Vous entendrez souvent parler de la licence � GPL �, du projet � GNU � et de la � Free Software Foundation � dans le monde de Linux. Pour bien comprendre ce qu'est la Free Software Foundation et ce que signifie la licence GPL, il est n�cessaire d'en faire une br�ve pr�sentation.
La Free Software Foundation est une organisation dont le but est de d�velopper des logiciels libres. Le terme de � libre � signifie clairement que chacun peut faire ce qu'il veut du logiciel, y compris le modifier. La vente n'est absolument pas interdite, et il faut donc faire la distinction entre libre et gratuit. Cela �tant dit, les logiciels libres sont souvent de facto gratuits, car ils sont librement redistribuables par quiconque en poss�de une copie.
La libert� de modifier les logiciels libres implique naturellement que leur code source, c'est � dire le texte de leur programme tel qu'il a �t� saisi par ses auteurs, soit librement accessible et modifiable. Les logiciels libres sont donc qualifi�s de logiciels � Open Source �, ce qui signifie en anglais que les sources du programme sont disponibles. Attention cependant, tous les logiciels Open Source ne sont pas forc�ment libres, car il n'est pas toujours possible de modifier ce code source et de le redistribuer librement (�ventuellement gratuitement). Ainsi, nombre d'�diteurs de logiciels propri�taires publient leur code source sans pour autant donner de droits suppl�mentaires � ceux qui les lisent. Certains d'entre eux jouent d'ailleurs explicitement sur cette confusion. De plus, la plupart des journalistes anglosaxons font cette confusion et, de ce fait, occultent tous les avantages des logiciels libres. Vous trouverez de plus amples informations sur la notion de code source dans le Chapitre 7.
Il faut bien comprendre que le fait de diffuser un logiciel sous une licence libre ne prive absolument pas son auteur de ses droits. Il en reste l'auteur et, en tant que tel, conserve les droits d'auteurs sur son travail. Il ne fait que conc�der la libert� d'exploiter ce travail aux autres. C'est en cela que les logiciels libres se d�marquent du domaine publique, dont les logiciels ne sont plus soumis � aucun droit.
Afin de prot�ger les logiciels libres et leurs auteurs, la Free Software Foundation a r�dig� la licence GPL (abr�viation de l'anglais � General Public License �). Cette licence stipule que le logiciel libre peut �tre redistribu�, utilis�, modifi� librement, pourvu que celui qui en b�n�ficie accorde les m�mes droits � ceux � qui il fournit les copies du logiciel, qu'il l'ait modifi� ou non. En d'autre termes, elle garantit que la libert� des uns s'arr�te l� o� commence celle des autres. Cette licence emp�che donc l'ali�nation du logiciel et sa transformation en logiciel propri�taire, de quelque mani�re que ce soit. Cela implique que tout logiciel libre modifi� par une autre personne que son auteur reste libre, et le restera � jamais. Ainsi, il est impossible qu'une soci�t� commerciale puisse un jour s'approprier un logiciel libre, m�me si elle l'am�liore. Si vous d�sirez lire la licence GPL, vous pouvez en trouver une copie dans le fichier /usr/src/linux/COPYING une fois que vous aurez install� Linux. La FSF a �galement r�dig� d'autres licences plus adapt�es aux biblioth�ques de programmes et aux documentations libres. Ainsi, la licence LGPL (� Lesser General Public License �) permet d'utiliser les biblioth�ques de programmes dans des programmes propri�taires, et la licence FDL (� Free Documentation License �) permet de diffuser des documentations libres. � titre d'exemple, ce guide est distribu� sous licence FDL, dont vous trouverez une tradution fran�aise en annexe.
La licence GPL a �t� �crite initialement pour le projet GNU de la Free Software Foundation, dont le but est de r�aliser un syst�me Unix libre et ind�pendant des Unix commerciaux. Pr�cisons ici que le terme � Unix � caract�rise un ensemble de syst�mes d'exploitation, qui disposent tous � peu pr�s des m�mes fonctionnalit�s et proposent d'y acc�der de la m�me mani�re. Le projet GNU est toujours en cours, puisque la Free Software Foundation a d�j� �crit la plupart des utilitaires Unix, mais que le c�ur du syst�me (ce que l'on appelle le noyau) est toujours en cours de r�alisation. Pour information, ce noyau se nomme � Hurd �.
Cependant, d'autres noyaux sont disponibles, avec lesquels les commandes GNU peuvent �tre utilis�es. Parmi ces noyaux, il existe bien entendu Linux, qui a �t� �crit par le Finlandais Linus Torvalds lorsqu'il �tait �tudiant, et am�lior� par des programmeurs du monde entier sur Internet. Linux est un noyau parmi tant d'autres, � ceci pr�s qu'il est, lui aussi, distribu� sous la licence GPL, bien que n'ayant rien avoir avec la Free Software Foundation.
Cela signifie qu'il serait en fait plus exact de parler du syst�me � GNU/Linux � que de � Linux � tout court. Sous cette d�nomination, il est clair que ce syst�me est constitu� des outils GNU fonctionnant sur le noyau Linux. C'est donc un ensemble de logiciels libres provenant de plusieurs sources distinctes. Cependant, il est tr�s courant d'entendre parler de � Linux � tout court, par abus de langage et par souci de simplicit�. Bien entendu, cette d�nomination est proscrite sur les sites Internet de la Free Software Foundation, qui devient tr�s susceptible � ce sujet.
