L'Analyse qualitative (Séminaire de recherche II) , par Doris Lavoie (avril 1998)

Table des matières

Introduction

1. Contexte de l'étude
1.1 Grille d'analyse contextuelle
1.2 Portée de l'analyse

2. État des connaissances théoriques et empiriques
2.1 Type de relation
2.2 Les facteurs de robustesse

3. Cadre conceptuel
3.1 Le continuum de l'aide
3.2 Les définitions
3.3 La recension des écrits
3.4 La technique du groupe nominal
3.5 L'entrevue semi-dirigée

4. Réflexion méthodologique
4.1 Pertinence de l'analyse qualitative
4.2 Le processus privilégié
4.3 Subjectivité
4.4 Validité interne

5. Méthode utilisée
5.1 Devis
5.2 Instruments de collecte des données
5.2.1 La technique du groupe nominal
5.2.2 La description du groupe nominal
5.3 Les entrevues semi-dirigées
5.3.1 La grille d'entrevue
5.3.2 Les informateurs
5.3.2.1 L'échantillonnage
5.3.3 Le déroulement de l'étude
5.3.4 La codification des données
5.4 Analyse des données

6. Résultats
6.1 Facteurs personnels - Éléments contribuant au développement de soi
6.1.1 Effets sur soi-même
6.1.2 Développement de nouvelles habiletés
6.1.3 Motivation
6.1.4 Niveau de connaissances
6.1.5 Impact sur le plan professionnel
6.1.5 Gestion du stress
6.2 Facteurs sociaux - L'influence sur les autres
6.2.1 Perception des autres
6.2.2 Relation avec les proches
6.2.3 Implication communautaire

Conclusion

Bibliographie



Introduction

Comme indiqué dans de nombreux travaux antérieurs, la question de recherche qui me préoccupe est la suivante:

Perception par les pairs aidants des effets de leur participation au sein d’un Programme d’Aide aux Employés (PAE). Le cas du PAE du ministère de la défense nationale (MDN) pour la région de la capitale nationale (RCN). En choisissant ce sujet de mémoire, une de mes préoccupations était de pouvoir aller explorer en profondeur le vécu des pairs aidants (PA) que je côtoie tous les jours au MDN. L'utilisation d'une méthode de recherche qualitative m'a ainsi permis d'aller creuser plus à fond la question qui me préoccupait, en discutant avec des PA impliqués dans le PAE de la RCN. Les réponses ainsi recueillies, combinées à une importante recension des écrits s'y rapportant, m'ont permis de relever plusieurs éléments significatifs pour les individus ayant reçu la formation et effectué les fonctions de PA à l'intérieur du PAE du MDN, en allant vérifier les motivations et les perceptions d'informateurs échantillonnés. Cet exercice m'a amené à explorer quel itinéraire les a amenés à s'impliquer comme pair aidant, quelle a été leur trajectoire à l'intérieur du PAE et quelles retombées perçoivent-ils pour eux-mêmes et pour deux milieux de leurs réseau social primaire, soit leur famille et leur milieu de travail proche.

Puisque "toute méthodologie scientifique tente de trouver des moyens de résoudre, de façon systématique et crédible, les problèmes que lui pose la juste appréhension du monde" (Laperrière, 1997, p. 365), cet opuscule débute donc par une mise en contexte de ma recherche ainsi que quelques explications sur la portée de ce travail. Il se poursuit ensuite par un survol des étapes préliminaires ayant permis l'élaboration de cette étude et se penche alors sur l'aspect conceptuel derrière la recherche qualitative. L'utilisation faite de la méthode de recherche est ensuite expliquée étape par étape et une partie des résultats analysés est enfin présentée. La littérature n'abondant pas vraiment sur ce sujet spécifique, je me suis donc prêté à un exercice de comparaison entre ce qui est écrit sur les PPA en milieu scolaire, pour examiner si un parallèle pouvait être dressé avec le milieu du travail.

Enfin, je sais pertinemment que les responsables du PAE au MDN sont très intéressés par ma recherche car ils ont toujours eu le sentiment intuitif que les effets de leur programme dépassaient largement la simple relation aidant-aidé en milieu de travail. Ils attendent donc avec empressement de prendre connaissance de mes résultats aussitôt qu'ils seront disponibles. J'ose également espérer que ces résultats permettront également de mieux comprendre la portée des programmes d'aide utilisant des pairs aidants en milieu de travail, en documentant l'apport de leur implication au sein du PAE pour les pairs aidants eux-mêmes. 



1.  Contexte de l'étude

Comme le souligne Laughlin (1995), ce n'est parce qu'on connaît ce qu'est la recherche qualitative que l'on pense de façon qualitative. De plus, "en sciences sociales, on découvre souvent ce qui est devenu invisible par excès de visibilité." (Pires, 1997A, p. 11)

1.1  Grille d'analyse contextuelle
 
Comme indiqué plus tôt, cette étude fut conduite auprès de pairs aidants oeuvrant au sein du PAE du ministère de la Défense nationale, plus particulièrement dans la région de la capitale nationale. Certains éléments contextuels méritent aussi d'être relevés.

       
      1. Dimensions individuelles & collectives i. climat de travail difficile à cause : 
        - des coupures de postes (30% de diminution d'effectifs au cours des 10 dernières années) 
        - du concept de « sécurité d'emploi » qui n'existe pratiquement plus 
        - des nombreux réaménagements de tâches qui signifient souvent "faire plus avec moins".
      ii. tous les Pairs aidants sont avant tout des bénévoles. Leur rôle au PAE se fait pendant les heures de travail et devient donc une "tâche secondaire" qui n'est pas valorisée par l'organisation. 

      iii. les PA forment un groupe assez hétéroclite en ce qui concerne leur(s) : 

      - expérience de travail (régulier) et de PA 
      - statut social et professionnel 
      - formation et connaissances 
      - motivation initiale et continue 
      - habiletés naturelles de communication et d'intervention 
      - personnalité 
      - degré d'implication au sein du PAE et dans leur communauté
      2. Dimensions sociales & culturelles i. au MDN la sociabilité entre collègues de travail, en dehors des heures de bureau, est souvent absente car les gens habitent souvent aux quatre coins de la RCN. 

      ii. le portrait ethnographique des PA est le miroir de la clientèle.

      3. Dimensions politico-économique i. la fonction publique et le MDN sont constamment confrontés à des réductions budgétaires et à un désengagement de l'État vers le Privé (voir 1 i). 

      ii. le PAE du MDN relève d'un politique du Conseil du Trésor. Par contre le choix de la forme utilisant des PA relève des dirigeants des ressources humaines du MDN. 

      iii. les coûts pour les clients du PAE sont partiellement remboursés à travers leur assurance collective mais celle-ci ne défraye qu'une partie des coûts et les PA sont toujours à l'affût de ressources gratuites si possible, même si l'accès à ces ressources est très contingenté.

       
1.2  Portée de l'analyse
 
Dans un autre ordre d'idée, il est important de préciser qu'à l'intérieur de ce séminaire, il était impossible de compléter et de présenter toute l'analyse des données recueillies. J'ai donc fait le choix délibéré, dans ce travail, de porter une attention particulière à l'aspect théorique entourant l'analyse qualitative en explicitant plus en détail chacune des étapes du processus que j'ai suivi. Enfin, j'ai également choisi de ne présenter qu'un des deux pôles d'analyse qui sont ressortis de mon travail sur le terrain, tout en indiquant cependant le travail qu'il reste à faire.

