche.
6.
Résultats
La littérature spécifique aux PA consultée,
reflète surtout la réalité observée en milieu
scolaire au cours des quelques trente dernières années. Dans
ce milieu, plusieurs programmes de pairs aidants sont en place et fonctionnent
activement avec beaucoup de succès. J'ai donc cru bon de faire un
parallèle entre les résultats de l'étude que j'ai
effectuée et celles en milieu scolaire. Ce qui m'a intéressé
à aborder l'analyse sous cet angle est que plusieurs études
effectuées dans ce milieu semblent confirmer que ce sont surtout
les PA eux-mêmes qui profitent le plus des PPA jusqu'à maintenant
(Poulin et Vigneault, 1986). Ainsi,
selon les thèmes abordés, les observations de plusieurs auteurs
en milieu scolaire, m'ont servi de toile de fond pour donner de la profondeur
à mon analyse.
Comme indiqué plus tôt, deux grands thèmes
ressortent de l'analyse du matériel disponible. En effet, il semble
que les principaux effets ou retombées entraînés par
la participation des PA au sein du PAE se situent à deux niveaux
principaux : 1) Les individus interrogés rapportent des changements
en ce qui concerne la perception de soi (confiance, habiletés interpersonnelles,
croissance, etc.) et 2) D'autres impacts, pour la plupart positifs, sont
ressentis au niveau de la qualité et du type de relations qu'ils
entretiennent avec leur milieu social et professionnel.
Les données recueillies ont donc été
analysées selon ces deux angles en tenant compte de la littérature
pertinente sur le sujet et en illustrant chacun des thèmes et sous-thèmes
au moyen d'extraits de verbatim, tout en identifiant de quel répondant
il s'agissait. La nomenclature utilisée pour identifier les répondants
s'étend de R1 à R6, selon l'ordre dans lequel ces entrevues
ont été conduites. Il est à noter que R2 et R5 représentent
les deux hommes de l'échantillon, les autres étant évidemment
des femmes.
6.1
Facteurs personnels - Éléments contribuant au développement
de soi
L'analyse du contenu des entrevues a permis de faire ressortir
certains éléments d'ordre "personnel" pour lesquels les informateurs
ont exprimé leurs perceptions. Les principaux thèmes abordés
ont d'ailleurs servi à structurer l'information recueillie en catégories
spécifiques.
6.1.1
Effets sur soi-même
Cet aspect est apparu à plusieurs reprises pendant
les entrevues. On peut d'ailleurs faire le rapport avec le milieu scolaire
où les auteurs soulignent chez les PA des programmes qu'ils on étudié,
une amélioration de l'image de soi, tant en ce qui concerne la perception
de soi que la confiance en soi (Laurendeau,
Perreault et Allard, 1993 ; Bowman
et Myrick, 1980, dans Simard
et Ouellette 1989 ; Thompson, 1986 ; Kehayan,
1992 ; Diver-Stammes, 1991
; Hahn & LeCapitaine, 1990)
ou une meilleure connaissance de soi (Kaplan, 1978
cité dans Edge, 1984).
Les informateurs que j'ai rencontrés ont surtout
exprimé leur vécu comme un "changement personnel" tangible.
D'ailleurs la très grande majorité des changements mentionnés
se sont avérés positifs. Les thèmes abordés
par les informateurs s'exprimaient en termes d'épanouissement,
d'ouverture et d'éveil à son environnement
et au milieu qui les entoure. L'ouverture d'esprit et la croissance
personnelle, en découvrant des choses sur soi-même et
en acquérant plus de maturité, sont également ressortis.
Ces sentiments ont particulièrement été reflété
dans les interventions suivantes:
R1 Je trouve qu'en étant ouverte à changer,
petit à petit tu peux devenir meilleure... il n'y a personne de
parfait, il va toujours y avoir des affaires à changer mais je trouve
que je me suis épanouie, puis c'est vrai qu'il m'est arrivé
aussi des affaires dans ma vie personnelle, des fois c'est ça aussi
mais il y a des affaires dont j'ai passé à travers comme
la mort de ma mère... avoir été dans le programme
d'aide cela a bien aidé.