Pr�cisons que la licence GPL n'est pas la seule licence permettant de distribuer des logiciels libres. Il existe d'autres licences, dont les termes sont � peu pr�s similaires. Par exemple, la licence BSD (un autre syst�me Unix libre) exige �galement la distribution des sources, mais permet l'appropriation des sources par des soci�t�s commerciales. De m�me, la licence X, sous laquelle est diffus�e l'environnement graphique X11 qu'utilise Linux, est une licence libre. Quelques outils fournis avec Linux sont distribu�s avec d'autres licences plus rares.
Les logiciels libres disposent d'avantages ind�niables par rapport aux logiciels � propri�taires � ou � ferm�s �. Je vais tenter de donner ici une liste non exhaustive de ces avantages :
les programmes distribu�s sous licence libre ont souvent �t� �crits par des passionn�s du domaine applicatif auquel ils appartiennent. Les logiciels libres disposent donc souvent des derni�res fonctionnalit�s � la mode et sont donc g�n�ralement extr�mement comp�titifs sur ce plan ;
du fait du grand nombre possible d'intervenants sur les sources des logiciels libres, un grand nombre de possibilit�s techniques peuvent �tre explor�es, et c'est souvent la meilleure qui est s�lectionn�e. C'est une forme de s�lection naturelle de la meilleure solution. Ainsi, sur le long terme, les logiciels libres sont les plus efficaces en terme de performances ;
toujours du fait du grand nombre d'intervenants, et surtout de par la possibilit� de consulter et de modifier librement le code source, le cycle de d�tection/identification/correction des bogues est tr�s court. Les logiciels libres sont donc parmi les plus fiables qui se font. On peut consid�rer qu'un logiciel libre utilis� par un grand nombre de personnes est virtuellement � sans bogue � connu, puisque si tel �tait le cas il serait imm�diatement corrig� ;
la possibilit� de repartir d'une base de source existante permet de r�aliser des d�veloppements beaucoup plus rapidement que dans un mod�le ferm�. Les logiciels libres sont donc �galement ceux qui se d�veloppent le plus rapidement � co�t fixe, et sont certainement les plus rentables en terme de co�t global pour la collectivit� ;
afin de garantir l'interop�rabilit� entre les diff�rents intervenants du monde du logiciel libre, chacun s'�vertue � respecter les standards. Les logiciels libres sont donc les plus ouverts, non seulement en terme de code source, mais �galement au niveau des formats de fichiers et des protocoles de communication. Cela garantie une interop�rabilit� optimale et l'absence de mauvaise surprise ;
professionnellement parlant, la disponibilit� du code source fournit une garantie de fonctionnement que l'on ne peut pas retrouver ailleurs. En cas de probl�me, il est toujours possible de s'en sortir, �ventuellement en recourant � des comp�tences externes pour adapter le logiciel � ses propres besoins ;
enfin, la disponibilit� du code source garantit une p�rennit� absolue du logiciel, ce qu'aucune soci�t� commerciale vendant des logiciels propri�taires ne peut ou ne veut faire.
Mais l'aspect le plus important des logiciels libres est sans doute le fait qu'ils garantissent la libert� des utilisateurs par rapport aux �diteurs de logiciels. Le respect des standards, l'ouverture des formats de documents et des protocoles de communication garantissent une interop�rabilit� absolue, qui permet ainsi � chacun de rester libre de ses choix pour sa solution informatique. Il n'est que trop courant de voir les �diteurs de logiciels enfermer leurs clients dans une d�pendance vis � vis d'eux, simplement en leur faisant utiliser des produits ferm�s et inutilisables sans leur concours. Le pire est sans doute que cette d�pendance est transitive (le fait pour un auteur d'utiliser un produit implique que ses lecteurs le poss�dent �galement) et durable (on ne peut faire de mise � jour que chez le m�me �diteur de logiciel).
Bien que cela ne se situe pas au m�me niveau philosophique, la question du financement se pose �galement de mani�re r�currente. Il n'est en effet pas �vident, en premi�re analyse, de d�terminer les raisons qui poussent un auteur ou une entreprise � rendre ainsi public son savoir faire, au risque de se le faire tout simplement voler. Les particuliers font souvent cela par amusement ou pour faire valoir leur savoir-faire. Les entreprises quant � elles peuvent financer le d�veloppement de certains logiciels libres soit parce qu'elles l'utilisent en interne, soit parce qu'elles en vivent de mani�re d�riv�e (par vente de produits d�riv�s ou de services compl�mentaires par exemple). Certaines soci�t�s pr�f�rent �galement repartir d'un logiciel libre qui satisfait � 80% de leurs besoins, et de d�velopper les 20% restants. Le co�t total de d�veloppement d'une solution compl�tement propri�taire serait en effet beaucoup plus �lev�. Dans ce cas, les d�veloppeurs de logiciels libres sont avant tout leurs propres utilisateurs... Cela dit, il faut �tre clair � ce sujet : le logiciel libre rapporte moins que le logiciel propri�taire, tout simplement parce qu'on ne peut pas pressurer le client de la m�me mani�re.
Enfin, pour information, le terme � GNU � est l'abr�viation de l'anglais � GNU's Not Unix �. Cette curieuse phrase rappelle que le projet GNU est de r�aliser un syst�me Unix diff�rent des autres. Vous remarquerez que cette d�finition est r�cursive, c'est-�-dire qu'elle utilise le mot � GNU � elle-m�me. Cela doit �tre attribu� au go�t des d�veloppeurs de la Free Software Foundation pour ce genre de d�finition infiniment r�cursive. Vous ne saurez sans doute jamais les raisons qui les ont pouss�s � choisir la lettre 'G' dans leur d�finition. Cela �tant, � GNU � se prononce � gnou � en anglais, et vous trouverez donc souvent la repr�sentation d'un gnou sur les sites Internet de GNU.