LA METHODE DE LA DISSERTATION PHILOSOPHIQUE

 

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I) DEFINITION DE LA DISSERTATION

II) DEFAUTS A EVITER

III) REMEDES

 

IV) TRAVAIL DE PREPARATION DE LA DISSERTATION

A - LECTURE DU SUJET

B- LA PROBLEMATIQUE

 

V) LA REDACTION DE LA DISERTATION : INTRODUCTION, DEVELOPPEMENT, CONCLUSION

A. INTRODUCTION

B. DEVELOPPEMENT

Conseils pour l'argumentation. On peut structurer l'intérieur des parties qui constituent le développement de la manière suivante :

C. CONCLUSION

 

VI) LES DIFFERENTS TYPES DE PLAN

1) Le plan dialectique

2) Le plan progressif

 

VII) CONSEILS POUR L'ELABORATION ET LA REDACTION DE LA DISSERTATION A LA MAISON

 

GRILLE D’EVALUATION

 

 

 

I) DEFINITION DE LA DISSERTATION

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-        Qu’est-ce qu’une dissertation philosophique ?

 

-        La dissertation philosophique se définit comme un exercice de la réflexion autonome, comme un raisonnement progressif et rigoureux, tendant à résoudre un problème soulevé implicitement dans l’intitulé initial du sujet, aboutissant à une conclusion claire qui ramasse les résultats essentiels du débat développé dans le cours du devoir.

 

-        Il s'agit donc

 

·       d'une réflexion personnelle sur un sujet, et non d'un défilé de doctrines ou d'une récitation du cours ;

 

·       d'un questionnement du sujet et de la mise en forme d’une problématique;

 

·   d'un raisonnement argumenté et non arbitraire, où l’on éclaircit des concepts et où l’on organise une réflexion sur une thèse. Ce raisonnement doit permettre de répondre à une question soulevée dans l’intitulé du sujet de dissertation.

 

 

II) DEFAUTS A EVITER

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-        Le hors-sujet (rédiger une dissertation sur un sujet voisin ou radicalement différent de celui qui est proposé).

 

-        Le manque de rigueur et de cohérence (absence d’ordre dans la réflexion, de structure, amalgame d’opinions et absence de démonstration rigoureuse).

 

-        L’analyse partielle (réduire le problème à une seule dimension).

 

-        L’analyse superficielle (traiter de tout et de rien à la fois, n’approfondir aucun thème).

 

 

 

-        Oubli des règles formelles de la dissertation (absence d’introduction, de développement argumenté, de conclusion, de paragraphes, de transitions; maîtrise lacunaire de la langue).

 

-        Le jargon pseudo-philosophique (tendance au charabia prétentieux, pratique abusive de néologismes inintelligibles).

 

 

III) REMEDES

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-        Faire un travail sérieux de préparation pour réaliser un plan solide et élaborer une idée directrice qui donnera unité et rigueur à l’ensemble du devoir.

 

-        Creuser et approfondir au maximum l’intitulé du sujet : analyser chaque terme dans sa richesse et sa diversité; saisir les termes du sujet dans leurs relations mutuelles.

 

-        Bien cerner le problème particulier soulevé par le sujet et se méfier des parenthèses et digressions.

 

-        S’exercer fréquemment à la préparation et à la rédaction (travailler quelques uns des sujets indiqués à la fin des fiches de travail).

 

 

IV) TRAVAIL DE PREPARATION DE LA DISSERTATION

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-        Comme pour l'explication de texte, ce travail est indispensable et constitue l'ossature du devoir, son squelette. Ce travail de préparation est à soigner tout particulièrement. On peut suivre, tout au long de l'année, les étapes suivantes :

 

 

A - LECTURE DU SUJET

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1. Rechercher les mots clés et les concepts essentiels

 

2. Analyse des termes (sens, étymologie) et des expressions, dans le contexte du sujet

 

-        Si le mot a plusieurs acceptions, repérer et se limiter à l’acception pertinente pour le sujet. Nécessité ici de travailler avec le dictionnaire philosophique de J. Russ.

