Table des Matières
LISTE DES RÉFÉRENCESL’accessibilité aux services sociaux et de la santé n’est pas apparue du jour au lendemain mais a dû franchir plusieurs étapes à mesure que la conscience sociale des divers pays se développait. Ce travail débute donc par un résumé succinct de l’article de Majnoni d’Intignano (1993) qui traite de l’avènement des politiques sociales à travers les principaux courants historiques. Il fait ensuite le point sur quelques aspects plus critiques du texte étudié et termine par une brève réflexion sur cet exercice.
2 - Résumé et mise en situation
Majnoni d’Intignano introduit tout d’abord les origines des politiques sociales, avec l’avènement des "Poor Laws" en Angleterre (1601) qui, à part quelques rares initiatives étatiques constituent les premières interventions à caractère social formel. Avec elles, naissait la démarcation entre indigents invalides (les pauvres méritants), qui avaient droit à une aide monétaire, et indigents valides (les non méritants), qui étaient enrôlés dans une forme de "workfare" pour un salaire dit "de subsistance".
Avec la révolution industrielle et l’exode vers les grandes villes apparaît alors le phénomène nouveau du travailleur pauvre l’ouvrier. Devant l’inégalité croissante de la répartition de la richesse collective, d’importants mouvements sociaux naissent: syndicalisation, marxisme, socialisme, social-démocratie. Des concessions sont alors faites aux travailleurs et plus tard à l’ensemble de la population. Le graphique de P. Flora (1984) proposé par l’auteur (p. 20) résume d’ailleurs très bien la progression des politiques sociales des divers pays impliqués.
L’auteur explique également que l’avant-gardisme de l’Europe est en partie due à deux systèmes distincts : celui de Bismarck en Allemagne et celui de Beveridge en Angleterre. Le premier dit système "d’assurances sociales" repose sur l’assurance professionnelle obligatoire (p. 23), tandis que le deuxième, dit système "de sécurité sociale" repose sur la solidarité entre les citoyens, financée par l’impôt (p. 23). C’est avec ce dernier (1942) que naît le Welfare State ou État providence sous les trois grands principes suivants : Universalité, Unicité et Uniformité.
Majnoni d’Intignano observe également que d’autres courants de pensée ont influencé les politiques sociales de divers pays : le marxisme-léninisme (pays de l’Est), les principes de "sécurité sociale" (en France) et le libéralisme ou le darwinisme social (États-Unis). L’auteur poursuit aussi en déplorant le retard français qu’il explique par diverses conjectures. Il termine enfin en expliquant l’approche sociale-démocrate privilégiée par les syndicats et les mouvements politiques européens et la compare à la stratégie syndicale beaucoup plus libéraliste prévalant aux États-Unis.
Il est important de prendre conscience que les politiques sociales nous touchent en fait de trois façons : 1) comme citoyen(ne)s, 2) comme employés et 3) comme travailleurs sociaux (car nous devons travailler avec la clientèle pour laquelle elles ont été conçues). Il est donc tout à fait utile et pertinent d’en comprendre les fondements et la progression historique. J’ai donc trouvé que l’auteur avait bien su rendre cet aspect en offrant une perspective historique éclairante et syncrétique, qui fait état du parcours parfois laborieux du concept d’État-providence. Le rythme de l’article est soutenu et le propos est juste et succinct. L’auteur fait cependant un choix quelque peu inique en s’étendant en longueur sur les politiques sociales françaises qui n’ont, en mon sens, apporté que peu d’innovations d’un point de vue global. Il est également à déplorer que l’auteur taise complètement la contribution du rapport Marsh de 1943 au Canada. Il faut toutefois avouer que ce dernier s’était grandement inspiré des théories keynésiennes et du rapport Beveridge anglais pour proposer ses réformes.
Majnoni d’Intignano laisse à penser que la progression des politiques sociales dans le monde, s’est faite de façon assez rectiligne et son utilisation du graphique de Flora (ibidem) contribue d’ailleurs à supporter cette conception controuvée. Cependant, comme certains collègues du groupe l’ont d’ailleurs habilement fait remarquer, cette quasi-absence d’aléas socio-historiques rend très peu justice aux mouvements populaires, aux luttes et aux combats de ceux qui ont lutté pour que ces besoins sociaux soient reconnus et qu’ils aboutissent à des politiques sociales gouvernementales tant attendues.
Un aspect qui m’a étonné est le fait que l’auteur ne fasse que très peu référence à la typologie très reconnue proposée par Esping-Andersen (1990, p. 21). Celle-ci aiderait pourtant à départager les différentes politiques sociales des pays abordés selon les caractéristiques de leur État-providence : conservateur, libéral et social-démocrate. Cette typologie serait à mon sens très utile et, bien qu’elle soit assez catégorique, elle aurait sans doute su faciliter la tâche d’intégration pour le lecteur en campant très bien les principaux courants de pensée en matière de politique sociale. De ce fait, l’auteur aurait eu avantage à s’en inspirer pour y intégrer les modèles de Bismarck et de Beveridge, ou pour expliquer l’influence des intellectuels de l’époque sur la social-démocratie. De fait, l’utilisation de cette typologie aurait sans doute aidé l’auteur à mettre en perspective son argument historique et à mieux décrire la situation actuelle dans les principaux pays en cause.
Enfin bien que l’ordonnancement de l’information véhiculée soit assez clair, un résumé des principales influences, sous forme d’un tableau synoptique succinct, aurait certainement bien servi à mieux situer le lecteur.
4 - Bilan critique de l’expérience et conclusion
J’ai apprécié l’opportunité de pouvoir lire tous les textes avant les présentations en classe. Je crois de plus qu’il aurait été difficile d’offrir un commentaire pertinent sur le texte que j’avais à présenter, sans avoir pu le mettre en perspective suite à la lecture des autres textes du recueil. De la même façon, j’ai trouvé que la discussion en classe avait été très intéressante car chacun des exposés m’a également permis de mieux intégrer ces différents textes. Enfin, j’ajouterais que les interventions de tous les participants sont grandement venues étayer cette perception car plusieurs arguments très pertinents ont soulevés chez moi certaines remises en questions.