2.  État des connaissances théoriques et empiriques

Dans la plupart des entreprises modernes d'envergure, l'intervention sociale en milieu de travail s'exerce à travers un Programme d'Aide aux Employés (PAE). Ce programme peut revêtir diverses formes (professionnel sur place, agence externe, pairs aidants). Cette recherche se penchera plus particulièrement sur la forme de PAE existant au ministère de la Défense nationale (MDN) soit celle utilisant des pairs aidants.

Puisque ma recherche porte plus spécifiquement sur le PAE du MDN, je laisse le coordonnateur national du PAE (Laperrière, 1996, p. 2) définir comme suit la portée de son programme :

    "Le PAE fournit de l'aide confidentielle aux employés qui demandent volontairement cette aide ou à ceux qui en ont besoin et qui l'acceptent volontairement à la suite d'une recommandation de la direction. Ceci peut se produire dans le cas où le rendement au travail fléchirait en raison d'un problème personnel, d'un problème de santé ou de comportement ou de tout à la fois. Le programme suppose au départ que le milieu de travail se prête bien à une intervention rapide auprès de ces employés et favorise chez eux le désir de demander de l'aide ou de suivre un traitement."
Plusieurs études intéressantes, examinant l'impact d'un PAE sur les organisations en ce qui concerne le rapport coûts/bénéfices et les changements organisationnels ou de conditions de travail, sont disponibles (Blum et Roman, 1995; Bureau of National Affairs, 1987; Amaral, 1988; Morin, 1996). Il apparaît certain que l'intervention sociale en milieu de travail rapporte des bénéfices évidents pour les entreprises. Par contre mon objet de recherche se situe à un différent niveau. Ainsi, Domnick-Pierre (1985, p. 171) a noté qu'une approche utilisant le concept de pairs aidants comme forme d'entraide favorisait la création de réseaux solides à l'intérieur de l'organisation et que les individus aidants en tiraient autant de bénéfices que les aidés. C'est donc autour de cette thématique que j'ai développé ma recherche en examinant si le fait de recevoir la formation et de s'impliquer en tant que pair aidant, amène des retombées qui sont perçues comme significatives dans les diverses sphères de la vie de ces individus quant à leurs relations avec différents acteurs de leur réseau familial et professionnel, tout en me penchant plus précisément sur la nature de ces retombées.

J'ai déjà traité dans un travail antérieur de l'historique et des formes d'intervention en milieu de travail (Lavoie, 1997A) ainsi que de l'origine et de la pertinence des programmes de pairs aidants (PPA) (Lavoie, 1998A). Pour les fins de ce travail d'analyse, je me garderai donc de répéter le produit de toute la réflexion que j'ai déjà effectuée en ce qui a trait aux connaissances théoriques et empiriques sur le sujet, en me contentant de ne relever que les grandes lignes plus spécifiques à l'aspect analyse.

2.1  Type de relation

Contrairement aux approches traditionnelles où le thérapeute est l'expert et le client est catégorisé selon un diagnostic donné (McGraw Schuchman, 1997), l'utilisation de pairs aidants élimine l'existence de la relation "dominant-dominé" qu'engendre souvent le contact avec ces experts. Les PA aident régulièrement leurs pairs en établissant avec eux une relation d'égal à égal (Peavy, 1981, dans Losier et Ouellette, 1989 ; Giddan & Austin, 1982). De Rosenroll (1990) quant à lui parle de relation "horizontale", telle que préconisée par les PPA, versus une relation "verticale" entre un client et un professionnel. De plus, une relation "pair-pair" a moins de chance de créer une dépendance que l'habituelle relation "client-professionnel" (Morgan, 1982). McGraw Schuchman (1997) soulève également le fait qu'une relation d'aide peut se développer tout naturellement en une relation d'entraide où l'aidé d'hier peut devenir l'aidant de demain. Ce concept démystifie donc ce type de relation et le rend plus accessible car il renforce le rapport informel d'égal à égal.

Cette particularité de l'aide par les pairs est importante car le côté "naturel" de ces relations interpersonnelles peut facilement s'adapter au contexte familial et même professionnel, où le pair aidant est appelé à traiter d'égal à égal avec les acteurs de son milieu social.



2.2  Les facteurs de robustesse

En examinant de plus près la littérature pertinente à l'objet de ma recherche, j'ai relu ce que la littérature disait sur un autre milieu où des programmes de pairs aidants sont en place depuis plusieurs années: le milieu scolaire. Les recherches dans ce milieu démontrent que les retombées des programmes de pairs aidants ne concernent pas seulement les bénéficiaires de ces programmes mais les pairs aidants eux-mêmes (Poulin et Vigneault, 1986; Ayotte et Roy, 1986; Besecker et Aug, 1985; Edge, 1984; Delworth et coll., 1974; Evoy, 1983; McWilliams, 1979). Pouvais-je en tirer un parallèle avec le milieu de travail ? Voilà une des questions à laquelle cette recherche tente de répondre. Elle prend donc sa source au niveau de tout un questionnement sur les programmes de pairs aidants comme moyen de renforcer les facteurs de robustesse chez ces derniers.

J'ai de plus voulu examiner ce qui motivait les PA à s'impliquer dans le PAE. En fait, si des individus s'engagent comme aidants dans ce genre de programmes et surtout s'ils y poursuivent leur engagement, c'est qu'ils évaluent en retirer quelque chose. Cette recherche a donc tenté d'explorer, entre autres, qu'est-ce que, selon les pairs aidants mêmes, leur implication au sein du PAE leur apporte. À ce titre Guay (1984), lors d'une enquête de motivation auprès de "bénévoles" où un consensus était largement répandu, rapporte que c'est d'abord pour eux-mêmes que les gens s'impliquent dans du bénévolat (désir de vivre des expériences nouvelles, accroître son champ de connaissance, faire des apprentissages, acquérir de nouvelles habiletés et se sentir utile, important et valable). Abdennur (1987, p. 93) abonde d'ailleurs dans le même sens en faisant la distinction entre "l'ancien bénévolat" qui était plutôt motivé par la "charité" et le "nouveau bénévolat" qui reconnaît que le "self-interest" est la principale raison qui pousse les gens vers le bénévolat. Limoges (1991) explique d'ailleurs bien ce qu'il appelle le "tandem égocentrisme-altuisme" quand il discute des motivations des individus bénévoles. En effet chaque bénévole est habité d'une combinaison de raisons égoïstes et altruistes lorsqu'il s'engage dans une organisation à titre d'aidant non rémunéré. En fait,

    La vie sociale est faite de symboles. Le bénévolat n'y échappe pas, d'autant plus que le principe de la charité demeure souvent pratiqué à travers une fonction d'exemplarité. La relation d'aide n'est pas réductible à un don : elle s'insère aussi dans la logique d'un témoignage, d'une pédagogie sur l'existence collective, que les individus et les groupes veulent bien dispenser pour le bénéfice du plus grand nombre possible, à travers la singularité d'un geste. […] Ainsi, la mise en oeuvre de solidarités diverses marque une permanence des idéaux et des comportements humains. (Robichaud, 1997, p. 144)

3.  Cadre conceptuel

3.1  Le continuum de l'aide

Avant de faire état des définitions de base, il m'apparaît important et avantageux de reprendre le modèle conceptuel de Caputo, Weiler et Green (1996) ainsi que de Rosenroll (1990) qui situent l'aide par les pairs au centre de ce qu'ils appellent le continuum de l'aide.