R3 Je pense que oui, je pense que grâce à ça,
ça m'a ouvert l'esprit à un paquet d'affaires, c'est sûr
qu'il y a bien du chemin à faire encore mais oui, je pense que ça
ouvre l'esprit.
R3 Je dirais que oui que cela a changé quelque chose
mais c'est difficile à mettre, comme cela, le doigt sur ce que cela
a changé de façon précise. Mais je suis certaine que
je suis très différente à cause de cela et je suis
certaine que je suis éveillée à certaines choses auxquelles
je n'aurais probablement pas été éveillée.
J'aurais été éveillée à certaines peut-être
mais peut-être pas l'étendue...
R4 Je me vois changer, je suis certaine que ce n'est pas
visible, mais je me vois, à l'intérieur, changer.
R1 Ça fait que je ne sais pas si tu pourrais dire
exactement que c'est le PAE car je trouve que j'ai pas mal grandi depuis
que je suis avec le PAE mais ça se peut aussi que ce soit parce
que je suis plus vieille ou à cause des amis que j'ai autour, ou
les expériences où j'ai passé à travers...
Tu sais c'est tout ça aussi mais... je pense que le fait d'avoir
été avec le programme d'aide aux employés m'a fait
réfléchir bien plus.
R5 J'ai découvert beaucoup qui j'étais par
rapport à cela. Cela m'a beaucoup aidé au niveau de l'estime.
J'aime ce que je fais car ça me rejoint certainement à quelque
part.
Il serait cependant faux de croire que tous les PA ont connu
des changements très importants dans leur vie grâce au programme.
À ce titre on peut regarder de plus près deux des candidats
qui étaient ceux parmi l'échantillon sélectionné
qui avaient le moins d'expérience comme PA et qui avaient également
suivi une formation initiale qui ne les a pas pleinement satisfait. Dans
un cas la candidate manque toujours de confiance en elle :
R6 Puis hier H... me disait qu'il y avait quelqu'un qui
cherchait mon nom. Je lui ai dit : "Ha ! Ha ! Envoie-moi le pas, je ne
saurai pas quoi faire !" (Bien voyons !) Non non, c'est parce que c'est
jamais arrivé. Je ne suis pas vraiment inquiète en fait.
Si cela arrivait, j'irais voir H... à la rigueur pour avoir les
ressources.
R6 Je lui ai dit à H... que je me sentais pas bien,
que je trouvais que je n'avais rien appris, que si quelqu'un vient je ne
saurais pas quoi faire. C'est ça... J'étais sortie de ces
2 semaines là et j'avais trouvé que je n'avais pas appris
grand chose. Là je me suis dit : "je vais paniquer si quelqu'un
vient me voir". Bien là elle m'avait encouragé quand même,
elle m'avait dit : "Bien voyons S..., ton background puis tu es bonne là-dedans,
t'écoutes." C'est vrai que je suis une personne qui écoute.
Elle disait : "Tu sais, les gens te font confiance puis..."
Dans l'autre cas, l'interlocuteur ne semble pas percevoir
chez lui de changement significatif :
R2. Premièrement, disons comme je disais tantôt,
avant l’entrevue, disons que j’ai pas mal d’expérience dans le domaine
de la formation et de l’apprentissage. La formation comme tel m’a pas...
m’a plus ou moins marqué. Mais comme je disais encore, ce qui m’a
marqué durant cette formation-là, c’était le processus
d’aide. Puis c’est là-dessus que j’ai "focusé" tout le temps.
Mais la formation comme tel m’a pas apporté...
Selon Diver-Stammes
(1991) qui a étudié un PPA mis en place dans une école
en milieu urbain dévorisé ayant connu beaucoup de succès,
97% des jeunes PA interrogés avaient été satisfait
de la formation de PA qu'ils avaient reçu. On peut faire un parallèle
entre ce fait et les entrevues conduites avec les candidats R2 et R6, qui
ont tous deux eu un mauvais instructeur et une très mauvaise expérience
lors de leur formation de PA, et le fait que les deux sont plus ou moins
motivés et qu'ils ne s'impliquent pas dans leur communauté
respective. D'ailleurs c'est Limoges (1991) qui explique que la formation
pourrait être évaluée par sa capacité de transmettre
le goût de se perfectionner en tant que pair aidant.
