Synthèse des études de cas en développement local

par Doris Lavoie, décembre 1996

TABLE DES MATIÈRES

INTRODUCTION

CONCLUSION

LISTE DE RÉFÉRENCES

INTRODUCTION

Cette réflexion, qui sert en même temps de synthèse des discussions tenues en classe, se propose, après avoir expliqué la nature des quatre cas d'interventions discutés en sous-groupe, d'en relever certains points de convergence et de divergence. Il est à noter qu'elle n'offre qu'une très courte présentation de chacun de ces quatre cas, il est donc entendu que le lecteur aura pris connaissance des études de cas en cause au préalable. Cette réflexion permettra tout de même de regarder de plus près l'impact de ces interventions sur leur milieu, les rapports entretenus avec les pouvoirs publics et les facteurs pouvant contribuer à leur succès ou leur échec. Ces éléments révèlent ainsi toute leur importance si on considère que :

1. Les interventions

Notre équipe a discuté de quatre cas différents : La Popote roulante d'Aylmer (Francine et Sylvie) ; le quartier Jean-Dallaire (Nadine, Brigitte et Andrée) ; le projet d'intégration des Somaliens dans la Basse-ville d'Ottawa (Marie) et le mien sur le Centre de ressources pour les familles militaires de la région de la capitale nationale (MFRC/RCN).

Il m'est apparu intéressant de relever que dans chacun des cas, on ne pouvait vraiment affirmer, à prime abord, que ces interventions s'inscrivaient nécessairement à l'intérieur d'initiatives de développement économique communautaire (DÉC) spécifiques. Cependant, en y regardant de plus près, il ne fut pas difficile d'identifier plusieurs éléments s'y rapportant. D'ailleurs, Mathieu et al. (1996), dans leur étude sur les quatre CDEC de la région de Montréal, rendent bien cette perspective en notant que,

2. Impact sur le milieu

Afin d'optimiser l'impact des initiatives d'économie sociale, de façon à ce qu'elles répondent adéquatement aux besoins des communautés visées, la littérature consultée explique qu'elles devraient idéalement rejoindre les quatre principes du DÉC en adoptant :

Pour les quatre cas que nous avons examinés, un point commun qui est ressorti se situe au niveau des effets à court terme visés: le bris de l'isolement des individus interpellés par l'effort d'intervention. Il est cependant important de relever que pour trois des quatre cas étudiés (CRFM, Popote, Somaliens), on retrouvait plutôt une approche à caractère "sectoriel", en ce sens que les interventions visaient plus spécifiquement des populations-cibles (familles militaires, personnes âgées semi-autonomes, nouveaux arrivants Somaliens). Ainsi, seul le projet du quartier Jean Dallaire préconisait une approche plus globale, plus "territoriale". À ce propos, ce projet rejoint d'ailleurs une intéressante observation de Dionne (1996) qui souligne que : À ce titre il faut cependant souligner que pour trois des quatre cas (la Popote roulante étant l'exception), la participation des usagers était importante et les changements globaux et intégrés accomplis par les interventions comportaient des aspects structurants à long terme en ce sens qu'elles ont aidé à faire changer les perceptions et les conditions de vie. Ainsi, à travers les efforts de ces organismes, les épouses de militaires ne sont plus des «dépendantes», les Somaliens ne sont plus des «étrangers» tenus à l'écart et les gens pauvres de Jean-Dallaire sont revalorisés en se reprenant en main. De ce fait, et il en va de même pour les quatre cas étudiés, "les notions de partenariat, d'insertion sociale par l'économique, de DÉC, de développement local, de projets et d'acteurs locaux occupent invariablement l'avant-scène de certains débats économiques et sociaux autour de l'enjeu de l'exclusion sociale et de la lutte contre la pauvreté" (Favreau et Lévesque, 1996, p. 134).