       
      Amis, collègues
      Groupes d'entraide
      Bénévoles
      Pairs aidants
      Groupes de soutien
      Parapro-fessionnels
      Professionnels

       
Ainsi, si on examine la distribution des intervenants en relation d'aide sur ce continuum, on retrouve à une extrémité l'aide professionnelle qui représente la forme la plus "formelle" d'aide et qui est souvent appelée à intervenir en situation de crise. À l'autre extrémité de ce spectre, on retrouve les amis et les collègues qui apportent une aide personnelle gratuite, naturelle et non structurée. Au milieu se situent les PA qui interviendront souvent à un stage précoce avant que la situation ne dégénère en crise et qui servent souvent de pont au cas où une intervention professionnelle s'avérerait nécessaire (de Rosenroll, 1990). Les autres éléments du continuum sont définis dans la partie qui suit.

3.2  Les définitions

Pour traiter de la nature et de la portée de la recherche qualitative ainsi que de sa contribution à la recherche sociale, certains termes incontournables doivent d'abord être approfondis. De la même façon, afin de bien camper l'objet même de cette étude, certaines définitions préalables s'imposent :
Phénoménologie On doit à Husserl, avec la parution de son livre Recherches logiques en 1900, l'origine de cette science qui signifie "science des phénomènes". Elle aspire donc à l'étude systématique de tout ce qui se présente à la conscience, exactement comme cela se présente (Giorgi, 1997).
Recherche qualitative Elle implique une emphase sur les processus et les significations qui ne sont pas nécessairement rigoureusement examinés ou mesurés en termes de quantité, montant, intensité ou fréquence. Les chercheurs qualitatifs sont préoccupés par la nature sociale construite d'une réalité, la relation d'intimité entre eux et leur objet d'étude et les contraintes situationnelles qui influencent l'enquête. Ils cherchent réponse aux questions qui mettent l'emphase sur comment l'expérience sociale est créée quel sens on lui donne. (Denzin & Lincoln, 1994, dans Carney et al. 1997)
Aide Action d'intervenir en faveur d'une personne en joignant ses efforts aux siens (Nouveau Petit Robert, 1995)
Counselling ou Aide par les pairs Une variété de comportements aidants prodigués par des non-professionnels qui s'engagent dans une relation d'aide, de soutien et de recherche de solution avec leurs semblables, tout en évitant d'imposer leur avis ou de prendre la décision à la place de ceux visés par cette aide (Tindall, 1995 ; Tindall et Gray, 1985 ; Edge 1984). Il est à noter que certains auteurs dont Peavy (1977 dans de Rosenroll, 1990) préfèrent le terme "Aide" à "Counselling" car ce dernier terme peut prêter à confusion et insinuer une forme "d'aide psychologique quasi-professionnelle".
Relation d'aide Manière de procéder dans le cadre d'une relation interpersonnelle qui cherche à libérer la capacité de la personne aidée de vivre plus pleinement qu'elle ne le faisait au moment du contact (Auger, 1972 dans Poulin & Vigneault, 1986)  
Relation d'entraide Relation humaine caractérisée par le fait qu'elle soit symétrique et réciproque, où personne n'exerce d'autorité ou d'influence indue sur l'autre et que l'influence s'exerce également dans les deux sens (Bédard & Brault, 1985 dans Poulin & Vigneault, 1986)
Groupes d'entraide (self-help) et groupes de soutien Ces deux formes de groupe regroupent justement des individus partageant un même vécu ou une même préoccupation. La principale différence entre les deux formes est que les premiers regroupent des entraidants fonctionnant de façon autonome. Les groupes de soutien sont par contre formés et animés par une personne ressource (souvent un professionnel) et leurs objectifs sont de discuter de considérations précises selon une problématique ou une préoccupation commune aux membres du groupe (Heap, 1994)
Bénévolat Guay (1984 #Guay ) le définit comme un travail régulier, sans recherche immédiate du gain financier, et dans lequel les rôles d’aidant et d’aidé sont établis nettement. Il est caractérisé par le fait qu’il se situe en dehors des rôles ou des obligations familiales, qu’il n’est l’objet d’aucune contrainte sociale et qu’il exprime une conscience humanitaire et communautaire de même qu’un sens de responsabilité sociale. De Rosenroll (1990) identifie quatre sortes de bénévoles : 
  1. Ceux qui ont déjà un vécu similaire à la situation pour laquelle ils sont bénévoles
  2. Ceux qui ont besoin de l'expérience de travail afin de pénétrer le marché de l'emploi
  3. Ceux qui aiment se sentir utiles
  4. Ceux qui ne sont pas encore actifs dans la communauté ou dans le monde du travail 
Même si certains auteurs, dont Limoges (1984), ont tendance à mêler les notions d'entraidant et de pair aidant, il est important de noter que les premiers s'appliquent surtout au niveau des groupes de "self-help" et que les pairs aidants oeuvrent évidemment au sein de PPA. Ainsi, pour le "self-help", on mise généralement sur le fait d'avoir vécu la situation problématique et d'avoir réussi à la contrôler ou à la solutionner. Pour les PA il n'y a pas nécessairement de similarité au niveau du vécu, ils reçoivent par contre une formation correspondante. (Poulin & Vigneault, 1986)



3.3  La recension des écrits

"La recension des écrits en recherche qualitative ne vise pas tant l'opérationnalisation des concepts permettant un démarrage de la recherche que la définition progressive de l'objet" (Grinnell et Williams, 1990, dans Deslauriers et Kérisit, 1997). D'ailleurs, puisqu'une recherche qualitative commande un contact direct avec le phénomène étudié, son objet se construit non seulement à partir des entrevues recueillies, mais aussi à partir d'un ensemble de textes qui tissent comme un filet de résonances autour de l'objet (Deslauriers et Kérisit, 1997). C'est pour cette raison que ma recension des écrits m'a permis d'examiner les différents aspects propres à divers types d'intervention en milieu de travail, de même que le phénomène de pairs aidants en milieu scolaire. Ce processus s'est d'ailleurs poursuivi tout au long de ma recherche car comme le précisent Strauss et Corbin (1990), durant toute la recherche, il faut continuer à fouiller l'ensemble de la documentation et faire alterner lecture et analyse des données.

3.4  La technique du groupe nominal

Cette technique du groupe nominal a été développée en 1968 par Delbecq et Van de Ven (1971) et fut d'abord surtout utilisée dans le domaine de la gestion. Elle peut cependant très bien s'appliquer en recherche sociale car elle permet de faire l'analyse d'un problème, d'explorer un champ de connaissance, de faire une synthèse globale d'une question, de planifier et de mettre en place des activités ou de procéder à l'évaluation d'une intervention (Chamberland et al., 1996; Meunier, 1994). Mayer et Ouellet (1991) résument d'ailleurs très bien ce procédé qui consiste à réunir un groupe d'experts ou d'informateurs clefs afin de recueillir diverses informations de première main par un processus directif, étapiste et décisionnel résultant ainsi en une liste d'éléments jugés significatifs et classés par ordre d'importance.



