LE MARXISME

 

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I) DEFINITION DU MARXISME

II) ACTUALITE DU MARXISME

III) LA VIE DE MARX (document audiovisuel)

IV) LA PENSEE DE MARX

 

 

 

 

 

I) DEFINITION DU MARXISME

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- Terme fondé à partir du nom de Karl Marx, philosophe, économiste, homme politique allemand du XIXème siècle (1818-1883).

 

- Au sens strict, le marxisme désigne la philosophie de Karl Marx et de Friedrich Engels (1820-1895), ami et collaborateur de Marx, avec lequel il écrit de nombreux ouvrages.

 

- Au sens large, doctrine de ceux qui se sont réclamés de Marx ou ont été influencés par lui : penseurs, représentants d’un parti, d’un régime politique, etc. Diversité des courants marxistes au XXème siècle qui ont fait subir à la pensée de Marx et d’Engels des déplacements et des réarrangements (notamment Staline).

 

- Le marxisme est à la fois une théorie à prétention scientifique et un projet politique révolutionnaire : il s’agit d’analyser la nature et l’évolution du capitalisme, de dénoncer la misère et l’exploitation qu’engendre le capitalisme, d’oeuvrer à l’instauration révolutionnaire d’une nouvelle société sans classes sociales et sans oppression.

 

II) ACTUALITE DU MARXISME

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- Influence considérable au XXème siècle:

 

·       doctrine officielle des régimes dits communistes jusqu’à l’effondrement du mur de Berlin en nov.1984;

 

·       espoir de salut pour des millions d’hommes;

 

·       a profondément marqué l’évolution des sciences humaines depuis cent ans (histoire, psychologie, économie, sciences politiques, sociologie, etc.).

 

- L’aura extraordinaire du marxisme sur la pensée et la politique a cessé de rayonner à partir des années 80 pour plusieurs raisons : effondrement du système soviétique, crise des partis d’obédience marxiste (les partis communistes, par exemple), déclin profond du marxisme dans l’université. De même, les difficultés rencontrées par la classe ouvrière dans ses luttes, l’entrée dans la crise économique à partir de 1973, l’expérience de la désillusion politique avec le relatif échec de la gauche au pouvoir (en France, par exemple, avec le parti socialiste), ont entraîné progressivement un certain désenchantement et le sentiment d’une impossibilité à changer ou à améliorer l’état de la société. D’où une vigilance, un doute qui fondent sans conteste le rapport actuel des jeunes à la politique (voir le livre d’Anne Muxel, Les jeunes et la politique, pp. 15-21, Hachette, 1996). La génération des années soixante, au contraire, partage des croyances fortes, des marqueurs politiques référés non seulement à des théories existantes, et souvent dominantes, mais aussi à des pratiques cohérentes. Il y a des projets, des revendications dirigées dans le sens d’une vision progressiste de la société ; l’idée de “révolution” sous-tend nombre de comportements et d’espérances ; une grande partie de la jeunesse se pense alors comme un groupe porteur de la nécessité de transformer la société.

 

- La situation qui a suivi l’effondrement du mur de Berlin (novembre 1989) a été marquée par une vigoureuse offensive idéologique autour du thème de la “mort du communisme et du marxisme”, relayé par celui de la “mort des idéologies”. C’était, semblait-il, le triomphe du libéralisme (voir le livre de Francis Fukuyama, La fin de l’histoire) et l’isolement total pour les “derniers marxistes”, particulièrement en France.

 

- Or, dès la guerre du Golfe sans doute (janvier-fèvrier 1991), on en est venu à parler d’un “retour de Marx” dont témoignent de nombreuses publications manifestant une réflexion renouvelée et une modification de l’attitude des éditeurs par rapport à ce qui se passait précédemment : le livre de Jacque Derrida, en 1993, Les spectres de Marx ; l’ouvrage d’Etienne Balibar, La philosophie de Marx, dans la petite collection “repère” visant un large public ; les deux livres de Daniel Bensaïd, Marx l’intempestif et La discordance des temps, salués par le journal Le monde comme marquant ce même retour de Marx. On peut également signaler la tenue, en septembre 1995, à l’université de Paris X, d’un congrès international “cent ans de marxisme, bilan et perspectives” , organisé à l’initiative de la revue Actuel Marx : trois continents furent représentés (Europe, Amérique latine, Etats-Unis) et plus de cent cinquante communications tentèrent de répondre à la question : jusqu’à quel point faut-il conserver une actualité à la pensée de Marx ?

