Étude des effets sur les pairs aidants de leur participation
au sein d'un Programme d'Aide aux Employés (PAE), dans la perception
de ces pairs aidants et dans celle des principaux acteurs de leur réseau
social primaire. Le cas du PAE du ministère de la défense
nationale (MDN).
par Doris Lavoie
Directrice du mémoire : Lucie Fréchette
TABLE DES MATIÈRES
1. Définition de la problématique
1.2 Bref historique de l'intervention en milieu de travail
1.4 Pertinence sociale et organisationnelle de l'utilisation des pairs aidants en milieu de travail
1.5 Les effets sur les pairs aidants générés par cette forme de relation d'aide
2.2 Caractéristiques des réseaux
2.3 Caractéristiques de l'intervention en milieu de travail
4.2 Les entrevues semi-dirigées
Dans la plupart des entreprises modernes d'envergure, l'intervention sociale en milieu de travail s'exerce à travers le Programme d'Aide aux Employés (PAE) en place. Ces programmes peuvent revêtir diverses formes (professionnel sur place, agence externe, pairs aidants). Cette recherche se penchera plus particulièrement sur la forme de PAE existant au ministère de la défense nationale (MDN) soit celle utilisant des pairs aidants.
L'objectif de cette recherche est d'aller vérifier auprès de ces pairs aidants, leurs perceptions quant aux effets reliés à leur implication au sein du PAE et si ces effets se retrouvent également dans diverses sphères de la vie des pairs aidants. Je tenterai d'examiner si le fait de s'impliquer en tant que pair aidant amène des retombées qui sont perçues comme significatives dans la vie de ces individus quant à leurs relations avec différents acteurs de leur réseau familial et professionnel et quelle est la nature de ces retombées.
Cet opuscule se veut un exposé de la démarche de recherche que je compte entreprendre dans le cadre de mon projet de mémoire en travail social. Dans cette recherche, je propose d'étudier les effets de la participation des pairs aidants, au sein d'un Programme d'Aide aux Employés (PAE), dans la perception de ces pairs aidants et dans celle des principaux acteurs de leur réseau social primaire. Pour ce faire j'examinerai de plus près le cas du PAE du ministère de la défense nationale (MDN).
Pour ce faire, après avoir défini la problématique en exposant les origines de l'intervention sociale en milieu de travail et en expliquant la pertinence d'un modèle de PAE basé sur le concept de pairs aidants, je m'appliquerai à analyser ce modèle d'intervention à travers le paradigme des réseaux sociaux.
Je compte ensuite conduire ma recherche sur le terrain au moyen de groupes nominaux, dans un premier temps, afin de bien camper ma grille d'entrevue. Cette grille d'entrevue me servira ensuite à rencontrer, dans le cadre d'entrevues semi-dirigées, un échantillonnage de pairs aidants oeuvrant au sein du PAE du MDN ainsi que certains membres de leur réseau primaire, afin d'aller vérifier les motivations et les perceptions des individus échantillonnés en explorant quel itinéraire les a amenés à s'impliquer comme pair aidant, quelle a été leur trajectoire à l'intérieur du PAE et quelles retombées perçoivent-ils pour eux-mêmes et pour deux milieux de leurs réseaux sociaux primaires, soit leur famille et leur milieu de travail proche.
J'ose espérer que les résultats de cette recherche permettront ainsi de mieux comprendre la portée des programmes d'aide utilisant des pairs aidants en milieu de travail en documentant l'apport de leur implication au sein du PAE pour les pairs aidants eux-mêmes.
1. Définition de la problématique
Comme Beaudoin (1987, p. 16) le précise, «on parlera de problème social s'il y a prévision collective que la dégradation d'une situation va se poursuivre selon le processus enclenché et produire des conséquences inacceptables ou de moins en moins acceptables». En milieu de travail on retrouve donc trois sortes de situation problématique :
«Le PAE fournit de l'aide confidentielle aux employés qui demandent volontairement cette aide ou à ceux qui en ont besoin et qui l'acceptent volontairement à la suite d'une recommandation de la direction. Ceci peut se produire dans le cas où le rendement au travail fléchirait en raison d'un problème personnel, d'un problème de santé ou de comportement ou de tout à la fois. Le programme suppose au départ que le milieu de travail se prête bien à une intervention rapide auprès de ces employés et favorise chez eux le désir de demander de l'aide ou de suivre un traitement.»
Bernard et al. (1986) abondent d'ailleurs dans le même sens en précisant que le milieu de travail représente un milieu d'intervention privilégié. De ce fait, l'employé perturbé possède plusieurs acquis auxquels il tient (réseau social, travail, reconnaissance sociale, ...) auxquels il tient et pour lesquels il est prêt à accepter de l'aide pour s'en sortir.
