Tony DUVERT

 

 

 

biographie

BIBLIOGRAPHIE

virtuel

 

 

 

 

 


 

 

BIBLIOGRAPHIE

 

 

ABECEDAIRE MALVEILLANT
UN ANNEAU D'ARGENT A L'OREILLE
LE BON SEXE ILLUSTRE
DISTRICT
L'ENFANT AU MASCULIN
L'ILE ATLANTIQUE
INTERDIT DE SEJOUR
JOURNAL D'UN INNOCENT
La Parole et la fiction
PAYSAGE DE FANTAISIE
LES PETITS METIERS
Portrait d'homme couteau
QUAND MOURUT JONATHAN
RECIDIVE
LE VOYAGEUR

 


 

 ABECEDAIRE MALVEILLANT

 

BIBLIO

Paris : Éd. de Minuit, 1989
141 p. ; 19 cm
ISBN 2-7073-1316-5

 

Critique du journal "Le Monde"

Le 17 Novembre 1989

Descendus de l'homme

   "L'AMI d'un enfant est comme un chien d'aveugle. " Avec Tony Duvert dans le rôle de la canne blanche, les petits aveugles feront bien d'ouvrir l'oeil quand même. S'il y a eu une chute dans la production de cet écrivain qui publia treize volumes entre 1967 et 1982, il n'a rien perdu pour autant de son appétit pour les jeunes garçons (" Ils sont beaux jusqu'à la douleur... "), proclamé avec une vigueur qui lui valut une notoriété immédiate et sulfureuse. Difficile à porter sans doute.
    Après sept ans de silence ou de réflexion, l'auteur de Portrait d'homme couteau, l'Ile atlantique et le Bon Sexe illustré revient avec un recueil de petites opinions, d'aphorismes redoutables et d'insolences roboratives, intitulé Abécédaire malveillant, ce qui est un peu en dessous de la vérité.
    IL y aurait certes bien des raisons, fournies par Duvert lui-même, de passer son ouvrage sous silence. Celle-ci : " Ne lire que rarement les livres de mes confrères. Un charcutier ne se nourrit pas d'andouilles. " Et surtout cette autre : " J'ai une terrible tendance à demander de l'argent à quiconque me dit du bien de moi. " Mais bon, tant de persévérance à se vouloir antipathique a quelque chose de méritoire, il y faut du courage et un vrai tempérament. Ni l'un ni l'autre ne font défaut à Duvert. Il n'a renoncé à aucune de ses vieilles détestations.
    Les prêtres lui sont odieux, et surtout leur chef, le pape, avec sa crosse où pend le cadavre du Christ, l'image du bien qu'il souhaite au genre humain selon Duvert ; les philosophes ne valent pas mieux, ils appellent l'insulte et le crachat, on ne saurait trop les avilir ; les parents sont toujours, ou presque, de sombres abrutis qui ne méritent pas leur délicieuse marmaille, gens étroits d'esprit ou autoritaires stupidement qui ne comprennent pas le miracle de l'enfance ; les femmes surtout éveillent le mépris et le courroux de Duvert, elles sont fausses, fardées, geignardes, cannibales et pleines d'organes hideux, avachis inquiétants.
    Même la mise au monde lui répugne, il y voit une scène dégoûtante, plus obscène que le fist-fucking : " Il faut interdire la naissance. " Sans blague. A se demander si notre adorateur des corps impubères n'ignore pas d'où viennent les petits garçons. Quoi qu'on en ait et si révoltant que cela puisse paraitre, ces anges paiens ne naissent pas tous dans les choux.
    DUVERT, qui n'aime pas trop la France et ses affreux Français _ en quoi il est très français, _ cultive une obsession hexagonale des plus anciennes, celle du clivage politique binaire. C'est ainsi que la Nature est de droite. Et que " les plus sales bêtes sont les plus riches d'avenir ", ce qui ne témoigne pas d'une grande originalité dans la désillusion. Tout le monde ne peut pas peindre la vie du beau noir de Cioran, et les apprentis misanthropes en sortent souvent eux-mêmes barbouillés.
    Pourquoi ces pages si facilement haineuses sur les musiciens, le public des concerts (" Boudins mal léchés, binoclards sans queue ni tête, etc.), pourquoi cette fascination pour les excréments, cette complaisance à en truffer sa prose, pourquoi surtout, chez un homme de mauvais caractère, un tel relâchement, une telle banalité dans l'insulte ? C'est de la mansuétude.
    Quand on entreprend de vomir le genre humain, du moins les adultes et les femmes, on prend la peine de bien tailler ses flèches, de les faire courtes et de viser au coeur. Sinon comment ces traits sur les efféminés, les tantes, les femelles, les babouins et les romancières dont le nom commence par D ne se retourneraient pas finalement contre ce justicier qui ne maitrise pas sa colère ?