6.1.2
Développement de nouvelles habiletés
La participation au PAE a amené pour plusieurs
le développement d'habiletés d'écoute, de communication,
de compréhension, de même que l'acquisition de nouvelles connaissances
et de nouvelles sources de motivation.
Encore une fois en milieu scolaire, les effets suivants
ont été rapportés : fierté face aux nouvelles
connaissances acquises car ils y voient des applications pratiques dans
"le vrai monde" (Diver-Stammes, 1991)
; une meilleure congruence entre les sentiments/émotions et les
agissements des PA (Thompson, 1986) ; amélioration
des habiletés de communication (écoute active, questions
ouvertes, compréhension) (Laurendeau,
Perreault et Allard, 1993 ; Kehayan, 1992 ;
Diver-Stammes, 1991) ; développement
affectif et social des PA (Hahn &
LeCapitaine, 1990 ; Poulin &
Vigneault, 1986), et enfin, ils démontrent plus d'empathie (Emmert,
1977 cité dans Tindall et
Gray, 1985)
Il est intéressant de souligner l'étude
de Simard et Ouellette (1989),
réalisée au Nouveau-Brunswick auprès de pairs aidants,
qui a mesuré les habilités de communication et l'estime de
soi de ces derniers. Cette étude a relevé, entre autres,
que même au pré-test, les étudiants appelés
à devenir des PA ont obtenu un score substantiellement plus élevé
que ceux du groupe témoin. Cela nous amène à constater
un autre parallèle entre les PA en milieu scolaire et ceux en milieu
de travail car certains informateurs ont rapporté qu'ils possédaient
déjà des habiletés interpersonnelles intéressantes
avant de se joindre au programme :
R4. Disons que le monde me disait que j'étais bien
confortable devant les autres. J'ai gagné des concours d'orateur,
en français justement, au Québec. Je chante aussi, j'ai déjà
chanté devant au-dessus de 700 personnes. Donc, non, non, je ne
suis pas gênée. J'ai une présentation PAE qui est prévue
pour cette semaine et ça va être ma première présentation
et je me sens un peu nerveuse parce que ça va être la première
et puis je veux vraiment faire une bonne job. Pour représenter le
programme. Parce que c'est bien important.
R1 Puis je trouve que je me sens encore mieux à propos
de moi-même, même si j'ai toujours été quelqu'un
qui était positive d'avance, parce que j'ai toujours été...
dans la vie si tu veux que quelque chose aille bien, il faut que tu fasses
quelque chose pour. Donc c'est pas quelqu'un qui vient le faire pour toi.
Mais j'ai toujours été quelqu'un qui était positive
R6 Ça me tentait de faire autre chose que juste mon
travail, m'impliquer un peu ailleurs. Pas que ça m'amène
nulle part, c'était pour aider. Puis j'avais déjà
fait un certificat en animation en 1991, donc je connaissais un peu le
milieu, tu sais comme les techniques d'aide, les choses comme ça.
Donc je me suis dit : Tiens, ça pourrait me faire... Tu sais je
ne voulais pas aller dans le syndicat par exemple, juste faire quelque
chose d'autre.
Dans plusieurs cas cependant la participation au PAE a contribué
au développement ou à l'émancipation de plusieurs
habiletés :
R4. (est-ce que ça t'a changé toi en tant
que personne humaine) Je pense que oui, je pense encore à l'affaire
de tolérance et de patience et l'affaire d'écouter les autres.
Juste l'aspect d'être experte à l'écoute, je pense
que ça change une personne et puis ça améliore peut-être
aussi la personne, tes relations avec les autres. Ça m'a vraiment
donné une appréciation pour le pouvoir de l'ouïe parce
que moi, je suis une personne qui aime beaucoup parler et c'est très
difficile des fois.