3.5  L'entrevue semi-dirigée

Étape critique dans toute recherche de ce type, le travail sur le terrain permet d'aller prendre le pouls réel des acteurs impliqués. Poupart (1997), identifie les 4 grands principes de l'entrevue réussie :

  1. Obtenir la collaboration de l'interviwé
  2. Mettre l'interviewé à l'aise par des éléments de mise en scène
  3. Gagner la confiance de l'interviewé
  4. Amener l'inerviewé à prendre l'initiative du récit et à s'engager
En utilisant des entrevues du type semi-dirigé, j'avais donc le souci de faire le plus de place possible à mes interlocuteurs, tout en m'assurant que la conversation porterait sur des sujets pertinents pour ma recherche.

Les histoires recueillies ne sont pas synonymes d'une réalité absolue, elle sont des représentations reconstruites de l'expérience des gens. Le discours et, plus encore, le texte produit suite aux témoignages recueillis ne représente donc que le moyen par lequel les acteurs sociaux (les interviewés et le chercheur) définissent et reflètent leurs environnements (Hassad, 1993 ; Rhodes, 1996 ; Shelef, 1994).



4.  Réflexion méthodologique

Pour cette partie, je suis allé consulter plusieurs auteurs afin de bien intégrer les différents principes sous-tendant la recherche qualitative. Puisque le sujet est très bien traité dans les différentes publications savantes, j'ai décidé d'illustrer mon propos en le parsemant de plusieurs citations.

4.1  Pertinence de l'analyse qualitative

En recherche qualitative, il est important de présenter le contexte le plus complet possible. À ce titre le chercheur se doit de décrire l'environnement, les participants, les activités et même sa propre subjectivité face à son sujet de recherche (de Rosenroll, 1990).

Pires (1997A) a dressé une liste des caractéristiques propres à la recherche qualitative :

  1. sa souplesse d'ajustement, tant pendant son déroulement qu'en ce qui concerne la construction et la reconstruction de son objet de recherche ;
  2. sa capacité de traiter de sujets complexes ;
  3. sa capacité d'englober des données hétérogènes et même de combiner différentes techniques de collecte de données ;
  4. sa capacité de pouvoir décrire en profondeur plusieurs phénomènes sociaux en permettant au chercheur d'explorer la culture, le contexte et l'expérience vécue des situations étudiées
  5. enfin, son ouverture au monde empirique, son exploration inductive du terrain et même son souci de se pencher sur les cas négatifs ou d'exception.
Si un processus fondamental a été correctement ciblé, les variations observées (et activement recherchées à travers l'échantillonnage théorique) n'entraîneront que raffinement de sa définition, par l'addition de nouvelles qualifications (conditions, stades, conséquences, etc. , qui le rendra encore plus modifiable (et donc plus généralisable). (Laperrière, 1997, p. 382) Chenail (1992) et Cole (1994) abondent d'ailleurs dans ce même sens en précisant que le chercheur doit même développer une curiosité pour l'exception et un hésitation à trouver des explications trop rapides qui s'avèrent souvent réductionnistes. Il ne faut cependant pas perdre de vue une certaine vision d'ensemble. À ce titre, "au lieu d'envisager un ensemble d'observations et de s'efforcer de les subsumer pour y appliquer une règle, on se tourne vers un ensemble d'éléments significatifs (obtenus par présomption) et on tente de les intégrer dans un cadre intelligible" (Geertz, 1973, dans Laperrière, 1997).

La recherche qualitative est donc attentive à la pluralité de constructions de sens et oblige plutôt à acquérir une perception davantage holistique des problèmes et des enjeux et à procéder à un recadrage afin de tenir compte du contexte socioculturel de chaque situation et de comprendre la spécificité et la complexité des processus en jeu (Groulx, 1997). Par contre, "Les avantages de la recherche qualitative doivent être mis en perspective par rapport à ses faiblesses, c'est-à-dire son incapacité de produire des résultats généralisables et son inefficacité pour ce qui est de dégager des relations causales". (Hammersley, 1992, dans Groulx, 1997)



4.2  Le processus privilégié

L'approche phénoménologique est une approche globale, il ne faut pas perdre cet aspect de vue dans l'analyse des données. Par contre une certaine catégorisation est nécessaire afin de discriminer (dans le sens positif du terme) l'information à analyser. L'analyse qui en découle est également appelée analyse thématique. Aronson (1994) la divise en 4 étapes :

  1. La collecte des données. Où des premiers schèmes (patterns) d'expérience peuvent être ressortis ;
  2. Le regroupement des données selon les schèmes ou catégories établies ;
  3. La combinaison de ces pistes en sous-thèmes. Ces thèmes sont souvent le résultat du regroupement d'informations diverses qui ne signifient pas grand chose lorsque pris à part ;
  4. L'élaboration d'un rationnel valide expliquant la sélection des thèmes. Pour ce faire on peut appuyer ses choix sur la littérature pertinente.
4.3  Subjectivité

Les chercheurs qualitatifs veulent maximiser la validité de leurs résultats en exploitant les ressources de la subjectivité plutôt qu'en l'excluant du processus de recherche et ce, dans un contexte naturel. Cette subjectivité se manifeste à travers les choix théoriques du chercheur et de son implication sociale et émotive lors du processus de recherche : choix de la question de recherche et des méthodes d'analyse, délimitation du sujet à étudier et façon d'approcher les informateurs clés (échantillonnage, entrevues, etc.) (Laperrière, 1997). Cela donne une recherche de type interactif où la perspective du chercheur lui permet d'ajuster le processus de recherche selon l'évolution de celle-ci. À ce titre, dans le vécu des personnes, le chercheur obtient un savoir qui prend une valeur épistémologique dans la mesure où le savoir du chercheur et le savoir du groupe dans lequel il se plonge se fécondent mutuellement (Deslauriers et Kérisit, 1997)

Cette implication prolongée permet également d'éviter les pièges relatifs à l'effet temporel d'un phénomène qui pourrait s'avouer faussement représentatif de l'ensemble d'une situation. Elle permet également d'aller explorer la multiplicité des facteurs, des systèmes en place et des perspectives possibles qui structurent une situation (Laperrière, 1997). Enfin,

      La proximité due à une même appartenance sociale ou acquise sur le terrain est généralement perçue comme une condition favorisant une bonne compréhension du groupe étudié. En revanche, elle est également vue comme susceptible de constituer un obstacle, dans la mesure où une trop grande familiarité avec le groupe pourrait empêcher le chercheur de prendre la distance nécessaire pour remettre en question les évidences ou les rationalisations propres au groupe. (Poupart, 1997, p. 195)
Cependant, comme le précise Pires (1997A), dans tout processus qualificatif, qu'on le veuille ou non, le chercheur sélectionne des faits, choisit ou définit des concepts, interprète ses résultats, etc. Cependant, comme le souligne Chenail (1995), les données elles-mêmes doivent demeurer la "vedette" de toute recherche qualitative. Toutefois, l'essence même d'une présentation de résultats d'une recherche qualitative découle de la capacité du chercheur à juxtaposer les données recueillies avec des descriptions, explications, analyses ou commentaires appropriés.


4.4  Validité interne

Pour les fins de cette recherche, afin d'assurer la meilleure fiabilité à mes résultats, je me suis préoccupé de ce qui est communément appelé un "processus de triangularisation" en examinant mon objet de recherche sous trois angles : 1) Par rapport à la littérature disponible ; 2) En allant sur le terrain par une activité de groupe nominal et par des entrevues semi-dirigées ; 3) Et enfin, en me servant de mon expérience personnelle de 16 années comme pair aidant au sein du PAE du MDN.