Plusieurs études intéressantes, examinant l'impact sur les organisations en ce qui concerne le rapport coûts/bénéfices, les changements organisationnels ou de conditions de travail, sont disponibles (Blum et Roman, 1995; Bureau of National Affairs, 1987; Amaral, 1988; Morin, 1996). Il apparaît certain que l'intervention sociale en milieu de travail rapporte des bénéfices évidents pour les entreprises. D'ailleurs, Navran Associates (1996) ont également mené une étude importante auprès de plusieurs compagnies ayant fait la liste du magazine «Fortunes» où 80% des 1000 entreprises recensées possédaient une forme ou une autre de PAE. Ils ont ainsi conclu que les PAE ne représentaient pas une activité qui saignait à blanc les ressources financières des entreprises mais qu'ils avaient au contraire un effet très positif sur toutes les ressources de l'entreprise autant sur l'aspect financier du "retour sur l'investissement" que du point de vue "humanitaire et social".
1.2 Bref historique de l'intervention en milieu de travail
C'est au début des années 1940 avec les «Occupational Alcohol Programs», que les premiers programmes d'aide aux employés (PAE) ont fait leur apparition aux États-Unis. À l'époque, ils étaient basés sur le modèle AA et visaient essentiellement les problèmes reliés à l'alcool et le travailleur buveur problème. Ce n'est que vers les années '70, que le «counselling industriel» a commencé à élargir l'éventail des domaines auxquels les principaux programmes s'adressaient (maritaux, financiers, stress, légaux, psychosociaux, etc.). (Madore, 1987; EAP Directory, 1996; Rhéaume, 1993)
Au Québec, ce n'est qu'au début des années '80 que les PAE ont commencé à se développer et à se regrouper dans des organisations telles l'AITQ (Association des intervenants en toxicomanie du Québec), l'AQPRAI (Association des personnes ressources en programme d'aide dans l'industrie), pour enfin aboutir avec la CQPRAI (Chapitre québécois des programmes d'aide).
En ce qui concerne la fonction publique fédérale, le Conseil du Trésor a adopté le concept de PAE en octobre 1977, en sommant les différents ministères de se doter d'un programme en deçà de cinq ans. Pour les membres de la fonction publique à l'emploi du MDN, après plusieurs recherches, négociations et discussions, un modèle d'intervention basé sur le concept de pairs aidants fut élaboré et le PAE a été «officiellement» lancé à l'automne 1982 avec la formation des premiers employés choisis/bénévoles et l'implantation d'une structure organisationnelle pour l'appuyer. Il est intéressant de dénoter qu'au sein de ce ministère, les pairs aidants sont aussi appelés "orienteurs" ou "referral agents" (en anglais) car l'essentiel de leurs fonctions consiste à "orienter" ou à "référer" leurs clients vers les ressources externes appropriées.
Quant au Québec, c'est en 1986 que le gouvernement a décrété que chaque ministère ou organisme gouvernemental devait se doter d'un PAE (Rhéaume, 1993, p. 45)
Cameron (1990) explique qu'on peut identifier quatre formes de soutien apporté par le réseau social : le soutien concret (aide matérielle ou instrumentale), le soutien éducationnel (amélioration des habiletés et des connaissances), le soutien émotionnel (encouragement, écoute, etc.) et le soutien axé sur l'intégration sociale (contacts, appartenance, etc.). L'intervention via l'implantation d'un programme de pairs aidants visera donc à agir à chacun de ces quatre niveaux.
De façon générale, il est cependant important de préciser qu'il existe trois formes principales de services de PAE (Beaudoin, 1986) :
Externe-externe. Où les services d'accueil sont fournis par des professionnels étrangers à l'organisation (contrat à travers une firme spécialisée) et le «traitement» est prodigué par des ressources externes. Le premier contact peut être offert sous la forme d'entrevue téléphonique ou en personne ;
Interne-externe. Où les services d'accueil sont fournis par des individus (professionnels ou pairs aidants ou une combinaison des deux) embauchés par l'organisation et le «traitement» est prodigué par des ressources externes. Le PAE offre alors un nombre limité d'entrevues avec le client avant de le référer vers des ressources de la communauté (publiques ou privées) ;
Interne-interne. Où les services d'accueil sont fournis par des professionnels embauchés par l'organisation et ces derniers prodiguent également le «traitement» à l'interne. Les conseillers du PAE offrent alors des services de thérapie qui peuvent varier du court au plus ou moins long terme. Les clients peuvent également être référés à des ressources externes lorsque la situation l'exige.
Pour les fins de cette recherche, la forme d'intervention qui me préoccupe de plus près est celle basée sur le concept de pairs aidants, c'est-à-dire une approche non spécialisée. À ce titre, le modèle interne-externe s'y prête le mieux. Il faut cependant noter que les intervenants à l'interne, oeuvrant au sein d'un tel programme, ne sont pas des professionnels mais des aidants naturels formés, appelés «orienteurs»(MDN) ou «délégués sociaux» (FTQ). Ce ne sont ni des «conseillers» ni des «thérapeutes», mais ils fournissent aux autres employés des services d'écoute et d'aiguillage vers les ressources de la communauté. En fait, «On trouve dans la plupart des milieux de travail, des gens identifiés comme des «aidants naturels», ce sont les gens vers lesquels les ouvriers se tournent automatiquement quand il y a des problèmes.» (Domnick-Pierre, 1985, p. 173). Froland et al. (1981) identifient également trois raisons principales pouvant favoriser l'implantation de programmes de pairs aidants en milieu de travail :
la rationalisation des coûts, car la main-d'oeuvre non professionnelle coûte à prime abord moins cher ;
la participation sociale, où la présence de réseaux favorise une participation de la population (des employés) au niveau de la mise en oeuvre et de la distribution de services au sein de l'organisation ;
l'efficacité organisationnelle, car les ressources humaines de l'organisation sont maximisées.