 

- En réalité, la situation actuelle du marxisme est celle d’un grand éclatement, de réalités diffuses et ambiguës qui s’incarnent dans une nébuleuse de revues : Actuel Marx (revue à statut universitaire, animée par des professeurs de philosophie se revendiquant clairement du marxisme), la Revue M (initiée par les dissidents du parti communiste français) , La Pensée (publication du PCF), Critique communiste (revue de la Ligue communiste révolutionnaire), et un ensemble de publications dont la référence au marxisme est plus ou moins explicite (Le monde diplomatique, Alternatives économiques, etc.).

 

- Quant aux organisations politiques, et en se limitant à la France, le panorama du marxisme est également contrasté : les seuls partis qui se revendiquent du marxisme sont le Parti Communiste Français, le courant trotskyste (notamment la Ligue communiste révolutionnaire d’Alain Krivine et Lutte ouvrière d’Arlette Laguiller, candidate aux dernières élections présidentielles), les communistes libertaires (mouvance de l’anarchisme). Dans le parti socialiste, on peut trouver certains courants qui se réclament du marxisme, soit anciens (Poperen), soit récents (des anciens trotskystes du parti communiste internationaliste de Pierre Lambert animent, par exemple, une revue dirigée par Pierre Broué, Le marxisme aujourd’hui ).

 

- Une telle diversité montre bien qu’on ne peut pas parler de marxisme au singulier et qu’il existe une arborescence de courants de pensée différents et souvent antagoniques :

 

·       Le réformisme : courant qui se constitue au sein de la seconde Internationale (1889-1914) et auquel se rattachent, après la seconde guerre mondiale, les partis socialistes occidentaux et les partis communistes. Il s’agit de concilier la liberté politique et la justice sociale sans faire la révolution, en aménageant pacifiquement le système capitaliste.

 

·       Le marxisme-léninisme : courant qui se développe dans la IIIème Internationale (1919) et qui va devenir la doctrine officielle de différents régimes communistes de l’après-guerre. Idée léniniste d’un part d’avant-garde de la classe ouvrière réunissant des révolutionnaires professionnels pour mener à bien la révolution et l’avènement de la société socialiste. Il y a plusieurs tendances :

 

·       le stalinisme : adapter le projet marxiste aux conditions de la Russie (thème du socialisme dans un seul pays); le stalinisme peut être interprété comme une dérive totalitaire et dégénérée, dans des situations historiques bien particulières, du marxisme (cf. L’analyse trotskyste) ;

 

·       le maoïsme, le titisme, etc.

 

·       Les théologies de la libération : elles apparaissent en Amérique latine dans les années 70 : alliance de Jésus et de Marx Þ expériences cubaine et nicaraguayenne (au Nicaragua, lors de la révolution de 1979, trois jésuites participent au gouvernement sandiniste, au grand dam de la hiérarchie catholique).

 

·       Le gauchisme : l’anarchisme, le trotskysme, le che-guevarisme. Ce terme a d’abord été forgé par Lénine pour désigner certains révolutionnaires “trop pressés” qui prônent l’action révolutionnaire immédiate (sans parti, utilisation de moyens illégaux). Expression péjorative également utilisée par les militants des partis communistes officiels pour critiquer les membres des groupes révolutionnaires qui dirigeaient le mouvement de mai et de juin 1968 et qui étaient accusés de pratiquer une politique aventureuse.