Laperrière (1997) quant à lui, explique la validité interne telle qu'appliquée à la recherche qualitative :

Les approches qualitatives comptent assurer la justesse et la pertinence du lien entre interprétations et observations empiriques en restituant au sens sa place centrale dans l'analyse des phénomènes humains, par la prise en considération du rôle de la subjectivité dans l'action humaine et de la complexité des influences qu'elle subit en contexte naturel. (p. 384)
5.  Méthode utilisée

5.1  Devis

      Ce qui compte, ce n'est pas le type de données qu'on utilise, mais comment on construit la recherche : les recherches bien construites ont une vie longue ou contribuent à faire avancer nos connaissances ; les autres, quantitatives ou qualitatives, ajoutent plutôt des obstacles à une meilleure façon de voir ou d'intervenir (Bourdieu, 1982 dans Pires, 1997A)
5.2  Instruments de collecte des données

Pour les fins de cette recherche, deux méthodes de collecte de données sur le terrain ont été choisies : le groupe nominal et les entrevues semi-dirigées.

5.2.1  La technique du groupe nominal

La technique du groupe nominal est intéressante car elle permet, au moyen d'une session de remue-méninges en groupe, de faire ressortir dans un premier temps, les principales idées. Elle contribue ensuite à ordonnancer celles-ci afin d'identifier les éléments les plus pertinents. Ayant déjà moi-même participé à une activité de groupe nominal lors d'une recherche antérieure, et selon le conseil de ma directrice de mémoire, j'ai cru bon d'effectuer cet exercice afin de pouvoir explorer un nombre intéressant de pistes touchant mon sujet de recherche. Ces éléments m'ont permis de cibler des pistes de questions probantes, de façon à en établir une grille qui m'a servi de guide d'entrevue pour entrevues semi-dirigées. Pour plus de détails à cet égard, le lecteur peut se rapporté à un travail antérieur présenté à M. Jean-Pierre Deslauriers dans le cadre du séminaire de recherche I.

5.2.2  La description du groupe nominal

Pour mon étude, l'échantillon choisi pour appliquer ce processus de cueillette de données réunissait 9 pairs aidants expérimentés du PAE du MDN. Parmi ces neuf candidats 6 étaient ou avaient été des coordonnateurs locaux du PAE, une était la coordonnatrice au niveau régional, une autre avait également déjà été coordonnatrice régionale et la dernière avait 6 ans d'expérience comme PA Le groupe était composé de 2 hommes et de 7 femmes. Parmi les participants, 4 étaient anglophones (3 unilingues) et 5 étaient francophones (tous bilingues). Afin de faciliter la mise en commun des idées, le groupe s'est mis d'accord pour que le déroulement de la session se fasse en anglais.

La question ouverte suivante leur fut ensuite posée. À noter qu'elle comprenait deux volets :

Veuillez dresser la liste des effets positifs ou négatifs, que la formation et l'implication en tant qu'orienteur au PAE peut avoir sur :

    A. La vie professionnelle, c'est-à-dire, à l'intérieur du milieu de travail proche ou principal ;
       
    B. La vie personnelle et familiale.
Les participants se sont alors appliqués à inscrire à l'écran les différents commentaires, éléments ou opinions qu'ils percevaient comme pertinents pour répondre à ces deux sous-questions.

Les résultats du groupe nominal ont fait l'objet d'une analyse antérieure lors du séminaire de recherche I (Lavoie, 1997B).



5.3  Les entrevues semi-dirigées

Les réponses obtenues lors de l'exercice de groupe nominal, ma propre conception de la question à étudier (avec tous les préjudices et les biais que cela peut comporter), ma revue de littérature ainsi que les directions prises par les interviewés eux-mêmes, m'ont permis de préparer et de réajuster les questions que j'ai posées lors des entrevues individuelles.

5.3.1  La grille d'entrevue

La première partie du questionnaire se voulait plus formelle et consistait à demander aux participants certains éléments de base les identifiant et indiquant leur vécu comme pair aidant au sein du PAE du MDN. Par la suite, puisque j'avais choisi d'utiliser des entrevues semi-dirigées, la deuxième partie était beaucoup moins structurée. Le format préconisé consistait en quelques questions ouvertes ayant pour objectif de diriger le participant vers les éléments d'information que je me devais de recueillir. Je disposais alors d'une grille de points-clefs élaborés à partir des résultats du groupe nominal et auxquels les participants étaient susceptibles de toucher. Si je voyais qu'ils n'abordaient pas d'eux-mêmes certains aspects, je leur posais alors une question en ce sens afin d'aller vérifier s'ils avaient quelque chose à ajouter sur ces points.

5.3.2  Les Informateurs

Poupart (1997) résume bien ce qu'ils représentent :

      L'interviewé est vu comme un informateur clé susceptible précisément d'informer non seulement par ses propres pratiques et ses propres façons de penser, mais aussi, dans la mesure où il est considéré comme représentatif de son groupe ou d'une fraction de son groupe, sur les diverses composantes de sa société et sur ses divers milieux d'appartenance. Dans cette dernière acception, l'informateur est vu comme un témoin privilégié, un observateur, en quelque sorte, de sa société, sur la foi de qui un autre observateur, le chercheur, peut tenter de voir et de reconstituer la réalité (p. 181).
5.3.2.1  L'échantillonnage

Deslauriers et Kérisit (1997) mentionnent que,

      si la régularité et la taille de l'échantillon probabiliste nous permettent de connaître des aspects généraux de la réalité sociale, le caractère exemplaire et unique de l'échantillon non probabiliste nous donne accès à une connaissance détaillée et circonstanciée de la vie sociale. C'est donc au regard des résultats auxquels ils donnent lieu et de sa pertinence que l'échantillon non probabiliste se justifie (p. 97).
Six candidats ont ainsi été sélectionnés pour participer aux entrevues semi-dirigées. Ce choix a été fait à partir de la liste des tous les orienteurs disponibles dans la région de la capitale nationale (RCN). Bien que mon activité de groupe nominal se soit déroulée uniquement en anglais, j'ai fait le choix délibéré de n'approcher que des pairs aidants francophones ou bilingues pour mes entrevues, afin de ne pas avoir à traduire de l'anglais au français mes verbatim. En mélangeant l'anglais et le français, la codification et l'analyse auraient été beaucoup trop compliquées. De plus, à l'exception d'une seule candidate (la candidate R1), je me suis également assuré de ne pas interviewer ceux et celles qui avaient participé à l'activité de groupe nominal afin d'obtenir différentes perspectives.

Pour tous les candidats, le rationnel à la base du choix de ces informateurs a reposé en grande partie sur leur proximité avec mon lieu de travail et sur leur disponibilité. Je me suis également assuré que l'échantillon comprenait des hommes et des femmes de même que des individus ayant une variété d'expérience comme PA. Il faut préciser que je connaissais très bien tous les participants car je suis moi-même impliqué comme pair aidant au sein du PAE depuis plusieurs années. Je n'ai donc eu aucune difficulté à ce que chacun me consacre le temps nécessaire à l'entrevue.