1.4 Pertinence sociale et organisationnelle de l'utilisation des pairs aidants en milieu de travail
Selon Rhéaume (1993), l'attention accordée à la santé mentale en milieu de travail est directement liée à plusieurs changements sociaux où la promotion de la Santé (en termes médicaux ou psychologiques) prend une place de plus en plus importante. Les PAE s'inscrivent donc implicitement dans cette tendance. Pour la forme de PAE qui me préoccupe, la formule de pairs aidants en milieu de travail est très originale mais jusqu'à date, peu d'entreprises l'utilisent. En fait, selon les écrits consultés, en ce qui concerne la fonction publique fédérale, seuls les Services correctionnels canadiens et Transport Canada ont adopté un modèle de PAE semblable à celui du MDN, c'est-à-dire basé sur le concept d'«orienteurs» (Rockhurst Consulting Group Inc, 1993). Cette formule offre par contre beaucoup de potentiel car elle mise sur les forces internes de l'entreprise et fait d'une pierre deux coups en amenant ces entreprises à investir dans la formation de leurs propres employés qui se portent «bénévoles» pour aider leurs collègues. Le pouvoir d'intervention est ainsi partagé parmi les employés au lieu d'être concentré dans un service médical ou de ressources humaines bureaucratique ou encore d'être donné à contrat auprès d'une firme externe spécialisée. Cette approche tente de cette façon de recréer une certaine socialisation interne en favorisant le développement de réseaux secondaires «non formels» au sein des employés en difficulté afin qu'ils y fassent appel pour améliorer leur santé mentale et par le fait même redevenir ensuite plus productifs. Ayotte et Roy (1986, p. 13) abondent d'ailleurs dans ce sens :
«L'utilisation des ressources non professionnelles et l'action sur l'environnement ont aussi été retenues comme des avenues à exploiter du côté de l'intervention en santé mentale. L'action bénéfique des non professionnels n'est certes pas nouvelle. Cependant la reconnaissance de ces ressources par les professionnels à titre de collaborateurs potentiels des services traditionnels (organisationnels) est relativement nouvelle et s'est appuyée sur divers rationnels. Les arguments en faveur des ressources non professionnelles font valoir à la fois leur potentiel préventif, thérapeutique et protecteur pour l'individu, son milieu et la communauté.»
Tourigny et al (1989) soulignent quant à eux plusieurs avantages des programmes de pairs aidants : moindre coût, amélioration des réseaux de soutien et d'entraide, possibilité d'élargir les services offerts en rejoignant plus de clientèle, une grande disponibilité, une meilleure connaissance du milieu et du contexte social et culturel de l'organisation, l'aspect préventif du développement social des aidants et des aidés, etc.
De plus, comme le précisent Tousignant et al. (1987, p. 120), l'intervention par les pairs vise l'amélioration de la quantité et/ou de la qualité du soutien dans un groupe. En milieu de travail, on enseigne ainsi des techniques de relation d'aide, d'écoute active et d'empathie à des pairs soigneusement sélectionnés par un comité conjoint patronal-syndical. Ces pairs aidants, en plus de rencontrer les employés en difficulté, font également la promotion du programme, fournissent et distribuent de l'information et font de la prévention dans leur milieu de travail.
De façon générale, les différents acteurs en cause trouvent leur compte à l'intérieur de ce modèle d'intervention en milieu de travail. L'organisation retrouve un employé plus productif, le coordonnateur peut s'appuyer sur le réseau de pairs aidants qu'il aura développé pour l'assister dans son intervention, l'employé en difficulté retrouve une oreille attentive et est dirigé vers une ressource appropriée à ses besoins et les pairs aidants (orienteurs ou délégués sociaux) sont revalorisés et mieux équilibrés suivant chaque intervention.
D'ailleurs la plupart des syndicats, dont la FTQ, voient d'un très bon oeil ce concept de programme en milieu de travail :
«L'objectif du programme [de délégué(e) social(e)] vise à développer des réseaux d'entraide dans les milieux de travail. [...] [La formation donnée] ne vise nullement à former des spécialistes ou des thérapeutes, mais plutôt des personnes à l'écoute des besoins du milieu, capables de référer les personnes aux ressources existantes dans la région. [...] Ceux et celles qui s'engagent dans le programme de délégué(e) social(e) sont déjà identifié(e)s dans leur milieu comme des aidant(e)s naturel(e)s. Dès lors le programme permet de structurer, d'étendre, d'élargir cette action. [...] Nous privilégions une intervention qui se fait entre pairs, d'égal à égal, ce qui favorise l'émergence d'un climat de confiance. D'ailleurs, le but de l'intervention n'est pas d'amorcer une thérapie mais plutôt d'assurer un accompagnement, un suivi sur les lieux de travail. En somme, ce que nous privilégions c'est la multiplication de réseaux d'entraide auxquels les personnes puissent avoir recours au besoin» (Sylvestre et Caron, 1987, p.10-11)
1.5 Les effets sur les pairs aidants générés par cette forme de relation d'aide
Domnick-Pierre (1985, p. 171) a dénoté qu'une approche utilisant avec succès le concept de pairs aidants comme forme d'entraide favorise la création de réseaux solides à l'intérieur de l'organisation et que les individus aidants en tirent autant de bénéfices que les aidés :
«Le lieu de travail est un environnement social et une occasion d'interaction sociale qui représente pour plusieurs une source de satisfaction. Par contre, la qualité des relations varie et peut devenir une source d'anxiété, de stress et de mécontentement au travail. Il est nécessaire de développer le bien-être de l'employé et d'améliorer les relations sociales en favorisant les occasions de support social en milieu de travail. [...] La qualité des relations sociales est un déterminant majeur du bien-être et la possibilité d'interaction positive peut devenir une importante source de satisfaction en milieu de travail.»