    Ce n'est pas grave au demeurant, on se souviendra à temps que ce qui est " énervé " est en un sens excité, en un autre privé de ses nerfs, de ses forces. Et puis Duvert a des moments plus agréables, quand il s'interroge sur l'avenir de la télévision et conclut qu'elle ne s'améliorera jamais " puisqu'on l'éteint dès qu'on va mieux qu'elle ", ou quand il remarque que ses cheveux tombent en même temps que lui poussent les poils du nez et des oreilles, et envisage de faire greffer ceux-ci sur son crâne dégarni. Il est dommage que la malveillance de cet abécédaire soit si rarement drôle, car la gaieté ne nuit pas à la méchanceté, au contraire, elle donne toute aisance à ses coups.
    Mais c'est le principe des écrits en miettes d'être disparates, commodes à prendre et à lâcher, parfois contradictoires et rebelles au compte rendu. Le mieux est toujours de s'y plonger au risque d'en être heureux ou irrité, avec parfois la chance de tomber sur une belle idée triste : " L'homme parait mieux bâti pour se battre que pour avoir gagné. "
    TOUT aussi pessimiste mais infiniment plus gaie dans le registre des pensées en fragments est la Chronique des grands micmacs d'Alexandre Vialatte. On sait qu'il écrivit plus de deux mille chroniques hebdomadaires dans le journal la Montagne. Ce dixième volume, compilé avec vigilance par Ferny Besson comme les précédents, recueille quelque soixante-dix textes brefs, regroupés par thèmes (ce qui n'est pas toujours évident, on le sait, étant donné le don de la digression de l'auteur). Nous pouvons donc en espérer d'autres encore.
    Il est périlleux de publier en librairie ce qui fut d'abord écrit pour un journal, et les imprudents qui cèdent aux amicales pressions d'un éditeur ne mesurent pas souvent les différences de gravité qu'impose le support à un texte. Dans le cas de Vialatte, la preuve n'en est plus à faire, c'est l'inverse qui se produit. Réunies, ces pages vouées à l'éphémère prennent une force, une unité évidentes.
    ON ne présentera pas une nouvelle fois Vialatte, traducteur de Kafka, auteur des Fruits du Congo et de Battling le Ténébreux, auvergnat absolu, pourfendeur de piscines et de lieux communs, homme exquis, d'une modestie sourcilleuse, dont l'étoile ne cesse de croitre depuis sa mort, le 3 mai 1971, dans le même ciel où l'on prie déjà saint Queneau, saint Hoffmann et le Captain Cap d'Alphonse Allais. Les curieux n'ont que l'embarras du choix des préfaces et l'excellente biographie de Ferny Besson (1).
    Tous les grands chevaux de bataille ou de manège chers à Vialatte sont là, caparaçonnés de fantaisie et menés avec tant de drôlerie, d'extravagance, une excentricité si aimable et souriante qu'on oublie souvent le désespoir qu'ils côtoient, l'amertume sous la raillerie.
    Vialatte n'est pas entiché du monde moderne, son époque l'amuse souvent, la mode notamment (" La distinction fait rage "), la télévision où s'étale si bien la suffisance des journalistes (" On ne parle plus du jour où les Russes déclarèrent la guerre à l'Allemagne, mais du jour où M. Tournebique annonça que cette guerre venait d'être déclarée "), ettoutes les manifestations de la gloire. Il est urgent pour tout romancier de relire en cette période de prix littéraires la page 56 (" La gloire est une affaire qui ne concerne plus l'homme auquel elle voudrait s'adresser ", etc.), il y a là de quoi calmer les nerfs de tout le monde.
    Vialatte est toujours de très bon conseil, du reste : il observe, pour l'apprentissage des langues vivantes, que c'est dans le pays d'origine qu'on les parle le mieux et que le plus rapide pour qui veut les savoir est donc d'y naitre. Relève que le vrai secret de se bien porter est de posséder une santé florissante. S'interroge devant un robot exposé aux Arts décoratifs, qui sait tout faire, y compris boire du whisky et fumer d'excellents cigares : " Pourquoi ne pas faire les choses soi-même ? "
    L'HOMME reste un grand mystère décidément, il devient de plus en plus difficile d'en faire le portrait, il est absurde et invisible, introuvable (d'où venons-nous, au fait, de qui descendons-nous, des Gaulois, du singe, du poisson rouge, ou même de l'homme ? " Toujours est-il que nous descendons. Et même très vite "). Et en même temps cet Homme incroyable, grandiose et ridicule, qu'il soit bantou ou natif de Clermont-Ferrand, garde une étincelle qui le sauve. " Que fait-il dans les villes au-dessus de ce grouillement de rats qui lui promet la mort ?
Face. "