5.3.3  Le déroulement de l'étude

Une lettre d'entente (voir Lavoie, 1997B) fut préparée en deux copies, signée et remise à chaque participant des entrevues. J'en ai également conservé une copie pour mes dossiers. Comme indiqué plus tôt, ma grille d'entrevue a été préparée à partir des réponses obtenues par le groupe nominal. Le format et le contenu fut ensuite approuvé par ma directrice de mémoire et un pré-test fut effectué auprès de celle qui allait devenir la candidate R1 afin d'en assurer la clarté et la justesse des questions à poser. Ce pré-test s'est tellement bien déroulé que ces résultats se sont donc rajoutés à toutes les autres données proprement dites.

Cette grille d'entrevue fut donc utilisée auprès des cinq autres candidats. Chaque entrevue a eu lieu au bureau des candidats et a duré entre 45 et 60 minutes. Toutes les entrevues ont été enregistrées et j'ai moi-même transcrit le verbatim de chacune peu de temps après.

5.3.4  La codification des données

Une pré-catégorisation des données fut effectuée suite aux réponses obtenues suite à la tenue du groupe nominal.. D'autres catégories sont également venues s'ajouter a posteriori selon les réponses obtenues lors des entrevues individuelles. Comme le suggèrent Chamberland et al. (1996), cette double approche s'avérait pertinente puisqu'il s'agit en fait d'une recherche exploratoire. Elle assurait la flexibilité nécessaire pour élargir les perspectives d'analyse en mettant à profit deux méthodes de connaissance complémentaires : la déduction et l'induction (Deslauriers, 1991).

L'ordonnancement des données en catégories et sous-catégories fut ensuite fait en utilisant le logiciel de traitement de texte Wordperfect. Les données codifiées ont d'ailleurs été présentées au séminaire I (Lavoie, 1997B).



5.4  Analyses des données

Même si ma recherche portait sur les retombées perçues par les PA oeuvrant au sein du PAE, dans leur milieu familial et dans leur milieu de travail proche, les données recueillies ne furent pas catégorisées selon ces deux axes, mais plutôt selon la nature même de ces retombées. Deux pôles ressortent donc, soit l'impact pour les PA au niveau personnel et celui au niveau de leurs rapports avec leur milieu naturel.

Une mise en garde est cependant à noter. En effet, bien que cette recherche aie tenté d'examiner si la formation et la participation à un PPA avaient des retombées sur le milieu naturel des PA impliqués, il est impossible de contrôler l'influence de ce milieu sur le PA ainsi que celle exercée par d'autres facteurs externes tels ceux de nature socio-économique, géographiques, psychologique, etc. De la même façon il est difficile de départager si d'autres expériences personnelles ou la participation à d'autres activités requérant diverses habiletés de communication interpersonnelle ont apporté une influence pouvant fausser les résultats de recherche.



6.  Résultats

La littérature spécifique aux PA consultée, reflète surtout la réalité observée en milieu scolaire au cours des quelques trente dernières années. Dans ce milieu, plusieurs programmes de pairs aidants sont en place et fonctionnent activement avec beaucoup de succès. J'ai donc cru bon de faire un parallèle entre les résultats de l'étude que j'ai effectuée et celles en milieu scolaire. Ce qui m'a intéressé à aborder l'analyse sous cet angle est que plusieurs études effectuées dans ce milieu semblent confirmer que ce sont surtout les PA eux-mêmes qui profitent le plus des PPA jusqu'à maintenant (Poulin et Vigneault, 1986). Ainsi, selon les thèmes abordés, les observations de plusieurs auteurs en milieu scolaire, m'ont servi de toile de fond pour donner de la profondeur à mon analyse.

Comme indiqué plus tôt, deux grands thèmes ressortent de l'analyse du matériel disponible. En effet, il semble que les principaux effets ou retombées entraînés par la participation des PA au sein du PAE se situent à deux niveaux principaux : 1) Les individus interrogés rapportent des changements en ce qui concerne la perception de soi (confiance, habiletés interpersonnelles, croissance, etc.) et 2) D'autres impacts, pour la plupart positifs, sont ressentis au niveau de la qualité et du type de relations qu'ils entretiennent avec leur milieu social et professionnel.

Les données recueillies ont donc été analysées selon ces deux angles en tenant compte de la littérature pertinente sur le sujet et en illustrant chacun des thèmes et sous-thèmes au moyen d'extraits de verbatim, tout en identifiant de quel répondant il s'agissait. La nomenclature utilisée pour identifier les répondants s'étend de R1 à R6, selon l'ordre dans lequel ces entrevues ont été conduites. Il est à noter que R2 et R5 représentent les deux hommes de l'échantillon, les autres étant évidemment des femmes.
 
6.1  Facteurs personnels - Éléments contribuant au développement de soi

L'analyse du contenu des entrevues a permis de faire ressortir certains éléments d'ordre "personnel" pour lesquels les informateurs ont exprimé leurs perceptions. Les principaux thèmes abordés ont d'ailleurs servi à structurer l'information recueillie en catégories spécifiques.

6.1.1  Effets sur soi-même

Cet aspect est apparu à plusieurs reprises pendant les entrevues. On peut d'ailleurs faire le rapport avec le milieu scolaire où les auteurs soulignent chez les PA des programmes qu'ils on étudié, une amélioration de l'image de soi, tant en ce qui concerne la perception de soi que la confiance en soi (Laurendeau, Perreault et Allard, 1993 ; Bowman et Myrick, 1980, dans Simard et Ouellette 1989 ; Thompson, 1986 ; Kehayan, 1992 ; Diver-Stammes, 1991 ; Hahn & LeCapitaine, 1990) ou une meilleure connaissance de soi (Kaplan, 1978 cité dans Edge, 1984).

Les informateurs que j'ai rencontrés ont surtout exprimé leur vécu comme un "changement personnel" tangible. D'ailleurs la très grande majorité des changements mentionnés se sont avérés positifs. Les thèmes abordés par les informateurs s'exprimaient en termes d'épanouissement, d'ouverture et d'éveil à son environnement et au milieu qui les entoure. L'ouverture d'esprit et la croissance personnelle, en découvrant des choses sur soi-même et en acquérant plus de maturité, sont également ressortis. Ces sentiments ont particulièrement été reflété dans les interventions suivantes:

    R1 Je trouve qu'en étant ouverte à changer, petit à petit tu peux devenir meilleure... il n'y a personne de parfait, il va toujours y avoir des affaires à changer mais je trouve que je me suis épanouie, puis c'est vrai qu'il m'est arrivé aussi des affaires dans ma vie personnelle, des fois c'est ça aussi mais il y a des affaires dont j'ai passé à travers comme la mort de ma mère... avoir été dans le programme d'aide cela a bien aidé.
         
    R3 Je pense que oui, je pense que grâce à ça, ça m'a ouvert l'esprit à un paquet d'affaires, c'est sûr qu'il y a bien du chemin à faire encore mais oui, je pense que ça ouvre l'esprit.
         
    R3 Je dirais que oui que cela a changé quelque chose mais c'est difficile à mettre, comme cela, le doigt sur ce que cela a changé de façon précise. Mais je suis certaine que je suis très différente à cause de cela et je suis certaine que je suis éveillée à certaines choses auxquelles je n'aurais probablement pas été éveillée. J'aurais été éveillée à certaines peut-être mais peut-être pas l'étendue...
         
    R4 Je me vois changer, je suis certaine que ce n'est pas visible, mais je me vois, à l'intérieur, changer.
         