 

-        Exemple 1 : “la conscience est-elle source d’illusions ? “ Il s’agit de la conscience psychologique. Toute définition ou allusion à la conscience morale est donc à proscrire.

 

-        Exemple 2 : “ Quelle différence y a-t-il entre désirer et vouloir ? “

 

· Différence : ensemble de caractères distinguant une chose d ‘une autre.

· Désirer : tendre vers un objet que l’on imagine source de satisfaction.

·Vouloir : tendre vers une fin en déployant une énergie réfléchie.

 

3. Inventaire conceptuel

 

-        Mettre à plat tous les termes du sujet et définir leur signification. Pour ce faire, on peut s'aider d'un tableau dans lequel on cherche, pour les notions principales du sujet, les termes voisins, opposés, en relation de dépendance (le dictionnaire philosophique de J. Russ est ici particulièrement utile, qui fournit, à la fin de chaque définition, un tableau d'analyse conceptuelle) :

 

 

Termes voisins

Termes opposés

Termes en relation de dépendance

 

 

4. Résultats de la lecture : sens global du sujet

 

-        Il s'agit ici de dégager le sens majeur de l'énoncé, de telle sorte que le sujet offert à la réflexion soit bien compris, sans contresens ni déviation importants. Le but est de parvenir à une reformulation synthétique du sujet, en faisant apparaître le sens de chaque terme ou expression du sujet.

 

-        Exemple : “ Quelle différence y a-t-il entre désirer et vouloir ? “

 

· Sens des termes : Différence : ensemble de caractères distinguant une chose d ‘une autre.

                                          Désirer : tendre vers un objet que l’on imagine source de satisfaction.

                                          Vouloir : tendre vers une fin en déployant une énergie réfléchie.

 

· La signification du sujet est la suivante : quel ensemble de caractères permet de distinguer l’acte de transcendance vers un objet que l’on aimerait posséder parce qu’il semble source de satisfaction et l’activité réfléchie d’une conscience vers un but déterminé ?

 

 

B - LA PROBLEMATIQUE

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-        La problématique est un jeu de questions organisées aboutissant à la formulation d'un problème philosophique. Il va s'agir ici d'expliciter les problèmes que contient le sujet,  de transformer le sujet en problème, afin de mieux comprendre ce sujet et de dégager des chemins de solutions possibles qui vont justement aider à construire le plan.

 

-        Les étapes suivantes sont conseillées :

 

 

 

1 . Implications, sous-entendus, présupposés du sujet

 

-        Se poser toujours la question à propos du sujet : pourquoi me pose-t-on cette question ?

 

· Exemple : ” Autrui peut-il m’aider ? “ La réponse immédiate est oui. Pourquoi alors me pose-t-on cette question ? Quelque chose ne doit pas aller de soi. Cf  Sartre : autrui peut toujours me conseiller, mais c’est toujours moi qui au bout du compte a la responsabilité de ma liberté; je ne peux jamais me décharger de cette liberté sur quiconque.

 

-        Qu’est-ce qui est supposé dans la question ?  Quels sont les sous entendus de l’énoncé? Que faut-il admettre pour poser une telle question ?

 

· Exemple 1 : “ Imaginer, est-ce seulement nier la réalité ? “ On suppose que l’imagination est effectivement une négation de la réalité, mais que c’est peut-être aussi quelque chose de plus.

 

·     Exemple 2: “ En quoi le langage est-il spécifiquement humain ? “ On suppose que le             

         langage est spécifiquement humain, et qu’il se différencie donc de la communication animale.

 

     2. Recherche du domaine d’étude où le sujet prend sens

 

-        Domaines concrets : politique, religieux, esthétique, métaphysique, etc.

 

·       Exemple : “ Suis-je le mieux placé pour savoir ce que je suis ? “  Domaine : théorie de la connaissance, et plus spécifiquement, les sciences humaines (sociologie, psychologie) opposées à introspection.

 

          3.  Questionnement du sujet

 

-        Mettre en place, à propos de l'énoncé, des questions ordonnées, s'enchaînant logiquement ou se déduisant de la question posée. Ce sont précisément ces questions qui seront examinées dans le corps du devoir et auxquelles on devra fournir des réponses.