C'est d'ailleurs autour de cette thématique que je développerai ma recherche. Je me propose ainsi d'aller vérifier auprès des pairs aidants, leurs perceptions quant aux effets reliés à leur implication au sein du PAE. On peut sans doute affirmer que les pairs aidants font partie de ce «support social en milieu de travail». Leur engagement dans les PAE s'inscrit dans une dynamique de création et d'entretien d'un milieu de travail préoccupé par la qualité de vie de ses membres. Les pairs aidants s'avèrent des intermédiaires favorisant la résolution de problèmes chez les «aidés» en milieu de travail. Parallèlement, dans les milieux scolaires, les recherches démontrent que les retombées des programmes de pairs aidants ne concernent pas seulement les bénéficiaires de ces programmes mais les pairs aidants eux-mêmes (Poulin et Vigneault, 1986; Ayotte et Roy, 1986; Besecker et Aug, 1985; Edge, 1984; Delworth et coll., 1974; Evoy, 1983; McWilliams, 1979). En est-il de même en milieu de travail ? Voilà une des questions à l'origine de cette recherche qui prend sa source au niveau de tout un questionnement sur les programmes de pairs aidants comme moyen de renforcer les facteurs de robustesse chez ces derniers.
En fait, si des individus s'engagent comme aidants dans ce genre de programmes et surtout s'ils y poursuivent leur engagement, c'est qu'ils évaluent en retirer quelque chose. Cette recherche se propose donc d'explorer qu'est-ce que, selon les pairs aidants mêmes, leur implication au sein du PAE leur apporte. Il sera donc intéressant de vérifier certains éléments observés par Guay (1984, p. 149) lors d'une enquête de motivation auprès de "bénévoles" où un consensus était largement répandu, à savoir que c'est d'abord pour eux-mêmes que les gens s'impliquent dans du bénévolat (désir de vivre des expériences nouvelles, accroître son champ de connaissance, faire des apprentissages, acquérir de nouvelles habiletés et se sentir utile, important et valable). Abdennur (1987, p. 93) abonde d'ailleurs dans le même sens en faisant la distinction entre «l'ancien bénévolat» qui était plutôt motivé par la «charité» et le «nouveau bénévolat» qui reconnaît que le «self-interest» est la principale raison qui pousse les gens vers le bénévolat.
Je fais ainsi l'hypothèse que les effets se retrouvent dans diverses sphères de la vie des pairs aidants. Je tenterai par cette étude exploratoire d'examiner si le fait de s'impliquer en tant que pair aidant amène des retombées qui sont perçues comme significatives dans la vie de ces individus et quelle est la nature de ces retombées. Pour ce faire, je me propose de demander aux pairs aidants, dans le cadre d'entrevues semi-dirigées, si leur participation au sein du PAE a eu un impact quant à leurs relations avec différents acteurs de leur réseau familial et professionnel (collègues de travail, superviseur, famille).
Les résultats de cette recherche permettront ainsi de mieux comprendre la portée des programmes d'aide utilisant des pairs aidants en milieu de travail en documentant l'apport de leur implication au sein du PAE pour les pairs aidants eux-mêmes. Ainsi l'intervention utilisant les réseaux sociaux en milieu de travail sera mieux comprise dans son aspect préventif non seulement auprès des personnes à risque mais également dans sa contribution à renforcer chez les aidants certains facteurs de robustesse appréciables (estime de soi, appartenance, débrouillardise, entregent, etc.). Cet aspect préventif peut également représenter une «plus value» pour l'entreprise car elle lui permet de miser sur ses forces internes en investissant dans la formation de ses propres employés qui se portent «bénévoles» pour aider leurs collègues.
Dans la perspective qui me préoccupe, il appert qu'une approche systémique et écologique pourra me permette de décrire le plus adéquatement le sujet que je traiterai. De fait, ce modèle me servira afin de vérifier si effectivement l'engagement comme pair aidant, la formation reçue à ce titre et l'expérience de relation d'aide qui s'ensuit amènent des retombées sur différents systèmes entourant ces pairs aidants à savoir, la famille et le milieu de travail. Il me permettra également de vérifier quel système est le plus affecté et quelles est la nature de ces retombées.