    R1 Ça fait que je ne sais pas si tu pourrais dire exactement que c'est le PAE car je trouve que j'ai pas mal grandi depuis que je suis avec le PAE mais ça se peut aussi que ce soit parce que je suis plus vieille ou à cause des amis que j'ai autour, ou les expériences où j'ai passé à travers... Tu sais c'est tout ça aussi mais... je pense que le fait d'avoir été avec le programme d'aide aux employés m'a fait réfléchir bien plus.
         
    R5 J'ai découvert beaucoup qui j'étais par rapport à cela. Cela m'a beaucoup aidé au niveau de l'estime. J'aime ce que je fais car ça me rejoint certainement à quelque part.
Il serait cependant faux de croire que tous les PA ont connu des changements très importants dans leur vie grâce au programme. À ce titre on peut regarder de plus près deux des candidats qui étaient ceux parmi l'échantillon sélectionné qui avaient le moins d'expérience comme PA et qui avaient également suivi une formation initiale qui ne les a pas pleinement satisfait. Dans un cas la candidate manque toujours de confiance en elle :
    R6 Puis hier H... me disait qu'il y avait quelqu'un qui cherchait mon nom. Je lui ai dit : "Ha ! Ha ! Envoie-moi le pas, je ne saurai pas quoi faire !" (Bien voyons !) Non non, c'est parce que c'est jamais arrivé. Je ne suis pas vraiment inquiète en fait. Si cela arrivait, j'irais voir H... à la rigueur pour avoir les ressources.
         
    R6 Je lui ai dit à H... que je me sentais pas bien, que je trouvais que je n'avais rien appris, que si quelqu'un vient je ne saurais pas quoi faire. C'est ça... J'étais sortie de ces 2 semaines là et j'avais trouvé que je n'avais pas appris grand chose. Là je me suis dit : "je vais paniquer si quelqu'un vient me voir". Bien là elle m'avait encouragé quand même, elle m'avait dit : "Bien voyons S..., ton background puis tu es bonne là-dedans, t'écoutes." C'est vrai que je suis une personne qui écoute. Elle disait : "Tu sais, les gens te font confiance puis..."
Dans l'autre cas, l'interlocuteur ne semble pas percevoir chez lui de changement significatif :
    R2. Premièrement, disons comme je disais tantôt, avant l’entrevue, disons que j’ai pas mal d’expérience dans le domaine de la formation et de l’apprentissage. La formation comme tel m’a pas... m’a plus ou moins marqué. Mais comme je disais encore, ce qui m’a marqué durant cette formation-là, c’était le processus d’aide. Puis c’est là-dessus que j’ai "focusé" tout le temps. Mais la formation comme tel m’a pas apporté...
Selon Diver-Stammes (1991) qui a étudié un PPA mis en place dans une école en milieu urbain dévorisé ayant connu beaucoup de succès, 97% des jeunes PA interrogés avaient été satisfait de la formation de PA qu'ils avaient reçu. On peut faire un parallèle entre ce fait et les entrevues conduites avec les candidats R2 et R6, qui ont tous deux eu un mauvais instructeur et une très mauvaise expérience lors de leur formation de PA, et le fait que les deux sont plus ou moins motivés et qu'ils ne s'impliquent pas dans leur communauté respective. D'ailleurs c'est Limoges (1991) qui explique que la formation pourrait être évaluée par sa capacité de transmettre le goût de se perfectionner en tant que pair aidant.


6.1.2  Développement de nouvelles habiletés

La participation au PAE a amené pour plusieurs le développement d'habiletés d'écoute, de communication, de compréhension, de même que l'acquisition de nouvelles connaissances et de nouvelles sources de motivation.

Encore une fois en milieu scolaire, les effets suivants ont été rapportés : fierté face aux nouvelles connaissances acquises car ils y voient des applications pratiques dans "le vrai monde" (Diver-Stammes, 1991) ; une meilleure congruence entre les sentiments/émotions et les agissements des PA (Thompson, 1986) ; amélioration des habiletés de communication (écoute active, questions ouvertes, compréhension) (Laurendeau, Perreault et Allard, 1993 ; Kehayan, 1992 ; Diver-Stammes, 1991) ; développement affectif et social des PA (Hahn & LeCapitaine, 1990 ; Poulin & Vigneault, 1986), et enfin, ils démontrent plus d'empathie (Emmert, 1977 cité dans Tindall et Gray, 1985)

Il est intéressant de souligner l'étude de Simard et Ouellette (1989), réalisée au Nouveau-Brunswick auprès de pairs aidants, qui a mesuré les habilités de communication et l'estime de soi de ces derniers. Cette étude a relevé, entre autres, que même au pré-test, les étudiants appelés à devenir des PA ont obtenu un score substantiellement plus élevé que ceux du groupe témoin. Cela nous amène à constater un autre parallèle entre les PA en milieu scolaire et ceux en milieu de travail car certains informateurs ont rapporté qu'ils possédaient déjà des habiletés interpersonnelles intéressantes avant de se joindre au programme :

         
    R4. Disons que le monde me disait que j'étais bien confortable devant les autres. J'ai gagné des concours d'orateur, en français justement, au Québec. Je chante aussi, j'ai déjà chanté devant au-dessus de 700 personnes. Donc, non, non, je ne suis pas gênée. J'ai une présentation PAE qui est prévue pour cette semaine et ça va être ma première présentation et je me sens un peu nerveuse parce que ça va être la première et puis je veux vraiment faire une bonne job. Pour représenter le programme. Parce que c'est bien important.
         
    R1 Puis je trouve que je me sens encore mieux à propos de moi-même, même si j'ai toujours été quelqu'un qui était positive d'avance, parce que j'ai toujours été... dans la vie si tu veux que quelque chose aille bien, il faut que tu fasses quelque chose pour. Donc c'est pas quelqu'un qui vient le faire pour toi. Mais j'ai toujours été quelqu'un qui était positive
         
    R6 Ça me tentait de faire autre chose que juste mon travail, m'impliquer un peu ailleurs. Pas que ça m'amène nulle part, c'était pour aider. Puis j'avais déjà fait un certificat en animation en 1991, donc je connaissais un peu le milieu, tu sais comme les techniques d'aide, les choses comme ça. Donc je me suis dit : Tiens, ça pourrait me faire... Tu sais je ne voulais pas aller dans le syndicat par exemple, juste faire quelque chose d'autre.
Dans plusieurs cas cependant la participation au PAE a contribué au développement ou à l'émancipation de plusieurs habiletés :
    R4. (est-ce que ça t'a changé toi en tant que personne humaine) Je pense que oui, je pense encore à l'affaire de tolérance et de patience et l'affaire d'écouter les autres. Juste l'aspect d'être experte à l'écoute, je pense que ça change une personne et puis ça améliore peut-être aussi la personne, tes relations avec les autres. Ça m'a vraiment donné une appréciation pour le pouvoir de l'ouïe parce que moi, je suis une personne qui aime beaucoup parler et c'est très difficile des fois.
         
    R1. Mais maintenant ce que je fais, j'en parle plus comme quand quelqu'un fait quelque chose de bon je suis plus portée à le dire. Je communique pas mal plus maintenant mes "feelings" que je le faisais auparavant. Je communique plus et je trouve que c'est important et quand je communique, le monde le sait exactement. Tu sais quand tu essaies de deviner comment quelqu'un pense, c'est pas pareil comme quand tu le sais. Que ce soit bon ou que ce soit moins bon, c'est pas grave, en autant que tu le sais.
         