 

· Exemple 1 : “ Une société peut-elle se passer de religion ? “. Sens du sujet : un milieu humain organisé où se trouvent intégrés tous les individus est-il en mesure d’exister sans l’institution rendant à Dieu hommage et honneurs ? Questions centrales que fait naître le sujet : la religion, une structure nécessaire à l’équilibre des sociétés et des groupes ? La religion ne tend-elle pas à compenser les impuissances et les manques des groupes humains  et des sujets composant ces derniers ? Les hommes peuvent-ils vivre sans l’infini et l’absolu?

 

· Exemple 2 : “ La science peut-elle tenir lieu de sagesse ? “. Sens du sujet : l’ensemble des connaissances discursives établissant des lois entre les divers phénomènes peut-il remplacer une conduite juste et raisonnable ou en fournir le modèle ? Questions centrales que fait naître le sujet : toute vérité se réduit-elle à la science ? Toute connaissance autre que scientifique doit-elle être considérée comme un épiphénomène sans consistance réelle ? La science est-elle en mesure de légiférer sur toutes choses ?

 

          4. Choix du problème fondamental

 

-        Le questionnement doit permettre d'aboutir à la définition du problème philosophique.

 

-        Qu'est un problème philosophique ?

 

-        C'est le mystère, l'aporie centrale du sujet, le noyau irréductible, l'obstacle qui se présente à la réflexion et dont la solution est incertaine. La réponse apportée à un problème philosophique n'est jamais facile, commode; elle est toujours discutable et peut conduire à des propositions, des solutions, des démarches contraires. Difficulté qui n'est pas due à une volonté de compliquer les choses ou à une faiblesse de l'esprit philosophique : le problème est lié à la condition humaine et à ses ambiguïtés; la réponse philosophique n'est jamais définitive précisément parce qu'elle est un moment d'une quête indéfinie en rapport avec notre être-dans-le-monde, - équivoque, ambigu, difficile.

 

· Exemple 1 : “ L’avenir doit-il être objet de crainte ? “Sens du sujet : la dimension future du temps, qui contient les événements qui ne se sont pas encore produits, mais adviendront certainement, induit-elle nécessairement, de ce fait, l’inquiétude et la peur face à un avenir dont l’inconnu peut paraître plein de menaces ? Questions centrales que fait naître le sujet : n’y a-t-il pas une dimension contradictoire dans l’intitulé du sujet lui-même? L’avenir, n’étant pas donné, ne saurait constituer pour nous un objet réel, lequel est seul, éventuellement, capable de susciter une crainte. L’avenir ne pourrait-il être aussi bien porteur d’espoir ? Problème fondamental : l’avenir, étant lié à mes possibles, ne doit-il pas être, plutôt qu’objet de crainte, porteur d’angoisse ?

 

· Exemple 2 : “ Quelle est la fonction première de l’Etat ? “ Sens du sujet : quel est le rôle le plus important joué par l’organisme constitué d’institutions à l’aide desquelles il régule, oriente la société dont il est ainsi l’organe dirigeant ? “ Questions centrales que fait naître le sujet : L’Etat possède-t-il une fonction ou un rôle ? Ne désigne-t-il pas, au contraire, une entité parasitaire ? L’Etat, contrainte ou organe fonctionnel, puissance de vie ou réalité mortifère ? Est-il vraiment nécessaire ? Qu’en attend la société dans son ensemble? Problème : 1. l’Etat, obstacle ou moyen ? 2. Ou : au service de qui fonctionne l’Etat ?

 

5. Détermination de l’enjeu

 

-        L’enjeu est le gain de pensée apporté par la formulation d’un problème, son intérêt pratique ou théorique; de la solution que nous choisissons au problème philosophique défini précédemment dépendent des choix de vie fondamentaux.