 

- Au reste, ce qui a permis de parler de “marxisme”, c’est la constitution des orthodoxies de partis ou d’Etats. Il y a certes, dans la théorie marxiste, un noyau dur : l’analyse et la critique du capitalisme, de la logique marchande qui, aujourd’hui davantage qu’au XIXème siècle, s’est emparée de tout (les biens matériels, la culture, l’information, l’environnement, le corps avec le commerce d’organes …). Mais l’oeuvre de Marx propose plutôt des pistes, pas toujours cohérentes d’ailleurs, des thèmes (l’aliénation, la lutte des classes, le communisme, etc.) qui sont en plein dans notre présent et qui peuvent nous aider à nouer un dialogue avec l’histoire et le progrès .

 

III) LA VIE DE MARX (document audiovisuel)

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- Marx et Engels étaient des intellectuels bourgeois et non des ouvriers Þl’engagement de Marx et d’Engels auprès des ouvriers est le fruit d’un engagement intellectuel et moral.

 

- Cet engagement résulte d’une confrontation avec des situations sociales qui se développent devant leurs yeux et qui les influencent profondément : grèves, misère ouvrière, révolutions (celle de 1848), insurrections (la Commune de Paris), naissance du mouvement ouvrier (associations, syndicats, etc.), etc.

 

- Marx et Engels ont progressivement unifié et transformé la philosophie allemande, l’économie politique anglaise, le socialisme français.

 

IV) LA PENSEE DE MARX

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- Projet général : analyse, à la suite de Rousseau et de Hegel, de la déshumanisation de l’homme dans les sociétés modernes. Il s’agit de combattre toutes les institutions et conditions dans lesquelles l’être humain est un être exploité, mutilé, incapable de se réaliser pleinement.

 

A) LA CRITIQUE DU CAPITALISME

 

 

1) Une théorie de l’exploitation et de l’aliénation

 

- Marx examine, dans Le capital notamment, le fonctionnement du capitalisme. Il montre que :

 

·       la production capitaliste consiste essentiellement en la production de marchandises destinée à être vendue sur le marché (tout devient marchandise: les biens, le temps, les loisirs, le corps humain…);

 

·       la production est effectuée dans des conditions de propriété privée des moyens de production Þ  le pouvoir de disposer des forces productives (instruments de travail : machines, outils, etc., les travailleurs) n’appartiennent pas à la collectivité mais à des firmes séparées (sociétés anonymes, groupes financiers, familles, etc.);

 

·       la production est régie par les impératifs de la concurrence;

 

·       le but de la production est de réaliser le maximum de profit;

 

·       l’ouvrier vend sa force  de travail au capitaliste pour le prix d’un salaire. Mais le capitaliste n’achète pas tout le travail effectué par l’ouvrier, il lui paye uniquement ce qu’il lui faut pour vivre (nourriture, logement, habillement, etc.);

 

·       l’ouvrier peut produire plus de richesses qu’il n’en nécessite pour vivre. Dans sa journée (ex: 8 heures), l’ouvrier travaille d’abord pour son entretien (temps de travail nécessaire : 4 heures, par exemple), puis il continue à travailler gratuitement pour le capitaliste : ce travail supplémentaire (sur-travail : 4 heures qui restent sur sa journée de travail) est appelé plus-value;

 

·       la source unique du profit est la plus-value, c’est-à-dire le surtravail de l’ouvrier. Le travailleur ne reçoit pas les fruits de la richesse qu’il produit, le profit est confisqué entre les mains du capitaliste, propriétaire des moyens de production;

 

·       le développement du machinisme, sous l’impératif de la recherche du maximum de profit, implique une subordination de plus en plus brutale du travailleur à la machine, aux lois du marché :  aliénation Þ le travail humain est réduit à une marchandise; l’homme est réduit au rang de simple chose; le travail de l’ouvrier est un travail forcé; l’objet qu’il produit semble lui échapper Þ au lieu que le travail soit approprié à l’homme, afin de satisfaire ses besoins, c’est l’homme qui est approprié à la machine, selon les fins, purement économiques, du profit.