R1. Mais maintenant ce que je fais, j'en parle plus comme
quand quelqu'un fait quelque chose de bon je suis plus portée à
le dire. Je communique pas mal plus maintenant mes "feelings" que je le
faisais auparavant. Je communique plus et je trouve que c'est important
et quand je communique, le monde le sait exactement. Tu sais quand tu essaies
de deviner comment quelqu'un pense, c'est pas pareil comme quand tu le
sais. Que ce soit bon ou que ce soit moins bon, c'est pas grave, en autant
que tu le sais.
R5. Ce que cela m'a appris personnellement... c'est sûr
que cela aide à ne pas juger, ce sont toutes des qualités
que les gens ont mais on en devient plus conscient et c'est facile de dire
qu'on écoute bien et qu'on respecte la situation mais lorsqu'on
est mis en position de devoir aider, c'est là qu'on met à
l'épreuve ces choses là.
6.1.3
Motivation
Dans l'ensemble, on peut remarquer que les PA vont chercher
différents facteurs de satisfaction en s'impliquant dans un programme
de pairs aidants. Certains semblent animés de motivations plus altruistes
:
R4. C'est pour ça aussi que le PAE m'intéressait
beaucoup parce que cela remplissait mon désir et mon besoin de faire
du bénévolat pour aider mais à l'intérieur
de mon ouvrage. Ça me donnait du temps pour la famille et j'avais
le temps à l'intérieur du travail à faire ce que je
crois nécessaire, ce que tout le monde devrait faire. Aider les
autres dans la communauté, soit au bureau la communauté du
travail ou la communauté personnelle. Ça revient à
la même chose. On est tous des personnes.
R1. J'ai tellement une bonne vie, je suis tellement "lucky"
d'avoir tout ce que j'ai. Je ne parle pas monétairement parce que
je ne suis pas riche, mais ce n'est pas ça qui est important "anyway".
Je suis tellement contente de ma vie, je suis tellement "fortunate" que
je veux donner, "give back".
R4. J'ai assisté à la session puis 20 minutes
dans la session, j'ai décidé que c'était quelque chose
où moi je voulais donner plutôt que recevoir.
R2 Tu sais, j'aime ça ce domaine-là, d'aider
les autres... c'est mon type. Moi je suis un "F", un type où je
vais favoriser les gens, c'est ça qui compte en premier. Donc, cela
a aidé beaucoup.
D'autres sont plutôt motivés par des considérations
plus personnelles :
R3 Je dirais que mes motivations initiales ont changé
dans le sens que lorsque tu entres dans ce programme-là, c'est certain
que moi je reçois énormément de bénéfices
personnels au niveau d'être à l'affut de tout ce qui se passe
au niveau de la société, toutes les formations qu'on reçoit,
la chance d'aller à des conférences comme celles où
on va. C'est égoïste, mais c'est pas mal ça qui m'a
maintenue dans le programme. Bien je peux pas dire que j'ai eu beaucoup,
beaucoup de clients et que j'en ai tiré une satisfaction très
grande de ce côté là. Quand tu te dis que t'en as pas
eu énormément, tu ne peux pas... tu sais...
R1. Tu sais, c'est le fun d'avoir ça... (le respect),
tu te sens bien dans ta peau quand le monde...pense du bien de toi ? Bien
oui, tout le monde a besoin... d'être aimé ? Oui, exactement.
J'aime bien ça.
R6 En fait pour moi c'est peut-être plus personnel,
pour moi. Tu sais, comme le certificat en animation, je trouve que cela
m'a aidé personnellement. C'est dans ce sens là. Peut-être
suis-je égoïste, je ne le sais pas.
Enfin, certains s'impliquent dans le programme car ils retrouvent
une forme d'évasion d'un travail principal qui n'est pas toujours
intéressant ou encore ils se font d'excellents amis, ce qui semble
combler leur besoin de relation sociales significatives. D'ailleurs, on
peut encore une fois noter que ce sentiment se retrouve également
en milieu scolaire comme le font remarquer Diver-Stammes
(1991) et Poulin & Vigneault
(1986) car pour certains étudiants PA, les autres membres du
PPA représentaient un peu leur "famille". À ce titre les
informateurs rencontrés ont indiqué :
R3. Ça fait tellement longtemps que je suis dans
ma "job", cela en est... tu sais surtout vivre dans un endroit négatif
tout le temps. Tu sais l'aspect positif présentement dans ma vie
du travail, c'est le PAE parce qu'il y a toujours quelque chose d'intéressant,
on est à l'affût de tout ce qui se passe et j'aime ça.