BRAUDEAU MICHEL

 


UN ANNEAU D'ARGENT A L'OREILLE

 

BIBLIO

Paris : Éditions de Minuit, 1982
157 p. : couv. ill. ; 18 cm
ISBN 2-7073-0606-1


LE BON SEXE ILLUSTRE


DISTRICT

 

BIBLIO

Montpellier : Éditions Fata Morgana, 1978
59 p. ; 22 cm


L'ENFANT AU MASCULIN

 

BIBLIO


L'ILE ATLANTIQUE : Roman


INTERDIT DE SEJOUR

 

BIBLIO

Paris : Éditions de Minuit, 1969
In-8° (23 cm), 249 p.
[D. L. 6703-69]

[Nouvelle édition refondue]
Paris : Éditions de Minuit, 1971
22 cm, 217 p.


JOURNAL D'UN INNOCENT


La Parole et la fiction  : A propos du Libera

 

Paris : Éditions de Minuit, 1984
23 p. ; 19 cm
ISBN 2-7073-0674-6
[Précédemment paru dans Critique , 252, mai 1968]
[hors commerce]


PAYSAGE DE FANTAISIE

 

BIBLIO

Paris : Éditions de Minuit, 1972
230 p. ; 19 cm

Paris : Gallimard, 1980
213 p. : couv. ill. en coul. ; 18 cm
(Folio ; 1252)

TRADUCTIONS

Strange landscape
[Trad par Sam Flores]
New York : Grove press : Random House, 1975
265 p. ; 22 cm
ISBN 0-394-49932-8 (. (Random House)). - ISBN 0-8021-0100-3 ((Grove press))

 

EXTRAITS

le jardin a un parfum de pluie les feuillages flottent l’air électrique lance des milliers d’épingles nous descendons là j’ai pu mettre une culotte et des sandales ils galopent derrière moi je me précipite dans les buissons où la nuit me cache

après déjeuner la sieste il faisait très chaud ils n’étaient pas obligés de dormir mais ils devaient rester tranquilles parler doucement ne pas se battre une douzaine de grands rassemble près d’une fenêtre aux persiennes closes le soleil dévore chaque rainure du métal flammes horizontales blanc jaune bavantes molles déchiquetées ils se groupent étroitement surveillent derrière eux chassent les gêneurs plusieurs stries de lumière tailladent le clair-obscur des garçons et au gré des corps qui piétinent et des têtes penchées ensemble ou divergentes ces zébrures leur jettent des éclats de miroir brisé reflets tournants plaqués anguleux accros mobiles et incandescents de la chair nue brasiers de chevelures et d’avant-bras imberbes ils observent une chose au milieu d’eux Jacky leur chef se branle au-dessus d’un verre à dents il lâche un grand jet glauque puis d’autres plus brefs les garçons rient s’écœurent ensuite Jacky passe le récipient à son voisin qui se masturbe à son tour et éjacule en se pliant sur le verre pour ne rien renverser                le verre circule de main en main il se remplit peu à peu gouttelettes tressautantes coulées de bougie furoncles qui crèvent lointains vols de colombes filets gluants qui s’étirent entre le méat des pines et le bord du verre épaisses giclées dont les saccades mal contenues s’écrasent quelquefois au sol et quand chacun a déchargé Jacky reprend le verre il remue le mélange de liquides incolores de flocons blancs nacrés les garçons se retournent vers le dortoir et marchent sur Yann qui écrivait             il arrache avec les dents le petit bouchon de plastique creux qui ferme l’extrémité mâchonnée de son stylobille il suce la cavité du bouchon en aspirant pour faire le vide et le bouchon colle sa langue comme une ventouse il tire grand la langue il louche dessus il la tourne à gauche à droite et montre l’organe mouillé rose et son clou bleu il rentre la langue détache le bouchon mâchouille suçote refait le vide recolle la ventouse et reprend tout ce manège pendant une petite heure en dessinant des croquis sans baver    il représente un bateau à voiles un trois-mâts avec tous les détails imaginés il voit les garçons l’entourer il cache rapidement ses feuilles de papier sous le lit il est empoigné renversé mis en croix Qu’est§ce que vous avez ? les grands lui immobilisent la tête forcent et ouvrent sa mâchoire Jacky dit