 

· Exemple 1 : “ La mort abolit-elle le sens de notre existence ? “ Enjeu : 1. la question posée, et la réponse qu’on choisit de lui apporter, concernent l’homme concret et dessinent les chemins d’un art de vivre. Comment, en quelque sorte, vivre, accepter, assumer la finitude humaine ? Comment se nourrir de cette dernière pour exalter la vie, vivre heureux ? 2. Autre enjeu possible à partir du problème du sens de notre existence : l’absence de sens de notre existence nous ramène pratiquement au niveau d’une vie animale ordinaire; il s’agit d’un enjeu tout à fait essentiel pour la condition et la spiritualité humaines. En clair, l’homme est-il une figure de l’infini ou bien une pure réalité biologique ?

 

· Exemple 2 : “ La science a-t-elle le monopole de la vérité ? “ Problème fondamental: le savoir affectif peut-il être répudié dans l’accès au vrai ? L’enjeu : si la science a le monopole du vrai, que devient alors l’ordre du coeur et de la sensibilité ? Ce qui est mis en jeu dans cet intitulé, c’est, d’une certaine manière, notre destin existentiel tout entier. La science va-t-elle, en effet, entièrement organiser ma vie ?

 

6. Choix de l’idée directrice devant guider la dissertation

 

-        Définir ici clairement sa propre thèse, ce que l'on entend démontrer, le fil directeur que l'on va suivre. Une dissertation est une argumentation à partir d'une thèse que l'on va elle-même confronter à d'autres thèses.

 

7. Plan détaillé

 

a)     Choix du type de plan en fonction de l'intitulé et de la stratégie personnelle (voir VI, “ les différents types de plan “) : plan dialectique, plan  progressif essentiellement. Il ne saurait toutefois y avoir de plan imposé et idéal. Le type de plan doit être adapté au libellé précis du sujet.

 

b)  Etablissement du plan détaillé.

 

 

V) LA REDACTION DE LA DISERTATION : INTRODUCTION, DEVELOPPEMENT, CONCLUSION

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A. INTRODUCTION

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-        Objectif : montrer que la question posée (le sujet) est en fait un problème et que par conséquent il n’est pas possible d’y répondre d’un trait; indiquer comment l'on va aborder l’étude de ce problème. L’introduction doit être particulièrement soignée. Elle sera courte, percutante, synthétique. Réutiliser les éléments précédents du travail de préparation.

 

-        Comment montrer que la question constitue un problème ? On peut suivre là aussi les étapes suivantes :

 

1)     Enoncer l’opinion commune concernant le sujet (ce que tout le monde tend à penser spontanément, ce qui semble dès l'abord évident);

 

2)     Opposer à cette opinion une autre opinion, un fait, un contre-exemple dont l’opinion ne peut rendre compte : montrer ainsi le caractère paradoxal du sujet.

 

3)     Poser la question du sujet en respectant sa formulation initiale;

 

4)     Définir le sens des termes et de l’intitulé du sujet;

 

5)     Travail de questionnement : la juxtaposition de l’opinion commune fait naître des interrogations qu’il s’agit d’articuler logiquement en un jeu structuré et organisé; l'ordre des questions peut être une façon habile d'annoncer son plan (chaque grande question correspondant alors à une partie principale du développement);

 

6)   Définition du problème philosophique;

 

6)     L’enjeu : montrer quelle réponse il est possible d’apporter et quelle solution au problème est à envisager; déterminer l’intérêt du sujet pour la réflexion et pour l’action.

        

    B. DEVELOPPEMENT

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-        Objectifs : il s’agit d’organiser une progression ordonnée et rigoureuse autour de problématiques bien définies, de transformer les termes du sujet en concepts (terme général et abstrait) que l’on va clarifier petit à petit, de développer un réflexion personnelle. Le but étant de déterminer le problème posé dans l’introduction dans sa plus grande profondeur, et non d’annuler, ou de résoudre, les difficultés d’une question.

 

-        Comment la discussion produit-elle ?

 

-        Le développement comporte plusieurs parties (2 au minimum, quatre au maximum), parties qui doivent être équilibrées et se succéder conformément au plan que l’on a établi. Chaque partie est formée de plusieurs paragraphes structurés, chaque paragraphe correspond à une idée fondamentale (une sous-partie). Dans le passage d’un paragraphe au paragraphe suivant doit apparaître une progression logique.