La littérature consultée indique que selon le modèle écologique, les environnements proches et même ceux éloignés influencent l'individu et sont influencés par celui-ci. Dans ma recherche, j'aborderai ces environnements sous l'angle de «réseaux» auxquels appartiennent les pairs aidants. D'ailleurs, selon Guédon (1984, p. 17-18), les premiers modèles théoriques de réseaux sociaux remontent au milieu des années '70 avec des auteurs comme Lorrain (1975), White et Berger (1976), Fischer (1977) et Boissevain (1974). Leurs travaux ont ainsi amené les professionnels de l'aide psychosociale à reconnaître que l'être humain est un être social et ne peut être traité qu'en individu isolé.
Pourquoi utiliser le paradigme des réseaux ? Tout d'abord, l'analyse des réseaux permet de mettre en rapport les différents niveaux de la réalité, dans une perspective structuro-fonctionnaliste mais sans perdre de vue l'encastrement de petits groupes et d'individus dans la structure sociale qui les entoure. De plus,
«L'analyse des réseaux n'offre pas uniquement un cadre théorique intéressant, elle met à notre disposition des instruments permettant une approche structurelle de l'étude. D'ailleurs, la littérature propose à ce sujet des stratégies de description de modèles de relations sociales. Enfin, entre autres dans le domaine de l'aide sociale, les réflexions courantes concernant les réseaux ne sont pas trop ancrées dans une vision théorique ou dans des expériences empiriques.» (Vranken et al., 1996)
À ce titre, on peut poser l'hypothèse que les employés qui s'engagent comme pairs aidants ont un effet direct sur les autres employés en difficulté qui les consultent dans le cadre du PAE. Par contre, il est possible que cet effet puisse être également ressenti à travers les rapports de ces pairs aidants avec leur propre réseau social primaire (famille, amis, collègues et/ou voisins) ou même secondaire (institutions, personnes ressources, collectivité).
Chaque analyse des réseaux part du fait que la structure sociale de toute société est elle-même construite en réseaux de relations sociales. Comprendre cette structure de relations est plus important pour comprendre la réalité, que de se concentrer sur les caractéristiques individuelles des acteurs. L'analyse des réseaux est donc basée sur des données relationnelles, c'est-à-dire les liaisons créées entre un acteur et au moins un autre. Les relations sont donc des caractéristiques de systèmes relationnels. C'est pourquoi Vranken et al. emploient le terme «flux de biens sociaux». Il s'agit ici de biens qui sont appréciés par des membres d'un système social et qui sont également pertinents pour la mobilité sociale. Il peut s'agir de biens matériels ou de prestations de services, mais il est également possible qu'on confère un soutien moral ou qu'on transmette de l'information. En étudiant l'influence du réseau sur le flux des biens, ses caractéristiques se révèlent alors comme une source d'information sur le flux de biens sociaux potentiel. La force de l'analyse des réseaux consiste justement en ce qu'on puisse évaluer non seulement les caractéristiques du flux réel mais également celles du flux potentiel des biens sociaux.
2.2 Caractéristiques des réseaux
Le paradigme des réseaux permet d'étudier l'intervention d'une perspective structuro-fonctionnaliste sans négliger le monde concret qu'est le milieu du travail. Guédon (1984, p. 18) résume bien cette question en observant que :
«Le recours à la notion de réseau social semble avoir enrichi considérablement plusieurs secteurs des sciences humaines. [...] Le principal apport de cette notion réside dans le fait qu'elle réconcilie les approches macro-sociologiques et micro-sociologiques, ou même psychologiques, en considérant l'individu dans sa dimension d'acteur social, en permettant d'incorporer les actions des individus aux processus sociaux»
Dans le cadre d'une recherche à caractère scientifique, on peut discerner trois sortes de caractéristiques des réseaux : les caractéristiques interactionnelles, celles liées à la composition et les caractéristiques morphologiques.
Les caractéristiques interactionnelles d'un réseau. Utilisées dans l'analyse des réseaux, ce sont : l'intensité des relations (fréquence, durée, portée émotionnelle, multiplexité de la présence des autres dans la vie des individus) et la parenté (famille immédiate ou élargie).
La composition d'un réseau. On fait ici référence aux caractéristiques positionnelles des personnes dans le réseau c'est-à-dire l'influence instrumentale qui peut être exercée et la quantité d'information possédée sur les moyens sociaux.
Les caractéristiques morphologiques d'un réseau. Le terme «morphologie» résume un certain nombre de caractéristiques de la structure d'un réseau : l'ampleur (le nombre d'acteurs présents dans le réseau de l'individu), la densité du réseau (la solidarité réciproque entre les membres d'un réseau), la diversité (peu d'offre de biens vs éventail hétérogène de biens disponibles) et la centralité du réseau (présence d'acteurs centraux dans le réseau). C'est surtout à ce dernier niveau qu'intervient le PAE.
2.3 Caractéristiques de l'intervention en milieu de travail
Puisque les intervenants du PAE se présentent comme des acteurs centraux dans le réseau de l'employé en difficulté, ils constituent une plaque tournante d'un nombre de flux de biens et peuvent influencer l'accès aux biens sociaux. Tousignant (1987, p. 4) souligne d'ailleurs que ce sont les significations symboliques attribuées aux personnes du réseau qui peuvent être importantes même si elles peuvent quelque fois dépasser la réalité. Ce rôle symbolique signifie alors que certains employés peuvent en venir à dépendre de ces «acteurs» qui ont un certain pouvoir sur eux. La formation des orienteurs (pairs aidants) comprend donc une mise en garde face à ce potentiel de dépendance. Il devient alors intéressant d'aller vérifier si, d'un aspect systémique, ce rôle de «plaque tournante» peut être transposé en partie dans les autres réseaux des pairs aidants.