            tiens monsieur d’la pédale c’est c’que t’aimes

il verse dans la bouche de Yann tout le verre de foutre l’enfant s’étrangle souffle avale de travers tousse et appelle Claude le sperme coule par ses deux narines son visage est éclaboussé des sourcils au menton sa salive sa morve ses larmes sont du foutre il s’essuie furieusement avec un coin de drap une chaleur lui monte de l’estomac aux tempes et il vomit

     tu es extrêmement beau                 Claude hoche la tête il tire des boucles de crin par un petit trou dans l’étoffe du fauteuil rouge où il est assis poils noirs et durs boucles de bite l’homme est agenouillé en amoureux il tient une main de l’enfant il n’a pas ôté son pardessus il le garde en toute saison

    tu me plais infiniment Claude je ferai beaucoup pour toi

    oui répond Claude d’une voix soude il regarde un paquet enrubanné sur la table à pieds galbés et dorés ce sont sûrement des livres

    donne ton autre main            Claude tend une main inerte et bien propre l’homme la baise lentement ses lèvres sont larges et sèches ses longs cheveux gris se hérissent sur sa nuque quand il penche le cou

    lève-toi Claude            l’homme saisit les hanches de Claude et embrasse ses vêtements avant de les déboutonner avec délicatesse

    je n’avais pas encore vu cette chemise elle te va très bien 

    on m’l’a achetée mardi            l’homme quitte toujours Claude à six heures l’enfant épie l’horloge de l’église la maison est silencieuse le salon à l’ancienne tout ensoleillé sent les confitures poussiéreuses la cire humide l’insecticide il y a des cafards Claude pense à la piscine sur la rivière et aux camarades qui s’y baignent ou qui jouent au foot dans le pré voisin il y sera tout à l’heure il ne racontera rien on ne se parle jamais ouvertement entre garçons de ce qu’on fait avec les visiteurs dans les pièces du château l’homme embrasse l’épaule nue les cheveux la nuque blanche de l’enfant et lourdement il laisse descendre sa figure le long de la colonne vertébrale entraîne le slip et la culotte avec ses mains et plonge entre les fesses de Claude une langue énorme cette caresse dure chaque fois très longtemps et Claude malgré lui bande peu à peu il cambre le derrière son anus s’ouvre et se ferme autour de la langue obstinée et inconsciemment sa main prend son sexe le tord contre une cuisse et l’étreint

    va à la fenêtre s’il te plaît      les doubles rideaux sont pourpre galonnés d’or Claude se trouve ridicule tout nu en chaussures basses et chaussettes il les retire en s’appuyant à la commode chargée de bronze l’homme dit Tu as vraiment beaucoup de grâce Claude j’aime tes gestes   le bois couleur d’écaille joue avec le soleil et deux singes automates vêtus en musiciens chauffent sous un globe il y a une poupée Directoire au visage trop rose et aux bras stupides posée sur une console à l’angle de la fenêtre et entre elle et la porte de la salle de billard une longue gravure encadrée montre un bateau à aubes aquarellé taché de brun et dessiné d’un trait filiforme sur des flots en filasse

    l’enfant ne bande plus l’homme cherche les yeux de Claude qui évite ce regard aigu et se gratte une fesse l’homme vient à genoux ses lèvres gobent à la fois couilles et bite recroquevillé il les laisse fondre sur sa langue ou marmonne dessus comme un vieillard sans dents sa sueur coule en larmes qui suivent les yeux le tour du nez les rides de la bouche le bord des oreilles d’autres gouttes perlent comme des verrues transparentes sur les tempes les pommettes

   j’ai trop chaud excuse-moi dit l’homme il se lève et ôte enfin son pardessus il apparaît en costume noir d’un épais tissu feutré il déboutonne à demi sa veste