    R5. Ce que cela m'a appris personnellement... c'est sûr que cela aide à ne pas juger, ce sont toutes des qualités que les gens ont mais on en devient plus conscient et c'est facile de dire qu'on écoute bien et qu'on respecte la situation mais lorsqu'on est mis en position de devoir aider, c'est là qu'on met à l'épreuve ces choses là.

6.1.3  Motivation

Dans l'ensemble, on peut remarquer que les PA vont chercher différents facteurs de satisfaction en s'impliquant dans un programme de pairs aidants. Certains semblent animés de motivations plus altruistes :

    R4. C'est pour ça aussi que le PAE m'intéressait beaucoup parce que cela remplissait mon désir et mon besoin de faire du bénévolat pour aider mais à l'intérieur de mon ouvrage. Ça me donnait du temps pour la famille et j'avais le temps à l'intérieur du travail à faire ce que je crois nécessaire, ce que tout le monde devrait faire. Aider les autres dans la communauté, soit au bureau la communauté du travail ou la communauté personnelle. Ça revient à la même chose. On est tous des personnes.
         
    R1. J'ai tellement une bonne vie, je suis tellement "lucky" d'avoir tout ce que j'ai. Je ne parle pas monétairement parce que je ne suis pas riche, mais ce n'est pas ça qui est important "anyway". Je suis tellement contente de ma vie, je suis tellement "fortunate" que je veux donner, "give back".
         
    R4. J'ai assisté à la session puis 20 minutes dans la session, j'ai décidé que c'était quelque chose où moi je voulais donner plutôt que recevoir.
         
    R2 Tu sais, j'aime ça ce domaine-là, d'aider les autres... c'est mon type. Moi je suis un "F", un type où je vais favoriser les gens, c'est ça qui compte en premier. Donc, cela a aidé beaucoup.
D'autres sont plutôt motivés par des considérations plus personnelles :
    R3 Je dirais que mes motivations initiales ont changé dans le sens que lorsque tu entres dans ce programme-là, c'est certain que moi je reçois énormément de bénéfices personnels au niveau d'être à l'affut de tout ce qui se passe au niveau de la société, toutes les formations qu'on reçoit, la chance d'aller à des conférences comme celles où on va. C'est égoïste, mais c'est pas mal ça qui m'a maintenue dans le programme. Bien je peux pas dire que j'ai eu beaucoup, beaucoup de clients et que j'en ai tiré une satisfaction très grande de ce côté là. Quand tu te dis que t'en as pas eu énormément, tu ne peux pas... tu sais...
         
    R1. Tu sais, c'est le fun d'avoir ça... (le respect), tu te sens bien dans ta peau quand le monde...pense du bien de toi ? Bien oui, tout le monde a besoin... d'être aimé ? Oui, exactement. J'aime bien ça.
         
    R6 En fait pour moi c'est peut-être plus personnel, pour moi. Tu sais, comme le certificat en animation, je trouve que cela m'a aidé personnellement. C'est dans ce sens là. Peut-être suis-je égoïste, je ne le sais pas.
Enfin, certains s'impliquent dans le programme car ils retrouvent une forme d'évasion d'un travail principal qui n'est pas toujours intéressant ou encore ils se font d'excellents amis, ce qui semble combler leur besoin de relation sociales significatives. D'ailleurs, on peut encore une fois noter que ce sentiment se retrouve également en milieu scolaire comme le font remarquer Diver-Stammes (1991) et Poulin & Vigneault (1986) car pour certains étudiants PA, les autres membres du PPA représentaient un peu leur "famille". À ce titre les informateurs rencontrés ont indiqué :
    R3. Ça fait tellement longtemps que je suis dans ma "job", cela en est... tu sais surtout vivre dans un endroit négatif tout le temps. Tu sais l'aspect positif présentement dans ma vie du travail, c'est le PAE parce qu'il y a toujours quelque chose d'intéressant, on est à l'affût de tout ce qui se passe et j'aime ça.
         
    R5 Au premier cours en tant que participant, j'apprenais tout ce que j'avais à apprendre sur le PAE dans ces 2 semaines là mais je jouais également un rôle additionnel parce que j'étais en affectation et je devais être là pour les autres aussi. Cela a été une découverte, une occasion fantistique. C'étaient les 2 semaines les plus intéressantes que j'avais vécu depuis très longtemps.

6.1.4  Niveau des connaissances

Les retombées touchant au niveau de connaissance n'ont pas encore été analysées à fond car cette entreprise dépasse les limites raisonnables de ce travail. Une lecture rapide du verbatim des entrevues me permet cependant d'observer que dans la plupart des cas, la formation prodiguée par le PAE a été très appréciée par les PA. Leur participation au programme leur a également fait réalisé qu'il y avait beaucoup de ressources communautaires autour d'eux auxquelles ils n'avaient jamais prêté attention auparavant

6.1.5  Impact sur le plan professionnel

Sera analysé à fond subséquemment.

6.1.6  Gestion du stress

Sera analysé à fond subséquemment.

6.2  Facteurs sociaux - L'influence sur les autres

Bien que certains auteurs (Varenhorst, 1983 ; Evoy, 1983) soulignent que les PA ont également un effet positif sur leur entourage autre que celui visé par le programme, peu d'études sont disponibles à ce sujet. On peut cependant rapporter les travaux de Diver-Stammes (1991), sur les types de problèmes rencontrés par les PA en milieu scolaire urbain défavorisé. Elle y relevait en effet que sur 506 interventions répertoriées suite à l'évaluation du PPA qu'elle a étudié, 136 d'entre elles (près de 27%) avaient eu lieu dans un contexte autre qu'à l'école (parents, amis, voisins, etc.). Ce service peut donc également avoir un effet sur la communauté dans laquelle vivent les PA.

Encore une fois, le reste de l'analyse de mes entrevues n'est pas complété mais servira à aller vérifier l'essence des retombées sur les pairs aidants par rapport à leur interaction avec leur milieu social : famille, amis, collègues de travail.



6.2.1  Perception des autres

Sera analysé à fond subséquemment.

6.2.2  Relation avec les proches

Sera analysé à fond subséquemment.

6.2.3  Implication communautaire

Sera analysé à fond subséquemment.



CONCLUSION

À date, je crois que mon étude est bien lancée. J'ai trouvé très intéressant de diriger un groupe nominal comme préambule aux entrevues dirigées. Je suis convaincu que les informations recueillies lors de cette activité ont grandement facilité la mise sur pied de ma grille d'entrevue. De plus les différents effets relevés par les participants au groupe nominal ont grandement facilité la catégorisation de mes données d'entrevues, ce qui a rendu la codification assez aisée.

Bien que toute mon analyse ne soit pas complétée, les résultats préliminaires sont très encourageants. Mes participants étaient très volubiles et faciles à approcher. Leurs réponses sont donc faciles à aller chercher et je n'ai eu aucune difficulté à recruter des candidats car tous ceux que j'ai approchés ont semblé très enthousiasmés par ce projet.

Je crois qu'un tel sujet de recherche mérite d'être étudié car les résultats peuvent permettre de mieux comprendre la portée des programmes d'aide utilisant des pairs aidants en milieu de travail à travers l'intervention visant à développer des réseaux sociaux dans ce milieu. Ce type de programme représente donc non seulement un aspect préventif auprès des personnes à risque mais également devient signifivcatif dans sa contribution à renforcer chez les aidants certains facteurs de robustesse appréciables.


BIBLIOGRAPHIE