R5 Au premier cours en tant que participant, j'apprenais
tout ce que j'avais à apprendre sur le PAE dans ces 2 semaines là
mais je jouais également un rôle additionnel parce que j'étais
en affectation et je devais être là pour les autres aussi.
Cela a été une découverte, une occasion fantistique.
C'étaient les 2 semaines les plus intéressantes que j'avais
vécu depuis très longtemps.
6.1.4
Niveau des connaissances
Les retombées touchant au niveau de connaissance
n'ont pas encore été analysées à fond car cette
entreprise dépasse les limites raisonnables de ce travail. Une lecture
rapide du verbatim des entrevues me permet cependant d'observer que dans
la plupart des cas, la formation prodiguée par le PAE a été
très appréciée par les PA. Leur participation au programme
leur a également fait réalisé qu'il y avait beaucoup
de ressources communautaires autour d'eux auxquelles ils n'avaient jamais
prêté attention auparavant
6.1.5
Impact sur le plan professionnel
Sera analysé à fond subséquemment.
6.1.6
Gestion du stress
Sera analysé à fond subséquemment.
6.2
Facteurs sociaux - L'influence sur les autres
Bien que certains auteurs (Varenhorst,
1983 ; Evoy, 1983) soulignent que les PA ont également un effet
positif sur leur entourage autre que celui visé par le programme,
peu d'études sont disponibles à ce sujet. On peut cependant
rapporter les travaux de Diver-Stammes
(1991), sur les types de problèmes rencontrés par les
PA en milieu scolaire urbain défavorisé. Elle y relevait
en effet que sur 506 interventions répertoriées suite à
l'évaluation du PPA qu'elle a étudié, 136 d'entre
elles (près de 27%) avaient eu lieu dans un contexte autre qu'à
l'école (parents, amis, voisins, etc.). Ce service peut donc également
avoir un effet sur la communauté dans laquelle vivent les PA.
Encore une fois, le reste de l'analyse de mes entrevues
n'est pas complété mais servira à aller vérifier
l'essence des retombées sur les pairs aidants par rapport à
leur interaction avec leur milieu social : famille, amis, collègues
de travail.
6.2.1
Perception des autres
Sera analysé à fond subséquemment.
6.2.2
Relation avec les proches
Sera analysé à fond subséquemment.
6.2.3
Implication communautaire
Sera analysé à fond subséquemment.
CONCLUSION
À date, je crois que mon étude est bien
lancée. J'ai trouvé très intéressant de diriger
un groupe nominal comme préambule aux entrevues dirigées.
Je suis convaincu que les informations recueillies lors de cette activité
ont grandement facilité la mise sur pied de ma grille d'entrevue.
De plus les différents effets relevés par les participants
au groupe nominal ont grandement facilité la catégorisation
de mes données d'entrevues, ce qui a rendu la codification assez
aisée.
Bien que toute mon analyse ne soit pas complétée,
les résultats préliminaires sont très encourageants.
Mes participants étaient très volubiles et faciles à
approcher. Leurs réponses sont donc faciles à aller chercher
et je n'ai eu aucune difficulté à recruter des candidats
car tous ceux que j'ai approchés ont semblé très enthousiasmés
par ce projet.
Je crois qu'un tel sujet de recherche mérite d'être
étudié car les résultats peuvent permettre de mieux
comprendre la portée des programmes d'aide utilisant des pairs aidants
en milieu de travail à travers l'intervention visant à développer
des réseaux sociaux dans ce milieu. Ce type de programme représente
donc non seulement un aspect préventif auprès des personnes
à risque mais également devient signifivcatif dans sa contribution
à renforcer chez les aidants certains facteurs de robustesse appréciables.
Une étude s'appuie sur d'autres non pas en ce
sens qu'elle reprend l'analyse au point déjà atteint, mais
en ce sens qu'étant mieux documentée et mieux conceptualisée,
elle explore le même sujet d'une façon plus approfondie. (Geertz,
1973, p. 25)
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