La pertinence sociale d'un PAE basé sur une telle approche et utilisant avec succès le concept de pairs aidants, est évidente quant on postule que cette forme d'entraide favorise la création de réseaux solides à l'intérieur de l'organisation et que les individus aidants en tirent autant de bénéfices que les aidés :
«Le lieu de travail est un environnement social et une occasion d'interaction sociale qui représente pour plusieurs une source de satisfaction. Par contre, la qualité des relations varie et peut devenir une source d'anxiété, de stress et de mécontentement au travail. Il est nécessaire de développer le bien-être de l'employé et d'améliorer les relations sociales en favorisant les occasions de support social en milieu de travail. [...] La qualité des relations sociales est un déterminant majeur du bien-être et la possibilité d'interaction positive peut devenir une importante source de satisfaction en milieu de travail.» (Domnick-Pierre, 1985, p. 171)
On peut cependant déplorer que la plupart des études passées, en milieu de travail, ne se soient penchées que sur les bénéfices pour les aidés. Elles ont ainsi souvent ignoré les retombées pour les «orienteurs», c'est à dire les gens formés pour opérer le PAE. Par contre, l'impact sur les pairs aidants a surtout été examiné pour les programmes de jeunes (dans les écoles par exemple). Plusieurs études traitent ainsi de ce sujet (Poulin et Vigneault, 1986; Ayotte et Roy, 1986; Varenhorst, 1983; Besecker et Aug, 1985; Edge, 1984; Delworth et coll., 1974; Evoy, 1983; McWilliams, 1979). Les résultats de ces recherches démontrent que la participation aux programmes de pairs aidants amènent chez les étudiants «aidants» des retombées en ce qui concerne leur développement affectif, émotionnel et social ; leur apprend à améliorer leurs relations sociales ; à développer des habiletés de prise de décision et de résolution de problèmes ; et contribue à créer chez eux un sentiment d'appartenance à l'école. Le travail de recherche sur l'intervention en milieu de travail que je propose me permettra entre autres, d'examiner s'il est possible de tracer des liens entre l'essentiel des conclusions de ces études et le vécu des pairs aidants dans un contexte de PAE.
Puisque ma recherche sera concentrée sur le concept de pairs aidants oeuvrant au sein d'un PAE en milieu de travail, il est d'abord pertinent de définir quelques paramètres importants et d'établir un terrain commun pour ce qui a trait au vocabulaire utilisé.
Guay (1984), dans le contexte de la relation d'aide activée par des aidants naturels, définit d'ailleurs le bénévolat comme un travail régulier, sans recherche immédiate du gain financier, et dans lequel les rôles d'aidant et d'aidé sont établis nettement. Il est caractérisé par le fait qu'il se situe en dehors des rôles ou des obligations familiales, qu'il n'est l'objet d'aucune contrainte sociale et qu'il exprime une conscience humanitaire et communautaire de même qu'un sens de responsabilité sociale. Cette définition s'applique bien au concept de pairs aidants en milieu de travail. En effet, ces derniers, également appelés «orienteurs», «délégués sociaux» ou «agent de référence», sont des individus bénévoles possédant de façon naturelle des affinités d'aidant, une maîtrise de soi et une bonne réputation auprès des syndicats et de la gestion (Bernard et al. 1986). On leur enseigne des techniques de relation d'aide, d'écoute active et d'empathie. Le pair aidant, rencontre les employés en difficulté, fait la promotion du PAE, fournissent et distribuent de l'information et font de la prévention dans leur milieu de travail «élargi». Cette intervention se situe donc dans le cadre du programme d'aide aux employés (PAE) qui est en fait l'ensemble des actions prises dans l'organisation pour apporter aide et support aux employés aux prises avec des problèmes personnels compromettant ou pouvant compromettre leur santé, leur équilibre psychologique ou leur rendement au travail (Bernard et al., 1986, p. 9). L'intervention vise alors une amélioration de la qualité du soutien disponible dans un environnement donné : le milieu de travail «élargi» (Tousignant et al, 1987, p. 56).