3. Rapports avec les pouvoirs publics

Les rapports avec les pouvoirs publics, principalement si ces derniers représentent également d'importants bailleurs de fonds, ne sont pas toujours faciles. Par contre pour les quatre organismes étudiés, le fait d'avoir réussi à établir un partenariat (ou tout au moins une collaboration cordiale) avec les acteurs publics significatifs pour chacun a pourtant joué un rôle déterminant, tant au démarrage que pendant les phases s'ensuivant. Ce partenariat ou cette collaboration doit cependant s'exprimer dans un climat d'équité et de respect mutuel. De ce fait, je rejoins encore une fois Favreau et Lévesque (1996) lorsqu'ils soulignent que :

Il faut cependant rajouter que pour les quatre cas étudiés, le rapport avec les pouvoirs publics fut toutefois facilité par les conjonctures socio-politiques en place. Ainsi, le projet impliquant les Somaliens a pu démarrer car le sujet de l'intégration des immigrants était (et est toujours) «chaud» du côté ontarien ; celui de la Popote roulante s'inscrivait bien dans la visée du CLSC qui voit d'un bon oeil la «déprofessionnalisation» du maintien à domicile (les bénévoles coûtent bien moins cher que les auxiliaires familiales) ; les autorités militaires devaient répondre aux pressions politiques les forçant à mieux s'occuper des familles de leurs troupes ; et les initiatives de DÉC tel le projet du quartier Jean-Dallaire ont la cote de popularité du gouvernement actuel.

4. Facteurs de réussite ou d'échec

Un point qui m'a frappé lors des discussions en grand groupe était l'importance des appuis financiers publics comme facteur d'évaluation pour les différentes interventions. J'étais resté avec l'impression que, jusqu'à un certain point, la perception du «succès» des initiatives d'économie sociale était directement proportionnelle à leur degré «d'indépendance» par rapport aux deniers publics. L'opuscule de Gauthier (1996) m'a cependant fait réaliser qu'en pensant de cette façon je tombais peut-être dans le piège du néo-libéralisme car en fait :

Il est par contre juste d'observer que certains éléments ressortent cependant comme des facteurs significatifs contribuant à la réussite ou à l'échec des interventions. Il est de plus intéressant de constater que, dans la plupart des cas, la disparition d'un facteur de réussite mènerait souvent à l'échec mais que le contraire n'est pas nécessairement vrai. Si on prend l'exemple du CRFM/RCN, la «richesse» de son financement contribue grandement à son succès. Ainsi, si les autorités militaires en venaient à interrompre leur appui financier, ils sonneraient assurément le glas pour cet organisme. Par contre, même si la «résistance» des auxiliaires familiales face aux services de «maintien à domicile» prodigués par la Popote roulante (la ½ heure que les bénévoles passent auprès des personnes âgées est souvent la seule aide de «maintien à domicile» qu'ils reçoivent) s'est pratiquement estompée, la disparition de ce facteur potentiel d'échec, par elle-même, n'assure pas le succès de la Popote.

D'autres facteurs de réussite ont également un certain poids dans la balance du «succès» ou de «l'échec». Ainsi, dans trois des quatre cas, l'opportunité de pouvoir compter sur un ou des intervenants professionnels est certainement un élément contribuant au succès pour ces organismes (CRFM, Jean-Dallaire et projet Somalien). De la même façon, le fait que la demande pour le programme/service soit issue du milieu même (Somaliens, Jean-Dallaire et Popote) et non un programme «parachuté» (CRFM/RCN) assure une implication importante du milieu, contribuant ainsi au succès des programmes en place. À ce sujet on ne peut s'empêcher de dresser un parallèle entre les CRFM et les CJE (Centres Jeunesse-Emploi) car les deux concepts ont été «récupérés» par les pouvoirs publics et implantés de façon «artificielle» dans divers endroits.

De façon générale cependant, parmi les facteurs contribuant au succès des diverses interventions, quelques éléments reviennent souvent. Beauchamp (1995) l'a d'ailleurs bien fait ressortir :

CONCLUSION

Puisque les groupes de discussion avaient été réunis selon une certaine affinité entre les cas étudiés, il est évident qu'il fut plus facile d'identifier les points communs entre chacun que les différences marquées. J'ai cependant trouvé que cet exercice de mise en commun des évaluations a permis un retour nécessaire et un certain recul, afin de mettre en perspective les expériences que nous avons vécues.

Les interventions communautaires s'inscrivant à l'intérieur d'initiatives rattachées à la nouvelle économie sociale (NÉS) ne datent pas d'hier, mais ce n'est que récemment qu'elles peuvent aspirer à tenir le haut du pavé.

La recherche sur le sujet est cependant encore jeune et plusieurs pistes restent à explorer. LISTE DES RÉFÉRENCES Aller vers la page portant sur les PAE : . . . . ou encore sur celle portant sur le psychosocial et le TS : 

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