 

-        Il faut argumenter, c’est-à-dire provoquer ou accroître l’adhésion du lecteur aux thèses qu’on présente à son assentiment. Argumenter, c’est fonder en raison. Toute argumentation doit se référer à une preuve, c’est-à-dire à un processus intellectuel établissant la vérité de la proposition. Attention aux mauvais arguments (flous, sans précision, contradictoires…), aux arguments d’autorité. Toute argumentation se doit d’être cohérente, claire, appuyée de préférence sur un exemple.

 

-        Il faut expliquer les concepts, les termes ambigus que l’on utilise. Utiliser le travail effectué dans le travail de préparation concernant l’analyse des termes du sujet.

 

-        Il convient d'établir une discussion critique, de faire se confronter des points de vue différents ou opposés (on peut utiliser l'histoire de la philosophie, les différentes doctrines…).

 

-        Nécessité d'utiliser des exemples, des références, des citations qui illustrent un raisonnement et contribuent à accroître sa force persuasive :

     

· l’exemple doit être exemplaire, c’est-à-dire vérifier la règle générale, et choisi à bon escient; éviter les exemples personnels, préférer ceux de la littérature, de la science, de l'histoire, de l'art en général, etc.

 

· la référence (littéraire, scientifique, historique, etc.) doit être précise (auteur, oeuvre), formulée de façon concise, et sa signification doit être expliquée au regard du raisonnement;

 

· la citation : elle fournit un appui à l’argumentation; elle doit se faire sans excès, être courte, explicitée et précise (référence à l’auteur et à l’ouvrage dont la citation est extraite).

 

-        Conseils pour le développement

 

·       Nécessité de transitions entre les parties principales du développement. Les transitions doivent être particulièrement soignées et comprennent les étapes suivantes : 1. bilan de l’argumentation; 2. traitement provisoire du problème défini dans l’introduction; 3. annonce de la partie suivante sous la forme d’une question mettant en évidence la nécessité d’approfondir la réflexion.

 

·       Bien faire apparaître la structure du devoir, la progression de la pensée : laisser une ou deux lignes blanches entre chaque partie essentielle. Distinguer nettement (sauter 3 ou 4 lignes) l’introduction, le développement, la conclusion.

 

·       Utiliser les connecteurs logiques pour chaque paragraphe ou au début de chaque grande partie.

 

·       Suivre scrupuleusement le plan élaboré au brouillon : ne pas se laisser égarer en cours de route par le surgissement d’une nouvelle idée ou par une cascade de problèmes qui, à la relecture du plan, vous viennent à l’esprit.

 

·       Eviter le jargon pseudo-philosophique ( écrire dans une langue accessible à tous, dans un style simple et élégant ), le style télégraphique (abréviations, flèches, symboles, etc.), les phrases trop longues, la confusion (si fréquente) des conjonctions de coordination (mais, ou, et, donc, etc.). Veiller à la ponctuation et à la précision des mots utilisés en évitant les confusions (exemple: ” l’adultère “ pour “ l’âge adulte “). Travailler donc avec un dictionnaire et, si possible, avec un dictionnaire des synonymes, pour varier le vocabulaire. L'expression écrite répond à une exigence de clarté, de correction et de précision.

 

·       Eviter les redites, en veillant que le développement progresse.

 

 

Conseils pour l'argumentation. On peut structurer l'intérieur des parties qui constituent le développement de la manière suivante :

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1)     Thèse, idée générale ou énoncé de l'opinion commune;

2)     Argument(s), preuve(s) qui va(vont) étayer la thèse;

3)     Raisonnement (stratégie rhétorique pour convaincre le lecteur du bien-fondé de sa démonstration : raisonnement a contrario, raisonnement par l'absurde, exposé d'une thèse adverse que l'on va discuter, etc.);

4)     Exemple, référence, citation.

5)     Faire sentir, à la fin du paragraphe, la nécessité d'un autre point de vue, d'un autre paragraphe (par une question ou tout autre procédé).