 

2) Les lois d’évolution du capitalisme

 

- La concurrence conduit le capitalisme à réinvestir en permanence une partie du profit dans l’amélioration de son outil de production. D’où :

 

·       la tendance à la mécanisation de plus en plus grande de la production;

 

·       la concentration des entreprises aux mains de quelques capitalistes, les plus puissants;

 

·       l’augmentation du chômage et la baisse relative des salaires  Þ paupérisation croissante de la population;

 

·       la baisse tendancielle du taux de profit : le capitaliste préfère investir dans des machines, qui augmentent la productivité (donc le profit) et qui ne se révoltent pas, plutôt que dans des salaires. L’augmentation du capital constant (machines, bâtiments) fait baisser le capital variable (les salaires). Seul le capital variable, le travail humain produisent du profit  Þ le profit baisse.

 

·       crises périodiques de surproduction : les capacités de production sont sans cesse augmentées, au détriment des capacités de consommation. Cela entraîne la misère, le chômage, la guerre, qui sont des moyens , pour le capitalisme, de restaurer le profit et de pallier ses contradictions. Ces crises et contradictions doivent s’aggraver et permettre le renversement révolutionnaire du système capitaliste.

 

 

B) Une theorie de la lutte des classes et de la revolution

 

- Selon Marx, la paupérisation qu’engendre le capitalisme conduit à la révolte des opprimés contre le système capitaliste :

 

·       dans la société capitaliste, il y a une lutte permanente qui met aux prises deux classes fondamentales : la bourgeoisie et le prolétariat;

 

·       cette lutte doit conduire à la révolution si les travailleurs savent s’organiser en un parti politique autonome et clairement révolutionnaire.

 

- Cette lutte des classes n’est pas propre au monde capitaliste : elle est le moteur de l’histoire.

 

- Le but de la révolution est de substituer à la société bourgeoise une société communautaire sans classes, dans laquelle la solidarité sociale remplace le désir d’enrichissement individuel comme mobile essentiel d’activité Þ permettre le développement harmonieux de tous les individus.

 

- Conditions : abondance de biens, développement prodigieux de la technique moderne permettant la disparition de la pénurie et l’élévation du niveau de qualification de l’humanité. Mais aussi transformations progressives des mentalités, des rapports entre les individus, de la société en général.

 

- Les étapes de la construction de la société sans classes sont :

 

·       étape de transition du capitalisme vers le socialisme :

           

·       la dictature du prolétariat: l’Etat subsiste pour défendre l’intérêt des travailleurs, mais commence aussitôt à dépérir;

 

·       survie partielle de la production marchande et de l’économie monétaire, de plusieurs classes et couches sociales;

 

·       planification, appropriation collective des grands moyens de production;

 

·       développement de la démocratie et de l’auto-gestion.

 

 

·       étape du socialisme :

 

·       dépérissement des classes sociales par la disparition de l’économie marchande et monétaire;

 

·       disparition de l’Etat;

 

·       autogestion, socialisation des moyens de production, le surtravail du travailleur revient à la société tout entière;

 

·       la rétribution de chacun, même si les besoins de base sont gratuitement satisfaits, continue à être mesurée en fonction de la quantité de travail fournie à la société.

 

·       étape du communisme :

 

·       principe général: “de chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins”;

 

·       disparition de la division du travail, de la séparation du travail manuel et intellectuel;

 

·       la société est organisée sous la forme de communes libres de producteurs-consommateurs, capables de s’administrer eux-mêmes sans aucun organe séparé.

 

- Le communisme est donc l’étape supérieure, ultime, du développement historique après le renversement du système capitaliste. Marx s’est néammoins refusé à “donner des recettes pour les marmites de l’avenir”; l’organisation concrète de cette société n’est pas proposée.

 

- Pour Marx le communisme n’est pas une utopie; il est certes un idéal, une idée régulatrice, un pari sur la rationalité de l’humanité, mais il est inscrit dans le développemnt de l’histoire humaine et suppose que soient réalisées des conditions à la fois économiques, politiques, sociales, culturelles.

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