Bien que plusieurs définitions du terme réseau social existent, Maguire (1989) le définit comme l'ensemble des contacts interindividuels qui permettent à l'individu de garder son identité sociale et lui assurent un soutien affectif, des aides matérielles, des services et des informations de façon à rendre possible le développement de relations sociales ultérieures. Sanicola (1994, p. 29) quant à elle précise que, dans une perspective sociale (et non clinique), l'intervention de réseau visera à favoriser la reconnaissance d'appartenance au réseau existant et entre différents réseaux, plus encore qu'elle ne cherche à produire des liens. Brodeur et Rousseau (1984) parlent également de réseaux primaires (proches, famille, amis, voisins, collègues, etc.) et secondaires (association, institutions, etc.). À ce titre Guédon (1984) appelle d'ailleurs réseau primaire un ensemble naturel d'individus en interaction les uns avec les autres possédant les caractéristiques suivantes : 1) tous les membres d'un même réseau forment une entité collective et se connaissent les uns les autres ; 2) c'est un regroupement naturel d'individus unis par des liens affectifs (positifs ou négatifs) plutôt que fonctionnels ; 3) ces réseaux changent avec le temps selon le contexte de vie de ses individus, les contraintes sociales et les choix personnels de chacun. Les réseaux secondaires, quant à eux, peuvent être qualifiés de formels s'ils sont structurés de façon précise, remplissent des fonctions spécifiques ou fournissent des services particuliers, ou non formels s'ils sont plutôt mis sur pied sur l'initiative de certains membres de réseaux primaires pour répondre à leurs propres besoins afin de trouver des solutions à des difficultés communes sans qu'ils acquièrent un statut véritablement institutionnel (Sanicola, 1994).
Comme précisé plus tôt, cette recherche examinera le cas du PAE tel qu'il existe au MDN. Ainsi, on pourrait qualifier l'intervention PAE par les pairs aidants comme faisant partie du réseau secondaire non formel des individus.
Mon objet d'étude se penchera donc plus précisément sur ces pairs aidants et je m'appliquerai à aller vérifier certaines hypothèses de recherche énoncées plus tôt, rattachées à deux systèmes importants du réseau social de ces pairs aidants, soit le milieu de travail «proche» et la famille. À noter que j'entends par milieu de travail «proche», le milieu habituel où les pairs aidants travaillent tous les jours soit leur emploi régulier dans un service donné. Ce milieu diffère du milieu de travail «élargi», où ces pairs aidants sont appelés à intervenir dans le cadre de leur tâche secondaire ou «bénévole», en tant qu'intervenant du PAE, c'est-à-dire, d'autres points de service desservis par le PAE mais étrangers aux fonctions habituelles des pairs aidants. Les perceptions des acteurs du réseau social formé par ce milieu de travail «proche» seront donc examinées sous deux angles : celles des collègues de travail et celles des autorités hiérarchiques en place. Pour ce qui est du réseau familial des pairs aidants, pour les fins de cette recherche il se limitera au noyau familial immédiat (conjoint et enfants), à celui des frères et soeurs et à la belle-famille.
L'objectif de cette recherche étant d'aller vérifier auprès des pairs aidants, leurs perceptions quant aux effets reliés à leur implication au sein du PAE. Je fais ainsi l'hypothèse que ces effets se retrouvent dans diverses sphères de la vie des pairs aidants. Je tenterai d'examiner si le fait de s'impliquer en tant que pair aidant amène des retombées qui sont perçues comme significatives dans la vie de ces individus quant à leurs relations avec différents acteurs de leur réseau familial et professionnel et quelle est la nature de ces retombées.
Considérant que cette recherche est de nature exploratoire et considérant l'objectif de cette recherche, il m'apparaît adéquat d'utiliser une méthode de recherche à dominante qualitative. Pour les fins de cette recherche, ma démarche méthodologique se fera cependant en deux temps. Dans un premier temps, j'opterai pour la technique du groupe nominal et dans un deuxième temps j'orienterai ma recherche vers une autre méthode qualitative en conduisant des entrevues semi-dirigées.
Cette technique développée en 1968 par Delbecq et Van de Ven (1971) bien que d'abord surtout utilisée dans le domaine de la gestion, peut très bien s'appliquer en recherche sociale car elle permet de faire l'analyse d'un problème, d'explorer un champ de connaissance, de faire une synthèse globale d'une question, de planifier et de mettre en place des activités ou de procéder à l'évaluation d'une intervention (Chamberland et al., 1996; Meunier, 1994). Mayer et Ouellet (1991, cité dans Chamberland et al., 1996) résument d'ailleurs très bien ce procédé qui consiste à réunir un groupe d'experts ou d'informateurs clefs afin de recueillir diverses informations de première main par un processus directif, étapiste et décisionnel résultant ainsi en une liste d'éléments jugés significatifs et classés par ordre d'importance. L'échantillon choisi pour appliquer ce processus de cueillette de données réunira 2 groupes d'orienteurs du PAE d'environ 7 à 10 personnes chacun. Chaque groupe sera appelé à dresser une liste des retombées qu'il juge comme étant les plus probantes, dans diverses sphères de la vie des pairs aidants, résultant de l'engagement de ces pairs aidants au sein du PAE.
4.2 Les entrevues semi-dirigées
Afin de recueillir le plus librement et le plus fidèlement possible les propos des orienteurs en cause et ceux des membres de leurs réseaux, je me propose de préparer une grille d'entrevue comprenant quelques questions fermées et certaines ouvertes afin d'être en mesure de colliger le plus d'impressions et de perceptions possibles. Cette grille d'entrevue sera largement inspirée des résultats obtenus avec les deux groupes nominaux et sera appliquée à un échantillonnage de 6 à 7 pairs aidants oeuvrant comme orienteur pour le PAE du MDN. Certains critères de sélection devront s'appliquer à l'échantillonnage pour faire en sorte que la proportion d'hommes et de femmes, de même que leur langue d'expression, soient sensiblement égales. De plus l'échantillon devra tenir compte de l'expérience des sujets comme pair aidant au sein du PAE. Pour l'instant je désire rencontrer un nombre proportionnel d'orienteurs avec 6 ans et plus, de 3 à 5 ans et moins de 2 ans d'expérience comme pair aidant. Pour des considérations pratiques, les orienteurs sélectionnés devront être en emploi dans la région de la capitale nationale puisque dans un deuxième temps je me propose d'approcher et de recueillir les perceptions du superviseur, de certains collègues de travail et de certains membres de la famille de ces pairs aidants.