 

C. CONCLUSION

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-        Objectif : résumer brièvement la démarche suivie et les résultats auxquels l’analyse aboutit.

 

-        Dresser un bilan de ce que l’on a écrit et de la manière dont on l’a présenté.

 

-        Répondre à la question posée (le libellé du sujet) de façon précise, circonstanciée, nuancée, ou indiquer les raisons pour lesquelles une réponse décisive ne peut être donnée (éviter à tout pris les réponses “ normandes ” !).

 

-        On doit éviter d’ouvrir la conclusion sur d’autres questions, d’autres problèmes : il s’agit d’apporter un terme, au moins provisoirement, à la question posée.

 

-        La conclusion, comme l’introduction, doit être soignée, concise; ne pas répéter tel ou tel point du développement.

 

 

VI) LES DIFFERENTS TYPES DE PLAN

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- Il n'y a pas de plan passe-partout, mais l'on peut définir des méthodes d'organisation du développement. Nous indiquerons deux types de plan, les plus communément utilisés.

 

1) Le plan dialectique

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- Fécondité : ce plan est utile notamment pour les sujets dans lesquels une thèse clairement formulée est soumise à l'examen. Par exemple : " Est-il juste de dire que, pour bien comprendre autrui, il faut tenter de se mettre à sa place ?", " Peut-on dire que ce sont les hommes qui font l'histoire ? " Le plan dialectique est judicieux pour les questions avec alternative : " Le temps est-il notre ennemi ou notre allié ? ", " Les autres nous aident-ils à nous connaître ou nous en empêchent-ils ?"

 

- Structure du plan dialectique (3 parties : I, II, III) :

 

·       Thèse (I) : expose un point de vue, généralement le plus commun, le plus évident, le plus simple, celui notamment que présente le libellé du sujet; examen de ce qui peut fonder la thèse en jeu.

 

·       Antithèse (II) : expose le point de vue adverse; mise à l'épreuve des fondements de la thèse précédemment dégagés, examen des limites, contradictions, implications de l'opinion commune.

 

·       Synthèse (III) : union des contradictions de la thèse et de l'antithèse en un point de vue supérieur, plus riche et fécond. Il ne s'agit nullement d'un juste milieu ménageant la chèvre et le chou, mais d'une unité créatrice, d'une unification de la thèse et de l'antithèse au sein d'une catégorie supérieure. Le plan dialectique n'est pas : oui (I), non (II), peut-être (III).

 

- Exemple 1 : " La mort abolit-elle le sens de notre existence ? "

 

1)     Thèse : la mort abolit le sens de notre existence

 

-        Idée générale : tout est détruit par la mort.

 

2)     Antithèse : la mort ne peut abolir le sens de notre existence

 

-        Idée générale : je suis source du sens de mon existence.

 

3)     Synthèse : la mort est régulatrice de notre vie et donatrice de sens

 

-        Idée générale : la mort est ce à partir de quoi notre vie va acquérir un sens.

 

- Exemple 2 : " Les autres nous aident-ils à nous connaître ou nous en empêchent-ils ? "

 

1)     Thèse : les autres apportent une aide puissante dans la prise de conscience de soi. Ils nous aident à nous forger et à nous connaître.

 

2)     Antithèse : étude des risques de "dépersonnalisation ", les autres m'empêchent de saisir une image authentique de moi.

 

3)     Synthèse : la reconnaissance hégélienne qui permet d'unifier les deux points de vue précédents : la lutte des consciences permet la connaissance de soi à travers l'autre.

 

2) Le plan progressif

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- Utilité : pour les questions du type : " qu'est-ce que ?".

 

- Structure : il s'agit de construire, à partir de points de vue différents, des définitions successives de la notion envisagée , définitions de plus en plus complexes et riches, pour arriver à une définition ultime constituant l'essence du terme qui doit être analysé. Plan en 3 parties conseillé (minimum : 2 parties, maximum : 4 parties).