    ça te fait un drôle d’effet si je me déshabillais n’est-ce pas ? Claude se retient d’approuver ses yeux inventent et projettent sur la cheminée une silhouette d’adulte nu sec très velu elle recouvre l’image oblique et plus petite de l’homme en noir reflété dans la glace Claude a un vague mal de cœur il souhait que l’homme ne se déshabille jamais un type bizarre il n’ouvre même pas sa braguette il traite Claude d’une manière autoritaire main pleine d’égards il apporte à chaque visite deux fois la semaine un cadeau sérieux et il est encore plus passionné depuis que l’enfant a un peu de sperme V’là l’père Ventouse pense Claude tandis que l’homme réapplique la bouche à son trou du cul et entretient l’érection du gamin en pinçant adroitement son prépuce et ses couilles

    ton sexe est de plus en plus beau quel âge as-tu maintenant ? il suce chaque couille trop fort comme s’il mangeait des dragées des fruits tendres à noyau la douleur détend la bite de Claude elle plie par le milieu et se coude en robinet il dit douze ans

    non Claude tu les avais déjà quand on s’est connu

   oh douze ans et demi un peu plus

   six mois et combien ?

   on est le treize non ?

   oui Claude

   alors attendez ça fait euh            neuf jours

   neuf murmure l’homme avant de resucer

   le jardin au soleil avec ce petit garçon qui franchi une porte une brèche du mur il s’approche timidement il est du village et les riches pensionnaires lui font peur tous beaux tous tout

   regarder cet idiot qu’est-ce que tu fous ici ?

petites fleurs dans sa main bleuets bourrache mouron rouge colza pimprenelle des horreurs feuilles avortées tiges ligneuses des fleurs oui pour un cadeau

   je suis Serge je viens voir un garçon qui s’appelle Claude

   qui ça Claude y en a trois            et aussi Claudette la vieille cuisinière sa face moustachue de musaraigne son sourire par le nez ses bandeaux mal faits

   c’est pour lui là tes fleurs ?                 Serge regarde son bouquet avec confusion Je les ai cueillies comme ça dit-il en hésitant

   y a aucun Claude ici répète un grand qui commande Et t'as pas le droit d’entrer emmenez-le                  ils traînent leur prisonnier à la sortie du parc vers les champs massif de glycines et de tamaris dissimule le garage ils y cachent leur chaise de torture ils ont vissé au milieu un ancien manche d’outils en bois pansu poli long d’une main et enduit de graisse noire ils arrachent le short et le slip de l’enfant qu’ils soulèvent par les bras et les jambes et qu’ils présentent au pal deux acolytes orientent ses fesses les écartent tâtent l’anus y nichent le bout rond du gros manche ils appuient brusquement sur le ventre de Serge la manche mal lubrifié froisse son trou et le perfore en biais Eh oh c’est mieux que Claude hein ? ils ligotent le mioche très serré ils le jettent à quatre pattes couvert par la chaise comme par un chien qui copule ils tapent des pieds dans le fond du siège ils agitent son dossier et le balancent ils remettent l’enfant d’aplomb s’assoient à tour de rôle sur ses cuisses et y font du tape-cul mais Serge qui braille ne saigne pas assez et ils disent T’as vu cet enculé ça lui fait rien                         l’enfant pleure bien plus fort quand ils déchirent ses vêtements et les brûlent dur des chaumes ils prennent un chemin à travers un champs de patates en fleurs qui sent les doryphores et leur suc jaune âcre poivré ils atteignent l’esplanade où s’élève une chênaie ils pénètrent sous les arbres l’amoureux du village est attaché nu à un tronc ils se moquent de son corps ils le piquent avec des brindilles ils lui tiraillent la pine Où il est Gérard l’avait pas trouvé une couleuvre à midi ? Si il est en bas il l’a gardée dans un seau Merde au poil qu’i s’ramène et une canne à pêche aussi