Après avoir préparé la grille d'entrevue, je compte la faire vérifier et commenter par un petit groupe d'experts choisis afin de m'assurer qu'elle me permette de répondre aux objectifs de ma recherche. Cette grille sera ensuite présentée aux pairs aidants choisis sous forme d'entrevues dirigées qui s'effectueront en personne. Par contre, pour les entrevues auprès de certains différents acteurs des réseaux sociaux des pairs aidants, je procéderai par sondage téléphonique pour aller vérifier si les perceptions des pairs aidants interrogés quant aux effets dans leurs réseaux, sont partagées par les membres de ces mêmes réseaux. Une analyse qualitative du contenu des entrevues et du sondage téléphonique sera ensuite faite et les résultats seront comparés aux hypothèses de départ.
Les entrevues me permettront donc d'aller vérifier les motivations et les perceptions des individus échantillonnés en explorant quel itinéraire les a amené à s'impliquer comme pair aidant, quelle a été leur trajectoire à l'intérieur du PAE et quelles retombées perçoivent-ils pour eux-mêmes et pour deux milieux de leurs réseaux sociaux primaires, soit leur famille et leur milieu de travail proche.
Tous les participants à cette recherche seront assurés par écrit que toutes leurs réponses et commentaires seront traités dans la plus complète confidentialité. D'ailleurs tous les sujets seront officiellement informés au préalable des objectifs de cette recherche et leur accord formel sera consigné par écrit. Enfin, tous les pairs aidants interrogés devront également donner leur accord formel et par écrit avant que toute personne de leur réseau social soit contactée pour toute entrevue.
Bien que le nombre d'individus échantillonnés soit petit, la diversité des instruments choisis (groupe nominal, entrevues et sondage) permet de multiplier les sources d'information, ce qui atténue le risque d'erreur d'interprétation des données recueillies. Malgré cette limite, le présent projet ouvrira de nouvelles pistes de recherche qui pourraient être ultérieurement approfondies.
De façon générale, afin que cette recherche progresse
d'un pas sûr mais déterminé, le calendrier suivant
est proposé :
Printemps/été 1997 | Revue de la littérature et présentation du projet |
Automne 1997 | Préparation de l'activité «groupe nominal»
et tenue de l'activité
Analyse des résultats Préparation de la grille d'entrevue |
Hiver 1998 | Entrevues semi-dirigées et sondage téléphonique |
Printemps/été 1998 | Analyse des résultats |
Automne 1998 | Rédaction du rapport de recherche/mémoire |
J'espère avoir réussi à démontrer à travers cette proposition de projet, que l'intervention de réseau en milieu de travail au moyen d'un modèle de programme d'aide aux employés basé sur la formation et l'utilisation de pairs aidants est une question est très pertinente en ce qui concerne la pratique sociale en général. Le phénomène des PAE est encore jeune mais est appelé à prendre une importante expansion. De plus, si on regarde la tendance des pouvoirs publics face au social, que les entreprises aient de plus en plus à offrir de tels services si elles veulent attirer et retenir leurs employés. À ce titre, le concept de PAE au moyen de pairs aidants peut s'avérer une alternative intéressante autant au point de vue économique qu'humanitaire.
J'ai choisi d'aborder cette étude sous un angle qui a été très peu exploré jusqu'à maintenant en milieu de travail : celui des effets sur les pairs aidants de leur participation au sein d'un PAE, dans la perception de ces pairs aidants et dans celle des principaux acteurs de leur réseau social primaire. L'objectif de cette recherche étant d'aller vérifier auprès de ces pairs aidants et de certains membres de leur réseau social si le fait de s'impliquer en tant que pair aidant amène des retombées qui sont perçues comme significatives dans les diverses sphères de la vie de ces individus quant à leurs relations avec différents acteurs de leur réseau familial et professionnel et quelle est la nature de ces retombées.
Je crois que cet aspect mérite d'être étudié car les résultats de cette recherche permettront de mieux comprendre la portée des programmes d'aide utilisant des pairs aidants en milieu de travail à travers l'intervention utilisant les réseaux sociaux dans ce milieu, non seulement dans son aspect préventif auprès des personnes à risque mais également dans sa contribution à renforcer chez les aidants certains facteurs de robustesse appréciables.
J'ose donc espérer que ce champ de recherche saura trouver un accueil favorable et je rejoins enfin une observation d'Ashenberg-Straussner (1990, p. 9) qui explique que :
«What makes occupational social work counselling different from social work in other settings is the occupational social worker's need for systemic understanding of the world of work, their knowledge of the differential roles of management and labor, and the impact of the workplace on the functioning of the individual worker.»
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