 

- Exemple : " Qu'est-ce qu'être maître de soi ? "

 

1) 1ère définition, la plus simple, la plus commune : être maître de soi, c’est se connaître et savoir ce que nous sommes

 

- Pour se gouverner soi-même, se maîtriser, trouver une règle de conduite harmonieuse et résister aux forces de dislocation (les troubles passionnels, l’angoisse de la mort, l’usure du temps, etc.), il convient d’abord de se connaître, c’est-à-dire de savoir qui nous sommes et ce que nous sommes.

 

Transition : Si la connaissance apparaît comme action et pouvoir sur soi qui nous libère de la servitude des passions et permet au sujet d’exercer un gouvernement sur lui-même, la théorie et la spéculation sont-elles néanmoins suffisantes ? Quelles seraient alors les autres formes et conditions de la maîtrise de soi ? La question centrale : “qu’est-ce qu’être maître de soi ?”, subsiste par conséquent et nous invite à envisager une définition plus riche, plus complexe du pouvoir sur soi.

 

2) 2ème définition qui peut remettre en question la précédente ou l'approfondir : être maître de soi, c’est atteindre l’ataraxie

 

- D’où une deuxième définition de la maîtrise de soi que nous fournit la tradition philosophique : la maîtrise de soi ne consiste pas uniquement dans la connaissance de soi; elle signifie également un pouvoir de la volonté.

 

Transition : Etre maître de soi participe de toutes les forces de l’âme, de l’être, de l’entendement et de la volonté. Le pouvoir sur soi : puissance d’accéder à des règles de pensée et d’action créant un sujet autonome. Sans action de soi sur soi, comment dépasser le stade de l’animal et de la servitude, comment se réaliser en tant qu’homme? Il nous reste toutefois à cerner encore davantage le noyau de la maîtrise de soi pour arriver à une ultime définition du pouvoir sur soi, acception qui sera la plus riche et qui nous fera saisir toute la plénitude de notre sujet.

 

3) 3ème définition, la plus riche : être maître de soi, c’est mépriser la mort

 

- Nous aboutissons à une troisième définition possible du pouvoir sur soi. Qu’est-ce qu’être maître de soi ? N’est-ce pas, en profondeur, mépriser et dédaigner la mort, comme nous l’indiquent les grands sages et moralistes, de Platon à Hegel ? Le mépris de la mort ne forme-t-il pas le noyau de toute maîtrise de soi, si la mort, comme le souligne Hegel, semble être notre plus grand ennemi et l’objet de nos angoisses les plus vives ?

 

 

 

 

 

 

VII) CONSEILS POUR L'ELABORATION ET LA REDACTION DE LA DISSERTATION A LA MAISON

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- Temps imparti : 3 semaines.

 

 

1ère semaine (environ 3 heures)

 

- Travail de préparation : I (lecture du sujet), II (la problématique : questionnement, choix du problème fondamental, détermination de l’enjeu, choix de l’idée directrice).

 

2ème semaine (environ 4 à 5 heures)

 

- Approfondissement de cette problématique par une recherche bibliographique (textes du manuel, oeuvres du CDI, articles, encyclopédies, dictionnaires philosophiques, etc.). Sélectionner ce qui est utile pour le devoir. Ce travail peut d'ailleurs être commencé dès la première semaine.

 

- Travail de préparation : II, suite (plan détaillé).

 

3ème semaine (environ 4 heures)

 

- Travail de préparation, fin : III (la conclusion, l'introduction).

 

-  Rédaction du devoir au brouillon.

 

- Vérifier, avec la fiche d’autocorrection, si les exigences fondamentales concernant la dissertation ont été respectées.

 

- Dans le cas contraire, repérer les oublis ou les “anomalies”, et refaire le devoir au brouillon. L’utilisation du traitement de texte est ici utile car vous pouvez modifier certaines parties du devoir sans être obligé de tout réécrire.

 

- Rédaction du devoir au propre.

 

 

 

LA DISSERTATION

GRILLE D’EVALUATION

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Note

Eléments d’évaluation : réalisation des objectifs

- Entre 0 et 6

- Absence de questionnement philosophique et d’argumentation (copies narratives, descriptives, récitatives).

 

- Hors-sujet résultant d’une absence de lecture précise de l’énoncé du sujet.