 

 

 


LES PETITS METIERS

 

BIBLIO

Montpellier : Éditions Fata Morgana, 1978
84 p. : ill. ; 22 cm
[frontispice, Anne-Marie Soulcié]

 

EXTRAIT


Portrait d'homme couteau

 

BIBLIO

Paris : Éditions de Minuit, 1969
In-16 (18 cm), 191 p.
[D. L. 6407-69]

 

[Nouvelle version]
Paris : Éditions de Minuit, 1978
94 p. ; 19 cm
ISBN 2-7073-0193-0


QUAND MOURUT JONATHAN : Roman

 

BIBLIO

Paris : Éditions de Minuit, 1978
241 p. ; 19 cm
ISBN 2-7073-0219-8

EXTRAITS et COMMENTAIRES

VIRTUEL

Sur les pages d'Alexis


RECIDIVE

BIBLIO

Paris : Éditions de Minuit, 1967
In-16 (18 cm), 201 p.
[D. L. 15445-67]

[Nouvelle version]
Paris : Éditions de Minuit, 1976
143 p. ; 19 cm
ISBN 2-7073-0093-4

 

EXTRAIT

Il a l’air crevé, le gosse. Ça doit être un fugueur.

Je ne l’ai jamais vu au patelin, en tout cas. Je le sens prêt à me filer entre les pattes. Je l’attaque autrement :

-Tu t’es calté quand ?

Il hausse les épaules.

-Si tu dis rien je t’amène aux flics, moi. Et puis tes parents ? Tu crois qu’ils te cherchent tes parents ?

Il ne répond pas. Ça m ‘énerve. Je m’approche.

Une fois devant lui, j’ai une sale idée. On est tout seuls, personne ne passe jamais par ici, et le gosse n’ira sûrement rien raconter.

Je l’ai pris par les épaules. Son imperméable était trempé, je le lui ai enlevé. Il n’a pas réagi.

Son pull et sa chemise sont mouillés aussi. Il a dû marcher longtemps sous la pluie. Je le serre contre moi, j’ai déboutonné ma canadienne pour qu’il se réchauffe. Il baisse la tête.

Il n’a pas de ceinture. Je n’ai qu’à faire sauter les boutons, et son froc lui tombe sur les pieds.

Je tire son slip. C’est tout blanc, son ventre, sa bite. Je m’assois, je couche le môme à plat ventre sur mes cuisses, comme si j’allais lui flanquer une fessée. Lui il se laisse pendre, une vraie chiffe.

J’écarte sa chemise, je me mets à lui peloter les fesse, tout doucement. Il ne serre pas le trou. J’ai un de mes genoux qui lui écrabouille la queue.

Elle est molle.

Est-ce qu’on allait le faire debout, ou dans la jeep, ou couché sur le banc ? Il vaudrait mieux debout, le banc mes os taperaient contre la planche, le type m’écraserait. Et pas question de le suivre dans sa jeep.

Ce fut le banc.

Le forestier s’est écarté, la queue encore raide.

En bas de moi, des chairs en marmelade, l’étal de boucher où il avait joui. Sa façon de placer le menton contre ma nuque et de le taper comme un maillet, c’est dur un menton. J’étais coupé en deux à partir de la taille, la moitié inférieur se débattait, harponnée. Il fouillait obstinément au fond du cul, écartait les muscles et plaçait ses clous un à un.

Un gosse, il faudrait quelques précautions, la douceur d’un lit au moins. Mais, puisqu’on s’attache à ce qu’on a connu de plus fort, je veux que l’amour ait pris pour moi la frénésie d’un viol.

 


LE VOYAGEUR

 

BIBLIO

Paris : Éditions de Minuit, 1970
23 cm, 321 p. 75 F

 

 

 

 

 


 

 

VIRTUEL

 

- "Tony Duvert" : La persistance du lieu. Par Laurent PINON et publié dan "La Parole Vaine N°7

- Sur les pages FPC d'Alexis (en anglais)