 

- “ Copies studieuses “ aux environs de 6 : “embryons de pensée”, des “moments où ça pense”, même si la formulation en est maladroite.

 - Entre 7 et 9

- Prise en compte du sujet (même très superficiellement et mal compris).

 

- Eléments d’analyse philosophique (travail d’élucidation des notions du sujet; quelques passages bien argumentés) mais pas d’unité globale du devoir.

 

- Un des problèmes essentiels suggérés par le sujet doit être perçu et clairement dégagé, même si ce travail ne figure pas dans l’introduction, même si l’explicitation de ce problème n’est que partielle.

- Entre 10 et 11

- Une copie qui aura bien perçu et dégagé le problème philosophique dès l’introduction et qui aura ensuite tenté de l’expliciter de façon cohérente et argumentée, même si ce travail est parfois maladroit et inégal.

 

- Le sens du sujet sera correctement défini dans l’introduction.

 

- Un effort pour analyser les termes du sujet, définir leur sens, les mettre en relation, même si ce travail est peu rigoureux, maladroit et inégal.

- Entre 12-14

- Démarche de pensée globalement cohérente à partir du problème clairement formulé.

 

- Travail d’analyse des notions, adéquat au sujet, faisant avancer la réflexion.

 

-   Un effort pour expliciter la problématique dans ses aspects essentiels, sinon dans tous ses aspects.

 

- Dans l’introduction, formulation précise du sujet, définition de sa signification, problématisation.

Eléments de survalorisation : 15-20

- Les copies présentant, en plus des qualités exigées ci-dessus, un de ces éléments, méritent 15 et plus :

 

- Culture philosophique bien intégrée et maîtrisée.

 

- Enracinement de la réflexion dans l’expérience et la culture de l’élève.

 

- Perspective originale, qui prend des risques.

 

- La problématique du sujet est actualisée et l’élève montre qu’il a compris l’enjeu du sujet.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

FICHE D’AUTO-EVALUATION POUR LA DISSERTATION

 

 

Objectifs : je dois être capable de…

Moyens : pour y parvenir ai-je bien…

 

N° devoirs

1.     Bien poser le vrai problème dans l’introduction (problématiser)

- repéré, mis en liaison les mots-clefs de la question…

 

- pour éviter le hors-sujet

- en donnant des exemples ou citations contradictoires ?

- amené un problème réel ?

- et repris à la fin la question posée ?

 

O                    N

 

 

O                    N

 

O                    N

 

 

O                    N

O                    N

 

2.     Définir les concepts (conceptualiser)

- défini les principales notions

- et retravaillé ces définitions ?

 

O                    N

 

O                    N

3.     Faire un plan détaillé (organiser une pensée qui progresse)

- organisé plusieurs parties…

- équilibrées entre elles…

- avec des transitions entre elles…

- et une pensée qui progresse…

- sans piétiner et sans redites ?

O                    N

 

O                    N

O                    N

 

O                    N

 

O                    N

 

4.     Argumenter clairement et rationnellement plusieurs points de vue

- soutenu chaque point de vue ou niveau d’analyse…

- par des arguments rationnels…

- sans contradiction…

- clairement exprimées…

- diversifiés…

- et donnés dans un certain ordre ?

 

O                    N

 

O                    N

 

O                    N

O                    N

O                    N

O                    N

 

5.     Illustrer ma pensée par des exemples pertinents

- illustré chaque point de vue par des exemples…

- suffisamment nombreux…

- et développés ?

 

O                    N

 

 

O                    N

 

O                    N

6.     Soutenir ma pensée par des auteurs

- convoqué des auteurs ou doctrines philosophiques…

- en les développant dans la perspective du sujet ?

 

O                    N

 

 

O                    N

7.     Conclure sur la problématique soulevée dans l’introduction

- rappelé l’intérêt de la question posée ?

- résumé les différentes réponses possibles ?

- expliqué le pourquoi de ma réponse ?

- ouvert sur une autre question ?

 

O                    N

 

O                    N

 

O                    N

 

O                    N

O = OUI

N = NON

 

 

 


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